Pays | |
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Année d'émission |
1944 |
Année de retrait |
1945 |
Valeur faciale |
10 c à 20 F |
Dimensions |
20 × 24 mm |
Description | |
Impression | |
Dentelure |
11 |
Le Coq d'Alger est le nom donné à deux séries de timbres d'usage courant émises à partir de 1944 dans les départements et territoires de l'Algérie française et les territoires métropolitains français libérés, dessinées par Henry Razous et gravées par Charles Hervé.
Les timbres composant ces séries sont les premières figurations philatéliques du Coq gaulois. Ils visent, ainsi que d'autres émissions provisoires, à remplacer les timbres émis sous le régime de Vichy. Complétant celles des Marianne d'Alger, ils sont retirés de la vente dès le mois de .
Genèse
Cette série, souvent associée à celle de la Marianne d'Alger de Louis Fernez, sert à fournir des valeurs, plus faibles ou au contraire plus fortes, non initialement prévues pour la Marianne. L'administration postale est totalement étrangère à la création de ces deux séries[1].
Conformément aux recommandations concernant les timbres émis à la Libération et reprises dans le règlement d'un concours à la fin de l'année 1943, le Coq d'Alger porte les mentions « POSTES », « RF » (République française) et la croix de Lorraine[2]. Le même type de timbre est imprimé pour être utilisé dans les départements et territoires de l'Algérie française ; il porte la légende « POSTES ALGÉRIE » au lieu de « POSTES ».
Le dessin est réalisé par Henry Razous. Les gravures nécessaires sont effectuées par Charles Hervé, graveur attitré de l'administration des timbres et monnaies. Les contraintes politiques et économiques obligent à réaliser à Alger, avec les moyens disponibles sur place, l'ensemble des opérations, du dessin à l'impression[3].
Description
Il s'agit de la première représentation du Coq gaulois en philatélie[4],[N 1]. Le coq, vu de profil gauche, est en train de chanter. À l'intérieur du cadre, outre le coq, se trouvent dans l'angle supérieur droit le sigle « RF » et dans l'angle inférieur gauche la croix de Lorraine. Le bas du timbre est divisé en deux cartouches ; à gauche la mention « POSTES » et à droite la valeur faciale. La marge inférieure du timbre porte à gauche le nom de son dessinateur et à droite le nom de son graveur, conformément à l'usage[6]. Le papier est blanc à jaunâtre ou grisâtre ; la couche de gomme est très mate, au point que certains timbres, même neufs, paraissent en être dépourvus[7].
Les timbres, de format 20 × 24 mm et dentelés 11, sont imprimés en lithographie, procédé rarement utilisé pour des timbres français : auparavant, seules les Cérès imprimées à Bordeaux pendant le siège de Paris (1870-1871) avaient recours à ce procédé[8]. Imprimées par l'entreprise algéroise Typo-Litho et Jules Carbonel ou en sous-traitance par l'imprimerie Imbert[9], les feuilles de timbres sont contrôlées par l'imprimerie Heintz dans la même ville. Les timbres sont imprimés par feuilles de 200. Lors de leur passage chez Heintz, ces feuilles sont perforées pour confectionner la dentelure des timbres ; un numéro de contrôle est apposé en haut à gauche, la date de contrôle (et non d'impression) en haut à droite ; les feuilles sont ensuite coupées en deux au massicot ; les timbres sont ainsi conditionnés pour être livrés par feuilles de 100 (10 x 10) qui comportent donc soit un numéro, soit une date de contrôle[7].
Émission et usages
Les huit timbres qui composent cette série sont mis en service en juillet 1944 en Corse libérée puis dans l'ensemble de la France le suivant ; ils sont retirés de la vente six mois plus tard, le [10] en même temps que d'autres séries provisoires (Marianne d'Alger, Arc de Triomphe) : les tarifs postaux ont été modifiés au mois de mars précédent. Objet d'un unique tirage, aucun d'eux ne fait l'objet de modification ou d'apposition d'une surcharge.
Les valeurs faciales s'échelonnent de 10 c à 20 F, complétant par le bas et par le haut la gamme de celles proposées par la Marianne d'Alger.
Valeur faciale | Couleur | Émission | Retrait | Tirage |
---|---|---|---|---|
10 c | vert | 15/11/1944 | 12/05/1945 | 2 959 000 |
30 c | lilas foncé | 1 700 000 | ||
40 c | bleu | 2 942 000 | ||
50 c | rouge | 2 850 000 | ||
2 F | bleu | 1 800 000 | ||
10 F | violet | 800 000 | ||
15 F | sépia | 800 000 | ||
20 F | vert-noir | 800 000 |
Une série voisine est imprimée ; destinée à servir en Algérie française, elle porte la légende « POSTES ALGÉRIE » en remplacement de « POSTES ». Elle est composée de six timbres, dans une gamme de valeurs faciales et de couleurs différentes de son homologue métropolitaine. Ses dates d'émission et de retrait sont sans doutes les mêmes. Le nombre de timbres imprimés n'est pas connu.
Valeur faciale | Couleur | Émission | Retrait | Tirage |
---|---|---|---|---|
40 c | rose-carmin | 15/11/1944 | 12/05/1945 | inconnu |
1 F | vert | |||
2 F | rouge | |||
2 F | brun-noir | |||
4 F | bleu | |||
10 F | vert-gris |
Intérêt philatélique
Les doubles impressions sont parmi les variétés les plus remarquables : le motif est imprimé deux fois sur le même timbre avec un léger décalage. Si la plupart d'entre elles sont authentiques, d'autres sont réalisées après coup sur des feuilles de timbres par des faussaires[11], une légère différence de teinte ou de dessin entre les deux impressions dénonçant souvent la falsification[12].
Notes et références
Notes
- ↑ À la fin du XIXe et au début du XXe siècle, Arthur Maury lance une campagne en faveur de l'émission d'un timbre-poste à l'effigie du Coq gaulois ; les autorités refusent, au motif que le coq est l'emblème de Louis-Philippe Ier et des orléanistes[5]. Le Coq gaulois est repris en 1954 sur une série de quinze timbres préoblitérés et en 1962 sur la courte série du Coq de Decaris
Références
- ↑ Grégory Aupiais, « Un devoir de mémoire périphérique ou l'image postale de la Seconde Guerre mondiale des origines à nos jours », Guerres mondiales et conflits contemporains, no 280, , p. 124 (lire en ligne
).
- ↑ Michel Melot, « La grande Histoire des petits timbres de France : les visages de la République », Timbres magazine, no 32, , p. 41.
- ↑ Laurent Lemerle, La France par ses timbres, Flammarion, , 287 p. (ISBN 978-2-0820-1058-0), p. 257.
- ↑ Vincent Adoumié, Jean-Michel Escarras et Pascal Orcier, Nouvelle géographie de la France, Hachette éducation, , 288 p. (ISBN 978-2-0171-7885-9, lire en ligne), p. 18.
- ↑ Patrick Laurens, « La figure officielle de la République française : monnaies et timbres », dans Christophe Charle (dir.), La France démocratique: combats, mentalités, symboles : mélanges offerts à Maurice Agulhon, Publications de la Sorbonne, , 491 p. (ISBN 978-2-8594-4332-0, lire en ligne
), p. 426.
- ↑ Jean-Charles Morin, « Edmond et Marianne », Les Cahiers de l'Académie québécoise d'études philatéliques, no XIX, , p. 145 (lire en ligne).
- « Marianne et Coq d'Alger », Philinfo, le mensuel des timbres de La Poste, no 87, , p. 20-21.
- ↑ Jean-François Brun et Monika Nowacka, « La fabrication des timbres-poste », Nouvelles de l'estampe, no 239, , p. 39 (DOI 10.4000/estampe.1020
).
- ↑ Amand 2020, p. 88.
- ↑ Jean-François Brun (dir.), Le Patrimoine du timbre-poste français, vol. I, Flohic, , 928 p. (ISBN 978-2-8423-4035-3), p. 323-325.
- ↑ « Timbrofiche no 93 : Les Mariannes d'Alger », Timbroloisirs, no 25, , p. 93/2.
- ↑ Christian Calves, Alain Jacquart et Vincent Beghin, « Sous l’oeil de l’expert : les doubles impressions », Timbres magazine, no 250, , p. 86-87 (lire en ligne
[PDF]).
Voir aussi
Bibliographie
- Guy Amand, Petite histoire philatélique de l'Algérie française 1830-1962, [l'auteur], , 182 p. (lire en ligne
).
- (it) Giampaolo Guzzi, « Francia 1944-1945 - L'emissione provvisoria della Liberazione: Marianne e Galleto di Algeri »
[PDF], sur Federazione fra le Società Filateliche Italiane,
- Robert Joany, Les « Coq et Marianne » d'Alger, 1944, Le Monde des philatélistes, coll. « étude » (no 99), , 76 p..
- Michel Melot, « L’émission Coq et Marianne d’Alger », Timbroscopie, no 8, .