Une isométrie affine est une transformation bijective d'un espace affine euclidien dans un autre qui est à la fois une application affine et une isométrie (c'est-à-dire une bijection conservant les distances).
Si cette isométrie conserve aussi l'orientation, on dit que c'est un déplacement. Si elle inverse l'orientation, il s'agit d'un antidéplacement.
Les déplacements sont les composés de translations et rotations. Les réflexions sont des antidéplacements.
On désigne par
le plan (c.-à-d., plus précisément, un plan affine réel euclidien).
Les applications suivantes sont des isométries de
:
- Étant donné un vecteur
l'application qui, à tout point
, associe le point
tel que
: c'est la translation de vecteur
. Sa réciproque est la translation de vecteur
. Elle n'a aucun point fixe, sauf si
, auquel cas c'est l'identité.
- Étant donné un point
de
et un angle orienté
, l'application qui fixe
et, à un point
distinct de
, associe l'unique point
tel que
et
: c'est la rotation plane de centre
et d'angle
. Sa réciproque est la rotation de centre
et d'angle
.
- Étant donné une droite
l'application qui, à tout point
, associe le point
tel que
, où
est le projeté orthogonal de
sur
: c'est la symétrie axiale par rapport à
. On peut la définir autrement : si
alors
et si
alors
est tel que
est la médiatrice de
. Les symétries sont involutives.
- Une isométrie du plan ayant trois points fixes non alignés est l'identité.
- Une isométrie du plan autre que l'identité ayant au moins deux points fixes A et B est la réflexion par rapport à la droite (AB).
- Une isométrie du plan ayant un unique point fixe A est une rotation de centre A.
Démonstration
- Soit
une isométrie plane autre que l'identité. Soit
un point du plan et
tel que
. Un point fixe
de
vérifie
donc est sur la médiatrice de
: les points fixes sont donc alignés. Par contraposée, si
a trois points fixes non alignés, c'est l'identité.
- Soit
une isométrie plane autre que l'identité ayant au moins deux points fixes
et
et
la réflexion par rapport à la droite
. Soit
un point n'appartenant pas à
. Alors son image
par
vérifie
et
donc
appartient à l'intersection de deux cercles de centres respectifs
et
. Cette intersection a au plus deux points et
est différent de
(sinon
aurait trois points fixes non alignés et serait l'identité, ce qui est exclu par hypothèse) donc
et
sont les deux points d'intersection respectifs de ces cercles (rappelons que deux cercles de centres distincts ont au plus deux points en commun). Comme
et
,
et
sont sur la médiatrice de
; par définition, on a donc
. Comme
et
,
a trois points fixes non alignés (à savoir
,
et
), donc
. On a donc
, i.e.
(car les réflexions sont involutives.
est donc la réflexion par rapport à la droite
.
- Si
possède un unique point fixe
: soit
un point distinct de
et
. On a alors
. Soit
la médiatrice de
et
la réflexion par rapport à la droite
. D'une part,
, donc
et
; d'autre part,
. L'application
possède donc au moins deux points fixes:
et
.
est donc soit l'identité soit une réflexion. On ne peut avoir
, car sinon
aurait une infinité de points fixes (tous les points de
).
est donc une réflexion
par rapport à une droite passant par
(car
). On a donc
et f est donc une rotation car composée de deux réflexions d'axes sécants.
Si une application d'un espace euclidien dans lui-même conserve les distances alors elle est affine, et son application linéaire associée conserve la norme donc est un automorphisme orthogonal[1]. Réciproquement, toute application affine dont l'application linéaire associée est un automorphisme orthogonal est une isométrie affine.
Les automorphismes orthogonaux sont caractérisés par le fait que leur matrice dans une base orthonormée est une matrice orthogonale.
Parmi les isométries affines on distingue, de même que parmi les automorphismes orthogonaux, les déplacements (isométries affines directes), qui conservent l'orientation, et les antidéplacements (isométries affines indirectes), qui la renversent. Le déterminant de la matrice précitée vaut respectivement +1 ou –1. Les antidéplacements sont aussi appelés antirotations ou roto-inversions.[réf. souhaitée]
Exemples. Les translations sont des déplacements sans point fixe. En dimension 2 ou 3, une rotation affine est un déplacement ayant au moins un point fixe. Dans le plan, les antidéplacements sont les réflexions et les réflexions glissées.
Pour étudier les isométries affines en dimension quelconque, on s'intéresse à l'automorphisme orthogonal
associé défini de la sorte : si
est une isométrie affine de
, alors son automorphisme orthogonal associé est
![{\displaystyle {\begin{array}{lcl}\phi &:&E&\rightarrow &E\\&&{\overrightarrow {MN}}&\mapsto &{\overrightarrow {f(M)f(N)}}.\end{array}}}](https://wikimedia.org/api/rest_v1/media/math/render/svg/8685ac173975a2ceef62baac7385a584856c3f1d)
Dès lors, l'étude des points fixes de
et de
permet de conclure sur la nature de
.
- Si
admet des points fixes alors :
- si par exemple
est une rotation vectorielle alors, en dimension 2 ou 3,
sera une rotation.
- en particulier si
est l'identité vectorielle alors
sera l'identité.
- Si
n'admet pas de points fixes alors
se décompose de manière unique comme composée d'une isométrie affine avec points fixes (on revient donc au cas précédent) et d'une translation de vecteurs dans la direction des points fixes de l'isométrie précédente. En particulier, en dimension 3, si
est une rotation vectorielle alors
est un vissage.