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Isabel Cerruti, aussi connue sous son pseudonyme d'Isa Ruti[1], née le à São Paulo et morte le dans la même ville, est une tisserande, journaliste, militante et intellectuelle anarcho-communiste, féministe et anarcho-syndicaliste brésilienne. Figure importante du mouvement anarchiste brésilien et plus largement de la gauche brésilienne de son époque, sa pensée reste difficile à saisir faute d'études et à cause de l'abondance des écrits qu'elle laisse. Par ailleurs, elle fonde la Fédération Féminine Internationale (FFI) aux côtés de Maria Lacerda de Moura.
De 1911 à sa mort, elle écrit régulièrement dans des publications anarchistes brésiliennes.
Biographie
Isabel Bertolucci naît à São Paulo[2],[3] le [3]. Sa mère, Maria Emília Ferreira da Silva, est une Brésilienne qui travaille comme domestique, tandis que son père, Luigi Bertolucci, est un Italien né en 1860[2] qui exerce le même métier[3]. Son grand-père maternel, Joaquim Ferreira da Silva, aurait participé à la Guerre de la Triple-Alliance[3]. Elle est baptisée dans la paroisse du Bon Jésus de Brás le [2]. Elle exerce comme tisserande, mais aussi comme enseignante et enseignante de piano[4].
Entre ses 17 et 20 ans, elle se forme politiquement, notamment en lisant de la littérature anarchiste[4]. Elle acquiert rapidement une solide culture générale et un intérêt marqué pour la sociologie[5]. Cette formation se produit en parallèle avec ses fiançailles avec Américo Cerruti, un anarchiste avec qui elle échange[5]. Elle est encore catholique à cette période, et participe à des congrégations religieuses lorsqu'elle se présente sur son lieu de travail[5]. Son fiancé lui offre alors le journal anarchiste A Lanterna, puis, puisque cela lui plaît, le lui fait envoyer hebdomadairement[5]. Elle adopte progressivement des positions anticléricales plus marquées ou encore un soutien aux unions libres[5].
Elle épouse Américo Cerruti en 1908 et adopte son nom de famille[3]. Leur couple subsiste jusqu'à la mort d'Américo Cerrutti, en [3]. Lorsque A Lanterna s'arrête et qu'elle commence à lire A Plebe, ce journal lui convient davantage encore[5]. Elle en devient une lectrice assidue avant de commencer à y rédiger des articles, sous de nombreux pseudonymes, le plus connu étant Isa Ruti[5]. À ses débuts en 1911, elle écrit d'abord des textes anticléricaux[6], puis progressivement des textes ouvertement anarchistes[7]. Ses activités font qu'elle se fait reconnaître dans la rue par des militants[5]. Cerruti est en lien avec le milieu anarchiste italien du Brésil et écrit dans certaines de leurs publications, comme La Difesa[8]. Elle craint d'être déportée en Italie par la police brésilienne, qui la surveille et utilise ce procédé pour se débarrasser de ce type d'opposants politiques[8]. Elle participe à diverses organisations syndicalistes révolutionnaires ou anarcho-syndicalistes à partir des années 1920[8].
Ses actions font qu'elle devient une « figure importante de la gauche au Brésil » et du mouvement anarchiste brésilien[9]. Cerruti co-fonde par ailleurs la Fédération Féminine Internationale (FFI) avec Maria Lacerda de Moura et Bertha Lutz[10],[11].
Elle poursuit son militantisme et ses publications jusqu'à sa mort à São Paulo le [3].
Pensée
Cerruti développe une pensée communiste libertaire et anarcho-syndicaliste riche, fournie et cultivée, avec de nombreuses références théoriques et explicites à des figures de la pensée anarchiste, notamment à « [notre] inoubliable maître et camarade Errico Malatesta » et à Pierre Kropotkine[12]. En réalité, il reste très difficile de saisir l'ampleur de sa pensée, qui recouvre des publications anarchistes très nombreuses, denses et peu étudiées éparpillées sur près de 50 ans de production et qui ne s'interrompent qu'avec sa mort, en 1970[12].
