Albéric, Paul, Félix Laurent, né le à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) et mort le à Cernay (Haut-Rhin) était un instituteur et résistant français[1] à l'Occupation de la France par l'Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale et au Régime de Vichy.
Biographie
Albéric Laurent était le fils de Félicie Marie, née Fébron et de Félix Laurent, un employé de commerce originaire de Gardanne. Très jeune, il devient Pupille de la Nation et est élevé par sa grand mère. En effet, sa mère décède quelques jours après sa naissance et son père, caporal lors de la Première Guerre mondiale dans le 311e régiment d'infanterie meurt au combat à Chauvoncourt le 16 janvier 1915[2].
Il étudie à l'école normal d'Aix-en-Provence et intègre l'Éducation nationale comme instituteur. Il enseigne ensuite à l'école Saint-Louis[3] de Marseille et à l'école Jean Jaurès à Peynier[4].
Le 28 décembre 1933, il épouse Adèle Samat (1910-2003)[5], rencontrée au village de Peynier où il est instituteur.
Résistance
Alors que la Seconde Guerre mondiale éclate, le jeune instituteur est mobilisé le 26 aout 1939 dans le 9e bataillon de chasseurs alpins[4] de l'armée française. Moins d'un an après, du fait de la débâcle, il est démobilisé à Pau en juillet 1940.
En 1943, Albéric Laurent qui s'est rapproché des résistants de la Haute Vallée de l’Arc adhère au Mouvement de libération nationale. Il participe en cachant des résistants et des fugitifs persécutés par Vichy ainsi qu'en transportant armes[6] et informations. Il passe des nuits camouflé dans la garrigue à attendre des colis parachutés[7] et dirige également les nouvelles recrues vers le maquis de Vauvenargues alors sous les ordres de Max Juvénal[8].
À la suite du Débarquement de Normandie, via la terrible Division Brandebourg[9], l'armée nazi réprime les maquis de Provence. Ainsi le 10 juin 1944, leurs militaires écrasent dans le sang la résistance à Jouques lors de l'assaut du Jas du Logis d'Anne[10]et le 12 juin le Maquis de Sainte-Anne. Le 15 juin, les colonnes allemandes patrouillent dans les forêts de Vauvenargues afin de détruire la poche de résistance qui s'y trouve. Si un grand nombre de maquisards, dont Max Juvénal, échappent aux troupes ennemies en se retirant par anticipation via des itinéraires préparés[8], une partie d'entre eux trouvent alors refuge dans l'abris d'Albéric Laurent[11].
À partir du Débarquement de Provence en aout 1944, alors que les troupes des généraux Alexander Patch et Jean de Lattre de Tassigny opèrent dans le Var, le foyer se réorganise pour tenailler l'armée allemande. Albéric Laurent, devenu une figure de ce groupe, reprend le maquis. Ainsi, la troupe d'une cinquantaine d'hommes va tenir le stratégique Col des Portes et mettre en déroute la petite garnison allemande de Puyloubier afin d'harceler les convois qui fuient l'avancée américaine[11]. Le 20 aout, parti à la rencontre des troupes alliées, c'est lui qui, au volant d'une moto, ouvre la route à l'armée américaine et les fait pénétrer dans Vauvenargues[6]. Le 21 aout 1944, la ville d'Aix-en-Provence est libérée.
Déterminé à ne pas en rester là, le 7 septembre 1944, quelques jours après la création du Commandos de Provence dit "Commando Courson", Albéric Laurent s'engage[12] dans cette armée composée de quelques 600 anciens résistants du bassin aixois décidés à libérer la France. Un mois plus tard, il fait mouvement vers le Juras. Cette unité de choc qui sur le front des Vosges participa à la libération de Belfort le 22 novembre 1944, ira jusqu'en Allemagne. Albéric Laurent est mortellement blessé lors de la bataille de la Poche de Colmar[4] par un éclat d'obus[4],[6],[13] le 21 janvier 1945 à Cernay. Il est déclaré Mort pour la France[6],[13],[14].
À titre posthume, il est nommé Lieutenant[15] des Forces françaises de l'intérieur, décoré de la Croix de guerre et de la Médaille de la Résistance[16],[17]. Pour son engagement, Albéric Laurent est également fait Chevalier de la Légion d'honneur.
