
La lecture peut ĂȘtre dĂ©finie comme une activitĂ© psychosensorielle qui vise Ă donner un sens Ă des signes graphiques recueillis par la vision et qui implique Ă la fois des traitements perceptifs et cognitifs[1].
Histoire de la lecture
[modifier | modifier le code]L'histoire de la lecture remonte à l'invention de l'écriture au cours du IVe millénaire avant notre Úre. Bien que la lecture de textes imprimés soit aujourd'hui un moyen important d'accÚs à l'information pour la population en général, cela n'a pas toujours été le cas. à quelques exceptions prÚs, seul un faible pourcentage de la population de nombreux pays était considéré comme alphabétisé avant la révolution industrielle. Parmi les sociétés prémodernes ayant un taux d'alphabétisation généralement élevé, on trouve l'AthÚnes classique et le califat islamique[2].
Les érudits supposent que la lecture à haute voix (clare legere en latin) était la pratique la plus courante dans l'Antiquité, et que la lecture en silence (legere tacite ou legere sibi en latin) était inhabituelle[3]. Dans Les Confessions qu'il rédige au IVe siÚcle, Augustin d'Hippone remarque l'habitude inhabituelle d'Ambroise de Milan de lire en silence[3],[4].
Au siÚcle des LumiÚres, les élites ont encouragé la lecture passive plutÎt que l'interprétation créative. La lecture n'a pas de lois concrÚtes, mais elle permet aux lecteurs de s'évader pour produire leurs propres produits de maniÚre introspective, en favorisant une exploration profonde des textes pendant l'interprétation. Certains penseurs de cette époque croyaient que la construction (c'est-à -dire la création de l'écriture et la production d'un produit) était un signe d'initiative et de participation active à la société; ils considéraient, en contrepartie, la consommation (c'est-à -dire la lecture) comme une simple absorption de ce que les constructeurs fabriquaient[5]. On considérait les lecteurs de cette époque comme des citoyens passifs, parce qu'ils ne fabriquaient pas de produit. L'historien français Michel de Certeau a fait valoir que les élites du siÚcle des LumiÚres étaient responsables de cette croyance générale. Pour Michel de Certeau, la lecture exigeait de s'aventurer dans le pays de l'auteur, mais de lui enlever ce que le lecteur voulait précisément. Cette opinion soutenait que l'écriture était un art supérieur à la lecture dans les contraintes hiérarchiques de l'époque[5].
Dans l'Europe du XVIIIe siĂšcle, la pratique alors nouvelle de la lecture seule au lit a Ă©tĂ©, pendant un temps, considĂ©rĂ©e comme dangereuse et immorale. La lecture devenant moins une pratique orale commune et plus une pratique privĂ©e et silencieuse, et le sommeil se dĂ©plaçant de plus en plus des zones communes vers les chambres individuelles, certains se sont inquiĂ©tĂ©s du fait que la lecture au lit prĂ©sentait divers dangers, tels que les incendies provoquĂ©s par les bougies de chevet. Certains critiques modernes, cependant, spĂ©culent sur le fait que ces prĂ©occupations Ă©taient fondĂ©es sur la crainte que les lecteurs âet en particulier les femmes[6]â puissent Ă©chapper Ă leurs obligations familiales et communautaires et transgresser les limites morales Ă travers les mondes fantastiques privĂ©s des livres[7].
Acquisition
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La premiĂšre Ă©tape dans l'acquisition de la lecture est dite logographique ou prĂ©alphabĂ©tique. Durant cette pĂ©riode, l'enfant ĂągĂ© de cinq ans ou moins ne sait pas encore lire mais rĂ©ussit tout de mĂȘme Ă identifier certains mots en se basant sur des indices visuels tels que l'environnement et la forme graphique du mot. Il peut, par exemple, reconnaĂźtre son prĂ©nom ou rĂ©ussir Ă deviner qu'une suite de caractĂšres imprimĂ©e sur l'emballage d'un produit qu'il connaĂźt bien correspond au nom du produit en question. Ces premiers mots traitĂ©s comme des images vont permettre Ă l'enfant de crĂ©er des connexions mentales entre les reprĂ©sentations orthographiques et sĂ©mantiques des mots frĂ©quemment rencontrĂ©s[8],[9].
La deuxiĂšme Ă©tape consiste dans l'apprentissage du code alphabĂ©tique, c'est-Ă -dire des correspondances entre une ou plusieurs lettres (graphĂšmes) et un ou plusieurs phonĂšmes (ex. la lettre « x » en français produit le son /ks/). Lors de cette phase, l'enfant ne traite plus les mots Ă©crits comme des images, mais bien comme des suites de lettres qu'il dĂ©code d'abord individuellement, puis en groupe de plus en plus grand, passant de la lecture par syllabe Ă la lecture par mots. Le processus de lecture Ă cette Ă©tape se dĂ©roule de telle sorte que la perception visuelle d'un mot active la reprĂ©sentation orthographique de ce mĂȘme mot, laquelle active Ă son tour la reprĂ©sentation phonologique qui, finalement, active elle-mĂȘme la reprĂ©sentation sĂ©mantique. Comme la signification du mot est obtenue Ă partir de sa prononciation, on parle d'un phĂ©nomĂšne de « mĂ©diation phonologique »[8].
La derniĂšre Ă©tape est la phase alphabĂ©tique consolidĂ©e ou phase orthographique. Durant cette pĂ©riode, une nouvelle procĂ©dure de lecture plus rapide et moins coĂ»teuse cognitivement se dĂ©veloppe chez l'enfant, lui donnant ainsi la possibilitĂ© de lire un mot sans passer par sa forme phonologique. Lâenfant apprend ainsi Ă reconnaĂźtre un mot en se servant uniquement de sa forme orthographique, une capacitĂ© indispensable pour pouvoir lire les mots irrĂ©guliers du point de vue de la correspondance orthographique-phonologique (ex. le mot « chlore » en français se dit /klÉÊ/ et non /ÊlÉÊ/)[8].
En lecture à voix haute, un lecteur devient « expert » lorsque ces trois processus de lecture sont automatisés, c'est-à -dire lorsque l'identification d'un mot écrit entraßne immédiatement la récupération de sa prononciation et de sa signification avec des efforts de décodage trÚs réduit[8].
En lecture personnelle silencieuse, un lecteur devient « expert » lorsque ces trois processus de lecture sont automatisés, identifiant la signification sans que l'esprit se soucie de la phonétisation qui le ralentirait (libéré de la prononciation). Petit à petit, le lecteur perfectionne sa vitesse de lecture si la simple image des mots donne en direct l'accÚs au sens.
Enseignement
[modifier | modifier le code]Efficacité
[modifier | modifier le code]LâefficacitĂ© de la lecture dĂ©pend de deux voies de traitement de l'information, qui coexistent et se complĂštent mutuellement : lâidentification des signes ou mots Ă©crits et lâaccĂšs au son de ces Ă©lĂ©ments. Si lâun des deux mĂ©canismes est dĂ©ficient, un trouble de la lecture sâensuivra : « certains patients atteints dâune lĂ©sion cĂ©rĂ©brale nommĂ©e dyslexie profonde ou dyslexie phonologique ont leur voie de conversion des lettres en sons sĂ©vĂšrement dĂ©tĂ©riorĂ©e et ne parviennent plus Ă prononcer les mots rares, les nĂ©ologismes et les mots inventĂ©s. Dâautres patients atteints dâune dyslexie de surface doivent prononcer les mots pour les comprendre[10]. » D'autres troubles sont possibles : alexie, hyperlexie, troubles de la comprĂ©hension, etc.
Aire cérébrale dédiée à la reconnaissance des mots
[modifier | modifier le code]La lecture pose un paradoxe sur le plan de la neurobiologie. Alors que l'Ă©criture n'existe que depuis quelques milliers d'annĂ©es, un dĂ©lai trop court pour permettre une Ă©volution significative des aires cĂ©rĂ©brales qui existent depuis des millions d'annĂ©es, le cerveau humain semble malgrĂ© tout ĂȘtre remarquablement bien adaptĂ© Ă la tĂąche de reconnaissance de mots, l'humain Ă©tant notamment capable de reconnaĂźtre un mot quelles que soient la police de caractĂšres et la casse utilisĂ©es (majuscule ou minuscule). La question est alors : comment expliquer notre capacitĂ© Ă lire si aucune aire cĂ©rĂ©brale n'a de toute Ă©vidence eu le temps d'Ă©voluer pour se dĂ©dier entiĂšrement Ă cette tĂąche[11] ?
La théorie du recyclage neuronal permet d'expliquer ce phénomÚne :
« Chez tous les individus, dans toutes les cultures du monde, les mĂȘmes rĂ©gions cĂ©rĂ©brales interviennent dans la lecture, et les mĂȘmes contraintes caractĂ©risent les systĂšmes d'Ă©criture. Selon l'hypothĂšse du recyclage neuronal, les inventions culturelles telles que la lecture reposent sur des mĂ©canismes cĂ©rĂ©braux anciens, qui ont Ă©voluĂ© pour un autre usage, mais qui disposent dâune marge suffisante de plasticitĂ© pour parvenir Ă se recycler ou se reconvertir Ă ce nouvel usage[12]. »
Cette thĂ©orie suppose qu'un rĂ©seau de neurones Ă la base impliquĂ© dans la reconnaissance visuelle gĂ©nĂ©rale serait sollicitĂ© durant la lecture et se spĂ©cialiserait graduellement dans la reconnaissance des lettres au cours de l'apprentissage. Ce rĂ©seau de neurones situĂ© au niveau de la voie ventrale occipito-temporale gauche, Ă©galement surnommĂ© aire de la forme visuelle des mots, s'active par dĂ©faut lors de la reconnaissance de visages, d'objets et de formes gĂ©omĂ©triques. Or, avec l'apprentissage de la lecture, l'activation de l'aire de la forme visuelle des mots dans ce genre de tĂąches tend Ă diminuer, alors mĂȘme qu'elle tend Ă augmenter durant la lecture. En d'autres mots, mieux on sait lire, mieux l'aire de la forme visuelle des mots rĂ©pond durant la lecture, mais moins elle rĂ©pond durant les autres tĂąches, ce qui tĂ©moigne d'une compĂ©tition entre la fonction prĂ©programmĂ©e de cette portion du cortex (la reconnaissance visuelle en gĂ©nĂ©ral) et la nouvelle fonction qu'on tente de lui inculquer ; câest-Ă -dire la lecture[13]. Cette aire, au dĂ©part sensible aux combinaisons Ă©lĂ©mentaires de traits visuels prĂ©sentĂ©s Ă la fovĂ©a, apprendrait ainsi peu Ă peu Ă extraire une reprĂ©sentation visuelle stable des mots, laquelle serait responsable de notre capacitĂ© Ă reconnaĂźtre les mots malgrĂ© les variations de forme[11]. Lâaire de la forme visuelle des mots stockerait Ă©galement toutes les informations concernant lâimportance de lâordre des lettres dans un mot, les combinaisons de lettres possibles et impossibles dans notre langue ainsi que leur frĂ©quence. Une atteinte Ă cette rĂ©gion Ă la suite d'une lĂ©sion rend dâailleurs la lecture totalement impossible. On parle alors dâalexie pure[13]. Il est cependant Ă noter que lâaire de la forme visuelle des mots nâest pas la seule Ă sâactiver prĂ©fĂ©rentiellement lors de la prĂ©sentation de mots : certaines rĂ©gions du cortex visuel primaire (V1, V2, V3 et V4) sâactivent davantage lors de la prĂ©sentation de mots que lors de la prĂ©sentation dâobjets dessinĂ©s avec une graphie comparable aux mots[14].
ModÚles théorique du traitement de la lecture
[modifier | modifier le code]La lecture dâun mot exige plusieurs Ă©tapes de traitement : lâextraction visuelle des traits des lettres composant le mot ainsi que le codage orthographique, phonologique, morphologique et sĂ©mantique. Plusieurs modĂšles dâorganisation du systĂšme de lecture ont Ă©tĂ© proposĂ©s pour dĂ©terminer la façon et lâordre dans lesquels ces diffĂ©rentes informations sont traitĂ©es[11].
Une conception thĂ©orique qui a longtemps Ă©tĂ© soutenue mais qui ne lâest plus aujourdâhui est le modĂšle « sĂ©riel » qui considĂšre que toutes les Ă©tapes de traitement sâenchaĂźnent les unes aux autres, de sorte que chaque niveau de reprĂ©sentation linguistique est entiĂšrement dĂ©rivĂ© du niveau infĂ©rieur. Selon ce modĂšle, le processus de lecture dĂ©buterait par lâextraction des traits (lignes) des lettres composant le mot, serait suivi par le codage orthographique, lequel serait Ă son tour suivi par le codage phonologique et morphologique pour se terminer avec le codage sĂ©mantique, lâobjectif ultime Ă©tant la comprĂ©hension du texte. De nos jours, ce modĂšle est toutefois rejetĂ© Ă la suite de l'observation de donnĂ©es temporelles que lâon possĂšde maintenant sur la lecture. Un tel processus serait en effet beaucoup plus long que le temps rĂ©el pris pour reconnaĂźtre un mot[11].
Un autre modĂšle de traitement de la lecture est le modĂšle « interactif », qui suggĂšre que les Ă©tapes de traitement de lâinformation sont en interaction les unes avec les autres au cours du processus de lecture, ce qui Ă©limine la notion de niveau de traitement[15].
