Mifune (à gauche) avec J. Kano. | ||||
Contexte général | ||||
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Sport pratiqué | Judo | |||
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Kyūzō Mifune (三船久蔵 Mifune Kyūzō), né le et mort le , est un judoka japonais, classé comme l'un des plus grands pratiquants de l'art du judo après son fondateur[1], Kano Jigoro. Il est considéré par beaucoup comme le plus grand technicien de judo, après Kano[1]. Il était 10e dan.
Jeunesse
Le 21 avril 1883, kyuzo Mifune est né un an après la fondation du Kodokan, dans la préfecture d'Iwate sur l'île d’Honshū au Japon. Enfant, il est incorrigible et entraîne même ses amis dans chacune de ses espiègleries et ses bêtises. Il est aussi brillant qu’insolent. Son père, très strict en matière d’éducation, perd tout espoir de remettre le plus jeune de ses sept enfants dans le droit chemin. À l’âge de 13 ans, il décide de l’envoyer en pension au lycée de Sendai dans le Nord du Japon. C’est là que Mifune découvre le judo et décide de s’y consacrer. À 14 ans, lors d’un tournoi contre un autre lycée, il remporte neuf victoires consécutives.
Après l’obtention de son diplôme, il part à Tokyo et rentre en école préparatoire pour être accepté à l’université de Waseda. Mais, il n’a qu’une idée en tête, entrer au Kodokan. À cette époque, il n’y a qu’un seul moyen d'entrer dans cette école prestigieuse : obtenir un entretien avec son fondateur Jigorō Kanō sur recommandation d’un judoka haut gradé et signer le serment de sang. Mifune ne connaît personne au Kodokan. Pour le présenter, il choisit alors Sakujiro Yokoyama, un judoka qui a une redoutable réputation. Surnommé « le démon de Yokoyama », sa technique rapide et puissante contribue à la renommée du Kodokan. Pour faire entendre sa requête, Mifune campe littéralement sur le seuil de Yokoyama. Celui-ci finit par accepter et parle de cet élève obstiné à Jigorō Kanō.
Mifune rejoint le Kodokan en , il est alors âgé de vingt ans. Deux ans plus tard, son père s’aperçoit qu’il passe plus de temps à faire du judo qu’à étudier et lui coupe les vivres. Mifune se met donc à la recherche d’un travail. Il décide de créer son journal et sa petite entreprise prospère grâce à la vente d’espace publicitaire. Après avoir fait d’importants profits, il entre à l’université de Keio pour suivre des cours d’économie.
Carrière de judoka
Après son entrée au Kodokan, Mifune devient ceinture noire 1er dan (shodan) en quinze mois et il ne lui faut que quatre mois pour devenir 2e dan (nidan). Très rapidement, Mifune se forge une solide réputation. Il n’a jamais été vaincu au tournoi annuel du Kodokan appelé « le tournoi rouge et blanc ». Un peu avant 1912, il est 6e dan et professeur de judo. À trente ans, son père lui trouve une épouse comme le veut la tradition japonaise. Mifune qui n’est revenu qu’une seule fois dans sa région natale depuis qu’il l’a quittée, y revient pour s’y marier. Durant les vingt années qui suivent, sa réputation du judoka ne cesse de grandir. À quarante ans, Mifune relève un défi, celui de battre un lutteur de sumo de 1,83 m et 108 kg alors que lui ne fait que 1,58 m et 45 kg. Il terrasse son adversaire en le plaquant au sol avec son spécial ukiotoshi.
En 1937, Jigorō Kanō l’élève au 9e dan (kudan).
À la mort de ce dernier en 1938, Mifune devient le professeur le plus influent du Kodokan. Les étudiants se plaignent qu’il s’emporte facilement pendant les cours, il est plus craint qu’aimé.
Il atteint le 10e dan (judan) le et devient le quatrième judoka à en être honoré.
Mifune est un homme qui ne fait pas d’excès, il mange avec modération, dort sur un lit de style occidental et ne fume pas.
En 1956, il écrit un livre, devenu un classique en matière de judo : The Canon of Judo qui étudie ce sport aux niveaux historique, philosophique et technique. Dans la préface du livre, écrit par E. J. Harisson, on peut lire que la base de la philosophie de Mifune est : « la liberté dans le changement continu ».
