Aenocyon dirus · Loup sinistre
Règne | Animalia |
---|---|
Embranchement | Chordata |
Sous-embr. | Vertebrata |
Classe | Mammalia |
Sous-classe | Theria |
Ordre | Carnivora |
Sous-ordre | Caniformia |
Famille | Canidae |
Genre | Canis |
EX : Éteint
Répartition géographique
Canis dirus (le « Loup sinistre », parfois aussi placé dans le genre Aenocyon) est une espèce de canidés qui a vécu en Amérique du Nord et en Sibérie au Pléistocène et s'est éteinte il y a environ 10 000 ans.
En , l'entreprise Colossal Biosciences annonce avoir « ressuscité » cette espèce disparue en restaurant les caractères phénotypiques les plus marquants du loup sinistre chez un loup gris ; il s'agit toutefois bien de loups légèrement modifiés génétiquement, et aucunement de Canis dirus.
Caractéristiques physiques et sociales

Canis dirus était plus gros que le Loup gris en taille et en allure, il mesurait environ 1,50 m de long et pesait en moyenne 68 kg pour la sous-espèce la plus grosse, le Canis dirus dirus. Il est probable que ces loups vivaient en meutes, unies par des liens de famille, et qu’ils chassaient en groupes. La principale différence entre Canis lupus et Canis dirus se trouve dans la structure du squelette, plus massif et plus lourd chez Canis dirus. Ses pattes étaient proportionnellement plus courtes, sa tête plus grande et plus lourde (une tête retrouvée en Yakoutie en est longue de 41,5 cm, correspondant ainsi à la moitié du corps d'un loup contemporain), mais la capacité crânienne était moindre. Ses dents, plus grandes et plus fortes que celles du Loup gris, étaient capables de broyer des os. De telles caractéristiques suggèrent que c'était un moins bon coureur que les loups actuels et qu'il se nourrissait d'animaux peu rapides et de grande taille, ou de proies affaiblies et de charognes, un peu comme les hyènes actuelles, mais aussi comme d’autres prédateurs qui vivaient à son époque, les félins à dents de sabre comme le Smilodon, qui eux aussi présentaient des adaptations évolutives pour la chasse d'animaux de grande taille.
Répartition et chronologie

En Amérique, Canis dirus apparaît dans le registre fossile de l'Amérique du Nord il y a environ 100 000 ans. Il est rapidement devenu un superprédateur mais il a commencé à décliner il y a 16 000 ans, ce qui coïncide avec l'arrivée des premiers hommes sur le continent américain à travers le détroit de Béring. Les causes de son extinction ne sont pas établies clairement, mais on suppose qu’elles doivent être en rapport avec l'impact de l'homme sur la mégafaune de l'Amérique du Nord, d'une part, et avec le changement climatique qui suit la dernière glaciation, d'autre part. Au fur et à mesure que disparaissaient peu à peu ses proies traditionnelles, comme Megatherium (des paresseux géants), Canis dirus a été réduit à un régime essentiellement nécrophage et s’est éteint voici 10 000 ans. Au contraire, le loup gris, qui se nourrissait d'animaux plus petits et plus rapides, a survécu à l'arrivée de l'homme et s’est maintenu jusqu’à nos jours.
Fossiles


