Banque de Bruxelles | |
Création | , et [1] |
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Disparition | et |
Fondateurs | Jacques Errera |
Forme juridique | Société anonyme (d) |
Siège social | Ville de Bruxelles |
Société mère | Société de Bruxelles pour la Finance et l'Industrie (d) (depuis ) |
Filiales | Crédit Général du Congo (d) (depuis ) |
Société suivante | Banque Bruxelles Lambert |
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La Banque de Bruxelles est une ancienne société de banque créée à Bruxelles le par Jacques Errera. Son capital était de 50 millions de francs. Après avoir été dissoute en 1877, elle est reconstituée immédiatement. En 1975, elle fusionne avec la Banque Lambert pour devenir Banque Bruxelles Lambert.
Histoire
Liste chronologique des présidents (du conseil d'administration) de la Banque de Bruxelles[2] :
- - de 1871 à 1881, Jacques Errera, banquier
- - de 1881 à 1901, Jules Urban, ingénieur[3]
- - de 1901 à 1909, Ernest Urban, ingénieur, frère du précédent
- - de 1909 à 1910, Hermann Stern, ancien directeur de la banque
- - de 1910 à 1919, Georges de Laveleye, ancien administrateur-directeur de la Banque d'Outremer[4]
- - de 1919 à 1930, Maurice Despret, avocat, banquier, fils d’Edouard Despret, vice-gouverneur de la Société Générale de Belgique
- - de 1930 à 1932, William Thys, ancien directeur général de la banque d'Outremer[4], fils d'Albert Thys
- - de 1932 à 1939, Baron Houtart, ancien ministre des Colonies, puis des Finances
- - de 1939 à 1952, Max-Léo Gérard, ingénieur, ancien ministre des Finances[5]
- - de 1952 à 1975, Louis Camu[6], universitaire, haut fonctionnaire.
Création et recréation de la banque
La banque est constituée, par acte, le 13 novembre 1871 et ses statuts y sont approuvés, puis publiés dans le Moniteur belge du 26 novembre. Son capital social fut fixé à 50 millions de francs, représentés par 100.000 actions de 500 francs chacune et dont la moitié était entièrement souscrite à la création. Les premiers administrateurs sont nommés le même jour et font partie des plus gros souscripteurs[7] : Alfred de Brouckere (propriétaire et fils de l'ancien bourgmestre de Bruxelles, Charles de Brouckere), le baron Constantin de Caters (banquier anversois de la maison C.-J.-M. Dewolf), Jules Delloye (banquier bruxellois de la maison J. Delloye-Tiberghien et Cie), Jacques Errera (banquier), Eugène Godin (industriel et financier hutois[8]), Emil Ladenburg (en) (banquier de Francfort-sur-le-Main), Jules May (administrateur de la banque de Saxe-Meiningen et de la London San-Francisco Bank, demeurant à Francfort-sur-le-Main et beau-frère de Jacques Errera), Gustave Müller (banquier berlinois de la firme G. Müller et Cie), Philippe Speyer (banquier de la maison L. Speyer-Ellissen, demeurant à Francfort-sur-le-Main), Sigismond Sulzbach (banquier de la maison Sulzbach frères à Francfort-sur-le-Main), Isaac Stern (banquier bruxellois), Jules Urban (directeur général de la compagnie du chemin de fer Grand Central Belge) et Léopold Wiener (propriétaire et bourgmestre de Watermael-Boitsfort).
Durant la Grande Dépression (1873-1896), la banque octroya (trop) généreusement des financements spéculatifs au magnat des chemins de fer Simon Philippart. La banqueroute de ce dernier et l'utilisation abusive des titres de la banque par Jacques Errera[9] entrainèrent la banque à la dissolution en 1877. La banque de Bruxelles avait fait partie du consortium temporaire des banques rassemblées par le chef du gouvernement, Jules Malou, et qui avait sauvé de la faillite, entre autres, la Banque de Belgique en 1876[10]. Immédiatement reconstituée avec un capital ramené à 19 millions de francs[2] et sans ses actionnaires allemands qui détenaient la moitié du capital[11], ses affaires demeurèrent modestes jusqu'aux années avant le premier conflit mondial[9].
Tentatives de prise de contrôle
La politique expansionniste de l'empire allemand soutenue par une forte croissance démographique, économique et financière depuis 1890, autorise une infiltration économique continue chez ses voisins[12]. En 1912, un Allemand venant de Londres, Ernest Kritzler, devient directeur de la banque, puis administrateur l'année suivante. Cependant, l'influence étrangère (allemande et française) à la Banque de Bruxelles reste (très) faible par rapport aux 40 millions de francs de son capital au printemps 1914. Cela n'empêche pas certain de critiquer la banque de se mettre au service de l'étranger[11]. Il semble néanmoins que la Disconto Gesellschaft (seconde banque allemande) ait envisagé, vers 1910, d'acquérir la Banque de Bruxelles sans y parvenir[11].
En 1928, le puissant financier belge, Alfred Loewenstein, acheta en secret des parts de la banque afin de s'imposer lors de l'assemblée générale annuelle du 29 juin. Mais le secret fut éventé par un adversaire canadien et la banque put mobiliser massivement ses actionnaires derrière elle[13],[14]. Cette affaire fît la une des journaux de l'époque. Loewenstein comptait intenter une action en justice pour prouver que les moyens pris pour le contrer (en jargon: une "poison pill"!) étaient illégaux. Mais sa mort dramatique et quelque peu mystérieuse survint quelques jours plus tard[15].
Crise de 1929 et ses conséquences
À la suite du Krach de 1929 et du Glass-Steagall Act de 1933 aux États-Unis, la Belgique impose une séparation en 1934-1935 entre les sociétés de banque et leurs participations industrielles ou commerciales afin de limiter les conflits d'intérêts. Dès lors, l'ancienne banque mixte Banque de Bruxelles est rebaptisée Société de Bruxelles pour la finance et l’industrie (ou Brufina) et, en tant que Société de portefeuille (ou holding), gère désormais le portefeuille d'investissement à la place de la banque. Une 'nouvelle' société Banque de Bruxelles est créée pour les seules activités bancaires, tout en étant détenue à 100% par la Brufina! L'actionnariat des nouvelles entités n'ayant pas changé, la scission, exigée par la loi, n'était qu'une façade[16]. Deux ans plus tard, le holding Cofinindus (Compagnie Financière et Industrielle), contrôlé par la famille de Launoit (Paul Auguste Cyrille de Launoit (nl)), prenait une participation décisive dans la Brufina[17].
Activités
En 1874, la Banque de Bruxelles participe à la création de la Société générale de tramways[9].
Voir aussi
- « Historique de la Banque de Bruxelles au Luxembourg », sur www.industrie.lu
Notes et références
- Friedrich Wilhelm Christians, Deutsche Börsenpapiere : Darstellung der Personal- und Finanz-Verhältnisse der deutschen und ausländischen Bank-, Versicherungs-, Industrie- und Eisenbahn — Gesellschaften auf Actien, (OCLC 832980330, DOI 10.1007/978-3-662-33316-7), p. XII, 424.
- Manfred Pohl (rédacteur), Handbook on the History of European Banks, Francfort-sur-le-Main, Allemagne, Edward Elgar Publishing, , 1303 p. (ISBN 1 85278 919 0, lire en ligne [PDF]), « Le système bancaire en Belgique à travers les siècles - Banque Bruxelles Lambert », p. 73-77
- Michèle Merger, Dominique Barjot et al., Les Entreprises et leurs Réseaux : hommes, capitaux, techniques et pouvoirs, XIXe et XXe siècles, Paris, Presses de l'Université de Paris-Sorbonne, coll. « Mondes Contemporains », , 838 p. (ISBN 2840501228, lire en ligne ), « Les banques et le financement de l'industrie », p. 462-463; 467-468
- René Brion et Jean-Louis Moreau, La Société Générale de Belgique : 1822-1997, Fonds Mercator, , 514 p. (ISBN 90-6153-396-1), p. 185-186, 256
- Jean-Paul Bombaerts, « Max-Léo Gérard, l'ingénieur-ministre », L'Écho, (lire en ligne , consulté le )
- Université de Liège, « Louis Camu : notice nécrologique » [PDF], sur orbis.uliege.be
- « Banque de Bruxelles - Autorisation de la société - Approbation de ses status », Le Moniteur Belge, no 330, , p. 3194-3197 (lire en ligne [PDF])
- « Eugène Godin », sur WikiHuy.be (consulté le )
- Dumoulin, Michel, « Jacques Errera, un banquier vénitien à Bruxelles », Rassegna Storico del Risorgimento, vol. LXXIII, no 3, , p. 267-279 (lire en ligne [PDF])
- J.-F. Crombois (Université Libre de Bruxelles), « Les Activités Bancaires de la Société Générale de Belgique 1870-1914 : Facteurs de développement d'une grande banque mixte belge », Revue Belge d'Histoire Contemporaine (RBHC), vol. XXV, nos 1-2, 1994-1995, p. 1-29 (lire en ligne [PDF])
- Marie-Thérèse Bitsch, La Belgique entre la France et l'Allemagne : 1905-1914, Paris, Éditions de la Sorbonne, coll. « Histoire de la France aux XIXᵉ et XXᵉ siècles », , 574 p. (EAN 9782859442392, lire en ligne), chap. 7 (« Les relations entre banques »)
- Voir Causes de la Première Guerre mondiale#Causes économiques, sociales, commerciales et financières
- (en) Hans Willems, « Multiple Voting Right (MV) in the General Meeting of shareholders in Belgium during the interbellum period » [PDF], sur medialibrary.uantwerpen.be (consulté le ), p. 9-10
- Liane Ranieri, Académie Royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique, « Loewenstein, Alfred : notice biographique », La Nouvelle Biographie Nationale, vol. 9, , p. 245-248 (lire en ligne [PDF])
- Eric Meuwissen, « Alfred Loewenstein: Un Soyeux très électrique », sur ericmeuwissen.be, (consulté le )
- Giddey, Thibaud, « Évolution de la Pratique de la Commission Bancaire (1935-1975) », Courrier hebdomadaire du CRISP, nos 2359-2360, , p. 5-58 (lire en ligne)
- Houben, Henri, Albert Frère et le Groupe Bruxelles Lambert : La véritable histoire d'un "capitaine d'industrie", Gresea, (lire en ligne [PDF]), p. 7