Décorations
Chevalier de la Légion d'honneur à titre posthume
Croix de guerre –
Médaille de la Résistance française (décret du 10 janvier 1947)[17]
Hommages
À Aix-en-Provence, sa ville natale :
- Une école primaire, avenue de Grassi, porte son nom[18] depuis 2008[19].
- Le centre d'apprentissage de chaudronnerie et menuiserie, désormais situé aux Lycée Vauvenargues porte son nom[7].
- Il est cité sur le mémorial aux soldats du Cimetière Saint-Pierre.
À Peynier, village où il fut enseignant :
- Un des axes principaux se nomme "Cours Albéric Laurent".
- Une plaque commémorative est apposée sur la mairie de Peynier.
- Il est cité sur le monument aux morts.
Références
- ↑ Ministère des armées français, « Titres, homologations et services pour faits de résistance - Albéric Paul Félix LAURENT - Service historique de la Défense, Vincennes GR 16 P 342292 », sur Portail culturel du ministère des armées - Mémoire des hommes
- ↑ Ministère des armées français, « Morts pour la France de la Première Guerre Mondiale - Félix Jules Laurent », sur Portail culturel du ministère des armées - Mémoires des hommes (consulté le )
- ↑ « Mouvement du personnel enseignant de juillet 1934 », Le Petit Marseillais, (lire en ligne [RetroNews.fr - Le site de presse de la BnF])
- F.B., « On se souvient toujours d'Albéric Laurent, instituteur mort au champ d'honneur », La Provence,
- ↑ « Adele Fernande Augustine Marie SAMAT Base de données des décès de l'insee – GénéaFrance », sur geneafrance.com (consulté le )
- Robert Mencherini - Professeur des universités en histoire contemporaine, « LAURENT Albéric, Paul, Félix - Maitron », sur Le Maitron - Les Fusillés (1940-1944) - Dictionnaire biographique des fusillés et exécutés en France pendant l'Occupation, (consulté le )
- Lola Simonet, « Sur les traces d'un héros », La Provence,
- Jean-Marie Guillon, « Carnet de route de « Maxence » (Max Juvénal) », sur Fondation Charles de Gaulle, (consulté le )
- ↑ Olivier Guiral, « Entre répression nazie et espoir d'un débarquement, comment les résistants provençaux participent-ils à la libération du sud-est. », dans Jan Vasak, Les Résistances Parcours pédagogiques Collège, Canopé Édition - Réseau Canopé, 82 p. (lire en ligne), p. 44
- ↑ « A Jouques, une cérémonie en mémoire des quinze maquisards tués il y a 80 ans », sur www.laprovence.com, (consulté le )
- Robert Mencherini - Professeur des universités en histoire contemporaine, « Vauvenargues, Saint-Marc-Jaumegarde (Bouches-du-Rhône), juin-août 1944 », sur Le Maitron - Les Fusillés (1940-1944) - Dictionnaire biographique des fusillés et exécutés en France pendant l'Occupation, (consulté le )
- ↑ F.B., « Albéric Laurent, instituteur et résistant, aurait eu 100 ans », La Provence,
- Ministère des armée français, « Base nominative détaillée - Alberic Paul Félix LAURENT », sur Portail culturel du ministère des armées - Mémoires des hommes
- ↑ Service historique de la Défense, Caen, « Mort pour la France - Cote : AC 21 P 71052 », Service historique de la Défense, Caen
- ↑ Journal Officiel de la République Française, « Bulletin du 23 Octobre 1947 », sur RetroNews.fr - Le site de presse de la BnF, (consulté le )
- ↑ Ministère des armées français, « Base des médaillés de la résistance - Albéric Laurent », sur Portail culturel du ministère des armées - Mémoires des hommes (consulté le )
- « Bulletin du 11 janvier 1947 », Journal Officiel de la République Française,
- ↑ « Ecole élémentaire d'application Albéric laurent », sur Ministère de l'Education Nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche (consulté le )
- ↑ Xavier Guitteaud, « La ville honore enfin l'une de ses grandes figures », La Provence,