Île Louviers | ||||
Ancien plan de l'île Notre-Dame (actuelle île Saint-Louis) et de l'île Louviers. | ||||
Géographie | ||||
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Pays | France | |||
Localisation | Seine | |||
Coordonnées | 48° 50′ 56″ N, 2° 21′ 47″ E | |||
Géologie | Île fluviale | |||
Administration | ||||
Région | Île-de-France | |||
Département | Paris | |||
Arrondissement | 4e | |||
Autres informations | ||||
Fuseau horaire | UTC+01:00 | |||
Géolocalisation sur la carte : Paris
Géolocalisation sur la carte : France
Géolocalisation sur la carte : Île-de-France
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Île en France | ||||
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L'île Louviers, appelée aussi île aux Javiaux et île d'Antragues[1], est une ancienne île fluviale de la Seine à Paris, en France, qui fut rattachée à la berge au XIXe siècle.
Selon Michel Roblin, elle s’est aussi appelée île aux meules en raison de sa proximité avec le port au Foin[2].
Jacques-Antoine Dulaure relève les noms : île des Meules-aux-Javeaux, île Bouteclou et île-aux-Ourmetiaux[3].
Situation
[modifier | modifier le code]L'île Louviers était située légèrement en amont de l'île Saint-Louis[4] et possédait une taille comparable à cette dernière, 200 toises de longueur[5]. Elle était séparée de la rive droite par le bras de Grammont, ou petite rivière du Mail[6], et lui était reliée, en aval au nord-ouest, par le pont de Grammont[7] et en amont au sud-est, par une estacade, la passerelle de l'Estacade. Le bras de la Seine fut d'abord élargi vers 1730.
Historique
[modifier | modifier le code]Cette île appartenait en 1408 à Nicolas de Louviers, prévôt des marchands de Paris qui lui laissa son nom ; à l'origine, elle était couverte de pâturages[8].
Elle fut longtemps un terrain d'exercice pour les arbalétriers, puis elle se dota un temps, à l'initiative du prévôt des marchands et des échevins, d'un petit fort et d'une espèce de havre pour donner au roi Henri II un spectacle de siège et de combat naval[2]. Il est probable que la seule construction figurée sur le plan de Truschet et Hoyau, vers 1550, représente ce bâtiment royal. Le lundi , sous Louis XIII, pour la fête de la Saint-Louis, un petit château rempli de fusées de feux d'artifice fut dressé pour l'occasion sur l'île Louviers. Après une saynète guerrière, il fut mis en feu. Le roi et la reine régente ont pu admirer le spectacle pyrotechnique depuis leur tribune placée sur le quai des Célestins[9].
L’île entre en possession d’un dénommé d’Entrague, vers 1650[10].
L'île fut acquise par la ville de Paris en 1700 et affermée à des marchands de bois[8], en leur permettant d'y débarquer et d'y entreposer des poutres, poutrelles, poinçons, pannes, chevrons, sabliers et bien d'autres éléments. Le prix de location s'élevait à 40 000 francs par commerçant et par an[11]. On accorde à Turgot la réalisation de l’estacade sur la pointe orientale de l’île, afin de dévier les glaces charriées par la Seine. Une échelle indiquant la profondeur de l'eau de la Seine est citée en 1789 sur cette estacade[12].
En 1793 (frimaire an II), date à laquelle elle passe au domaine national[10], une manufacture de boutons fantaisie en métal, qui avait été installée sur l'île par l'entrepreneur Gérantel après un séjour de neuf ans à Birmingham et qui possédait une machine à vapeur, a été réquisitionnée pour la fabrication d'armes[13]. En 1798 (germinal an VI) les ouvriers se réunissaient sur l'île pour protester contre le coût élevé de la vie et contre les salaires trop bas[14].
En 1816, l'île était encore inhabitée et servait d'immense chantier de bois à brûler pour les Parisiens[15]. Deux ponts la reliaient à la rive droite de la Seine : le pont de Grammont et la passerelle de l'Estacade.
En 1806, elle est rendue à la Ville[10].
En 1817, le docteur Bally, inspiré par les courants pédagogiques de son époque[16], propose la création d'un vaste institut destiné à l'éducation physique[17]. Cependant, après l'expérience de la pension Durdan, il s'est avéré que la pratique de la gymnastique était meilleure si elle se réalisait sur les lieux où les élèves vivaient et étudiaient, et l'idée fut abandonnée[18].
