Les chevaux dans la Seconde Guerre mondiale furent des éléments auxiliaires dans l’évolution stratégique et tactique du conflit armé. On ne comptait plus que quelques nations à cette époque avec des unités à cheval. L’expérience de la Première Guerre mondiale avait servi et les fonctions traditionnelles de la cavalerie avaient été remplacées par des divisions blindées mécanisées. De même au niveau de leur utilisation comme soutien logistique, l'évolution de l'automobile et des transports favorisèrent leur disparition au sein de l'armée[1].
Les chevaux au combat
L'armée polonaise utilisa sa cavalerie pour se défendre contre les armées de l'Allemagne nazie pendant l'invasion de 1939[2].
Concernant l'armée française, l'escadron de Spahis de la France libre, effectua ses dernières charges contre les Italiens en Érythrée italienne à Umbrega (aujourd'hui au Soudan) le 2 janvier 1941, puis à Omager le 18 janvier 1941[3].
Les Allemands et les Russes gardèrent des unités de cavalerie tout au long de la Seconde Guerre mondiale, en particulier sur le front de l'Est.
C'est également sur ce front que la cavalerie italienne, qui combat aussi en Érythrée, en Somalie, en Éthiopie, en Grèce et en Yougoslavie, livra les dernières grandes charges de son histoire, notamment les 22 et à Ibuschenskij, pendant la bataille du Don[4].
L'armée britannique utilisa des chevaux au début de cette guerre. La dernière charge donnée par la cavalerie britannique le fut le , quand la Burma Frontier Force rencontra l'infanterie japonaise en Birmanie centrale[5].
En Extrême Orient, la seule unité de cavalerie de l'US Army, la 26e cavalerie, - composée de quelques Scouts philippins - défia les envahisseurs japonais à Luçon retenant deux régiments d'infanterie et deux régiments blindés pendant l'invasion des Philippines. Les cavaliers repoussèrent une unité de tanks dans Binalonan et permirent la retraite des armées alliées vers Bataan[6]. Mais c'est probablement durant la campagne d'Italie que la dernière charge de cavalerie de l'histoire eut lieu, lorsque les cavaliers de l'escadron de reconnaissance de la 10th Mountain Infantry Division, seule unité équestre de l'US Army en Europe chargent et sont décimés par les Allemands au sud du Pô, le [7].
Les chevaux dans le soutien logistique
Traditionnellement, les chevaux, ânes et mulets étaient employés pendant la guerre pour le transport des troupes, des paquetages, et des munitions et même si l'évolution de l'automobile avait bouleversé pas mal de choses, l'utilisation des équidés continua. L'armée allemande par exemple conserva l'utilisation des équidés parce que les usines de voitures furent réquisitionnées pour la production de tanks et d'avions. On estime l'utilisation d'environ 2,75 millions de chevaux par l'armée allemande sur l'ensemble du conflit, soit plus que pour la Première Guerre mondiale[8] ; elle entre en Union soviétique le avec 625 000 chevaux dans ses rangs[9]. L'Armée rouge compte pour sa part l'utilisation de 3,5 millions de chevaux[8].
Effectifs
France | Allemagne | Hongrie | Italie | Japon | Pologne | Roumanie | Union soviétique | Royaume-Uni | États-Unis | |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Cheptel équin | 2,9 millions (1930)[10]. | ... | 860 000 (1930)[10] | 942 000 (1930)[10] | ... | ... | ... | 21 millions (1940)[11] | 1,2 million (1930)[12] | 14 millions (1940)[13]. |
Chevaux utilisés par l’armée | >520,000 (1939)[14] | 2,75 millions[15] | 30 000 | ... | 100 000 | 152 000 | 90 000 | 3,5 millions[15] | ... | 52 000 |
Unités de cavalerie déployées (maximum) | ... | 6 divisions (février 1945)[16] |
2 divisions (1944)[17] | ... | 25 régiments (1940)[18] | 38 régiments (1939)[19] | 6 divisions (1942)[20] | 80 divisions de cavalerie légère (décembre 1941)[21] |
... | 13 régiments (1939)[22] |
Plus grande unités de cavalerie déployées | Corps[23] | Corps[24] | Division[17] | Division | Brigade | Brigade | Division[20] | Groupe (équivalant à une armée soviétique)[25] | ... | Division[22]Réformées en 1940–1941. |
Principal rôle | Troupes mobiles | Logisitique | Troupes mobiles | Troupes mobiles et troupes coloniales |
Troupes mobiles | Troupes mobiles | Troupes mobiles | Troupes mobiles, logistique |
Logistique, troupes coloniales |
Logistique dans le théâtre du Pacifique |
Notes et références
- ↑ Carver, Michael. (1984). Britain's Army in the 20th Century, p. 7, 154.
- ↑ Davies, Norman. (2005). God's Playground Volume II, p. 324–325.
- ↑ Histoires de Français Libres ordinaires « Dernière charge à Umbrega ».
- ↑ Philippe Naud, Caricat ! La cavalerie italienne sur le Don. Été 1942, revue Histoire de Guerre numéro 21, décembre 2001-janvier 2002
- ↑ Tucker, Spenser. (2004). Encyclopedia of World War II, p. 309.
- ↑ Urwin, Gregory. (1984). The United States Cavalry, p. 186.
- ↑ Philippe Naud, Caricat ! La cavalerie italienne sur le Don. Été 1942, revue Histoire de Guerre numéro 21, décembre 2001-janvier 2002 page 69
- Keegan, John. A History of Warfare, p. 308.
- ↑ (en) Richard L. DiNardo, Mechanized Juggernaut or Military Anachronism? Horses and the German Army of World War II, New York, Greenwood Press, , p. 40.
- Edwin Ernest Rich, Charles Wilson (1967). The Cambridge economic history of Europe, Volume 1. CUP Archive, 1967
- ↑ Walter Scott Dunn (2005). The Soviet economy and the Red Army, 1930–1945. Greenwood Publishing Group. (ISBN 0-275-94893-5), (ISBN 978-0-275-94893-1), p. 231.
- ↑ Rich, Wilson p. 653 (table 59). Mais le cheptel est en déclin tout au long des années 30 à cause de la motorisation et de la Grande Crise des années 30.
- ↑ Bruce I. Gudmundsson (2004). On armor. The military profession. Greenwood Publishing Group. (ISBN 0-275-95019-0), (ISBN 978-0-275-95019-4), p. 55.
- ↑ Jarymowycz 2008, p. 163: "France mobilized over 520,000 horses and mules in 1939".
- Dunn, op. cit., p. 225.
- ↑ German horse cavalry and transport. Intelligence Bulletin, mars 1946.
- Jeffrey T. Fowler, illustrated by Mike Chappell (2001). Axis Cavalry in World War II. Men At Arms 361 Osprey. (ISBN 1-84176-323-3), (ISBN 978-1-84176-323-1), p. 36.
- ↑ Max Werner (2006 reprint of 1940 edition). The Military Strength of the Powers. Read Books. (ISBN 1-4067-9823-1), (ISBN 978-1-4067-9823-4), p. 330.
- ↑ Jarymowycz 2008, p. 169.
- Fowler, op. cit., p. 34.
- ↑ David Glantz (1991). Soviet military operational art: in pursuit of deep battle. Taylor & Francis. (ISBN 0-7146-4077-8), (ISBN 978-0-7146-4077-8), p. 102.
- George Hoffmann (2006). Through mobility we conquer: the mechanization of U.S. Cavalry. University Press of Kentucky. (ISBN 0-8131-2403-4), (ISBN 978-0-8131-2403-2), p. 275.
- ↑ Jarymowycz 2008, op. cit., p. 171.
- ↑ Nigel Thomas, illustrated by Stephen Andrew (1999). The German Army, 1939–45 (4): Eastern Front, 1943–45. Men At Arms 330 Osprey. (ISBN 1-85532-796-1), (ISBN 978-1-85532-796-2), p. 10.
- ↑ Dunn, op. cit., p. 234.
Sources et bibliographie
- (en) Devereux, Frederick L. (1979). The Cavalry Manual of Horse Management. South Brunswick, New Jersey: A. S. Barnes. (ISBN 0-498-02371-0); (ISBN 978-0-498-01947-0); OCLC 4137414
- (en) Ellis, John. (2004). Cavalry: The History of Mounted Warfare. New York: Putnam. (ISBN 0-399-12179-X); (ISBN 978-0-399-12179-1); OCLC 4359157
- (en) Johnson, Paul Louis. (2006). Horses of the German Army in World War II. Atglen, Pennsylvania: . (ISBN 0-764-32421-7); (ISBN 978-0-764-32421-5); OCLC 70254989
- (en) Keegan, John. (1994). A History of Warfare. New York: Vintage Books. (ISBN 0-679-73082-6); (ISBN 978-0-679-73082-8); OCLC 32173170
- Janusz Piekalkiewicz, Chevaux et cavaliers de la 2e Guerre Mondiale, Maloine, 1986
- (en) Tucker, Spencer and Priscilla Mary Roberts. (2004). Encyclopedia of World War II. Santa Barbara, California: ABC-Clio. (ISBN 1-576-07999-6); (ISBN 978-1-576-07999-7); OCLC 156793824
- (en) Urwin, Gregory J. W. (1983). The United States Cavalry: An Illustrated History. Poole, Dorset: Blandford Books. (ISBN 0-7137-1219-8); (ISBN 978-0-713-71219-3); OCLC 10285168
- (it) G Vitalli, Sciabole nella steppa, la cavaleria italiana in Russia, Mursia, 1976