L'école juridique (madhhab) chiite dit Ja'fariya ou jafarite (en arabe : الجعفري, aussi appelée école des Ahl al-bayt[1]) est la première école islamique apparue d'interprétation de fiqh du Coran d'inspiration chiite (contrairement aux quatre grandes écoles sunnites, avec lesquelles elle ne présente cependant pas de différences majeures[2]). Elle a été fondée par Ja'far al-Sâdiq (702-765), descendant du prophète de l'islam Mahomet et sixième imam de l'islam chiite duodécimain.
L'imam Sâdiq était réputé pour sa connaissance et sa science vaste et profonde en théologie et en hadith, au point que certains nomment la confession chiite, la confession ja'farî (persan : مذهب جعفری) (cela est appelé également le fiqh ja'fari).
Comme les autres madhhab, le jafarisme utilise comme le Coran et la Sunna comme base de son fiqh. S'y rajoutent le consensus des opinions (avec au moins l'avis de Mahomet ou d'un Infaillible) et le raisonnement humain, c'est-à-dire la capacité à produire des jugements à partir de raisonnements[3].
Elle est imposée comme religion d'État en Iran lors de la prise de pouvoir des Séfévides aux XVIe et XVIIe siècles[4], puis abolie sous la dynastie Pahlavi[5] pour ensuite être rétablie par la révolution islamique de 1979[6]. Elle compte un grand nombre d'adeptes surtout en Iran[7], Irak[8], Azerbaïdjan[9]. On retrouve également une très grosse minorité au Liban[10], en Afghanistan[11], au Pakistan[12], en Inde[13], et en Asie du Sud-Est[14].
En 1959, l'université al-Azhar du Caire, le plus important centre théologique sunnite, reconnait le jafarisme comme un madhhab, une école juridique musulmane qu'il est correct, sur un plan religieux, de suivre dans le culte, au même titre que les quatre autres madhhab sunnites[3].
Notes et références
- ↑ Dictionnaire du Coran, Éditions Robert Laffont
- ↑ Hervé Bleuchot, Droit musulman. Chap. II, section I, §4, Presses universitaires d’Aix-Marseille, (lire en ligne)
- (en) The Oxford Dictionary of Islam : Jafari: Shii Legal Thought and Jurisprudence, Oxford University Press, (ISBN 9780195125580, lire en ligne).
- ↑ « L’Iran des Safavides : la naissance d’un État chiite (XVIe – XVIIe siècles) - Les clés du Moyen-Orient », sur www.lesclesdumoyenorient.com (consulté le )
- ↑ Yves Bomati et Houchang Nahavandi, Mohammad Réza Pahlavi : Le dernier shah / 1919-1980, edi8, , 704 p. (ISBN 978-2-262-04204-2, lire en ligne)
- ↑ Encyclopædia Universalis, « RÉVOLUTION ISLAMIQUE IRANIENNE », sur Encyclopædia Universalis (consulté le )
- ↑ Arefeh Hedjazi, « Le chiisme en Iran avant les Safavides - La Revue de Téhéran | Iran », sur www.teheran.ir (consulté le )
- ↑ « IRAK. Nadjaf, le Vatican du chiisme », Courrier international, (lire en ligne, consulté le )
- ↑ (en) « Religious Beliefs In Azerbaijan », WorldAtlas, (lire en ligne, consulté le )
- ↑ Kinda Chaib, « Les identités chiites au Liban-Sud », Vingtième Siècle. Revue d'histoire, vol. n° 103, no 3, (ISSN 0294-1759, lire en ligne, consulté le )
- ↑ (en) « Les Hazaras, minorité chiite montante de l'Afghanistan », sur www.lemondedesreligions.fr, (consulté le )
- ↑ (en-US) Laila Rajani, « Heart of darkness: Shia resistance and revival in Pakistan », Herald Magazine, (lire en ligne, consulté le )
- ↑ (en) Syed Ali Nadeem Rezavi, « The state, Shia‘s and Shi‘ism in medieval India, The state, Shia‘s and Shi‘ism in medieval India », Studies in People's History, vol. 4, no 1, , p. 32–45 (ISSN 2348-4489, DOI 10.1177/2348448917693738, lire en ligne, consulté le )
- ↑ (en) « Malaysia ‘hard place’ for Shia Muslims », Mehr News Agency, (lire en ligne, consulté le )