Les premiers restes fossiles de Canis dirus ont été découverts par Francis Linck sur les rives du fleuve Ohio en 1854, mais le principal gisement pour cette espèce se trouve dans les puits de bitume de La Brea en Californie où on en a découvert plus de 3 600 spécimens.
Une tête de loup congelée dans le pergélisol sibérien a été mise au jour en 2018, correspondant à un Canis dirus âgé de 2 et 4 ans. À elle seule la tête, longue de 41,5 cm et dont le cerveau, les dents et la fourrure sont préservés, correspond à la moitié du corps d'un loup contemporain, montrant que ce loup des steppes du Pléistocène était bien plus grand que nos loups et couvert d'une épaisse fourrure[2].
Taxonomie et évolution
En 2020, cinq génomes provenant de fossiles vieux de 13 000 à plus de 50 000 ans montrent que Canis dirus, bien que morphologiquement similaire au Loup gris actuel, appartiennent à une lignée qui s'est séparée des autres Canidés il y a environ 5,7 millions d'années. Contrairement à de nombreux exemples d'hybridation chez les Canidés, ils ne montrent aucun flux génique entre Canis dirus et les loups gris d'Amérique du Nord ou les coyotes. Cela suggère que Canis dirus a évolué indépendamment des ancêtres pléistocènes de ces espèces. Ces résultats soutiennent également une origine précoce dans le Nouveau Monde, tandis que les ancêtres des loups gris, des coyotes et des dholes ont évolué en Eurasie et n'ont colonisé l'Amérique du Nord que relativement récemment[3].
En 1918, des restes fossiles, reconnus plus tard comme de la même espèce que les fossiles connus de C. dirus, avaient été placés dans un genre séparé, Aenocyon (« Loup terrible »)[4]. L'étude génétique de 2020, qui montre une grande divergence entre C. Dirus et la sous-tribu des Canina (en), tend à restaurer cet ancien classement[3].
Systématique
Le nom valide complet (avec auteur) de ce taxon est Canis dirus Leidy, 1858[5].
Canis dirus a pour synonymes[5] :
- Aenocyon ayersi (Sellards, 1916)
- Aenocyon dirus (Leidy, 1858)
- Canis ayersi (Sellards, 1916)
- Canis indianensis (1869)
- Canis mississippiensis (Allen, 1876)
« Résurrection »
En avril 2025, l'entreprise Colossal Biosciences annonce avoir eu recours au clonage et à l'édition génomique pour donner naissance à trois louveteaux génétiquement modifiés : Romulus et Rémus, deux mâles âgés de six mois, et Khaleesi, une femelle âgée de deux mois. Les chercheurs ont analysé le génome du Loup sinistre, extrait de deux échantillons anciens : une dent vieille de 13 000 ans et un osselet vieux de 72 000 ans. Après avoir comparé le génome de loups gris et de loups sinistres afin d'identifier les différences génétiques responsables des traits distinctifs de l'espèce éteinte, Colossal Biosciences a modifié le patrimoine génétique du Loup gris afin de reproduire ces traits. Des chiennes domestiques ont servi de mères porteuses pour les louveteaux[6],[7],[8]. L'entreprise affirme que ces modifications génétiques mineures ont permis de ressusciter l'espèce du Loup sinistre, bien qu'« aucun ADN de loup sinistre ancien n'ait été intégré au génome du Loup gris »[6].
Ce travail a été globalement moins invasif qu'un clonage classique. Des cellules progénitrices endothéliales (en) ont d'abord été isolées à partir d'échantillons de sang de loup gris, puis quatorze gènes-clés du noyau ont été réécrits pour exprimer vingt traits censés représenter le phénotype du Loup sinistre. Quarante-cinq ovules génétiquement modifiés ont ainsi été produits, puis développés en embryons et insérés dans l'utérus de deux mères porteuses croisées. Un embryon s'est bien implanté chez chaque mère porteuse et Romulus et Remus sont nés par césarienne en octobre 2024, après soixante-cinq jours de gestation. Le processus a été répété avec une troisième mère porteuse, qui a donné naissance à Khaleesi[6],[7],[8].
Le qualificatif de résurrection et l'attribution de ces trois individus à l'espèce prétendument ressuscitée sont cependant contestés : la manipulation génétique n'a porté que sur 14 gènes alors que C. dirus et C. lupus, dont le dernier ancêtre commun remonte à au moins six millions d'années (et n'appartiennent probablement même pas au même genre), diffèrent par une dizaine de millions de paires de base[9],[10].
Dans la culture
- Le groupe américain Grateful Dead a intitulé une de ses chansons Dire Wolf, c'est-à-dire Canis dirus en anglais ; cette chanson figure sur l'album Workingman's Dead (1970).
- Des Canis dirus sont présents dans la série de romans Le Trône de fer, ainsi que dans son adaptation télévisée Game of Thrones. D'autres animaux ayant disparu de notre monde font partie de cet univers comme des mammouths et des aurochs.
- Dans le jeu Ark: Survival Evolved, on peut trouver dans la région de neige et de glace des Canis dirus dits Loups sinistres. Canis dirus est également présent dans le jeu Age of Empires II.
- Dans le manga Cage of Eden, on peut retrouver une meute de ces loups (chapitres 43 à 47).
- Dans le light novel chinois Occultiste du Monde des Mages (巫界术士, Warlock of the Magus World), on peut trouver une meute de ces loups (chapitres 9 à 11).
- Dans le manga Moi, quand je me réincarne en slime (Tensei shitara slime datta ken), on peut trouver une meute de direwolves à partir du chapitre 3.
- Dire Wolf est un éditeur de jeux de société américain, basé à Denver dans le Colorado.
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Ressources relatives au vivant :
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :
- (fr + en) EOL : Canis dirus (Leidy 1858) (consulté le )
- (fr + en) GBIF : † Canis dirus Leidy, 1858 (consulté le )
- (en) Paleobiology Database : Canis dirus (consulté le )
- (en) Taxonomicon : †Canis dirus Leidy, 1858 (consulté le )
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Dire wolf » (voir la liste des auteurs).
- ↑ (en) College of Arts and Sciences de l'Université Case Western Reserve, « Rancho la Brea Tar Pool. Restoration by Bruce Horsfall for W.B. Scott » [jpg], sur cwru.edu, (consulté le ).
- ↑ « Sibérie : cette tête de loup vieille de 32 000 ans livre ses secrets », sur Sciences et Avenir, .
- (en) Angela R. Perri, Kieren J. Mitchell, Alice Mouton, Sandra Álvarez-Carretero, Ardern Hulme-Beaman et al., « Dire wolves were the last of an ancient New World canid lineage », Nature, (DOI 10.1038/s41586-020-03082-x).
- ↑ (en) J. C. Merriam, « Note on the systematic position of the wolves of the Canis dirus group », Bull. Dept. Geol. Univ. California, vol. 10, , p. 531-533.
- GBIF Secretariat. GBIF Backbone Taxonomy. Checklist dataset https://doi.org/10.15468/39omei accessed via GBIF.org, consulté le 9 avril 2025.
- (en) Jeffrey Kluger, « The Return of the Dire Wolf », sur Time, (consulté le ).
- (en) D. T. Max, « The Dire Wolf is Back », The New Yorker, (lire en ligne, consulté le ).
- (en) Jeffrey Kluger, « The Science Behind the Return of the Dire Wolf », Time, (lire en ligne, consulté le ).
- ↑ (en) Phie Jacobs, « Is the dire wolf back from the dead? Not exactly », sur science.org, .
- ↑ (en) Michael Le Page, « No, the dire wolf has not been brought back from extinction », sur newscientist.com, (consulté le ).