Haïdra | |
Administration | |
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Pays | Tunisie |
Gouvernorat | Kasserine |
Délégation(s) | Haïdra |
Code postal | 1221[1] |
Démographie | |
Population | 3 451 hab. (2014[2]) |
Densité | 81 hab./km2 |
Géographie | |
Coordonnées | 35° 34′ 02″ nord, 8° 27′ 35″ est |
Altitude | 810 m |
Superficie | 4 273 ha = 42,73 km2 |
Localisation | |
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Haïdra (arabe : حيدرة) ou Henchir Haïdra est une petite ville de l'ouest de la Tunisie, située dans la dorsale tunisienne, à quelques kilomètres de la frontière avec l'Algérie. Elle est le chef-lieu d'une municipalité comptant 3 451 habitants en 2014[2] et rattachée au gouvernorat de Kasserine.
Elle est connue pour son site archéologique.
Géographie
Situation
Haïdra est le centre de la délégation du même nom, créée le , et s'étend sur 4 273 hectares[3]. Elle est située à 83,9 kilomètres au nord-ouest de Kasserine et à 249 kilomètres au sud-ouest de Tunis, sur le parcours de la route nationale 4.
La ville est desservie par le chemin de fer depuis les travaux réalisés par la Compagnie des chemins de fer Bône-Guelma entre 1912 et 1941, et qui ont permis de la relier à Kasserine, Tébessa et Kalâat Khasba.
Climat
Le climat de Haïdra est semi-aride, comme dans une grande partie du Centre-Ouest de la Tunisie[3].
Histoire
Ammaedara ou Ad Medera, fondée au Ier siècle av. J.-C., est l'une des plus anciennes cités romaines d'Afrique ; elle est le siège de la Legio III Augusta à partir du règne d'Auguste[4], jusqu'à son déplacement pour raisons stratégiques vers Théveste (actuelle Tébessa en Algérie), à quarante kilomètres au sud-ouest, sous le règne de Vespasien. Des vétérans sont alors installés à Ammaedera qui reçoit le statut de colonie (Colonia Flauia Augusta Emerita Ammaedara) en 75[4]. La création d'une colonie dans cette partie de l'Afrique proconsulaire permet de contrôler les routes passant sur les terrains de parcours des Musulames.
Devenant un nœud routier, traversé notamment par l'axe pénétrant reliant Carthage à Théveste, la cité se développe rapidement et se dote d'un grand nombre de monuments dont un arc de triomphe dédié à Septime Sévère. Alors que le christianisme se développe, elle devient un évêché en 258[5]. En 411, la cité est le théâtre d'affrontements entre catholiques et donatistes, la population se scindant en deux derrière deux évêques différents.
Haïdra et ses ruines étaient sous le contrôle des Ouled Ali (Fraichiches) et faisaient partie de leur caïdat. Victor Guérin confirme cette appartenance en décrivant son séjour parmi les Ouled Ali et leur caïd, Hadj Gaïd. Ce dernier lui remit un teskéré (laisser-passer) pour circuler à Haïdra et Thala, qui relevaient de son autorité[6],[7].
Charles Monchicourt parle spécifiquement des Haouafedh, une sous-division des Ouled Ali[8],[9], qui, selon lui, auraient pris possession de la région auparavant également occupée par les Ouled Boughanem. Il précise également que la richesse des Haouafedh (possesseurs du cheikhat de Haïdra) serait liée à leur contrôle du Sri de Haïdra. Ainsi, l'idée principale est que les Haouafedh ont acquis la région au détriment des Ouled Boughanem, et leur prospérité découlerait de la gestion du Sri de Haïdra. Il évoque également que les Fraichiches, ainsi que les Ouled Rhida (nom rappelant une autre fraction des Ouled Ali,) auraient chassé les Ouled Boughanem de Haïdra et Foussana[10],[11].
Haïdra servit de refuge aux insurgés de 1864 (Fraichiches et Madjer sous le commandement rebelle du « bey du peuple », Ali Ben Ghedhahem et d'autres tribus), qui ébranlent le pouvoir beylical[12].
Un caïd fraichiche, du nom de Ali Sghir avait une maison à Haïdra qui a été photographié[13].
La ville aurait également accueilli un chantier militaire visant à rénover ses anciennes fortifications byzantines de l'époque de Justinien qui vise à l'époque à protéger la région des Maures (Berbères) comme les Frexes d'Antalas, les ancêtres des Fraichiches et Musulames de Tacfarinas[14]. Ahmad Sayyadi rapporte des archives nationales de Tunisie (A.N.T) que les caïds et cheikhs des Fraichiches correspondirent régulièrement avec le ministère de l'Intérieur à ce sujet, tout en signalant également les litiges impliquant les habitants de Haïdra et la collecte des impôts, notamment entre 1863 et 1867[15].
En 1869, à la suite de maraudages commis par des membres de la tribu des Ouled Sidi Yahia dans la région de Haïdra, les Haouafedh des Fraichiches, probablement responsables de cette région, et leur cheikh réagirent en attaquant les Bétaïchias des Ouled Sidi Yahia ben Taïeb, du cercle de Tebessa, au nord de la ville. Selon le ministère des Affaires étrangères français, ils les dépouillèrent. Par la suite, le caïd des Ouled Ali, Hadj Gaïd, envoya une armée de 1300 fantassins pour razzier deux douars des Merazgas (Ouled Sidi Yahia) résultant a un dommage de 37 230 francs et 23 morts (17 hommes et 6 femmes) dont les noms sont repertoriés[16].
Entre les 17 et 18 octobre 1881, les Fraichiches, dirigés par le caïd Hadj Harrat, affrontent les troupes françaises du général Forgemol dans la région de Haïdra, malgré leur extrême affaiblissement consécutif à la famine de 1867 et au choléra qui les décimèrent[17]. Lors de cette bataille, les Fraichiches sont représentés par un étendard rouge (eux mêmes se désignant la tribu "âarch" rouge[18]), se faisant face à l'étendard défiant en quelques sorte celui de la nation Française[19].
Site archéologique
Haïdra est connue pour son site archéologique, celui de la cité d'Ammaedara[20].
Une mosaïque âgée de plus de 1 700 ans et découverte à Haïdra durant l'hiver 1939-1940 est offerte à l'Organisation des Nations unies par le président Habib Bourguiba en 1961. Elle est encore exposée à l'entrée nord du salon des délégués au siège de l'organisation[21].
Personnalités
- Mohamed Ali Ganzoui (né en 1944)[22], homme politique qui a effectué sa carrière au sein des services de sécurité ;
- Ahmed Jdey (1951-2012), historien, anthropologue et universitaire[23] ;
- Lotfi Mraïhi (né en 1959), médecin et homme politique.
Références
- ↑ (en) « Dataset Tunisia », sur geopostcodes.com (consulté le ).
- (ar) « Populations, logements et ménages par unités administratives et milieux » [PDF], sur census.ins.tn (consulté le ).
- (ar) « حيدرة » [« Haïdra »], sur gouvernorat-kasserine.gov.tn (consulté le ).
- Pascal Mongne, Archéologies : vingt ans de recherches françaises dans le monde, Paris, Maisonneuve et Larose, , 734 p. (ISBN 978-2706818738), p. 267.
- ↑ Noël Duval et Françoise Prevot, « Recherches archéologiques à Haidra : les inscriptions chrétiennes (Charles Pietri) », Epigraphica, vol. 39-42, , p. 208.
- ↑ Perron, Sciences historiques et géographiques, (lire en ligne), p. 180
- ↑ Victor Guérin, Voyage archéologique dans la Régence de Tunis, Henri Plon, (lire en ligne), p. 327
- ↑ L'expédition militaire en Tunisie, 1881-1882, (lire en ligne), p. 221
- ↑ Protectorat français. Secrétariat général du Gouvernement tunisien. Nomenclature et répartition des tribus de Tunisie, (lire en ligne), p. 249
- ↑ Charles (1873-1937) Auteur du texte Monchicourt, La région du Haut-Tell, en Tunisie (le Kef, Téboursouk, Mactar, Thala) : essai de monographie géographique, thèse... / Ch. Monchicourt, (lire en ligne), p. 371
- ↑ Charles (1873-1937) Auteur du texte Monchicourt, La région du Haut-Tell, en Tunisie (le Kef, Téboursouk, Mactar, Thala) : essai de monographie géographique, thèse... / Ch. Monchicourt, (lire en ligne), p. 141
- ↑ (es) Fabiola Salcedo Garcés, Jorge García Sánchez et Raquel Rubio González, Dinámicas históricas, religiosas e iconográficas en el norte de África, Archaeopress Publishing Ltd, (ISBN 978-1-80327-746-2, lire en ligne), p. 94
- ↑ (es) Fabiola Salcedo Garcés, Jorge García Sánchez et Raquel Rubio González, Dinámicas históricas, religiosas e iconográficas en el norte de África, Archaeopress Publishing Ltd, (ISBN 978-1-80327-746-2, lire en ligne), p. 96
- ↑ (es) Fabiola Salcedo Garcés, Jorge García Sánchez et Raquel Rubio González, Dinámicas históricas, religiosas e iconográficas en el norte de África, Archaeopress Publishing Ltd, (ISBN 978-1-80327-746-2, lire en ligne), p. 103
- ↑ (es) Fabiola Salcedo Garcés, Jorge García Sánchez et Raquel Rubio González, Dinámicas históricas, religiosas e iconográficas en el norte de África, Archaeopress Publishing Ltd, (ISBN 978-1-80327-746-2, lire en ligne), p. 106
- ↑ Ministère des affaires étrangères, Documents diplomatiques: Affaires de Tunisie, avec une carte de la Eégence 1870-1881, BoD – Books on Demand, (ISBN 978-3-385-02112-9, lire en ligne), p. 4-6
- ↑ Association francʹaise pour l'avancement des sciences, Histoire et description, Berger-Levrault, (lire en ligne), p. 445
- ↑ (en) Bootheina Majoul et Yosra Amraoui, On History and Memory in Arab Literature and Western Poetics, Cambridge Scholars Publishing, (ISBN 978-1-5275-6042-0, lire en ligne), p. 177
- ↑ « French cavalry fighting Fraichiches at Haydra, Tunisia, 18 October 1881 », sur Look and Learn History Picture Library (consulté le )
- ↑ Mongne 2005, p. 268.
- ↑ (en) « Ancient Mosaic Donated to United Nations by Tunisia », sur unmultimedia.org (consulté le ).
- ↑ « M. Mohamed Ali Ganzoui, secrétaire d'État, chargé de la Sûreté nationale », La Presse de Tunisie, , p. 6 (ISSN 0330-9991).
- ↑ (ar) « حمد جدي مؤرخ تونسي متخصص في حركات الاصلاح وكاتب قصصي مبدع » [« Ahmed Jdey, historien tunisien spécialisé dans les mouvements de réforme et auteur de fictions »], sur kissas.org (consulté le ).
Liens externes
- Ressource relative à la géographie :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :