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César Marie, marquis de Talaru et de Chalmazel[1], comte de Chamarande ([2]-1794) appartient à une très vieille famille noble du comté de Forez. En , il est fait brigadier des armées du roi, puis devient gouverneur de Strasbourg et Phalsbourg en , avant de participer à l'expédition de Minorque, la première bataille navale de la guerre de Sept Ans. Après la victoire française, il est nommé commandement en second de l'île. Minorque ne sera rendu à la Grande-Bretagne que lors du traité de Paris, en échange de la restitution des Antilles françaises et de Belle-Île.
Après avoir été fait Maréchal de camp en 1761, il devient Premier maître d'hôtel de la reine Marie-Antoinette, dont il administre à ce titre les domaines. Il possède deux hôtels particuliers rue de Richelieu, ce qui, par un étrange enchaînement de faits, conduira à son arrestation, puis à son exécution sous la Révolution française.
Vie avant la Révolution française
Les débuts
César-Marie de Talaru appartient à une très vieille famille noble du comté de Forez, dont le nom de Talaru provient du château du même nom, qui appartenait à la famille depuis l'an 1084[3].
Fils de Louis de Talaru et de sa seconde épouse[4], Marie-Marthe de Bonneval, il avait un frère cadet, Louis-François (1729-1782), vicomte de Talaru, dont le fils, Louis Justin Marie, dernier marquis de Talaru, fut membre de la Chambre des pairs sous la Restauration et la Monarchie de Juillet. César-Marie épouse Marie-Justine de Sassanage en 1750, dont il a deux enfants.
Le marquis devient brigadier des armées du roi le . Puis, le , il est fait gouverneur de Strasbourg et Phalsbourg[5].
Guerre de Sept Ans
Il participe ensuite à l'expédition de Minorque, en 1756[5]. Lors de cette bataille navale, la toute première de la guerre de Sept Ans, la flotte française remporte une courte victoire, et contraint la flotte anglaise commandée par l'amiral Byng à se replier sur Gibraltar, permettant ainsi la prise de l'île de Minorque[N 1]. César Marie de Talaru est alors nommé commandant en second, et « chargé du détail de la garde de l'ile », sous les ordres de Hyacinthe Gaëtan, comte de Lannion[6]. Il est inspecteur des troupes stationnées sur l'ile jusqu'en , date à laquelle il rentre en France[5] et prend le commandement du régiment de Talaru. Les Français parviendront à tenir l'île jusqu'à la fin de la guerre de Sept Ans, et elle ne sera finalement rendue à l'Angleterre que lors du traité de Paris, en échange de la restitution des Antilles françaises et de Belle-Île.
Envoyé en Allemagne il devient inspecteur des troupes en Hesse. Il est fait inspecteur général de l'infanterie le . C'est par brevêt du qu'il est nommé Maréchal de camp ; il conservera son nouveau régiment jusqu'au [5].
La cour de France, après la guerre
Enfin, en il obtient la charge de Premier maitre d'hôtel de la Reine[7], dont il gère les domaines à ce titre[8]. Il conservera cette charge jusqu'en 1770. Il est fait lieutenant général en 1780[5].
Révolution française
Réquisition sous la Terreur
Au moment de la Terreur, il possède deux hôtels particuliers situés rue de Richelieu, aux numéros 60 et 62. Il en donne un en location à un homme qui souhaite ouvrir un hôtel. L'immeuble est réquisitionné par les autorités de la section le pour en faire une maison d'arrêt, et Talaru en devient le premier pensionnaire. Il se trouve payer, pour une seule pièce de sa propre maison, plus cher que le tout ne lui rapportait en loyer. On y met jusqu'à deux cents prisonniers[9].
Arrestation par méprise
À la suite d'une méprise, il est guillotiné au printemps suivant. L'ordre du tribunal révolutionnaire est « d'amener La Borde, logé dans la chambre de Boutin, chez Talaru ». Mais on amène au tribunal tous les noms marqués, c'est-à-dire La Borde, Boutin et Talaru, et le tribunal trouve plus simple de modifier l'acte d'accusation que de les renvoyer.
On peut aussi y rencontrer le député Jean-Marie Boscary de Romaine ; Jeanne de Lavaulx, veuve du maréchal duc de Richelieu, petit neveu du cardinal dont les mémoires nous sont restés ; François-Nicolas-Henri Racine de Monville, le créateur du célèbre Désert de Retz à Chambourcy, en forêt de Marly, dont il dessine lui-même les plans ; Paul-Henri Marron, pasteur protestant, membre du club des Feuillants ; Antoine d’Andlau, gendre du philosophe Helvétius ; Louis Gérard, abbé et écrivain, ancien chanoine de l'église Saint-Louis-du-Louvre ; Rousselin, qui était allé terroriser Troyes comme commissaire de la Convention, et que Robespierre fait jeter en prison.
Chute de Robespierre et exécution
Les détenus, au lendemain du 9 thermidor (date de la chute de Robespierre), ont la surprise de voir arriver une bonne partie de la famille Duplay, chez qui Robespierre séjournait depuis 1791. De même Marie Brunet, veuve du conventionnel Georges Couthon, guillotiné avec Robespierre. De même Paul Auguste Taschereau de Fargues, opulent armateur qui avait été membre des Jacobins et ami de Robespierre. De même Dossonville, policier qui avait particulièrement tourmenté les détenus, et Rousseville, l'informateur "personnel" de Robespierre. On y met ensuite des réfugiés de Saint-Domingue qui plaident pour que la République écrase la révolte des Noirs et leur rende leurs plantations.
Au reste, hormis MM. de la Borde, Talaru et Boutin, qui seront donc décapités en 1794[10], ils survivront tous à cette épreuve.
Sort de l'hôtel
La maison devient l’hôtel meublé des Colonnes en 1816, puis abrite l’agence Havas à partir de 1825. De 1831 à 1907, la joaillerie « Nitot Étienne et fils » le loue pour y placer ses magasins. Elle se transporte place Vendôme, où elle existe encore sous le nom de « Bijouterie Chaumet ». L’hôtel de Talaru est démoli en 1914 pour permettre l’édification de locaux plus modernes destinés à l’agence Havas.
Notes et références
- Notes
- L'amiral Byng passera de ce fait en cour martiale, et sera condamné à mort et exécuté, ce qui donnera à Voltaire l'occasion de relater ironiquement l'évènement dans Candide : En causant ainsi ils abordèrent à Portsmouth ; une multitude de peuples couvrait le rivage, et regardait attentivement un assez gros homme qui était à genoux, les yeux bandés, sur le tillac d'un des vaisseaux de la flotte ; quatre soldats, postés vis-à-vis de cet homme, lui tirèrent chacun trois balles dans le crâne le plus paisiblement du monde, et toute l'assemblée s'en retourna extrêmement satisfaite [...] Il demanda qui était ce gros homme qu'on venait de tuer en cérémonie. C'est un amiral, lui répondit-on. -- Et pourquoi tuer cet amiral ? [...] Dans ce pays-ci, il est bon de tuer de temps en temps un amiral pour encourager les autres.
- Références
- Jean Baptiste Pierre Jullien de Courcelles, Histoire généalogique et héraldique des pairs de France, 1827, page 277
- François-Alexandre Aubert de la Chesnaye des Bois, Dictionnaire de la noblesse, page 557
- Jean Baptiste Pierre Jullien de Courcelles, Histoire généalogique et héraldique des pairs de France, page 278
- Société d'agriculture, industrie, sciences, arts et belles-lettres du département de la Loire, Annales, 1876, page 104
- Biographie de César Marie, marquis de Talaru Chalmazel, sur vial.jean.free.fr (consulté le 7 novembre 2009)
- Charles Philippe d'Albert de Luynes (duc de), Mémoires du duc de Luynes sur la cour de Louis XV (1735-1758), Firmin Didot Frères, Fils et Cie., 1864, p. 433
- Emmanuel Croÿ, Journal inédit du duc de Croÿ, 1718-1784, E. Flammarion, 1906, p. 21
- Memoires du Comte Jean-Nicolas Dufort de ChevernyDufort de Cheverny, 1909, p. 74
- « Dix-huitième siècle : revue annuelle », sur Gallica, (consulté le ).
- Jean Baptiste Louis Joseph Billecocq, Souvenirs de J.-B. Billecocq (1765-1829): en prison sous la Terreur, Société des études robespierristes, 1981, page 43