Le grattage est une technique picturale de la peinture surréaliste qui consiste à « gratter » de la peinture fraîche avec une lame tranchante[1],[2].
Cette technique consiste généralement à gratter et à enlever le pigment chromatique étalé sur un support préparé (la toile ou un autre matériau)[3] afin de déplacer la surface et de la rendre dynamique[4] ou pour créer une forte impression de texture ou de motif sur la surface du plan de l'image[5],[6].
Cette technique a notamment été utilisée par Max Ernst[7],[8], Joan Miró[9] et plus tard par des artistes informels.
Technique et matériaux
[modifier | modifier le code]Dans cette technique picturale, en plus de l'utilisation de pinceaux et de spatules, l'artiste expérimente des outils courants et des objets du quotidien, tels que des éponges, des brosses en acier, des stylets, des scalpels, des pointe, des lames de rasoir et des petits blocs de métal.
Ces outils et d'autres sont ainsi utilisés pour simuler des motifs naturels ou pour en créer de nouveaux[10]. Les rayures créées font ressortir les couleurs des couches picturales sous-jacentes et créent des contrastes chromatiques. Le grattage des couches superficielles de peinture sur un assortiment d’objets sert à stimuler l’esprit à s’engager dans le processus automatique de « découverte » d’images cachées dans ses recoins les plus intimes[11].
Artistes
[modifier | modifier le code]Max Ernst redécouvre la technique du frottage ; en 1927, il transpose cette technique de dessin — généralement appliquée au papier — à la peinture à l'huile, créant ainsi le procédé du grattage[12]. Le grattage a permis à Max Ernst de libérer des forces créatrices pleines de suggestions et d'évocations, moins théoriques et plus inconscientes et spontanées[13].
Cette technique a été affinée par l'artiste Hans Hartung[14]. Par ce procédé, il parvient à la sublimation de ses gestes picturaux typiques, créant un nouvel alphabet de signes s'appuyant sur des outils pointus, des pinceaux convenablement modifiés et des rouleaux[15].
Dans le « néo-grattage » monochrome art figuratif, Matvey Slavin (en) développe davantage la technique dans sa série des Peintures gravées[16],[17].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- (en) « Grattage », Art Term, sur tate.org.uk, Tate Gallery (consulté le )
- (en) Mary Ann Caws, Surrealism, Phaidon Press, .
- (it) Carlo Pirovano, La Pittura in Italia : Il Novecento, vol. 1–2, Electa, .
- (it) Marina Pugliese, Tecnica mista : Com'è fatta l'arte del '900, Bruno Mondadori, .
- (en) Jean Robertson et Craig McDaniel, Painting as a Language : Material, Technique, Form, Content, Harcourt College Publishers, .
- (en) « Grattage », dans Grove Art Online, (lire en ligne).
- (en) M. E. Warlick, Max Ernst and Alchemy : A Magician in Search of Myth, University of Texas Press, .
- (en) Peter Stockwell, The Language of Surrealism, Macmillan International Higher Education, .
- (en) Giulio Carlo Argan, Studi sul surrealismo, vol. 1, Officina, .
- (en) Marie MacDonnell Roberts, The artist's design : probing the hidden order, Fradema Press, .
- (en) Haim Finkelstein, The Screen in Surrealist Art and Thought, Routledge, .
- (en) Max Ernst, New York, Metropolitan Museum of Art, .
- (en) Sarah Wilson (dir.), Tate Gallery, Max Ernst : A Retrospective, Prestel, .
- (en) Domenico D'Oora, Maurizio Medaglia et Vittorio Raschetti, Hans Hartung, Silvia, .
- (en) Michel Enrici (dir.), Fondation Maeght, Hans Hartung : le geste et la méthode, Fondation Marguerite et Aimé Maeght, .
- (en) « About Mat Vey - Matvey Slavin: Etching into the Surface of Time », sur mat-vey.com, via Internet Archive (consulté le ).
- (da) Inge Schjødt, « Mærk magtens spil », sur kunstavisen.dk, (consulté le ).
Liens externes
[modifier | modifier le code]
- Ressource relative aux beaux-arts :
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :