Alisier torminal
Règne | Plantae |
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Sous-règne | Tracheobionta |
Division | Magnoliophyta |
Classe | Magnoliopsida |
Clade | Rosidae |
Ordre | Rosales |
Famille | Rosaceae |
Genre | Torminalis |
Répartition géographique
L'Alisier torminal, Alisier des bois ou Sorbier torminal (Torminalis glaberrima, (Gand.) Sennikov & Kurtto) est une espèce de plantes à fleurs du genre Torminalis Medik. de la famille des Rosaceae.
Dans une classification datant de 1763, il était dénommé Sorbus torminalis (L.) Crantz, Le genre Torminalis était inclus dans le genre Sorbus en tant que section Torminaria, mais les espèces à feuilles simples traditionnellement classées dans Sorbus sont maintenant considérées comme formant un groupe monophylétique distinct[1]. Torminalis considéré un temps comme monotypique (comportant qu’une seule espèce, l’alisier torminal), une deuxième espèce possible du genre a été identifiée grâce à l’analyse de l’ADN, mais une nouvelle description scientifique n’a pas encore été écrite[2].
C'est un arbre originaire d'Europe, d'Afrique du Nord et d'Asie Mineure.
Nomenclature
Carl Linné a d’abord décrit en 1753, l’espèce sous le nom de Crataegus torminalis L. dans Species Plantarum 1: 476[3].
En 1763, Crantz transfère ce basionyme dans le genre Sorbus formant ainsi l’espèce Sorbus torminalis (L.) Crantz, dans Stirp. Austr. Fasc[4].
En 2017, une étude d’Alexander N. Sennikov et Arto Kurtto[5] donna une nouvelle liste de contrôle des Sorbus s.l. (au sens large) en Europe qui a fourni une classification mise à jour de ce groupe selon les dernières études phylogénétiques. Afin d’assurer la monophylie, cinq genres non hybrides sont acceptés, représentant des lignées évolutives distinctes (Aria, Chamaemespilus, Cormus, Sorbus s. str., Torminalis), ainsi que cinq genres hybrides décrits.
Ils retirent l’espèce Sorbus torminalis du genre Sorbus pour la placer dans le genre Torminalis Medik. mais comme le code de nomenclature interdit d’avoir le nom *Torminalis torminalis, ils repartent de l’ancien nom Sorbus glaberrima Gandoger, donné dans la Flore lyonnaise, 90, 1875[6] (qu’ils considèrent valide[7],[n 1]) et le recombinent sous la forme Torminalis glaberrima (Gand.) Sennikov & Kurtto[8].
Étymologie
Le nom de genre Sorbus a été adopté par le botaniste suisse Caspar Bauhin (1560-1624) dans Pinax theatri botanici, 1671, 415[9], taxon regroupant plusieurs espèces de Sorbus. Au Ier siècle, Pline déjà avait décrit plusieurs espèces de sorbes (HN, XV, 85) [10]. Sorvus : Sorbus spp. de l’indo-européen *sor-dhos, « arbre à baies rouges »[11].
L'épithète spécifique torminalis signifie « qui guérit les coliques » (du verbe torquere, « (se) tordre ») et est une allusion aux propriétés médicinales de l'arbre[12].
L’épithète spécifique glaberrima dérive du latin glaber, glabra, -um, « glabre, sans poils » mis à la forme superlative glaberrimus, -a, -um « le plus glabre, très glabre, parfaitement lisse » dont la forme féminine singulier est glaberrima.
Synonymes
Selon POWO[8], Torminalis glaberrima (Gand.) Sennikov et Kurtto possède 81 synonymes dont
- 3 synonymes homotypiques
- Pyrus torminalis var. glaberrima (Gand.) Asch. et Graebn. dans Syn. Mitteleur. Fl. 6(2) : 85 (1906)
- Sorbus glaberrima Gand. à Fl. Lyon. : 90 (1875)
- Sorbus torminalis f. glaberrima (Gand.) Hegi in Ill. Fl. Mitt.-Eur. 4 : 70 (1923)
et 79 synonymes hétérotypiques dont
- Sorbus torminalis (L.) Crantz in Stirp. Austr. Fasc. 2: 45 (1763)
- Sorbus torminalis f. angustifolia Priszter & Kárpáti in Agrártud. Egyet., Kert- Szölögazdaságtud. Karának Évk. 2: 21 (1951 publ. 1953)
Description
C'est un arbre de dimension assez moyenne, pouvant mesurer jusqu'à 33 m en forêt, mais plus souvent entre 20 et 25 m, et 15 à 17 m en situation champêtre.
Avec une croissance relativement lente, le diamètre du tronc peut atteindre 50 à 65 cm en forêt à l'âge de 90-130 ans.
Des spécimens poussant en isolé ayant des circonférences entre 3 et 3,5 m sont attestés, ils auraient une longévité proche des 300 ans.
Son écorce gris brunâtre est fissurée et s'exfolie. Les jeunes rameaux présentent des lenticelles horizontales.
Les feuilles caduques, alternes, longuement pétiolées, sont vert foncé (leur rougissement à l'automne provient de la biosynthèse d'anthocyanes qui joueraient un rôle multiple : protection contre le froid, défense chimique contre les herbivores[13]). Elles sont tronquées à la base et comprennent 5 à 7 lobes inégaux dentés. On le distingue des autres membres du genre Sorbus par ses grandes feuilles raides évoquant celles d'un érable ou un platane[14].
Les fleurs hermaphrodite forment des corymbes blanchâtres avec de nombreuses étamines, et 2 styles soudés inférieurement.
Elles donnent des fruits marron, verruqueux, de 15 mm de diamètre comestibles à pleine maturité (après les premiers gels)[12].
Distribution, habitat
Selon POWO[8], l’aire de répartition naturelle de cette espèce s’étend de l’Europe au nord de l’Iran, au nord-ouest de l’Afrique. Cette aire couvre l’Union européenne moins les pays scandinaves et baltes, plus l’Ukraine, ainsi que la Turquie, le Caucase du Nord, la Syrie, l’Iran, l’Algérie et le Maroc (voir la carte dans la bandeau latéral sup.).
Elle a été introduite dans l’état de Washington aux États-Unis.
Écologie

Ordonnée: humidité du sol
Abscisse: acidité du sol
C'est un arbre entomophile (fleurs pollinisées par les insectes) et zoochore (dispersion des graines par des animaux). Ses fruits sont très appréciés des petits mammifères et des oiseaux, ainsi que du blaireau (Meles meles) qui joue un rôle important dans la dissémination des graines (excréments enterrés contenant les graines).
Il présente une bonne capacité de drageonnage[15] et peut coloniser de petites parcelles sans avoir à passer par le biais du semis.
Habitat et phytosociologie
C'est une essence très plastique, qui apprécie des terrains argileux tant calcaires qu'acides, même pauvres (Sologne par exemple). Il préfère les lisières, les clairières et trouées causées par chute d'arbre ou éclaircie, mais on le retrouve aussi en forêt accolé à de gros chênes.
Il est peu abondant et vit de manière dispersée dans la forêt (généralement moins de 10 individus à l'hectare)[15]. On le trouve généralement associé à des chênes, des frênes ou des hêtres, dans le second étage de végétation du fait de sa moyenne aptitude à concurrencer les espèces qui évoluent plus rapidement.
Statuts de protection, menaces
L'espèce n'est pas considérée comme étant menacée en France. Elle est classée Espèce de préoccupation mineure (LC) par l'UICN.
Toutefois localement ou en limite d'aire naturelle l'espèce peut se raréfier: elle est considérée Vulnérable (VU) en Nord-Pas-de-Calais.
Hybridations
En forêt de Fontainebleau, Sorbus torminalis s'est hybridé naturellement avec Sorbus aria et a donné naissance à une nouvelle espèce par apomixie nommée Alisier de Fontainebleau (Sorbus latifolia), espèce endémique connue depuis le XVIIIe siècle.
Caractéristiques
Organes reproducteurs[16] :
- Type d'inflorescence : corymbe
- Répartition des sexes : hermaphrodite
- Type de pollinisation : entomogame
- Période de floraison : mai
Graine :
- Type de fruit : drupe
- Mode de dissémination : endozoochore
Habitat et répartition :
- Habitat type : bois caducifoliés médioeuropéens, basophiles, oligotrophiles, où il est présent à l'état dispersé.
- Aire de répartition : européen méridional.
Utilisation
Comme de nombreuses rosacées, ce sorbier produit des polyphénols et des hétérosides de type glycosides cyanogènes, lesquels donnent par exemple leur goût amer aux amandes. Les feuilles dégagent ainsi une légère odeur d'amande amère quelques secondes après les avoir froissés. Elles sont néanmoins comestibles au printemps car ces composés sont faiblement concentrés, mais deviennent toxiques lorsqu'elles sont consommées en quantités importantes[17]. Un alcool, l'eau-de-vie d'alisier, est distillé à partir des baies d'alisier.
Les baies de l'alisier, les alises, sont réputées pour leur capacité à traiter les coliques en raison de leur richesse en tanins. Elles se consomment blettes (le gel endommage la vacuole et libère ces tanins qui se combinent aux protéines végétales, n'étant alors plus disponibles pour agresser les glycoprotéines de la salive)[18]. Le bois de cette essence forestière relativement peu abondante est recherché et est surtout utilisé en ébénisterie et en lutherie. C'est également l'un des premiers arbres à prendre de belles couleurs d'automne.
Qualités du bois et usage
Le bois de l'alisier torminal est dense, lourd, à cœur rosâtre plus ou moins foncé avec un grain très fin lui conférant un beau poli. Malgré sa dureté c'est un bois qui se travaille bien, tout en restant stable.
Ces spécificités lui valent encore aujourd'hui des emplois en lutherie, marqueterie, pour la fabrication d'instruments de précision, de pièces mécaniques...

On l'affectionne pour la production de placages décoratifs, après tranchage, si le bois de cœur est peu coloré[19].
La bonne valorisation de son bois en fait une espèce intéressante pour l'Agroforesterie (au même titre que les noyers, les merisiers, les autres alisiers et les cormiers)[20].
Galerie
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Habitus
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Rameau avec lenticelles
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Écorce du tronc
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Feuilles et fleurs.
Voir aussi
- L'alisier voit son nom attribué au 9e jour du mois de brumaire du calendrier républicain ou révolutionnaire français[21], généralement chaque 30 octobre du calendrier grégorien.
Articles connexes
Bibliographie
- (en) Johnson & Moore, Collins Tree Guide, (ISBN 0-00-713954-3)
- (en) Oddou-Muratorio S., Aligon C., Decroocq S., Plomion C., Lamant T., Demesure B., Microsatellite primers for Sorbus torminalis and related species, Mol. Ecol. Notes 1 (2001) 297-299
Liens externes
- (fr) Tela Botanica (France métro) : Sorbus torminalis (L.) Crantz
- (fr) INPN : Sorbus torminalis (L.) Crantz, 1763 (TAXREF)
- (en) BioLib : Sorbus torminalis (L.) Crantz
- plantsci.cam.ac.uk (en)
Notes et références
Notes
- ↑ Michel Gandoger dans Flore lyonnaise 1875, fournit une clé d’analyse des espèces
*Fr. oval, f. ovales…S. torminalis Cr.
*Fr. ovoïde, déprimé aux 2 extrémités, large de 10-11 mm, f. elliptiques, ovales, longuement acuminées, arrondies à la base, larges de 75-80 mm, à lobes allongés de 22-27 mm, très lancéolés-acuminés, finement denticulés…S. à f. très glabres, S. glaberrima
Références
- ↑ Lo, Eugenia Y.Y.; Donoghue, Michael J., « Expanded phylogenetic and dating analyses of the apples and their relatives (Pyreae, Rosaceae) », Molecular Phylogenetics and Evolution, vol. 6, no 2, , p. 230-240
- ↑ www.boldsystems.org, « Specimen Record GBITS49382-21 (ITS1, 5.8S, ITS2) | Public Data Portal | BOLDSYSTEMS » (consulté le )
- ↑ Carl von Linné, Species plantarum, Holmiae, Impensis Laurentii Salvi, (lire en ligne)
- ↑ H. Crantz, Stirpium Austriarum fasciculus II, Viennae, (lire en ligne)
- ↑ Alexander N. Sennikov & Arto Kurtto, « A phylogenetic checklist of Sorbus s.l. (Rosaceae) in Europe », Memoranda Soc. Fauna Flora Fennica, vol. 93, no 1, (lire en ligne)
- ↑ Gandoger, Michel, Flore lyonnaise et des départements du sud-est, Paris, Lyon, Lecoffre, (lire en ligne)
- ↑ (en) POWO : Sorbus glaberrima Gand.
- (en) POWO : Torminalis glaberrima (Gand.) Sennikov & Kurtto
- ↑ Casparr Bauhin, ΠΙΝΑΞ Theatri Botanici, Bailea, (lire en ligne)
- ↑ Pline l'Ancien, texte traduit par S. Schmitt, Histoire naturelle, nrf, Gallimard, , 2130 p.
- ↑ Michel Chauvet, Etymologia botanica Dictionnaire des noms latins des plantes, Biotope Éditions, , 792 p.
- Michel Botineau, Guide des plantes à fruits charnus comestibles et toxiques, Lavoisier, , p. 30
- ↑ (en) David S. Ingram, Daphne Vince-Prue, Peter J. Gregory, Science and the Garden, John Wiley & Sons, , p. 170-171
- ↑ Tony Russel (trad. de l'anglais), Arbre du monde, Londres, Larousse, , 356 p. (ISBN 978-2-03-587199-2), page 255
- Barengo N., Rudow A., Schwab P., Favoriser les essences rares au Nord des Alpes Suisses, Chaire de sylviculture, EPFZ, Direction Fédérale des Forêts OFEFP, Zurich, 2001
- ↑ Julve, Ph., 1998 ff. - Baseflor. Index botanique, écologique et chorologique de la flore de France. Version : 23 avril 2004.
- ↑ (en) Monika Olszewska, Joanna Marta Roj, « Phenolic constituents of the inflorescences of Sorbus torminalis (L.) Crantz », Phytochemistry Letters, vol. 4, no 2, , p. 151-157 (DOI 10.1016/j.phytol.2011.02.005)
- ↑ Marc-André Selosse, Les Goûts et les couleurs du monde. Une histoire naturelle des tannins, de l'écologie à la santé, Actes Sud Nature, , p. 87
- ↑ L'Alisier torminal, (lire en ligne)
- ↑ Association française d'Agroforesterie, Fiche "AGROFORESTERIE ET MARAICHAGEproduire et protéger", 5 p. (lire en ligne), p.2
- ↑ Ph. Fr. Na. Fabre d'Églantine, Rapport fait à la Convention nationale dans la séance du 3 du second mois de la seconde année de la République Française, p. 20.