Cerruti évolue aussi dans sa pensée au fil du temps : alors que dans les années 1920, elle soutient que la lutte doit être menée contre le capitalisme et la domination politique[8], et qu'avec leur fin, les femmes et les hommes verraient toute domination de genre disparaître[8], dans les années 1930, elle propose des réponses à des problématiques spécifiques aux femmes[8].
La militante s'affirme rapidement très critique de l'URSS et du marxisme-léninisme, refusant de rejoindre le Parti communiste alors qu'un ami l'invite à le faire[8]. En 1934, Cerruti écrit un article consacré au sujet, qui s'appelle Sur le péril de la Russie, où elle écrit[8] :
« Nous pourrions faire une œuvre purement prolétarienne sans [suivre] la Russie ; car, à ce que l'on sait, la Russie n'a pas satisfait les pleins idéaux de liberté pour ses ouvriers. De plus, en Russie, il existe encore, après dix-sept ans de gouvernement 'prolétaire', le système d'échange des produits contre de l'argent. [...] Qui sait si l'ardeur patriotique des hommes d'État russes, dans leur extrême ambition nationaliste, ne les pousse pas à établir la prévalence du peuple russe sur les autres peuples ? Nous savons de quels procédés se servent les fourbes dirigeants pour insinuer dans l'esprit du peuple ignorant et humble les idées qui leur conviennent, créant ainsi une mentalité et même une psychologie collective favorable aux plans les plus audacieux d'ambition. Nous savons également de quoi sont capables les patriotes convaincus que le monde doit rester découpé et nommé selon les convenances du capitalisme. »
Cerruti soutient aussi qu'il faut transmettre de la propagande révolutionnaire et anarchiste aux militaires en priorité, car ils seraient des victimes, comme les autres prolétaires, du système qui les exploiterait[13]. Ce serait donc un groupe social à politiser en priorité[13].
Notes et références
- ↑ On trouve aussi Isa Rutti et au moins cinq autres pseudonymes.
- Fernanda de Almeida 2018, p. 5-6.
- Rosa da Silva 2018, p. 14-15.
- Rosa da Silva 2018, p. 17-20.
- Rosa da Silva 2018, p. 17-22.
- ↑ (es) Eloísa Benvenutti de Andrade, « Feminismo y Anarquismo en Brasil: diseño desde la experiencia », sur Redes Libertarias, (consulté le )
- ↑ Rosa da Silva 2018, p. 24-26.
- Fernanda de Almeida 2018, p. 8-12.
- ↑ Fernanda de Almeida 2018, p. 1-2.
- ↑ (pt-BR) Maria Lacerda de Moura, A mulher é uma degenerada, Tenda de Livros, coll. « Aquela mulher », (ISBN 978-85-68151-10-5, lire en ligne), p. 28
- ↑ Eloisa Torrão Modestino et Marina Mayumi Bartalini, « Uma lutadora apaixonada pela justiça e pela liberdade », dans Fernanda Grigolin, A mulher e uma degenerada, São Paulo, Tenda de Livros, , p. 28-31
- Rosa da Silva 2018, p. 22-24.
- (pt) Kauan Willian dos Santos, « "Reunindo numerosos camaradas": Organizações políticas anarquistas e libertárias no período da Primeira República no Brasil. », Revista Estudos Libertários, vol. 5, no 13, (ISSN 2675-0619, lire en ligne, consulté le )
Bibliographie
- (pt) Daniela Fernanda de Almeida, Isabel Bertolucci Cerruti: vida, trajetória política e escritos de uma mulher militante (1910-1937), Guarulhos, Historia & Democracia, (lire en ligne)
- (pt) Rodrigo Rosa da Silva, « Isabel Cerruti (1886-1970): uma vida dedicada ao “sonho libertário” e ao “triunfo da anarquia” », dans Isabel Cerruti, O triunfo da Anarquia e outros escritos (lire en ligne)
- Naissance en août 1886
- Naissance à São Paulo
- Journaliste brésilien du XXe siècle
- Féministe libertaire brésilienne
- Décès en janvier 1970
- Décès à São Paulo
- Décès à 83 ans
- Communiste libertaire
- Personnalité utilisant un pseudonyme
- Écrivain libertaire brésilien
- Femme politique brésilienne
- Histoire du Brésil
- Militant pour les droits des femmes