La guerre électronique consiste en l'exploitation des émissions radioélectriques d'un adversaire et, inversement consiste à l'empêcher d'en faire autant. Il s'agit donc de toutes les opérations visant à acquérir la maîtrise du spectre électromagnétique, pour intercepter et/ou brouiller les ordres ou informations circulant dans les systèmes de communication de l'adversaire.
La guerre électronique se subdivise en trois branches : l'attaque, le soutien et la protection.
Historique
L'utilisation de la radiocommunication durant la Première Guerre mondiale par les belligérants a conduit aux premiers systèmes d'écoutes et de tentatives de brouillage radio. L'utilisation du radar durant la Seconde Guerre mondiale a institué les règles de brouillage radar.
Attaque électronique
L'attaque électronique consiste à attaquer l'adversaire à l'aide d'armes électroniques.
Afin de tuer ou de neutraliser l'adversaire aux moyens d'armes électroniques, ou de détruire ses équipements, l'attaquant cherchera également à neutraliser ou détruire les ressources électroniques de l'ennemi.
Il s'agit donc pour l'essentiel de mesures de brouillage de ses émissions électromagnétiques et de mesures de leurrage ou d'intrusion de ses systèmes électromagnétiques humains mais également non humains. Le brouillage rend inexploitables les émissions de l'adversaire ; le leurrage et l'intrusion lui donnent de fausses indications ou de fausses pistes. L'ensemble de ces moyens était autrefois appelé « contre-mesures électroniques » (CME), en anglais ECM pour Electronic Counter Measures.
L'attaque électronique inclut également l'emploi d'armes à énergie dirigée, destinées à détruire les systèmes électroniques adverses. Elle implique l'utilisation de « moyens actifs », donc indiscrets. Voir par exemple l'article Wild Weasel.
Soutien électronique ou détection électronique
Le soutien électronique ou « renseignement électronique » rassemble tous les « moyens passifs » de la guerre électronique, son objectif est le « contrôle du spectre radioélectrique »[1]. Les militaires employaient autrefois l'expression « mesures de soutien électronique » ou ESM (pour l'équivalent anglophone : Electronic Support Measures). Il s'agit d'utiliser les émissions électroniques de l'adversaire pour détecter sa présence, le localiser par goniométrie, et si possible identifier ses unités, obtenir des informations sur les systèmes qu'il utilise et écouter ses communications.
Le renseignement d'origine électromagnétique (ROEM), aussi appelé SIGINT en anglais pour Signals Intelligence, comprend :
- le COMINT (pour Communication Intelligence), le renseignement issu de l'écoute de communications (démodulation, décodage, décryptage, traduction…) ;
- l'ELINT (pour Electronic Intelligence), le renseignement technique et de localisation obtenu par l'analyse d'émissions autres que communications, par exemple l'interception des signaux radar et la localisation d'antennes émettrices.
Protection électronique
La protection électronique inclut tous les dispositifs et toutes les procédures permettant de contrer les attaques électroniques et les moyens de renseignement électronique de l'adversaire. On parlait autrefois de mesures de protection électronique et de contre contre-mesures électroniques (en anglais ECCM pour Electronic Counter Counter Measures).
Il s'agit soit :
- de concevoir des bâtiments ou des aéronefs de combat furtifs, c'est-à-dire avec une « signature » radar réduite en utilisant des formes dispersant les ondes et des revêtements absorbants ;
- d'appliquer des plans d'utilisation de fréquences et des procédures de silence radio et radar ;
- d'utiliser des systèmes d'identification électronique ;
- d'utiliser des systèmes électroniques à évasion ou à saut de fréquence, ou encore, pour les communications, des systèmes à émissions brèves ;
- d'utiliser, pour les communications, des codes et du chiffrement
- d'utiliser un système de filtrage des interférences ou d'annulation des interférences (suppression de l'activité du brouilleur en lui superposant une propriété inverse, ce qui reste difficile en raison du besoin de compenser le déphasage)[2].
Dans le monde
Suisse
L'armée suisse dispose du véhicule blindé Mowag Piranha MZS (Mehrzwecksender ou "station polyvalente") fabriqué par Mowag pour la guerre électronique[3].
Russie
L'armée russe dispose des systèmes mobiles suivants : Krasukha, Moskva-1, Borissoglebsk 2, RB-636AM2 "Svet-KU", SPR-2 (SPR-2 Rtut-B) et Infauna.
Notes et références
- Ceci existe aussi dans le domaine civil, par exemple pour lutter contre des émetteurs pirates ou la diffusion involontaire de signaux parasites
- Regnault S (2011) http://eprints2.insa-strasbourg.fr/1020/1/GE5S-2011-REGNAULT-m%C3%A9moire.pdf Conception d’un annuleur d’interférences au sein du laboratoire de guerre électronique (EWR) de Thales Communications] (Thèse, INSA de Strasbourg), PDF, 56 pages
- http://www.asmz.ch/fileadmin/asmz/Dokumente/2013/ASMZ_04_2013_web.pdf
Voir aussi
Articles connexes
- Cyberattaque
- Cyberdéfense
- Cyberguerre
- Enigma (machine)
- Guerre moderne
- Harcèlement électronique (dont l'hypothèse d'une attaque de micro-ondes électromagnétiques contre l'ambassade des États-Unis à Cuba dans l'affaire dite des attaques acoustiques)
- Opération Igloo White durant la guerre du Viêt Nam
- Renseignement d'origine électromagnétique
Bibliographie
- Jean-Paul Siffre, La guerre électronique : Maître des ondes, maître du monde…, Lavauzelle Graphic, , 220 p. (ISBN 978-2-7025-1055-1)
- René Jacquet-Francillon, Peter B. Lewis et Jim Dunn (trad. de l'anglais par François Pernot), Pilotes d'avions de guerre électronique [« Electronic wizards »], Paris, coll. « Patrick Baudry présente », , 127 p. (ISBN 2-7312-1211-X, BNF 35505308)