Si ce bandeau n'est plus pertinent, retirez-le. Cliquez ici pour en savoir plus.
Sinus lemniscatique (en noir) et cosinus lemniscatique (en bleu) ; en gris clair, pour comparaison, la fonction sinus usuelle après changement d'échelle : c'est en fait la fonction
x
↦
sin
(
x
G
)
{\displaystyle x\mapsto \sin({\frac {x}{G}})}
.
En mathématiques , les fonctions lemniscatiques sont des fonctions elliptiques liées à la longueur d'arc d'une lemniscate de Bernoulli ; ces fonctions ont beaucoup d'analogies avec les fonctions trigonométriques . Elles ont été étudiées par Giulio Fagnano en 1718 ; leur analyse approfondie, et en particulier la détermination de leurs périodes, a été obtenue par Carl Friedrich Gauss en 1796. Ces fonctions ont un réseau de périodes carré, et sont étroitement reliées à la fonction elliptique de Weierstrass dont les invariants sont g 2 = 1 et g 3 = 0 . Dans le cas des fonctions lemniscatiques, ces périodes (ω 1 et iω 1 ) sont liées à la constante de Gauss G ; on a
ω
1
=
2
π
G
=
Γ
2
(
1
4
)
2
π
{\displaystyle \omega _{1}=2\pi G={\frac {\Gamma ^{2}\left({\frac {1}{4}}\right)}{\sqrt {2\pi }}}}
(où Γ est la fonction gamma ).
Le sinus lemniscatique (en latin sinus lemniscatus ) et le cosinus lemniscatique (en latin cosinus lemniscatus ) (notés sinlemn ou sl et coslemn ou cl ) sont des analogues des fonctions sinus et cosinus usuelles, en remplaçant le cercle par une lemniscate (de Bernoulli) . Elles sont définies (puis prolongées par symétrie et périodicité) par
sl
(
r
)
=
s
,
avec
r
=
∫
0
s
d
t
1
−
t
4
{\displaystyle \operatorname {sl} (r)=s,\quad {\textrm {avec}}\quad r=\int _{0}^{s}{\frac {dt}{\sqrt {1-t^{4}}}}}
et
cl
(
r
)
=
c
,
avec
r
=
∫
c
1
d
t
1
−
t
4
{\displaystyle \operatorname {cl} (r)=c,\quad {\textrm {avec}}\quad r=\int _{c}^{1}{\frac {dt}{\sqrt {1-t^{4}}}}}
(les fonctions trigonométriques usuelles peuvent être définies de même , en remplaçant t 4 par t 2 ).
Leurs prolongements analytiques au plan complexe sont des fonctions elliptiques doublement périodiques, de périodes
ω
1
=
2
π
G
{\displaystyle \omega _{1}=2\pi G}
et
i
ω
1
=
2
i
π
G
{\displaystyle \mathrm {i} \omega _{1}=2\mathrm {i} \pi G}
, où G est la constante de Gauss donnée par
G
=
2
π
∫
0
1
d
t
1
−
t
4
=
0.8346
…
.
{\displaystyle G={\frac {2}{\pi }}\int _{0}^{1}{\frac {dt}{\sqrt {1-t^{4}}}}=0.8346\ldots .}
et i l'unité imaginaire ; la demi-période π G (analogue du nombre π en trigonométrie) est souvent notée
ϖ
{\displaystyle \varpi }
. Les graphes des deux fonctions ont des symétries et des relations entre eux analogues à celles des graphes des fonctions trigonométriques (en remplaçant π par
ϖ
{\displaystyle \varpi }
) ; en particulier
cl
(
x
)
=
sl
(
ϖ
2
−
x
)
{\displaystyle \operatorname {cl} (x)=\operatorname {sl} \left({\frac {\varpi }{2}}-x\right)}
(symétrie par rapport à l'axe d'équation
X
=
ϖ
4
{\displaystyle X={\frac {\varpi }{4}}}
).
Relation entre la longueur s de l'arc de lemniscate et la distance à l'origine, r . L'arc dans chaque quadrant (un quart de la lemniscate) est de longueur totale
ω
1
4
=
π
G
2
{\displaystyle {\tfrac {\omega _{1}}{4}}={\tfrac {\pi G}{2}}}
. Les foyers sont les points de coordonnées
(
±
1
2
,
0
)
{\displaystyle (\pm {\tfrac {1}{\sqrt {2}}},0)}
.
La lemniscate de Bernoulli , d'équation cartésienne
(
x
2
+
y
2
)
2
=
x
2
−
y
2
{\displaystyle \left(x^{2}+y^{2}\right)^{2}=x^{2}-y^{2}}
, est formée des points dont le produit des distances aux deux points (1 / √2 , 0) , (−1 / √2 , 0) (les foyers ) est constant et vaut 1 / 2 . La longueur r de l'arc le plus court allant de l'origine à un point situé à la distance s de cette origine est donnée par
r
=
∫
0
s
d
t
1
−
t
4
,
{\displaystyle r=\int _{0}^{s}{\frac {dt}{\sqrt {1-t^{4}}}},}
et par conséquent les fonctions lemniscatiques donnent la distance à l'origine en fonction de la longueur des arcs.
On a entre le sinus et le cosinus lemniscatique la relation
(
s
l
(
x
)
2
+
1
)
⋅
(
c
l
(
x
)
2
+
1
)
=
2
{\displaystyle (\mathrm {sl} \,(x)^{2}+1)\cdot (\mathrm {cl} \,(x)^{2}+1)=2}
, qu'on peut réécrire
c
l
(
x
)
2
=
1
−
s
l
(
x
)
2
1
+
s
l
(
x
)
2
{\displaystyle \mathrm {cl} (x)^{2}={\frac {1-\mathrm {sl} (x)^{2}}{1+\mathrm {sl} (x)^{2}}}}
.
On a également des formules d'addition :
s
l
(
a
+
b
)
=
s
l
(
a
)
⋅
c
l
(
b
)
+
c
l
(
a
)
⋅
s
l
(
b
)
1
−
s
l
(
a
)
⋅
c
l
(
a
)
⋅
s
l
(
b
)
⋅
c
l
(
b
)
{\displaystyle \mathrm {sl} \,(a+b)={\frac {\mathrm {sl} \,(a)\cdot \mathrm {cl} \,(b)+\mathrm {cl} \,(a)\cdot \mathrm {sl} \,(b)}{1-\mathrm {sl} \,(a)\cdot \mathrm {cl} \,(a)\cdot \mathrm {sl} \,(b)\cdot \mathrm {cl} \,(b)}}}
c
l
(
a
+
b
)
=
c
l
(
a
)
⋅
c
l
(
b
)
−
s
l
(
a
)
⋅
s
l
(
b
)
1
+
s
l
(
a
)
⋅
c
l
(
a
)
⋅
s
l
(
b
)
⋅
c
l
(
b
)
{\displaystyle \mathrm {cl} \,(a+b)={\frac {\mathrm {cl} \,(a)\cdot \mathrm {cl} \,(b)-\mathrm {sl} \,(a)\cdot \mathrm {sl} \,(b)}{1+\mathrm {sl} \,(a)\cdot \mathrm {cl} \,(a)\cdot \mathrm {sl} \,(b)\cdot \mathrm {cl} \,(b)}}}
qui s'écrivent aussi :
s
l
(
a
+
b
)
=
s
l
(
a
)
⋅
s
l
′
(
b
)
+
s
l
′
(
a
)
⋅
s
l
(
b
)
1
+
s
l
(
a
)
2
⋅
s
l
(
b
)
2
{\displaystyle \mathrm {sl} \,(a+b)={\frac {\mathrm {sl} \,(a)\cdot \mathrm {sl'} \,(b)+\mathrm {sl'} \,(a)\cdot \mathrm {sl} \,(b)}{1+\mathrm {sl} \,(a)^{2}\cdot \mathrm {sl} \,(b)^{2}}}}
, où
s
l
′
=
c
l
⋅
(
s
l
2
+
1
)
{\displaystyle \mathrm {sl} '=\mathrm {cl} \cdot (\mathrm {sl} ^{2}+1)}
est la dérivée de sl (voir la section suivante).
