L’abdication est l'acte selon lequel une personne renonce et cède d'elle-même sa fonction avant l'expiration du temps correspondant à l'exercice de celle-ci. Dans le droit romain, on appliquait le terme spécialement pour dépourvoir un membre d'une famille, comme déshériter un enfant. Aujourd'hui, ce mot s'utilise rarement sauf dans le sens de renoncer au pouvoir suprême d'un État. Un terme similaire pour un élu ou un fonctionnaire serait renonciation ; pour un salarié une démission.
Étymologie
La substantif féminin[1],[2],[3] « abdication » (prononcé [abdikasjɔ̃] Écouter en français standard)[2] est un emprunt[1],[2] au latin abdicatio[3], substantif féminin[4] dérivé de abdicatum[1], supin de abdicare[1], verbe[5] composé de préfixe ab traduisant l'éloignement, la séparation ou l'achèvement et de dicare, « proclamer solennellement qu'une chose sera »).
Abdications dans l'Antiquité
Parmi les abdications les plus mémorables de l'Antiquité, on peut mentionner celle de Sylla le dictateur en 79 av. J.-C., et celle de l'empereur Dioclétien en 305.
La Couronne britannique
L'abdication la plus connue de l'histoire récente est probablement celle du roi Édouard VIII du Royaume-Uni en 1936, qui abdiqua du trône britannique pour pouvoir se marier avec la divorcée Wallis Simpson, malgré les objections de l'establishment britannique, des gouvernements du Commonwealth, de la famille royale et de l'Église d'Angleterre (voir la crise d'abdication d'Édouard VIII). Ce fut aussi la première fois dans l'Histoire que l'on renonçait à la couronne britannique de façon entièrement [réf. nécessaire] volontaire. Richard II d'Angleterre, par exemple, fut forcé d'abdiquer après qu'il fut dépouillé du trône par son cousin, Henri Bolingbroke, en 1399, pendant que Richard se trouvait hors du pays.
Quand Jacques II d'Angleterre, après avoir lancé le grand sceau du Royaume dans la Tamise, fuit en France en 1688, il ne renonça pas formellement à la Couronne, et l'on discuta au Parlement la question de savoir s'il avait perdu son droit au trône ou s'il avait abdiqué. On s'accorda sur cette dernière version, car une assemblée générale des Lords et des Communes accorda « que le roi Jacques II s'étant efforcé de révoquer la constitution du royaume, en brisant le contrat originel entre le roi et le peuple, et, conseillé par les jésuites et d'autres personnes corrompues, ayant violé les lois fondamentales, et s'étant lui-même retiré hors du royaume, il a abdiqué du gouvernement et que le trône est vacant ». Le parlement écossais prononça un décret de forfaiture et déposition.
Étant donné que le titre de la Couronne dépend d'un statut, en particulier l'Acte d'établissement, une abdication royale ne peut s'effectuer que par une loi du Parlement. Pour donner un effet légal à l'abdication du roi Édouard VIII du Royaume-Uni, on dicta His Majesty's Declaration of Abdication Act 1936.
Abdications modernes
Historiquement, lorsqu'un monarque abdiquait, on percevait cela comme un abandon profond et choquant du devoir royal. En conséquence, les abdications avaient normalement lieu sous les circonstances de tumulte politique et de violences extrêmes (comme sous Charles X en France, sous Constantin Ier en Grèce ou sous Léopold III en Belgique).
Cependant, ceci a totalement changé pour un petit nombre de pays : les monarques des Pays-Bas, du Luxembourg, de Belgique, d'Espagne ou du Cambodge ont abdiqué en raison de leur âge avancé.
Au Liechtenstein, le prince Hans-Adam II, et avant lui son père, Franz-Joseph II, ont désigné leurs fils aînés régents, dans un acte qui équivaut à une abdication de fait, sinon de droit.
Liste
Ceci est une liste d'abdications importantes :
Notes et références
- « Abdication », dans le Dictionnaire de l'Académie française, sur Centre national de ressources textuelles et lexicales [consulté le 26 septembre 2017].
- Informations lexicographiques et étymologiques de « abdication » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales [consulté le 26 septembre 2017].
- Entrée « abdication » des Dictionnaires de français [en ligne], sur le site des éditions Larousse [consulté le 26 septembre 2017].
- (la + fr) Entrée « abdĭcātĭo », dans Félix Gaffiot, Dictionnaire illustré latin-français, Paris, L. Hachette, 1934 (paru le ), 1re éd., 1 vol., 1702-XVIII, in-8o (26 cm) (OCLC 798807606, BNF 32138560, SUDOC 006209599, lire en ligne [fac-similé]), p. 4, col. 1 [consulté le 26 septembre 2017].
- (la + fr) Entrée « 1 abdĭco », dans Félix Gaffiot, op. cit., p. 4, col. 2 [consulté le 26 septembre 2017].
- Charles abdiqua comme roi des Pays-Bas () et d'Espagne (), en faveur de son fils Philippe II d'Espagne. Aussi en 1556, de façon séparée, il abdiqua volontairement de ses possessions allemandes et du titre d'empereur romain germanique.
- Pierre IV de Portugal et Pierre Ier du Brésil étaient la même personne. Il était déjà empereur du Brésil quand il succéda au trône du Portugal en 1826, mais il en abdiqua tout de suite en faveur de sa fille Marie II de Portugal. Plus tard il abdiqua du trône du Brésil en faveur de son fils Pierre II.
- Louis-Antoine de France contre-signe l'acte d'abdication de Charles X, renonçant ainsi à ses droits à la Couronne au profit d'Henri "V".
Voir aussi
Bibliographie
- Jacques Le Brun, Le Pouvoir d'abdiquer. Essai sur la déchéance volontaire, Gallimard, 2009.
- Alain Boureau et Corinne Péneau, Le deuil du pouvoir - Essais sur l'abdication, Les Belles Lettres, 2013.
- Charles-Éloi Vial, Le Siècle des chutes. Abdications et déchéances en France 1814-1870, Perrin, 2022.
Articles connexes
Liens externes
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