
En mathématiques, et notamment en combinatoire, une composition d'un entier strictement positif est une représentation de comme somme d'une suite finie d'entiers strictement positifs. Ainsi, (1, 2, 1) est une composition de 4=1+2+1. Deux suites qui diffèrent par l'ordre de leurs éléments sont considérées comme des compositions différentes. Ainsi, (2, 1, 1) est une autre composition de l'entier 4. Les compositions diffèrent donc des partitions d'entiers qui considèrent des sommes sans tenir compte de l'ordre de leurs termes.
La propriété principale est que le nombre de compositions d'un entier est égal à , et donc que les compositions sont en bijection avec les parties d'un ensemble à éléments.
Définition
Une composition d'un entier naturel positif est une suite d'entiers strictement positifs tels que . Chaque est appelé une partie, part ou sommant de la composition et l'entier est sa longueur.
Exemples


Le nombre 5 possède seize compositions :
- 5
- 4 + 1
- 3 + 2
- 3 + 1 + 1
- 2 + 3
- 2 + 2 + 1
- 2 + 1 + 2
- 2 + 1 + 1 + 1
- 1 + 4
- 1 + 3 + 1
- 1 + 2 + 2
- 1 + 2 + 1 + 1
- 1 + 1 + 3
- 1 + 1 + 2 + 1
- 1 + 1 + 1 + 2
- 1 + 1 + 1 + 1 + 1,
et seulement sept partitions :
- 5
- 4 + 1
- 3 + 2
- 3 + 1 + 1
- 2 + 2 + 1
- 2 + 1 + 1 + 1
- 1 + 1 + 1 + 1 + 1.
Dénombrement des compositions
De façon imagée, le nombre de compositions de l'entier est le nombre de façons de vider un tonneau de n litres à l'aide de récipients de contenance un nombre entier de litres, ou le nombre de façons de découper un segment de longueur n en segments de longueur entière.
Le nombre de composition de l’entier est égal à .
Démonstration par la méthode des étoiles et des barres
Voici une démonstration de cette propriété utilisant la méthode des étoiles et des barres. On considère une suite de points (ou étoiles), et on choisit de placer ou de ne pas placer une barre verticale entre des points. Par exemple, pour , on peut placer trois barres comme suit :
Chaque ensemble de points contigus forme une part de la composition. Dans l'exemple, la composition est égale à (2, 2, 1, 3). De manière générale, il y a positions où l'on peut choisir de placer ou de ne pas placer une barre de séparation ; ceci fait choix possibles de séparations et comme les choix déterminent les compositions, cela fait compositions[1].
La démonstration montre aussi que le nombre de compositions d'un entier formées de parts est égal à .
Bijection avec les écritures binaires
Pour noter la représentation graphique ci-dessus, on peut convenir d'écrire un « 1 » s'il n'y a pas de barre de séparation, et un « 0 » dans le cas contraire. Ainsi, la composition (2, 2, 1, 3) de 8 est représentée par la suite de 8 chiffres binaires 1010011 (il y a autant de 0 dans « 1010011 » qu'il y a de virgules dans « (2, 2, 1, 3) »). Les compositions sont donc en bijection avec les mots binaires de longueur .
Démonstration par relation de récurrence
Si désigne le nombre de compositions de l'entier , le nombre de compositions se terminant par 1 vaut , se terminant par 2 vaut , etc. Donc ; de même , donc ; comme , .
Remarque : posant , la suite est définie par la donnée de son premier terme, et le fait que tout terme est la somme de tous les précédents, d'où son appellation de suite d'infinacci.
Dénombrements de compositions particulières
Le nombre de compositions de ne comportant que des 1 et des 2 (de façon imagée le nombre de façons de vider un tonneau de litres avec des bouteilles de 1 ou 2 litres) vérifie (cf. raisonnement ci-dessus). Comme , où est la suite de Fibonacci.
Plus généralement le nombre de compositions de formées à partir des entiers de 1 à est la suite de p-bonacci décalée.
Notes
Les compositions d'entiers sont un objet combinatoire simple, et se trouvent dans de nombreux livres de combinatoire de base. Louis Comtet en parle dans le premier volume de son livre[2]. Knuth[3] y consacre une section. Un ouvrage entier a été consacré aux compositions et à ses variantes[4]. Donald Knuth, dans le volume 4a de son traité[3], s'intéresse à la génération de toutes les compositions, sous des contraintes variées.
Références
- ↑ De manière plus formelle, il y a bijection entre les compositions de et les suites avec , et celles-ci sont en bijection avec les sous-ensembles de .
- ↑ Comtet 1970, tome I, ex. 22, p. 132.
- Knuth 2011, Section7.2.1.3. Generation all combinations, p. 355-389.
- ↑ Heubach et Mansour 2009.
Bibliographie
- Louis Comtet, Analyse combinatoire, Tomes I et II, Paris, Presses Universitaires de France, coll. « Sup - Le Mathématicien »,
- Donald E. Knuth, The Art of Computer Programming, vol. 4A : Combinatorial Algorithms, Part 1, Addison-Wesley, (ISBN 978-0-201-03804-0 et 0-201-03804-8, présentation en ligne)
- Silvia Heubach et Toufik Mansour, Combinatorics of Compositions and Words, Boca Raton, FL, CRC Press, coll. « Discrete Mathematics and its Applications », , 504 p. (ISBN 978-1-4200-7267-9, zbMATH 1184.68373)
Voir aussi
- Partition d'entier
- Méthode des étoiles et des barres
- Combinaison avec répétition (une -combinaison avec répétition de objets est une suite d'entiers positifs ou nuls tels que ).
- Suite de Naranaya donnant le nombre de compositions ne comportant que des 1 et des 3.
Liens externes
- Partition and composition calculator
- Partitions d'entiers sur le site Math en jeans.