En utilisant la fonction arc tangente , ces formules se simplifient en :
a
r
c
t
a
n
(
s
l
(
a
+
b
)
)
=
a
r
c
t
a
n
(
s
l
(
a
)
⋅
c
l
(
b
)
)
+
a
r
c
t
a
n
(
c
l
(
a
)
⋅
s
l
(
b
)
)
{\displaystyle \mathrm {arctan} (\mathrm {sl} \,(a+b))=\mathrm {arctan} (\mathrm {sl} \,(a)\cdot \mathrm {cl} \,(b))+\mathrm {arctan} (\mathrm {cl} \,(a)\cdot \mathrm {sl} \,(b))}
a
r
c
t
a
n
(
c
l
(
a
+
b
)
)
=
a
r
c
t
a
n
(
c
l
(
a
)
⋅
c
l
(
b
)
)
−
a
r
c
t
a
n
(
s
l
(
a
)
⋅
s
l
(
b
)
)
{\displaystyle \mathrm {arctan} (\mathrm {cl} \,(a+b))=\mathrm {arctan} (\mathrm {cl} \,(a)\cdot \mathrm {cl} \,(b))-\mathrm {arctan} (\mathrm {sl} \,(a)\cdot \mathrm {sl} \,(b))}
très proches sous cette forme des formules d'addition des fonctions trigonométriques .
Ces fonctions ont les dérivées suivantes :
d
d
x
s
l
(
x
)
=
c
l
(
x
)
⋅
(
s
l
(
x
)
2
+
1
)
{\displaystyle {\frac {\mathrm {d} }{\mathrm {d} x}}\mathrm {sl} (x)=\mathrm {cl} (x)\cdot (\mathrm {sl} \,(x)^{2}+1)}
d
d
x
c
l
(
x
)
=
−
s
l
(
x
)
⋅
(
c
l
(
x
)
2
+
1
)
{\displaystyle {\frac {\mathrm {d} }{\mathrm {d} x}}\mathrm {cl} (x)=-\mathrm {sl} (x)\cdot (\mathrm {cl} \,(x)^{2}+1)}
,
d'où l'on déduit les dérivées secondes :
d
2
d
x
2
s
l
(
x
)
=
−
2
⋅
s
l
(
x
)
3
{\displaystyle {\frac {\mathrm {d} ^{2}}{\mathrm {d} x^{2}}}\mathrm {sl} (x)=-2\cdot \mathrm {sl} (x)^{3}}
d
2
d
x
2
c
l
(
x
)
=
−
2
⋅
c
l
(
x
)
3
{\displaystyle {\frac {\mathrm {d} ^{2}}{\mathrm {d} x^{2}}}\mathrm {cl} (x)=-2\cdot \mathrm {cl} (x)^{3}}
Ces fonctions sont solutions de l'équation différentielle
y
″
=
−
2
y
3
{\displaystyle y''=-2y^{3}}
Utilisant la fonction arc tangente , on a les relations plus simples :
c
l
(
x
)
=
d
d
x
arctan
(
s
l
(
x
)
)
{\displaystyle \mathrm {cl} (x)={\frac {\mathrm {d} }{\mathrm {d} x}}\arctan(\mathrm {sl} (x))}
s
l
(
x
)
=
−
d
d
x
arctan
(
c
l
(
x
)
)
{\displaystyle \mathrm {sl} (x)=-{\frac {\mathrm {d} }{\mathrm {d} x}}\arctan(\mathrm {cl} (x))}
.
On a les valeurs remarquables du sinus lemniscatique suivantes (on rappelle que
ϖ
=
ω
1
2
{\displaystyle \varpi ={\frac {\omega _{1}}{2}}}
est la demi-période) :
s
l
(
ϖ
2
)
=
1
{\displaystyle \mathrm {sl} \left({\frac {\varpi }{2}}\right)=1}
s
l
(
ϖ
4
)
=
2
−
1
{\displaystyle \mathrm {sl} \left({\frac {\varpi }{4}}\right)={\sqrt {{\sqrt {2}}-1}}}
s
l
(
ϖ
6
)
=
1
2
⋅
(
−
12
4
+
3
+
1
)
{\displaystyle \mathrm {sl} \left({\frac {\varpi }{6}}\right)={\frac {1}{2}}\cdot (-{\sqrt[{4}]{12}}+{\sqrt {3}}+1)}
s
l
(
ϖ
3
)
=
3
8
2
4
⋅
3
−
1
{\displaystyle \mathrm {sl} \left({\frac {\varpi }{3}}\right)={\frac {\sqrt[{8}]{3}}{\sqrt[{4}]{2}}}\cdot {\sqrt {{\sqrt {3}}-1}}}
s
l
(
ϖ
8
)
=
(
2
4
−
1
)
⋅
(
2
+
1
−
2
+
2
)
{\displaystyle \mathrm {sl} \left({\frac {\varpi }{8}}\right)={\sqrt {({\sqrt[{4}]{2}}-1)\cdot \left({\sqrt {2}}+1-{\sqrt {2+{\sqrt {2}}}}\right)}}}
s
l
(
3
⋅
ϖ
8
)
=
(
2
4
−
1
)
⋅
(
2
+
1
+
2
+
2
)
{\displaystyle \mathrm {sl} \left({\frac {3\cdot \varpi }{8}}\right)={\sqrt {({\sqrt[{4}]{2}}-1)\cdot \left({\sqrt {2}}+1+{\sqrt {2+{\sqrt {2}}}}\right)}}}
s
l
(
ϖ
10
)
=
1
2
⋅
(
5
4
−
1
)
⋅
(
5
+
2
−
1
)
{\displaystyle \mathrm {sl} \left({\frac {\varpi }{10}}\right)={\frac {1}{2}}\cdot ({\sqrt[{4}]{5}}-1)\cdot \left({\sqrt {{\sqrt {5}}+2}}-1\right)}
s
l
(
ϖ
5
)
=
1
2
⋅
2
4
⋅
(
5
−
1
)
⋅
20
4
−
5
−
1
{\displaystyle \mathrm {sl} \left({\frac {\varpi }{5}}\right)={\frac {1}{2\cdot {\sqrt[{4}]{2}}}}\cdot ({\sqrt {5}}-1)\cdot {\sqrt {{\sqrt[{4}]{20}}-{\sqrt {{\sqrt {5}}-1}}}}}
s
l
(
3
⋅
ϖ
10
)
=
1
2
⋅
(
5
4
−
1
)
⋅
(
5
+
2
+
1
)
{\displaystyle \mathrm {sl} \left({\frac {3\cdot \varpi }{10}}\right)={\frac {1}{2}}\cdot ({\sqrt[{4}]{5}}-1)\cdot \left({\sqrt {{\sqrt {5}}+2}}+1\right)}
s
l
(
2
⋅
ϖ
5
)
=
1
2
⋅
2
4
⋅
(
5
−
1
)
⋅
20
4
+
5
−
1
{\displaystyle \mathrm {sl} \left({\frac {2\cdot \varpi }{5}}\right)={\frac {1}{2\cdot {\sqrt[{4}]{2}}}}\cdot ({\sqrt {5}}-1)\cdot {\sqrt {{\sqrt[{4}]{20}}+{\sqrt {{\sqrt {5}}-1}}}}}
La relation
c
l
2
=
1
−
s
l
2
1
+
s
l
2
{\displaystyle \mathrm {cl} ^{2}={\frac {1-\mathrm {sl} ^{2}}{1+\mathrm {sl} ^{2}}}}
permet d'en déduire les valeurs de cl ; par exemple, on peut obtenir par simple symétrie :
c
l
(
ϖ
4
)
=
s
l
(
ϖ
4
)
=
2
−
1
{\displaystyle \mathrm {cl} \left({\frac {\varpi }{4}}\right)=\mathrm {sl} \left({\frac {\varpi }{4}}\right)={\sqrt {{\sqrt {2}}-1}}}
.
La fonction réciproque de la fonction sinus lemniscatique, notée argsl , est définie par la relation sl(argsl(x )) = argsl(sl(x )) = x , valable dans des intervalles convenables (la restriction de sl aux intervalles [-1,1] et
[
−
ϖ
2
,
ϖ
2
]
{\displaystyle \left[{\frac {-\varpi }{2}},{\frac {\varpi }{2}}\right]}
étant une bijection ). On voit aisément, en revenant à la définition, que argsl est la primitive de la fonction
x
↦
1
1
−
x
4
{\displaystyle x\mapsto {\frac {1}{\sqrt {1-x^{4}}}}}
qui s'annule en 0 ; cette primitive est une intégrale elliptique de première espèce , valant plus précisément
F
(
arcsin
x
|
−
1
)
{\displaystyle F(\arcsin x\,|\,-1)}
.
(en) C. L. Siegel , « Topics in complex function theory. Vol. I: Elliptic functions and uniformization theory », Interscience Tracts in Pure and Applied Mathematics , New York-London-Sydney, Wiley-Interscience A Division of John Wiley & Sons, vol. 25, 1969 (ISBN 0-471-60844-0 , MR 0257326 )