Un modĂšle « en cascade » a Ă©galement Ă©tĂ© formulĂ©. Dans ce modĂšle, la hiĂ©rarchie et lâautonomie des Ă©tapes de traitement nĂ©cessaire Ă la lecture sont prĂ©servĂ©es, câest-Ă -dire quâelles ne se prĂ©sentent pas en interaction. Les diffĂ©rentes Ă©tapes sont plutĂŽt exĂ©cutĂ©es en parallĂšle, de sorte quâun module X peut poursuivre le traitement dâun type donnĂ© dâinformation tout en transfĂ©rant Ă un module suivant (Y) lâinformation dĂ©jĂ analysĂ©e pour quâil puisse sâen servir pour exĂ©cuter ses propres analyses. Ce modĂšle suppose que les premiĂšres lettres dâun long mot (par exemple <coccinelle>) sont utilisĂ©es inconsciemment par le lecteur pour Ă©mettre des hypothĂšses sur lâidentitĂ© du mot, le tout en attendant de disposer du reste de lâinformation visuelle pour pouvoir confirmer de quel mot il sâagit[16].
Le modĂšle de traitement de la lecture le plus acceptĂ© de nos jours demeure toutefois une fusion des deux modĂšles prĂ©cĂ©dents, soit le modĂšle « interactif en cascades ». Dans ce modĂšle, le traitement de lâinformation de haut niveau (câest-Ă -dire de lâinformation morphologique et sĂ©mantique) dĂ©bute presque en mĂȘme temps que le traitement de lâinformation de bas niveau (visuel, orthographique et phonologique), les niveaux supĂ©rieurs donnent une rĂ©troaction aux niveaux infĂ©rieurs et il existerait des connexions bidirectionnelles entre certains niveaux[11].
De nos jours, il existe des outils d'aide à la lecture assez astucieux. Bien sûr on retrouve les lampes, les lunettes mais également la bague de lecture, qui est un anneau à enfiler autour du pouce afin de garder les pages du livres parfaitement ouvertes. La bague de lecture permet au lecteur de facilement tenir le livre d'une main, tout en lui évitant de corner les pages. Il peut ainsi rester concentré sur sa lecture tout en économisant son poignet pour tenir le livre.
Reconnaissance des mots
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Mot seul versus dans une phrase
[modifier | modifier le code]Un effet de supĂ©rioritĂ© du mot a Ă©tĂ© trouvĂ© par Reicher (1969). Selon cet effet, les personnes reconnaĂźtraient plus facilement une lettre lorsque celle-ci est prĂ©sentĂ©e Ă lâintĂ©rieur d'un mot que lorsqu'elle est prĂ©sentĂ©e seule ou dans un non-mot[17]. Dans la mĂȘme veine, un mot serait plus facilement reconnu lorsqu'il est prĂ©sentĂ© dans une phrase que lorsqu'il est prĂ©sentĂ© seul et ce, tant Ă l'oral qu'Ă l'Ă©crit[18].
Mot en contexte
[modifier | modifier le code]Le contexte aide Ă la reconnaissance du mot dans la phrase. Par exemple, dans le cas dâun texte Ă©crit Ă la main, le contexte aide beaucoup Ă reconnaĂźtre un mot lorsque lâĂ©criture est difficile Ă dĂ©chiffrer. Le type de contexte influence Ă©galement la vitesse de reconnaissance. Dans un cas oĂč le contexte est assez gĂ©nĂ©ral et laisse place Ă plusieurs interprĂ©tations, câest-Ă -dire dans le cas dâune phrase dite Ă faible contrainte, la reconnaissance du mot serait facilitĂ©e par le fait que plusieurs mots diffĂ©rents pourraient la complĂ©ter. Une phrase comme « Tous les jours, je⊠» serait ainsi considĂ©rĂ©e comme Ă©tant de faible contrainte, car plusieurs mots (mange, dors, lis, etc.) peuvent la complĂ©ter. Ă lâinverse, dans le cas dâune phrase Ă forte contrainte ; câest-Ă -dire dâune phrase oĂč le contexte induit une attente bien prĂ©cise quant au mot qui la complĂ©tera, si le mot Ă©crit sâĂ©loigne du mot attendu, la reconnaissance se fera plus lentement. Ainsi une phrase comme « La cuisiniĂšre jette les restants de nourriture dans la... » serait considĂ©rĂ©e comme Ă©tant de forte contrainte, car les possibilitĂ©s pour complĂ©ter la phrase (poubelle, *maison, *toilette) sont plus restreintes, ce qui fait que le lecteur aura des attentes beaucoup plus prĂ©cises quant au mot qui devrait complĂ©ter la phrase[18].
Ambiguïté
[modifier | modifier le code]En lecture, le contexte aide gĂ©nĂ©ralement Ă interprĂ©ter le sens de ce quâon lit et plus particuliĂšrement face Ă une ambiguĂŻtĂ©. Dans les faits, il existe deux grands types dâambiguĂŻtĂ©s : les ambiguĂŻtĂ©s lexicales et les ambiguĂŻtĂ©s structurales. L'ambiguĂŻtĂ© lexicale est liĂ©e au sens d'un mot polysĂ©mique ou homonymique tandis que l'ambiguĂŻtĂ© structurale est associĂ©e Ă l'attachement d'un groupe de mot (aussi appelĂ© syntagme) dans une phrase[18].
Une phrase comme « Pierre sent la rose » contient une ambiguĂŻtĂ© lexicale polysĂ©mique car, dans ce contexte, le mot « sent » admet deux sens, si bien que la phrase pourrait soit vouloir dire que Pierre hume une rose ou quâil dĂ©gage lui-mĂȘme lâodeur dâune rose. Une phrase comme « Cet ours a mangĂ© un avocat » contient, quant Ă elle, un exemple dâambiguĂŻtĂ© lexicale homonymique, la forme « avocat » correspondant Ă deux mots distincts, lâun dĂ©signant un fruit et lâautre dĂ©signant un mĂ©tier. Une phrase comme « Sylvain a vu un homme avec un tĂ©lescope », quant Ă elle, contient une ambiguĂŻtĂ© structurale, câest-Ă -dire quâil est possible de lui attribuer deux structures syntaxiques distinctes. Lorsque le mot « tĂ©lescope » est rattachĂ© à « Sylvain », la phrase nous suggĂšre que câest au moyen dâun tĂ©lescope que Sylvain a vu un homme tandis que lorsque « tĂ©lescope » est plutĂŽt rattachĂ© à « homme», la phrase signifie alors que Sylvain a vu un homme qui avait un tĂ©lescope[19].
Une Ă©tude menĂ©e par MacKay a Ă©valuĂ© le temps de rĂ©ponse nĂ©cessaire pour complĂ©ter des phrases ambiguĂ«s selon le type d'ambiguĂŻtĂ©. Les rĂ©sultats suggĂšrent que mĂȘme si les sujets ne sont pas conscients de la prĂ©sence d'une ambiguĂŻtĂ© dans une phrase, ils prennent plus de temps pour y rĂ©pondre et leur temps de rĂ©ponse varie selon le type d'ambiguĂŻtĂ©. Les ambiguĂŻtĂ©s lexicales seraient traitĂ©es plus rapidement que les ambiguĂŻtĂ©s structurales[20].
CaractĂšre automatique de la lecture
[modifier | modifier le code]La lecture est automatique et irrĂ©pressible, de sorte que, mĂȘme si on demande explicitement Ă un lecteur dâignorer un mot, celui-ci ne peut pas sâempĂȘcher de rĂ©cupĂ©rer son sens en mĂ©moire[11]. Une illustration claire de ce phĂ©nomĂšne est fournie par « lâeffet Stroop » qui peut ĂȘtre observĂ© dans une tĂąche portant le mĂȘme nom[21]. Dans cette tĂąche qui possĂšde plusieurs variantes, le lecteur doit le plus souvent identifier Ă voix haute la couleur de lâencre avec laquelle est Ă©crit le nom dâune autre couleur tout en ignorant le sens du mot comme tel. Par exemple, si le mot « rouge » est Ă©crit en vert, le lecteur doit dire « vert ». Cette tĂąche est ardue car le lecteur ne peut sâempĂȘcher de lire le mot et de rĂ©cupĂ©rer le sens qui lui est rattachĂ©. Cette lecture involontaire active effectivement un code de couleur en mĂ©moire qui interfĂšre avec la rĂ©ponse Ă donner et engendre un dĂ©lai supplĂ©mentaire dans lâĂ©mission de la rĂ©ponse. Ce dĂ©lai dâenviron 100 millisecondes sâobserve spĂ©cifiquement en condition « incongruente » (par exemple, lorsque le mot « rouge » est Ă©crit en vert), mais non en condition « congruente » (par exemple, lorsque le mot « rouge » est Ă©crit en rouge) ou « neutre » (par exemple, lorsque le mot « tasse » est Ă©crit en rouge)[11]. Il est Ă noter quâun lĂ©ger effet de facilitation (entre 20 et 50 millisecondes plus rapide) est obtenu dans la condition congruente par rapport Ă la condition neutre, mais cet effet demeure beaucoup plus petit que lâeffet dâinterfĂ©rence (effet Stroop)[11]. Depuis lâarticle de Stroop en 1935, de nombreuses Ă©tudes ont rĂ©pliquĂ© lâeffet Stroop dans des conditions de prĂ©sentation variĂ©es[22].
Effets lexicaux influençant la reconnaissance des mots
[modifier | modifier le code]Pour reconnaĂźtre un mot, on utilise plusieurs types dâinformations qui le caractĂ©risent notamment sa frĂ©quence, le fait quâil soit proche orthographiquement ou sĂ©mantiquement dâun autre mot, etc. DĂ©pendamment de ses caractĂ©ristiques et du contexte dans lequel il est prĂ©sentĂ©, un mot peut donc ĂȘtre plus ou moins facile Ă identifier.
La proximitĂ© sĂ©mantique dâun mot avec un autre est une premiĂšre caractĂ©ristique qui affecte la performance en lecture par lâentremise de lâeffet dâamorçage. Cet effet se manifeste par un temps de dĂ©cision plus rapide face Ă un mot prĂ©cĂ©dĂ© dâun autre mot qui lui est associĂ© sĂ©mantiquement. Par exemple, dans une tĂąche de dĂ©cision lexicale, il faut moins de temps pour dĂ©cider que « docteur » est un mot vĂ©ritable lorsquâil est prĂ©cĂ©dĂ© dâun mot sĂ©mantiquement liĂ© comme « infirmiĂšre » que lorsquâil est prĂ©cĂ©dĂ© dâun mot non-sĂ©mantiquement liĂ© comme « beurre », dâun non-mot ou encore dâaucun mot. En situation dâamorçage, le premier mot prĂ©sentĂ© (ici « infirmiĂšre ») sâappelle une amorce et le deuxiĂšme mot (ici « docteur »), une cible. Dans un cas comme celui-ci, on dit que lâamorce a un effet facilitateur sur la cible parce quâil accĂ©lĂšre son traitement, mais lâamorce peut toutefois avoir lâeffet inverse dans dâautres contextes. Il existe au moins trois types dâamorçage : lâamorçage sĂ©mantique, lâamorçage associatif et lâamorçage de rĂ©pĂ©tition. Lâamorçage sĂ©mantique sâobserve dans un cas comme « docteur » et « infirmiĂšre »; un cas oĂč deux mots sont liĂ©s par leur signification. Lâamorçage associatif, lui, unit deux mots qui nâont pas nĂ©cessairement de signification en commun, mais qui sont frĂ©quemment employĂ©s ensemble comme les mots « attente » et « docteur ». Lâamorçage de rĂ©pĂ©tition, lui, sâobserve finalement dans un contexte oĂč la prĂ©sentation dâun mot facilite son traitement. Par exemple, la prĂ©sentation du mot « docteur » une premiĂšre fois dans une phrase ou un texte fera en sorte quâil sera plus rapidement reconnu lorsquâil sera prĂ©sentĂ© une deuxiĂšme fois[23].
Les effets de voisinage orthographique, lesquels rĂ©fĂšrent Ă la proximitĂ© orthographique dâun mot avec un autre, affectent Ă©galement la performance en lecture. La notion de voisinage orthographique correspond Ă lâensemble des mots de mĂȘme longueur qui partagent la mĂȘme orthographe Ă une lettre prĂšs. Par exemple, le mot PAGE a de nombreux voisins orthographiques comme MAGE, NAGE, RAGE, SAGE, CAGE, PIGE, PAIE, PALE, PAPE, tandis que le mot OGRE nâa quâun seul voisin orthographique (OCRE) et que le mot DRAP nâen possĂšde aucun. Deux effets liĂ©s Ă cette notion ont pu ĂȘtre distinguĂ©s au cours des Ă©tudes : un effet dâinhibition de la frĂ©quence du voisinage et un effet de facilitation de la taille du voisinage[11]. Lâeffet dâinhibition de la frĂ©quence du voisinage se traduit par un temps de reconnaissance plus long lorsque le mot cible possĂšde des voisins orthographiques plus frĂ©quents que lui dans la langue. Par exemple, parce quâil a le mot FOIE comme voisin orthographique plus frĂ©quent que lui, le mot FOIN est reconnu plus lentement[23]. Lâeffet de facilitation de la taille du voisinage, lui, se manifesterait par une diminution du temps de reconnaissance dâun mot, plus il possĂšde de voisins orthographiques. Cela suggĂšre que les mots possĂ©dant de nombreux voisins orthographiques comme PAGE seraient reconnus plus rapidement que les mots qui nâen possĂšdent peu ou pas comme OGRE ou DRAP[11].
La frĂ©quence dâun mot affecte elle aussi la performance en lecture par lâintermĂ©diaire de lâeffet de frĂ©quence. Lâeffet de frĂ©quence se manifeste par une reconnaissance plus rapide et plus souvent correcte des mots frĂ©quents comparativement aux mots peu frĂ©quents dans les tĂąches de : dĂ©cision lexicale, dâidentification perceptive, de prononciation, dâenregistrement des mouvements des yeux et de catĂ©gorisation sĂ©mantique. La frĂ©quence dâoccurrence dâun mot est formellement dĂ©finie comme le nombre de fois quâun lecteur a rencontrĂ© un mot particulier au cours de sa vie. Pour le français, cette estimation est faite Ă partir dâun corpus de millions de textes nommĂ© LEXIQUE[11]. Bien que la plupart des modĂšles actuels de la lecture reposent sur lâexplication de lâeffet frĂ©quence[11], ce dernier a toutefois fait lâobjet de critiques, certains suggĂ©rant quâil sâagirait simplement dâun biais liĂ© Ă la tĂąche[24],[25], dâautres soutenant la prĂ©sence de liens confondants avec des facteurs comme lâĂąge dâacquisition[26] ou la diversitĂ© contextuelle[27], et dâautres encore argumentant que cette mesure ne prend pas en compte la frĂ©quence dâoccurrence parlĂ©e[11].
Lâeffet de familiaritĂ© influencerait Ă©galement notre capacitĂ© Ă reconnaĂźtre les mots. Cet effet se manifeste par un temps de reconnaissance plus court pour les mots qui nous sont familiers comparativement aux mots qui nous le sont moins. Parce quâelle varie Ă©normĂ©ment dâune personne Ă lâautre, surtout en ce qui concerne les mots de basse frĂ©quence, la familiaritĂ© dâun mot est calculĂ©e en demandant aux sujets dâattribuer une note de 1 Ă 7 Ă ce mot en fonction du nombre de fois quâils estiment lâavoir lu, entendu, produit ou Ă©crit dans leur vie[28].
LâĂąge dâacquisition dâun mot affecterait Ă©galement notre capacitĂ© Ă reconnaĂźtre ce mot, un phĂ©nomĂšne appelĂ© effet de lâĂąge dâacquisition. Cet effet se manifeste par une lecture significativement plus rapide des mots acquis tĂŽt dans le dĂ©veloppement linguistique que des mots acquis plus tard. Pour estimer lâĂąge dâacquisition dâun mot, les mĂ©thodes les plus couramment utilisĂ©es sont de demander Ă des adultes dâestimer lâĂąge auquel ils ont acquis ce mot ou encore de le vĂ©rifier directement auprĂšs dâenfants en leur faisant passer des tĂąches de dĂ©nomination dâobjets[11].
Compréhension de texte
[modifier | modifier le code]La compréhension ainsi que le rappel d'un texte dépendent de trois facteurs : le lecteur, l'organisation du texte et le type de texte lu[29].
Lecteur
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Les connaissances antĂ©rieures du lecteur, c'est-Ă -dire son niveau de familiaritĂ© avec le sujet, auront un impact significatif dans sa comprĂ©hension d'un texte. Ainsi, en prĂ©sence de matĂ©riel abstrait, le lecteur Ă qui le contexte de sa lecture a prĂ©alablement Ă©tĂ© fourni, est capable de faire des liens entre ses connaissances et ce quâil lit, ce qui amĂ©liore Ă la fois sa comprĂ©hension et sa rĂ©tention du texte. MĂȘme si elles peuvent lui venir en aide, les connaissances antĂ©rieures du lecteur peuvent toutefois parfois lui nuire, notamment lorsque vient le temps de se rappeler la provenance de certaines informations. Les nouvelles informations acquises sur un sujet seraient effectivement greffĂ©es aux connaissances antĂ©rieures du lecteur, ce qui rendrait difficile la tĂąche de distinguer les provenances des diffĂ©rentes sources Ă plus ou moins long terme[29].
On retrouve trois tendances chez chaque lecteur :
- Le lectant qui est la part du lecteur qui garde toujours à l'esprit que le texte est avant tout une construction. Ce qui intéresse le lectant, ce sont les mécanismes du texte. Il s'agit donc de la dimension intellectuelle de l'expérience de lecture.
- Le lisant est celui qui accepte le pacte de lecture et croit Ă ce qu'on lui raconte en oubliant la nature linguistique du texte. Il s'agit de la dimension affective de la lecture.
- Le lu. Il croit à un degré plus fort à l'illusion romanesque, il se trouve dans l'identification totale. Il s'agit de la dimension pulsionnelle de la lecture.
Organisation du texte
[modifier | modifier le code]Pour ĂȘtre bien organisĂ©, un texte doit possĂ©der une cohĂ©rence globale ainsi quâune cohĂ©rence locale. Alors que la cohĂ©rence globale rĂ©fĂšre Ă l'intĂ©gration des idĂ©es majeures dans le texte, notamment grĂące Ă lâemploi des marqueurs de relations, la cohĂ©rence locale, elle, rĂ©fĂšre Ă l'intĂ©gration des idĂ©es plus subtiles du texte en lien avec le contexte immĂ©diat. En dâautres mots, un texte bien organisĂ© aura non seulement une bonne structure du texte et des relations causales prĂ©sentes dans la cohĂ©rence globale, mais Ă©galement une bonne intĂ©gration des dĂ©tails que l'on retrouve dans la cohĂ©rence locale[30].
Par rapport Ă la cohĂ©rence globale, la structure du texte a un impact sur la facilitĂ© du lecteur Ă le comprendre. Ainsi, dans une Ă©tude faite par Thorndyke, il a Ă©tĂ© dĂ©montrĂ© que le rappel d'une histoire est meilleur lorsque le thĂšme est prĂ©sentĂ© au dĂ©but, plutĂŽt qu'Ă la fin. Par ailleurs, le fait de pouvoir Ă©tablir des relations causales a un impact sur la vitesse de rĂ©cupĂ©ration des informations par le lecteur. Plus le lecteur peut tisser des liens entre les Ă©lĂ©ments, meilleure est lâintĂ©gration des informations et donc plus la vitesse de rĂ©cupĂ©ration sera Ă©levĂ©e et le rappel fluide. Du cĂŽtĂ© de la cohĂ©rence locale, une Ă©tude a dĂ©montrĂ© que les idĂ©es qui ont Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©es prĂ©cĂ©demment dans le texte seront plus facilement intĂ©grĂ©es que celles qui sont nouvelles. De mĂȘme, une information du texte qui est toujours prĂ©sente en mĂ©moire Ă court terme sera plus facilement rappelĂ©e et intĂ©grĂ©e qu'une information en mĂ©moire Ă long terme. Pour finir, si le texte implique que le lecteur fasse des infĂ©rences, sa comprĂ©hension sera ralentie. Autrement dit, le besoin de procĂ©der Ă une infĂ©rence aura pour effet d'augmenter la difficultĂ© de comprĂ©hension du texte en augmentant du mĂȘme coup le temps nĂ©cessaire Ă la comprĂ©hension[30].
Type de texte
[modifier | modifier le code]Instinctivement, plusieurs personnes supposent lâexistence dâun lien entre le type de texte prĂ©sentĂ© au lecteur et sa facilitĂ© Ă le comprendre. Par exemple, plusieurs prĂ©sument quâune personne avec des compĂ©tences normales en lecture jugera quâune histoire pour enfant est plus simple Ă lire et Ă comprendre quâun article scientifique. Or, trĂšs peu dâĂ©tudes ont vĂ©ritablement cherchĂ© Ă comparer lâimpact des diffĂ©rents types de textes sur la comprĂ©hension du lecteur, ce qui fait quâil est difficile de pouvoir confirmer le bien- fondĂ© de cette supposition[31]. Une Ă©tude rigoureuse menĂ©e par Haberlandt et Graesser est toutefois arrivĂ©e Ă la conclusion que les textes descriptifs sont gĂ©nĂ©ralement plus difficiles Ă interprĂ©ter que les textes narratifs car ils recrutent davantage de ressources cognitives[32].
Méthodologie de la recherche
[modifier | modifier le code]Diverses questions intĂ©ressent les chercheurs qui Ă©tudient dans le domaine de la lecture. Ceux-ci cherchent notamment Ă dĂ©terminer quelles sont les diffĂ©rentes Ă©tapes impliquĂ©es dans lâapprentissage de la lecture, sâil existe une aire cĂ©rĂ©brale dĂ©diĂ©e Ă la reconnaissance des mots, comment est organisĂ© le systĂšme de traitement de la lecture, comment se dĂ©roulent et par quels facteurs sont influencĂ©es la reconnaissance des mots et la comprĂ©hension de texte, quelles sont les causes des troubles de la lecture. Comme les mĂ©canismes mentaux impliquĂ©s dans la lecture ne sont pas observables directement, des mĂ©thodes comportementales et cĂ©rĂ©brales ont Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©es pour mesurer les performances du lecteur et ainsi rĂ©pondre aux nombreuses questions qui se posent concernant le processus de lecture.
Chronométrie mentale
[modifier | modifier le code]La mĂ©thode de recherche en lecture la plus utilisĂ©e est la chronomĂ©trie mentale[11]. Cette technique consiste Ă mesurer les processus mentaux impliquĂ©s dans la lecture au moyen des temps de rĂ©action et des taux dâerreurs durant une tĂąche de lecture[11]. Cinq techniques chronomĂ©triques diffĂ©rentes sont employĂ©es pour Ă©tudier la lecture :
Mouvements oculaires
[modifier | modifier le code]« La lecture commence dans la rĂ©tine, dont la structure impose des contraintes sĂ©vĂšres Ă la reconnaissance visuelle des mots. Seule sa partie centrale, la fovĂ©a, dispose dâune rĂ©solution suffisante pour lâidentification visuelle des petites lettres. Câest pourquoi notre regard se dĂ©place sans cesse au cours de la lecture. » Les Ă©tudes montrent que la fovĂ©a peut saisir « 3-4 lettres Ă gauche et 7-8 lettres Ă droite » du point de fixation du regard[33].
Ces donnĂ©es ont Ă©tĂ© confirmĂ©s depuis longtemps[34] par l'Ă©tude des mouvements oculaires, qui permet de suivre activement et en temps rĂ©el la performance en lecture. Les mouvements oculaires sont caractĂ©risĂ©s par des pauses ou fixations et des saccades, car l'Ćil ne se dĂ©place de façon linĂ©aire et continue, mais va dâun lieu de fixation Ă un autre. Les Ă©tudes d'oculomĂ©trie observent des sujets en situation de lecture et cherchent Ă mesurer les types de saccades produites par le lecteur ainsi que la durĂ©e des fixations. Environ 15 % des saccades sont de type rĂ©gressif. La durĂ©e de fixation est influencĂ©e par le statut grammatical des mots : les dĂ©terminants et les prĂ©positions, qui sont des mots courts frĂ©quemment employĂ©s dans la langue, sont fixĂ©s peu longtemps, vu le contenu informationnel plus limitĂ© quâils vĂ©hiculent. Ă lâinverse, les verbes et les noms â des mots qui contiennent des informations essentielles pour comprendre le sens dâune phrase â sont fixĂ©s plus longtemps, les premiers lâĂ©tant encore davantage que les seconds. Il en va de mĂȘme des mots polysĂ©miques ou dont la prĂ©sence est imprĂ©visible dans le contexte ainsi que des anaphores (ensemble de vers ou de phrases qui commencent par le mĂȘme mot ou par le mĂȘme syntagme). Par exemple, la lecture d'un passage comme « Rome, l'unique objet de mon ressentiment ! Rome, Ă qui vient ton bras d'immoler mon amant ! Rome qui t'a vu naĂźtre, et que ton cĆur adore ! Rome enfin que je hais parce qu'elle t'honore ! »[35] entraĂźne des durĂ©es de fixation plus longues, car nĂ©cessitant une prise de dĂ©cision lexicale[36].
Tùche de décision lexicale
[modifier | modifier le code]Dans une tĂąche de dĂ©cision lexicale, le lecteur doit dĂ©cider le plus rapidement possible et en faisant le moins dâerreurs, si la suite de lettres qui lui est prĂ©sentĂ©e est un mot de sa langue ou non; les temps de rĂ©ponses et les pourcentages dâerreurs sont calculĂ©s. Cette technique trĂšs utilisĂ©e prĂ©sente lâavantage de permettre Ă lâexpĂ©rimentateur de manipuler les caractĂ©ristiques physiques et linguistiques du stimulus (sa longueur, sa frĂ©quence, sa complexitĂ© morphologique ou sĂ©mantique, etc.) et de mesurer lâimpact de ces manipulations sur la performance en lecture[11].
TĂąche de lecture Ă voix haute
[modifier | modifier le code]Dans une tĂąche de lecture Ă voix haute demandant une prononciation immĂ©diate, un lecteur est appelĂ© Ă prononcer le plus rapidement possible et en faisant le moins dâerreurs, un mot prĂ©sentĂ© sur un Ă©cran dâordinateur. Durant cette tĂąche, les latences de prononciation (temps Ă©coulĂ© entre la prĂ©sentation du mot et le dĂ©but de la rĂ©ponse verbale) et les pourcentages dâerreurs sont calculĂ©s. Cette technique de chronomĂ©trie mentale est la seule Ă faire appel Ă la fois Ă des processus perceptifs (lecture) et Ă des processus de production (prononciation). Pour distinguer la contribution des deux processus, une tĂąche de prononciation diffĂ©rĂ©e est souvent effectuĂ©e en complĂ©mentaritĂ© avec la tĂąche de prononciation immĂ©diate. Dans la tĂąche de prononciation diffĂ©rĂ©e, le lecteur doit retenir le mot qui lui est prĂ©sentĂ© jusquâĂ ce quâun signal visuel apparaisse (de 500 millisecondes Ă 1,5 seconde aprĂšs la prĂ©sentation du stimulus), lui indiquant le moment oĂč il doit donner sa rĂ©ponse verbale. Les rĂ©sultats obtenus dans la tĂąche de prononciation diffĂ©rĂ©e sont ensuite comparĂ©s avec les rĂ©sultats obtenus dans la tĂąche de prononciation immĂ©diate et certaines conclusions peuvent ĂȘtre tirĂ©es : si une diffĂ©rence entre deux types de mots (par exemple entre les mots de haute et de basse frĂ©quence) est observĂ©e uniquement dans la tĂąche de prononciation immĂ©diate, mais pas dans la tĂąche de prononciation diffĂ©rĂ©e, celle-ci sera attribuĂ©e aux processus de perception et dâidentification; Ă lâinverse, si la diffĂ©rence est prĂ©sente dans les deux tĂąches, elle sera attribuĂ©e aux processus de prononciation et dâarticulation[11].
TĂąche d'identification perceptive
[modifier | modifier le code]La tĂąche dâidentification perceptive consiste Ă prĂ©senter trĂšs briĂšvement au lecteur un mot dĂ©gradĂ© visuellement et Ă lui demander de lâidentifier. Les variables mesurĂ©es dans cette tĂąche sont le pourcentage dâidentifications correctes ainsi que le temps dâidentification. Les Ă©tudes employant cette tĂąche aident Ă mieux comprendre le processus de codage et dâidentification visuelle des mots[11].
Tùche de catégorisation sémantique
[modifier | modifier le code]Dans une tĂąche de catĂ©gorisation sĂ©mantique, le lecteur doit dĂ©terminer si un mot appartient ou non Ă une catĂ©gorie sĂ©mantique prĂ©dĂ©terminĂ©e. La tĂąche se dĂ©roule de sorte que le nom dâune catĂ©gorie sĂ©mantique comme « FLEUR » est prĂ©sentĂ©e au sujet suivie dâun mot tel que « rose »; le sujet doit alors dĂ©terminer le plus rapidement possible et en faisant le moins dâerreurs, si le second mot appartient ou non Ă la catĂ©gorie sĂ©mantique prĂ©sentĂ©e prĂ©cĂ©demment. Comme cette tĂąche met lâaccent sur lâinformation sĂ©mantique, elle est frĂ©quemment utilisĂ©e pour Ă©tudier l'encodage en mĂ©moire des informations lues. Il est toutefois Ă noter que cette tĂąche comporte plusieurs dĂ©savantages comme celui de confondre les processus de perception et dâidentification avec les processus de jugement sĂ©mantique, de crĂ©er des effets dâamorçage qui ne sont pas pris en compte dans les donnĂ©es et de mesurer autre chose que le simple accĂšs Ă la signification du mot. Cette technique doit donc ĂȘtre employĂ©e en toute connaissance de cause et en prenant les prĂ©cautions nĂ©cessaires pour minimiser les inconvĂ©nients qui y sont liĂ©s (voir Forster et Shen pour plus de dĂ©tails)[11],[37].
Neuropsychologie cognitive (ou étude des lésions cérébrales)
[modifier | modifier le code]La technique de la neuropsychologie cognitive appliquĂ©e Ă la lecture consiste Ă tenter de lier les problĂšmes de lecture observĂ©s chez les patients cĂ©rĂ©brolĂ©sĂ©s Ă leurs atteintes anatomiques. Un concept souvent utilisĂ© pour y parvenir est le concept de la double dissociation. De façon gĂ©nĂ©rale, ce concept employĂ© dans plusieurs domaines dâĂ©tudes dit que si une manipulation expĂ©rimentale A affecte une variable X, mais non une variable Y et quâune manipulation expĂ©rimentale B affecte la variable Y, mais non la variable X, il est possible de conclure que les variable X et Y sont indĂ©pendantes lâune de lâautre. Dans lâĂ©tude des lĂ©sions cĂ©rĂ©brales, la double dissociation prend le plus souvent la forme dâune dĂ©monstration que la lĂ©sion dâune structure A du cerveau est associĂ©e au dĂ©ficit dâune fonction X (ex. la lecture des non-mots), mais non au dĂ©ficit dâune fonction Y (ex. la lecture des mots irrĂ©guliers), tandis que la lĂ©sion dâune structure B du cerveau est associĂ©e Ă un dĂ©ficit de la fonction Y, mais non de la fonction X, ce qui nous permet de conclure Ă la fois que la fonction X et Y sont distinctes et quâelles sont localisĂ©es dans des portions diffĂ©rentes du cerveau. Cette technique est trĂšs utilisĂ©e pour identifier les rĂ©gions cĂ©rĂ©brales impliquĂ©es dans le processus de lecture et pour tester et raffiner les modĂšles thĂ©oriques de la lecture, la neuropsychologie cognitive ayant notamment servi Ă appuyer lâexistence du modĂšle de la lecture Ă deux voies de Coltheart[11].
Imagerie cérébrale
[modifier | modifier le code]L'utilisation de l'imagerie par rĂ©sonance magnĂ©tique fonctionnelle (IRMf) a permis de dĂ©terminer le rĂŽle des aires cĂ©rĂ©brales impliquĂ©es dans le dĂ©coupage phonologique et dans le stockage de l'information sonore en mĂ©moire, ce qui a menĂ© Ă lâĂ©tablissement de liens entre les structures anatomiques et la performance en lecture. L'imagerie cĂ©rĂ©brale a notamment permis de dĂ©couvrir qu'un problĂšme de connexion entre les rĂ©gions cĂ©rĂ©brales affecte la capacitĂ© Ă discriminer les sons, ce qui se traduit par une modification anatomique plus ou moins visible, mais largement suffisante pour engendrer des difficultĂ©s lors de l'apprentissage de la lecture[36].
Approche computationnelle (simulations)
[modifier | modifier le code]Lâapproche computationnelle permet de tester les modĂšles thĂ©oriques de la lecture en simulant des rĂ©sultats expĂ©rimentaux sur ordinateur. Cette approche comporte de nombreux avantages : elle force le chercheur Ă expliciter ses hypothĂšses, elle permet de tester la cohĂ©rence interne dâun modĂšle thĂ©orique, elle peut prĂ©dire des effets cachĂ©s ou trop complexes pour ĂȘtre dĂ©tectĂ©s par lâhumain et elle permet finalement de tester rigoureusement plusieurs modĂšles en compĂ©tition. Il faut toutefois noter que lâapproche computationnelle ne devrait jamais remplacer une collecte de donnĂ©es empirique sur des ĂȘtres humains, mais devrait plutĂŽt la complĂ©menter[11].
Méthodes utilisées à la suite de la lecture d'un texte
[modifier | modifier le code]Lâobjectif principal de ces mĂ©thodes est de tester le contenu des reprĂ©sentations mentales construites par le lecteur durant sa lecture[38].
Reconnaissance
[modifier | modifier le code]Dans cette mĂ©thode, le lecteur est appelĂ© Ă identifier parmi les mots ou les phrases quâon lui prĂ©sente, ceux quâil a prĂ©alablement lus lors de la phase prĂ©paratoire de lâexercice. On calcule ensuite le pourcentage de bonnes rĂ©ponses[38].
Rappel
[modifier | modifier le code]Dans la mĂ©thode de rappel, le lecteur doit Ă©crire ou mentionner ce dont il se souvient par rapport Ă tel ou tel autre aspect dâune histoire quâon lui a prĂ©alablement demandĂ© de lire. Une difficultĂ© rencontrĂ©e avec cette mĂ©thode est de dĂ©terminer des critĂšres de correction Ă la fois rigoureux et inclusifs, Ă©tant donnĂ© la diversitĂ© de rĂ©ponses possibles[38].
Tùche de complétion
[modifier | modifier le code]Cette méthode consiste à demander au lecteur de compléter une phrase par le mot le plus approprié, que ce soit un mot de son cru ou un mot parmi une liste de suggestions[38].
Résumé
[modifier | modifier le code]Dans cette mĂ©thode, le lecteur doit rĂ©sumer dans ses propres mots un texte quâil a lu. Cette technique a aujourdâhui Ă©tĂ© abandonnĂ©e vu les Ă©normes difficultĂ©s de correction liĂ©es Ă la variabilitĂ© des rĂ©ponses donnĂ©es par les lecteurs[38].
Questionnaire
[modifier | modifier le code]Cette mĂ©thode consiste Ă poser au lecteur diffĂ©rentes questions sur un texte quâil vient de lire. Le plus souvent, le temps de latence, c'est-Ă -dire le temps nĂ©cessaire pour rĂ©pondre Ă la question, est mesurĂ©, ce qui permet de dĂ©terminer le degrĂ© de maĂźtrise du texte par le lecteur. On observe Ă©galement que lorsque les questions sont posĂ©es pendant la lecture du texte, le lecteur comprend mieux le texte et sâen souvient mieux par la suite. Devoir rĂ©pondre Ă des questions durant sa lecture permettrait Ă©galement au lecteur dâorienter le traitement du texte quâil est train de lire. Cette mĂ©thode est lâune des plus simples Ă utiliser et elle a lâavantage de pouvoir porter sur diffĂ©rents aspects du texte[38].
TĂąche de localisation spatiale et de jugement spatial
[modifier | modifier le code]Cette tĂąche vise Ă tester les reprĂ©sentations spatiales que le lecteur a Ă©laborĂ©es au cours de sa lecture. Durant cette tĂąche, le lecteur doit soit situer sur un plan les objets et le personnage principal de lâhistoire, soit dĂ©crire les dĂ©placements effectuĂ©s par le personnage durant lâhistoire ou encore dessiner les lieux et/ou les dĂ©placements dĂ©crits dans le texte. Le temps de latence est mesurĂ© pour chaque rĂ©ponse et le degrĂ© de prĂ©cision des rĂ©ponses est Ă©valuĂ©[38].
Productions non-verbales
[modifier | modifier le code]Cette méthode consiste à demander au lecteur de réaliser les actions motrices décrites dans un texte. Par exemple, le lecteur pourrait devoir suivre le mode d'emploi pour réparer quelque chose. La rapidité de réalisation de la tùche, le respect de l'ordre des différentes étapes, le genre de manipulations effectuées et le nombre d'erreurs sont les variables qui sont considérées dans cette méthode[38].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- â Klein, Virginia (2010). Influence de la typographie sur lâaisance de lecture dâune population dâenfants dyslexiques (MĂ©moire d'orthophonie, UniversitĂ© Victor-Segalen, Bordeaux). RepĂ©rĂ© Ă http://docnum.univ-lorraine.fr/public/SCDMED_MORT_2010_KLEIN_VIRGINIA.pdf
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- Carruthers, Mary. 2008. The Book of Memory: A Study of Memory in Medieval Culture. 2nd. ed. Cambridge: Cambridge University Press, pp. 212 ff..
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- â Corneille, Camille dans Horace, acte IV, scĂšne 5
- Brigitte Marin et Denis Legros, Psycholinguistique cognitive: Lecture, compréhension et production de texte, Bruxelles, De Boeck, , 161 p.
- â (en) Forster, « No enemies in the neighborhood: Absence of inhibitory effects in lexical decision and semantic categorization », Journal of Experimental Psychology: Learning, Memory and Cognition, no 22,â , p. 696-713
- Jean-Pierre Rossi, Psychologie de la compréhension du langage, Bruxelles, De Boeck, , 195 p.
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Stanislas Dehaene, Psychologie cognitive expérimentale : Les mécanismes cérébraux de la lecture, (lire en ligne)
- Stanislas Dehaene, Les neurones de la lecture : Introduction par Jean-Pierre Changeux, Paris, Odile Jacob,
- Sylvie Ferrando, Compte rendu de l'ouvrage de Stanislas Dehaene, Les neurones de la lecture (lire en ligne)
- Ămile Javal, Physiologie de la lecture et de l'Ă©criture, Paris, FĂ©lix Alcan, (lire en ligne)
- Alberto Manguel, Une histoire de la lecture, New York, LemĂ©ac Ăditeur Inc., 1996, 428 p.
- Fritz Nies, Imagerie de la lecture. Exploration d'un patrimoine millénaire de l'Occident (coll. « Perspectives littéraires »), Paris, PUF, 1995, 310 p.
- Paul Saenger, Space Between Words. The Origins of Silent Reading, Stanford University Press, 1997.
Articles connexes
[modifier | modifier le code]Liens externes
[modifier | modifier le code]
- Ressource relative à la santé :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Stanislas Dehaene, Vers une physiologie de la lecture, Cours au CollĂšge de France, 2007.
- Outil d'aide Ă la lecture : un nouvel outil, la bague de lecture, 2023.