En 1847[19],[8] (ou en 1843 d'après le musée Carnavalet[20], les travaux ayant été ordonnés par Louis-Philippe en 1841[21]), le bras de Grammont qui la séparait de la rive droite, et qu'il était possible de passer à sec pendant l'été[22], fut comblé et réuni au quai Morland, qui devint alors le boulevard Morland[8].
Lors des journées de juin 1848, des campements provisoires furent établis sur son site pour accueillir une partie de l'armée de Paris[8].
Galerie
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Antoine Perrot L'Île Louviers sous la neige, 1830, musée Carnavalet.
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Le pont de Grammont lors du rude hiver 1830 ; à droite, l'île Louviers. Détail du tableau d'Antoine Perrot. -
Pont de l'Estacade vers 1880-1884, Stanislas-Victor-Édouard Lépine.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Albert Jouvin de Rochefort : Nouveau Plan de Paris divisé en ses vingt quartiers, faubourgs et environs
- Jacques Hillairet, Dictionnaire historique des rues de Paris, Paris, Les Éditions de minuit, 1972, 1985, 1991, 1997, etc. (1re éd. 1960), 1 476 p., 2 vol. [détail des éditions] (ISBN 2-7073-1054-9, OCLC 466966117), édition 1997, tome 1, p. 43.
- Jacques-Antoine Dulaure, Histoire physique, civile et morale de Paris, Paris, Furne et Cie, , tome 2, page 362.
- Cadastre de Paris par îlot (1810-1836), plan 36e quartier « Arsenal », îlot no 19, F/31/89/17.
- Soit environ 400 mètres.
- Paul de Kock, La Grande Ville. Nouveau tableau de Paris : comique, critique et philosophique, vol. 1. Ouvrage disponible sur le site Google Livres.
- Le pont de Grammont avait été construit vers 1700 aux frais de la ville de Paris.
- Théophile Lavallée, Histoire de Paris depuis le temps des Gaulois jusqu'à nos jours, 2e édition, 1857, vol. II, chap. 2, p. 8 (disponible sur Internet Archive).
- Chroniques de l'éphémère : Le livre de fête dans la collection Jacques Doucet, INHA, (lire en ligne).
- Jacques Damade, Les îles disparues de Paris, La Bibliothèque, coll. « L'écrivain voyageur », (ISBN 978-2-909688-56-5).
- Îles de La Seine : [exposition, Paris, Pavillon de l'Arsenal, juin 2016], Paris, Éditions du Pavillon de l'Arsenal, , 309 p. (ISBN 978-2-35487-034-8), p. 33.
- A. Goubet, « Les crues historiques de la Seine à Paris », La Houille Blanche, no 8, , p. 24 (lire en ligne).
- Jean-François Belhoste et Denis Woronoff, À Paris sous la Révolution. Nouvelles approches de la ville, (lire en ligne), « Ateliers et manufactures : une réévaluation nécessaire », p. 79-91.
- Edmond Soreau, « Les ouvriers en l'an VII », Annales historiques de la Révolution française, no 44, , p. 118.
- Nomenclature des rues de Paris, édition de 1816, p. 36 (lire en ligne sur Gallica).
- Balli était membre, tout comme Francisco Amorós, de la Société pour l’enseignement élémentaire.
- M. Bally, « Éducation physique. Coup d’œil sur l’histoire de la gymnastique », Journal d’éducation, , p. 262-263.
- Marc Le Cœur, « Couvert, découvert, redécouvert… : L’invention du gymnase scolaire en France (1818-1872) », Histoire de l’éducation, no 102, , p. 109-135 (lire en ligne).
- Yvan Combeau, Histoire de Paris, Presses universitaires de France, coll. « Que sais-je ? » (no 34), , 128 p. (ISBN 978-2-13-074838-0, lire en ligne), p. 58.
- Fiche descriptive du tableau d'Antoine Perrot, Vue de l'île Louviers ; effet de neige, Inv. p. 2819 (1830).
- Déclaration d'utilité publique. Bulletin des lois du royaume de France IXe série. Premier semestre de 1841 (lire en ligne sur Gallica).
- Jacques-Benjamin Saint-Victor, Tableau historique et pittoresque de Paris. Depuis les Gaulois jusqu'à nos jours, vol. 1, partie 1 (disponible sur Google Livres).