Une vavassorie était, en droit féodal français médiéval puis de l'Ancien Régime, le fief d'un vavasseur, c'est-à-dire d'un arrière-vassal, principalement en Normandie et en Angleterre.
Pour Ganshof, vavassoria (ou terra vavassoris) est « une expression de sens aussi mouvant que vavassor lui-même ». De rang social inférieur, cet arrière-vassal, tenu de servir seulement avec un armement restreint[1].
En normandie, où toute tenure était désignée par le mot fief, on distinguait juridiquement deux sortes de vavassories, les unes étant considérées comme nobles, c'est-à-dire exerçant un droit de seigneurie sur des tenures non nobles) et les autres comme « vilaines » ou roturières (c'est-à-dire qu'elles étaient des tenures non nobles dépendant d'une seigneurie)[2]. Ces vavassories nobles étaient généralement dénommées « franches vavassories » dans les aveux, expression tirée de liber vavassor[3].
Les franches vavassories
Les franches vavassories étaient, principalement en Normandie, un type de fief soumis à l'institution féodale du service militaire et du service de cour que les vassaux devaient à leur suzerain au Moyen Âge. Elles étaient d'un rang inférieur aux fiefs de haubert (pleins ou démembrés)[4], bien de superficie limitée. Elles semblent avoir toutes comporté au moins un « service de cheval », progressivement racheté à partir du XIIIe siècle contre une petite rente féodale[5], mais certaines vavassories étaient tenues en échange d'un service « d'écu et de lance »[6], non pour une bataille (service d'ost mais pour la garde (custodia) d'un lieu fortifié dont elles dépendaient[7].
Les vavassories roturières
Parmi les tenures du domaine fieffé (mansus dominicatus) de seigneuries normande ou bretonnes, on trouvait parfois des vavassories roturières, c'est-à-dire des terres semblables aux autres fiefs soumis aux rentes et corvées d'une seigneurie (aînesses, tènements, masures, etc.), mais qui devaient à l'origine le service de cheval, en nature puis en argent.
Notes et références
- François-Louis Ganshof, Qu'est-ce que la féodalité ?, Taillandier, 1982, p. 191.
- Cette distinction est explicitement décrite par Josias Béraud, dans son édition de la Coutume réformée du pays et duché de Normandie, Rouen : veuve Maury, vol. 1, 1684, p. 315, art. 100, note : « Combien que notre coutume ne fasse pas mention de vavassories, il y en a néanmoins en Normandie, les unes nobles, les autres non nobles. Les vavassories nobles sont celles où il y a court et usage, droit de colombier, de moulin et autres droitures sans sujétion d'aucun service vilain [corvées par exemple]... et sont tenues par fois et hommage, et se relèvent comme fiefs nobles.. ». D'après Béraud, les vavassories non nobles ne tombent pas en garde et sont assimilables aux autres « aînesses ».
- Richard Howlett (éd.), Cronicles of the reigns of Stephe, Henry II and Richard I, Cambridge : Cambridge University press, 2012 (Cambridge Library Collection, 4), (ISBN 9781108052290), Appendix n°8, « Aveu des fiefs du Mont Saint-Michel par l'abbé Robert de Torigni à Henri II en 1172 », passim et p. 299.
- Henri Chanteux, « Les vavassories normandes et le problème de leurs origines », Annales de Normandie, Année 1990, vol. 23, p. 301-317 (Recueil d'études en hommage à Lucien Musset).
- Henri Navel, « Les vavassories du Mont Saint-Michel à Bretteville-sur-Odon et Verson (Calvados) », Bulletin de la Société des antiquaires de Normandie, Année 1937, vol. 45, p. 351-352.
- Chanteux 1990, p. 301-317, et dans l'« Aveu des fiefs du Mont Saint-Michel par l'abbé Robert de Torigni à Henri II en 1172 », loc. cit. p. 299 : « Isti sunt vavassores de Abrincatino ad servicium ecclesie Montis cum scuto et lancea : Hoel est liber vavassor cum scuto et lancea ; Eudo de Tanie similiter ».
- Abbé Jean-Jacques Desroches, Histoire du Mont Saint-Michel et de l'ancien diocèse d'Avranches..., Caen : Mancel, 1838, p. 16, toujours d'après l'« Aveu des fiefs du Mont Saint-Michel par l'abbé Robert de Torigni à Henri II en 1172 », loc. cit. p. 301 : « Isti supradicti [...] qui sunt liberi vavassores, faciunt custodiam apud Montem, et procedunt cum scuto et lancea, cum abbate... ».