Canal du Mozambique | ||
Carte du canal du Mozambique. | ||
Géographie humaine | ||
---|---|---|
Pays côtiers | Mozambique Comores Madagascar France (Mayotte ainsi que trois des îles Éparses de l'océan Indien : l'île Europa, Bassas da India et l’île Juan de Nova) |
|
Géographie physique | ||
Type | Détroit | |
Localisation | Océan Indien | |
Coordonnées | 17° sud, 41° est | |
Géolocalisation sur la carte : Afrique
| ||
modifier |
Le canal du Mozambique ou canal de Mozambique est un bras de mer faisant partie de l'océan Indien et séparant l'île de Madagascar du reste de l'Afrique, plus spécifiquement du Mozambique. Le canal mesure environ 1 700 km de long, 419 km de large en son point le plus étroit et atteint la profondeur de 4 300 m[1] à son point le plus profond, situé dans le Sud du détroit et à environ 360 km à l'ouest-sud-ouest des côtes les plus proches de Madagascar. Il est parcouru par un courant tempéré orienté vers le sud qui rejoint le courant des Aiguilles à l'est de la côte sud-africaine.
Géographie
Le canal du Mozambique présente la particularité d'être un espace maritime incorporé à un océan, et non une mer bordière distincte. Tout en possédant ses propres limites, il constitue une division de l'océan Indien sans pour autant en être une mer bordière comme le golfe du Bengale par exemple.
Limites
L'Organisation hydrographique internationale détermine les limites du canal du Mozambique de la façon suivante[2] :
- au nord : une ligne depuis l’estuaire du Ruvuma (10° 28′ 13″ S, 40° 26′ 07″ E) au Ras Habu (11° 21′ 57″ S, 43° 20′ 32″ E), la pointe septentrionale de l’île Grande Comore et de l’archipel des Comores, puis jusqu'au cap d'Ambre à l'extrémité septentrionale de Madagascar (11° 57′ 09″ S, 49° 14′ 46″ E) ;
- à l’est : la côte occidentale de Madagascar ;
- au sud : une ligne depuis le cap Sainte-Marie, l’extrémité sud de Madagascar (25° 36′ 21″ S, 45° 10′ 23″ E), à la Ponta do Ouro 26° 50′ 39″ S, 32° 53′ 42″ E) sur le continent ;
- à l’ouest : la terre ferme de l’Afrique australe.
Îles
À l'ouest :
- le long de la côte africaine :
- les îles Quirimbas (Mozambique) ;
- l'archipel Bazaruto (Bazaruto, Benguerra et Magaruque, en Mozambique) ;
- l'île d'Inhaca (Mozambique).
À l'est :
- le long de la côte malgache : Nosy Mitsio, Nosy Faly et Nosy Bé (Madagascar) ;
Au centre-nord :
- entre la pointe septentrionale de la Grande Île et le continent, on trouve l'archipel des Comores :
- Grande Comore, Mohéli et Anjouan formant l'union des Comores et
- Mayotte un département et région d'outre-mer français.
Au centre :
- trois des cinq îles Éparses placées sous souveraineté française : au centre du canal,
- l'île Juan de Nova et, plus au sud,
- l'île Europa et
- l'atoll Bassas da India.
Histoire
Seconde Guerre mondiale
Incident du Graf Spee
Le 15 novembre 1939, sous le commandement du capitaine Patrick (Paddy) Dove, le pétrolier côtier britannique Africa Shell naviguait dans le canal du Mozambique entre Quelimane et Lourenco Marques, naviguant sur lest. Au cours de la matinée, à 10 milles nautiques (19 km) au sud-sud-ouest du phare du cap Zavora, il est repéré par le cuirassé de poche allemand Admiral Graf Spee, commandé par le capitaine Hans Langsdorff. Le Graf Spee ordonne à l'Africa Shell de s'arrêter en tirant un coup de feu sur sa proue[3],[4],[5].
Après avoir stoppé l'Africa Shell, un cotre avec une équipe d'abordage est envoyé par le Graf Spee et monte à bord du pétrolier, l'officier en charge s'adressant au capitaine Dove dans un anglais parfait en prononçant la phrase suivante : "Good morning, captain. Sorry ; fortunes of war"[3].
L'équipe d'abordage ordonne à l'équipage du navire, à l'exception du capitaine de l'Africa Shell, de monter dans leurs canots de sauvetage avant de dépouiller l'Africa Shell de toutes ses denrées alimentaires, y compris d'une petite quantité de vin. L'équipage reçoit l'ordre de ramer vers le rivage, mais le capitaine Dove est fait prisonnier à bord du Graf Spee, où il sera maintenu en captivité. Le capitaine Dove, courroucé par l'interception de son navire, se plaint personnellement au capitaine Langsdorff, arguant que l'Africa Shell se trouve dans les eaux territoriales portugaises et que cette action constitue une violation flagrante du droit international[3],[4],[5].
L'équipage de l'Africa Shell ayant rejoint le rivage et le capitaine Dove ayant été transféré sur le Graf Spee, l'équipe d'abordage entreprend de couler le pétrolier. Les charges de sabordage ont été placées à l'intérieur du navire et leurs minuteries réglées, après quoi l'équipe est remontée à bord de la vedette et a regagné le Graf Spee. Une fois tout le personnel en sécurité à bord du Graf Spee, Langsdorff et son équipage assistent à la détonation des charges qui font deux trous dans la poupe de l'Africa Shell. Le Graf Spee ouvre alors le feu en utilisant une partie de son armement secondaire composé de canons SK C/28 de 15 cm, coulant ainsi l'Africa Shell.
Bataille de Madagascar
En 1942, le canal du Mozambique a été un point d'affrontement de la Seconde Guerre mondiale lors de la bataille de Madagascar.
En , le président de la République française, Emmanuel Macron, se montre disposé à « un dialogue pour aboutir à une solution commune » au sujet des îles Éparses de l'océan Indien, dont quatre d'entre elles sont revendiquées par Madagascar. Il préconise la mise en place d'une commission mixte entre les deux pays, sans avoir recours à une juridiction internationale[6]. Le , deux délégations se rencontrent à Antananarivo pour engager des discussions préparatoires, dans le cadre de commission mixte lancée en mai 2019 par les présidents français et malgache. Le processus était censé aboutir a un accord pour juin 2020, date du 60e anniversaire de l'indépendance de Madagascar[7].
Climat
C'est généralement dans ce canal que viennent mourir les cyclones tropicaux du sud-ouest de l'océan Indien, s'ils n'ont pas plongé vers le sud auparavant.
Environnement
Le canal du Mozambique abrite un grand nombre d'espèces et semble utilisé comme corridor biologique par certaines d'entre elles. C'est là qu'on a pour la première fois démontré[8] que des oiseaux marins prédateurs (Frégate du Pacifique en l'occurrence) se déplaçaient en suivant des structures dites « structures lagrangiennes cohérentes » ou LCSs pour " Lagrangian coherent structures "). Ils suivent les crêtes FSLE (Finite-Size Lyapunov Exponent) pour localiser les déplacements de leurs ressources alimentaires (il y a longtemps que les pêcheurs eux-mêmes utilisent la position de certains oiseaux pour localiser certains bancs de poissons).
Économie
C'est par ce canal que transite une grande partie des pétroliers exportant le pétrole du Moyen-Orient vers l'Europe et l'Amérique.
Des sondages pétroliers sont en cours dans cette région qui pourrait être exploitable en offshore.
Notes et références
- « Bathymetric Data Viewer », National Centers for Environmental Information (consulté le )
- « Limites des Océans et des Mers, Publication spéciale no 23, 3e édition », Organisation hydrographique internationale, (consulté le )
- « Motor Vessel AFRICA SHELL built by George Brown & Co. (Marine) Ltd in 1939 for Shell Company of East Africa Ltd. - Anglo-Saxon Petroleum Co. Ltd., London, Tanker » (consulté le )
- (en) Captain Patrick Dove, I WAS GRAF SPEE'S PRISONER!, Withy Grove Press, (lire en ligne)
- « I Was There! - Our Ships were Sunk by the 'Graf Spee' - The War Illustrated - TracesOfWar.com » (consulté le )
- « La restitution par la France des îles Éparses à Madagascar, "un enjeu d'identité nationale" », sur france24.com, (consulté le ).
- Isabelle Labeyrie, « Îles Éparses : reprise des discussions entre Madagascar et la France », sur franceinfo.fr, .
- Tew Kai, E.; Rossi, V.; Sudre, J.; Weimerskirch, H.; Lopez, C.; Hernandez-Garcia, E.; Marsac, F.; Garcon, V. ; Top marine predators track Lagrangian coherent structures ; Proceedings of the National Academy of Sciences of the USA (PNAS) 106 ; 8245-8250 (2009) ; doi:10.1073 ; pnas:0811034106 - Voir le résumé ou l'étude (38 pages, PDF, en anglais).
Voir aussi
Bibliographie
- B. Piton, J.-H. Pointeau et J. S. Ngoumbi, Atlas hydrologique du Canal de Mozambique (Océan Indien), ORSTOM, Paris, 1981, 41 p.
- Jacques Segoufin, Morphologie et structure du canal de Mozambique, Université de Strasbourg 1, 1981, 236 p. (thèse de doctorat de Sciences).
- (es) Ferran Iniesta, 'Bajo la Cruz del Sur : religión, comercio y guerra en el canal de Mozambique, 900 a 1700 D.C., Sendai, L'Hospitalet de Llobregat, 1993, 478 p. (ISBN 84-86762-24-3).
Articles connexes
Liens externes
- Ressource relative à la géographie :
- (en) Marine Gazetteer
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :