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Haydée, La Signora in grigio, Aidea |
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Ida Finzi, née le à Trieste (capitale du land de la région du Littoral autrichien de l'Empire austro-hongrois) et morte le à Portogruaro (Royaume d'Italie) est une journaliste et écrivaine italienne. Elle est connue aussi sous les pseudonymes de Haydée[1] et La dame en gris (La signora in grigio en langue italienne).
Appréciée à son époque, elle est tombée dans l'oubli. Doretta Cisano et Faustina Bon sont considérées ses œuvres la plus significatives[2].
Biographie
Ida Finzi naît à Trieste en 1867, issue d'une famille aisée et juive originaire de Vénétie, qui lui transmet l'amour des arts et les valeurs du Risorgimento[2]. Elle a une sœur et un frère[2]. D'esprit vivace et extrovertie, elle commence à écrire très jeune et brille en société[3]. Après avoir obtenu son diplôme en 1881[4], elle doit arrêter ses études[2] à cause de la faillite de sa famille, survenue au milieu des années 1880[4].
Ida Finzi débute sa carrière de journaliste sur des journaux locaux de Trieste. Au fils du temps, elle écrit sur L'Indipendente (it), Il Piccolo, il Piccolo della Sera, le Fanfulla della domenica (it), La Sera[5],[4], ou encore sur les revues Nuova antologia (it) et La lettura (it), parmi d'autres[3]. Son style d'écriture a été comparé à celui de Matilde Serao[2],[6].
Vers 1887 ou 1889, elle se fait remarquer par l'éditeur Emilio Treves (en), connu pour être « peu tendre avec les femmes de lettres »[2]. L'éditeur lui demande de collaborer à L'Illustrazione popolare d'abord et à la revue hebdomedaire L'illustrazione italiana ensuite[3], où elle publie une série d'articles fortunée sur l'Exposition universelle de Paris de 1899[2],[4]. Elle signe ses articles sous le pseudonyme La signora in grigio[5],[4].
À la même époque, en participant à quelques concours littéraires où elle remporte presque tous les prix, elle se fait également remarquer en tant qu'écrivaine[5],[7],[8]. En 1903, sa nouvelle Quintetto est récompensée par Boito, Giacosa, Negri, Vignoli et Piola[2],[8]. Elle publie des nouvelles, des pièces de théâtre, des œuvres pour l'enfance qui mettent en scène des jeunes filles, une choix pas très fréquente à son époque. Elle explore les relations familiales (en Il ritorno, récompensé à Rome en 1896[5] par Bonghi, Fogazzaro et Cesareo[8]), le rapport mère-enfant, la condition féminine (Doretta Cisano, 1933)[2], les rapports entre enfants à la façon du Livre-Cœur (en Allieve di Quarta, 1922)[9],[10]. Elle s'inspire et adapte en version féminine également le Faust (Faustina Bon)[6] et le Le Comte de Monte-Cristo (La signorina di Montecristo, entre polar et roman rose)[5].
Irrédentiste, elle déclame une poésie aux allures politiques lors d'une manifestation de personnes sans emplois, qui sera publié en 1916 à Milan, où elle va vivre après l'entrée de l'Italie dans la première guerre mondiale, en quittant Trieste pour des raisons politiques[5],[4]. Ici, elle est embauchée par la maison d'édition Treves (it) et écrit en faveur de l'italianité de Trieste[5],[4]. Sur L'illustrazione italiana sort son article sur l'annexion de Trieste à l'Italie[4] et en 1918 elle rentre dans sa ville natale et commence à collaborer avec le quotidien L'Era nuova de Francesco Paoloni (it)[4], dont elle sera directrice[5].
Dans l'entre-deux-guerres, elle se rapproche de l'idéologie fasciste (it)[11],[12] jusqu'à arriver à écrire, entre 1935 et 1938, pour le journal du régime Il popolo di Trieste[4]. Elle célèbre le rôle de la femme en tant que mère, dans et pour la nation fasciste (Il libro della mamma e del bambino, 1934)[5].
En 1943, l'application des lois raciales fascistes et la persécution des Juifs, qui décimeront sa famille, l'obligent à quitter Trieste pour Rome. Elle échappe à la déportation en se cachant à Portogruaro. Elle y décède de pneumonie trois ans plus tard, dans un hospice, le 23 janvier 1946[4],[13]. Sur sa tombe au cimetière de Portogruaro l’épigraphe a été écrite par Silvio Benco[2].
Vie privée
Tout en célébrant la femme-mère, notamment dans son œuvre pédagogique Libro della madre e del bambino, Ida Finzi est célibataire et n'a pas d'enfants[2],[3]. Au contraire, en qualité d'écrivaine et journaliste elle a une vie active et moderne (qu'elle décrit en Doretta Cisano), ce qui lui permet d'aider sa famille d'origine en difficulté financière[3].