En , Mifune fonde avec d'autres experts japonais, l'International Martial Arts Federation, chargée de promouvoir la pratique des arts martiaux du Japon[2].
L'influence de Mifune sur le judo d’après-guerre ne doit pas être sous-estimée. Son habileté était peut-être la plus élégante jamais vue au Kodokan. Son judo dynamique et limpide était une base naturelle pour le développement explosif du judo sportif dans le monde entier.
Trevor Leggett, qui fréquenta le Kodokan pendant de nombreuses années, remarqua d'ailleurs que le judo était « beaucoup plus lourd » au Kodokan avant la deuxième guerre mondiale qu'après. Ce qui pourrait venir de l'influence de Mifune.
En 1964, Mifune participe aux Jeux Olympiques de Tokyo en tant qu’organisateur, malgré le fait qu’on lui ait diagnostiqué un cancer de la gorge. En décembre de cette même année, il entre à l’hôpital et y meurt le à l'âge de 81 ans. Au moment de sa mort, il était le dernier judoka 10e dan du Kodokan.
Développement du judo
La Seconde Guerre mondiale fut un grand tournant pour le Kodokan Judo. La mort de Jigoro Kano avant la guerre, la capitulation japonaise, l'occupation après-guerre et l'interdiction des arts martiaux ont contribué à une période d'incertitude dans le judo au Japon. La réapparition du Kodokan après la guerre fut principalement due à deux personnes : Kyuzo Mifune et le général américain Curtis LeMay.
Curtis LeMay, plus tard directeur du Strategic Air Command, et adjoint du général Douglas MacArthur pendant l'occupation américaine du Japon, fait pratiquer au Kodokan a routine part of Air Force tours of duty in Japan, et beaucoup d'Américains rapportèrent chez eux des histoires de ce petit vieil homme, projetant des jeunes hommes sans effort apparent.
Un combattant redoutable
Mifune Kyuzo restera invaincu au tournoi du Kodokan, l'école du fondateur de cette discipline, Kano Jigoro. Mifune-sensei est le héros de nombreuses anecdotes. L'une des plus célèbres reste celle de son combat contre un lutteur de Sumo âgé de 40 ans, où Mifune mesurait 1,58 m et pesait 45 kg, alors que son adversaire faisait 1,83 m et 108 kg. Mifune remporta le combat en projetant au sol son adversaire plus grand, plus fort et plus lourd que lui.
Rivalité avec O'sensei
Si les défis ont pour ainsi dire disparus de la pratique contemporaine, il y en eu un certain nombre jusque dans les années soixante. Bien qu'il fût un personnage public, la vie de Ueshiba Morihei est assez obscure sur de nombreux plans, notamment sur les combats auxquels il aurait participé, comme contre le boxeur « Piston » Horiguchi. Il n'en reste pas moins que beaucoup comparèrent sa pratique à celle de Kyuzo Mifune.
Mifune était en réalité bien plus célèbre et médiatisé qu'O'sensei à l'époque. Héros populaire comme peuvent l'être les sportifs professionnels d'aujourd'hui, il était représenté dans des livres pour enfants, etc. Sa technique signature, kubi-nage, était connue par tous : cette projection était souvent comparée aux kokyu-nage de Ueshiba. Beaucoup rêvaient d'une rencontre entre ces deux géants.
Il n'est pas impossible qu'une telle rencontre ait pu avoir lieu. Il est d'ailleurs raconté que c'est la raison pour laquelle O'Sensei refusa toujours de faire des démonstrations en présence de Mifune, arguant que pour un adepte de ce niveau, voir son travail lui donnerait un avantage considérable. Il s'agit peut-être d'une légende, mais celle-ci est loin d'être improbable ou incroyable.
Essence du Judo
Il existe quelques films montrant Mifune en action. Le plus complet est Essence of Judo[3]. On y trouve des démonstrations techniques ainsi que des randoris contre des pratiquants de niveau intermédiaire, mais également de hauts gradés, 6, 7 et 8e dan.
Notes et références
- (ja) « いわてゆかりの人々 », Iwate Prefecture.
- (en) « IMAF History », sur IMAF (consulté le ).
- « 10th Dan Judoka Kyuzo Mifune - The Essence of Judo English Subtitled » (consulté le )