Notes et références
- ↑ Le pseudonyme de Haydée est tiré du personnage du Don Juan de Lord Byron et de celui , du Comte de Monte-Cristo d'Alexandre Dumas, voir Laicini 1997 et Neiger 2021.
- (it) Nera Gnoli Fuzzi, « La signora in grigio », Il Piccolo, no 7879, année 91, , p. 3 (lire en ligne)
- (it) Giovanna Neiger, « Letteratura femminile in mitteleuropa. Un breve confronto tra scrittrici ebree, triestine e austriache », iQual. Revista de Género e Igualdad, no 4, , p. 161–171 (ISSN 2603-851X, DOI 10.6018/iqual.442821, lire en ligne, consulté le ), publié sous licence CC-BY-NC 4.0.
- (it) Viacon, « Biografia di Ida Finzi », sur Scrittrici del primo Novecento, Digitale Lehre und Forschung, Université de Zurich, (consulté le )
- Laicini 1997
- (it) Raffaello Barbiera, « Letteratura femminile », L'illustrazione italiana, no 1, XLI, , p. 16 (lire en ligne)
- ↑ (it) Angelo de Gubernatis, Piccolo dizionario dei contemporanei italiani, Rome, Forzani, (lire en ligne), p. 395
- (it) Teodoro Rovito, Dizionario bio-bibliografico dei letterati e giornalisti italiani contemporanei, Tip. Melfi & Joele, (lire en ligne), p. 100
- ↑ Gilbert Bosetti, Trieste, port des Habsbourg 1719-1915: De l'intégration des immigrés à la désintégration du creuset, UGA Éditions, (ISBN 978-2-37747-039-6, lire en ligne), p. 184, 310
- ↑ (en) M. Colin, « A blue 'Cuore', a pink 'Cuore': From De Amicis to Haydée between XIX and XX Centuries », ResearchGate, vol. 9, , p. 487-508 (lire en ligne
)
- ↑ Sherry Simon, Villes en traduction: Calcutta, Trieste, Barcelone et Montréal, Les Presses de l'Université de Montréal, (ISBN 978-2-7606-3225-7, lire en ligne)
- ↑ Gilbert Bosetti, De Trieste à Dubrovnik: une ligne de fracture de l'Europe, ELLUG, (ISBN 978-2-84310-080-2, lire en ligne), p. 307 :
« Après avoir été sensible à la muse irrédentiste, la poétesse Haydée, de son vrai nom Ida Finzi, rendait encore hommage en 1938 à Mussolini alors que les mesures disciminatoires allaient la frapper. La plupart des juifs de Trieste et de Fiume ne concevaient pas que le fascisme puisse se rallier à la politique antisémite de Hitler. Beaucoup vécurent dans l'illusion que les persécutions allaient se limiter à l'Allemagne. »
- ↑ (it) « Ida Finzi Haylée (nécrologie) », Giornale di Trieste, no 273, II, , p. 2 (lire en ligne)
Œuvres
- (it) Ida Finzi, Il ritorno, Roma, Viarengo, (lire en ligne)
- (it) Ida Finzi, Faustina Bon, Milano,
- (it) Ida Finzi, Vita triestina avanti e durante la guerra, Milano, Treves, (lire en ligne)
- (it) Ida Finzi, Le quasi artiste, Milano, Treves, (lire en ligne)
Voir aussi
Bibliographie
- (es) María Dolores Valencia Mirón, « Emma Perodi e Ida Finzi. Del relato fantástico a la novela de formación », dans Antonella Cagnolati (coord.), Escritoras en lengua italiana (1880-1920). Renovación del canon literario, Granada, Editorial Comares, (ISBN 978-84-9045-749-8), p. 167-176.
- (it) Mariella Grande, « Ida Finzi », dans Gabriella Musetti (dir.), Oltre le parole: scrittrici triestine del primo Novecento, Trieste, Vita activa, coll. « Memorie », (ISBN 978-88-940452-9-1).
- (it) Imelde Rosa Pellegrini, Storie di ebrei: transiti, asilo e deportazione nel Veneto orientale, Nuova dimensione, coll. « Studi territoriali », (ISBN 978-88-85318-54-0)
- (it) Franco Laicini, « FINZI, Ida », dans Dizionario Biografico degli Italiani, vol. 48, Treccani, (lire en ligne).
- Patrizia Zambon, « Novelle d'autrice tra Otto e Novecento: appunti per un sistema », dans E. Genevois (dir.), Les femmes-écrivains en Italie (1870-1920): ordres et libertés, Paris, Université de la Sorbonne Nouvelle, , p. 271-292.
Liens externes
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :