The Wheels of Chance
La Burlesque Équipée du cycliste | ||||||||
« "You're pretty unsociable", he said slowly, as Mr Hoopdriver seized the handles and stood ready to mount as soon as the cart has passed » (« - Vous n'êtes guère aimable ! - Proféra-t-il tranquillement tandis que le voyageur saisissait les poignées du guidon, de façon à remonter en selle dès que la charrette serait passée. ») (Chap.4) | ||||||||
Auteur | H. G. Wells | |||||||
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Pays | Royaume-Uni | |||||||
Genre | roman comique | |||||||
Version originale | ||||||||
Langue | Anglais britannique | |||||||
Titre | The Wheels of Chance | |||||||
Éditeur | J. M. Dent & Co | |||||||
Lieu de parution | Londres | |||||||
Date de parution | 1896 | |||||||
Version française | ||||||||
Traducteur | Henry-D. Davray et Bronisław Kozakiewicz | |||||||
Éditeur | Mercure de France | |||||||
Lieu de parution | Paris | |||||||
Date de parution | 1906 | |||||||
Illustrateur | James Ayton Symington | |||||||
Chronologie | ||||||||
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La Burlesque Équipée du cycliste (titre original en anglais : The Wheels of Chance) est un roman de jeunesse de H. G. Wells, relatant une randonnée cycliste dans le sud de l'Angleterre durant le mois d'août 1895, dans une veine humoristique comparable à celle de Trois hommes dans un bateau de Jerome K. Jerome (1889). Il est publié en 1896 par J. M. Dent & Co.
Résumé et contexte
Cette comédie raconte les vacances estivales à bicyclette d'un petit employé d'un magasin de tissus londonien. Dans son trajet vers la côte sud, son chemin croise par hasard à plusieurs reprises celui d'un couple étrange qui semble se diriger dans la même direction. Il tombe sous le charme de la jeune fille, prénommée Jessie.
La rédaction du livre date du sommet de la « folie du cyclisme » (1890-1905), lorsque des bicyclettes à la fois pratiques et confortables devinrent pour la première fois largement accessibles à un prix modique, et avant les débuts de l'automobile. L'avènement de la bicyclette met en branle de brusques et profonds changements dans la société anglaise. Les membres de la classe ouvrière sont en mesure de parcourir des distances appréciables, de manière à la fois rapide et peu onéreuse, et l'idée même de voyage pour le plaisir se présente pour la première fois comme une possibilité à des milliers de personnes. Cette liberté nouvelle, touchant un nombre considérable d'individus, commence à fissurer la rigide structure de la société de classes anglaise et donne une impulsion particulière au mouvement existant vers l'émancipation féminine. Dans l'histoire racontée ici, Wells explore ces changements sociétaux.
Intrigue
Le héros de l'histoire, Mr Hoopdriver[N 1],[1], est un petit vendeur employé dans un magasin de tissus dans le quartier londonien de Putney[2]. Le poste qu'il occupe est mal payé et peu valorisant (c'est aussi l'un des métiers que Wells lui-même a brièvement pratiqués). Cependant, il possède sa propre bicyclette et prépare une randonnée cycliste sur la Southern Coast pour ses dix jours de vacances annuelles.
Hoopdriver surmonte les frustrations de son existence quotidienne en s'évadant par l'imagination dans un monde de fantaisie. Il ne fait preuve d'aucun talent pour monter sa bicyclette de 43 livres et à travers sa maladresse transparaissent à la fois les hésitations de Wells lui-même dans sa manière de décrire le système de classes anglais et son regard critique sur cette société. Néanmoins, le personnage de Hoopdriver est traité de manière sympathique : « Mais si vous avez saisi comment un simple calicot, un jocrisse monté sur roulettes, et un sot par-dessus le marché, en arriva à percevoir les petites insuffisances de la vie, et s'il a, dans une mesure quelconque, gagné votre sympathie, mon but est atteint »[C 1],[3].
L'aventure estivale de Hoopdriver commence de façon lyrique : « Ceux-là seuls qui peinent six longs jours sur sept et toute l'année durant, sauf une brève mais glorieuse série de dix ou quinze jours d'été, ceux-là seuls connaissent les délicieuses sensations du premier matin de congé. Toute la morne et fastidieuse routine s'éloigne de vous brusquement, vous voyez vos entraves tomber à vos pieds. [...] Il y avait des merles sur la route de Richmond, et une alouette dans le parc de Putney. Tout l'air était rafraîchi de rosée ; et la rosée (à moins que ce ne fussent les restes d'une ondée nocturne) étincelait gaiement sur les feuilles et sur l'herbe. [...] Il conduisait sa machine à la main dans le parc de Putney Hill, et son cœur chantait en lui. »[C 2],[4].
Il fait dès le premier jour la rencontre d'une séduisante jeune fille vêtue de gris qui circule comme lui à bicyclette et porte des rationals (une jupe-culotte de type bloomers)[N 2].
Il n'ose pas engager d'emblée la conversation avec celle qu'il appelle « la Jeune Dame en Gris » (The Young Lady in Grey) mais leurs chemins se croisent ensuite régulièrement. On apprend finalement qu'elle se nomme Jessie Milton, n'est âgée que de dix-sept ans, et qu'elle a fui sa belle-mère vivant à Surbiton, avec la complicité d'un homme plus âgé et sans scrupules, un certain Bechamel (traduit en français par Beauchamp) entre les mains duquel elle risque « la ruine ». Bechamel a promis à la naïve Jessie de l'aider à s'établir dans une vie indépendante mais en réalité n'a d'autre intention que de la séduire. De manière ironique cette fuite a été, en partie, inspirée à la jeune fille par les idées libérales non conventionnelles contenues dans les romans populaires dont sa belle-mère est l'auteur.
Presque sans s'en rendre compte, Hoopdriver la tire des griffes de Bechamel et ils poursuivent ensemble leur voyage cycliste à travers le sud de l'Angleterre. Gêné de dévoiler sa situation réelle, Hoopdriver s'invente d'abord des origines sud-africaines et une vie de confort et de richesse jusqu'à ce que la honte l'amène à confesser sa vraie vie. Mais il se montre aussi courageux en administrant une correction à un villageois insolent pour avoir proféré une insulte grossière visant la jeune fille.
Cette rencontre inspire à Hoopdriver le désir de devenir meilleur, en même temps que des sentiments impossiblement romantiques à l'égard de Jessie. Finalement un groupe composé de sa belle-mère, de certains des admirateurs de cette dernière et de son ancienne institutrice parvient à les rattraper. Jessie rentre à la maison et Hoopdriver retrouve la draperie Emporium of Messrs. Antrobus & Co., mais Jessie lui a promis de lui envoyer quelques livres et lui a laissé entrevoir un vague espoir que « d'ici six ans les choses peuvent être différentes »[5].
L'éducation livresque et romantique de Jessie l'a maintenue dans l'ignorance des réalités de la vie, ce qui explique sa crédulité face à la comédie des histoires improvisées, mi-astucieuses mi-ridicules de Hoopdriver sur la vie en Afrique. Mais elle-même a aussi ses propres aspirations à une vie indépendante : « Elle allait vivre sa propre Vie avec emphase » (« She was going to Live her Own Life, with emphasis »[6]. L'intention de H.G. Wells dans La Burlesque Équipée du cycliste pourrait être interprétée comme satirique si la situation de ses personnages n'était pas aussi proche de la propre histoire de l'auteur et de celle de sa seconde femme, Catherine Robbins.
Lieux de l'action
Wells décrit dans son intrigue des lieux réels, et l'on[style à revoir] peut suivre sur une carte l'itinéraire complet des protagonistes. Parmi les localités traversées, on[style à revoir] peut citer :
- Surbiton, où, au chapitre 5, Hoopdriver rencontre pour la première fois Jessie ;
- Cobham ;
- Ripley, où Hoopdriver se repose et se restaure à la taverne de la Licorne (The Unicorn), tandis que Jessie et Bechamel font halte à l'auberge du Dragon Doré (The Golden Dragon). Cette bourgade située sur l'ancienne route de Portsmouth était, en 1887, considérée par le vicomte Bury, président de la National Cyclists' Union, comme « la Mecque de tous les bons cyclistes »[7],[8]. C'est ainsi que la route de Londres à Ripley était à l'époque de la rédaction du roman l'une des plus fréquentées par les cyclistes en Angleterre. La distance de 23 miles séparant Ripley de la capitale pouvait être parcourue en un aller-retour d'une journée par les meilleurs d'entre eux. Wells a modifié le nom de la taverne de l' Ancre (Anchor) en celui de Licorne[9]. Le village de Ripley sera à nouveau mentionné par Wells un an seulement après la parution de ce récit cycliste dans son roman d'anticipation au ton très différent La Guerre des mondes, publié sous la forme de feuilleton dans le Pearson's Magazine en 1897. On y voit un des tripodes martiens détruire le parc de Painshill (en) après avoir échappé au tir des cannoniers postés à Ripley[10].
- Guildford, où, au sommet du donjon des ruines du château, se produit la quatrième rencontre de la Jeune Dame en Gris, avec Hoopdriver (chapitre 9) ;
- Godalming ;
- Milford ;
- Haslemere ;
- Midhurst ;
- Chichester ;
- Bognor : c'est dans cette station balnéaire du Sussex occidental, à l'hôtel de la Vigogne (« Vicuna Hotel ») que Hoopdriver vient au secours de Jessie et l'aide à s'enfuir ;
- Chichester Harbour ;
- Havant ;
- Botley (Hampshire) ;
- le hameau de Wallenstock : il s'agit du seul toponyme fictif de l'histoire. On[style à revoir] peut cependant facilement y reconnaître, d'après les indications données dans le texte, la bourgade de Stockbridge[11] une dizaine de kilomètres au nord-ouest de Winchester, sur la route de Salisbury dans lequel, « dans une auberge de village d'apparence exceptionnellement prospère » (« in an exceptionally prosperous-looking village inn »), Hoopdriver venge l'honneur de Jessie en se battant avec le villageois Charlie (chapitre 32) ;
- Blandford : c'est dans ce village du Dorset que Hoopdriver, à l'auberge du faisan doré (Golden Pheasant) avoue sa véritable identité à Jessie ;
- Ringwood ;
- Stoney Cross ;
- la Rufus Stone, une stèle commémorative de la mort de Guillaume le Roux érigée dans le hameau de Brook à l'intérieur du parc national New Forest (où Hoopdriver fait ses adieux à Jessie).
Analyse
Adaptation
Le roman a été adapté au cinéma en 1922 par Harold M. Shaw sous le titre The Wheels of Chance avec George K. Arthur dans le rôle de Hoopdriver et Olwen Roose dans le rôle de Jessie.
Notes et références
Notes
- Hoopdriver est un patronyme imaginaire qui signifie littéralement : « celui qui fait rouler un cerceau » : l'effet produit est d'autant plus comique qu'il est ici porté par un personnage un peu niais, qui ne maîtrise pas l'art de rouler sur deux roues. Il pourrait être rendu approximativement en français par « Roulecersot »
- Le terme rationals fait référence à une tenue vestimentaire d'avant-garde à l'époque victorienne, préconisée par la Rational Dress Society (Société pour un code vestimentaire rationnel) notamment pour certaines activités sportives chez les femmes. Il donne lieu, au chapitre 5, à un jeu de mots impossible à traduire en français, car cette langue ignore l'emploi du substantif rationnel dans ce sens vestimentaire et oblige en outre à distinguer l'adjectif du substantif : « Strange doubts possessed him as to the nature of her nether costume. He had heard of such things of course, French perhaps. [...] And the things were - yes! Rationals! ». Mot à mot : « Il fut pris de doutes étranges sur la nature de son vêtement du bas. Il avait bien sûr entendu parler de choses semblables. [vêtement] Français sans doute. [...] Et les choses étaient - bien sûr ! Des rationnels ! » (ce qui peut aussi se comprendre en anglais : « les choses étaient - Eh bien oui ! Rationnelles ! », le lecteur pouvant avoir entre-temps oublié à quoi s'applique le terme « chose » (things), extrêmement vague, employé initialement). Davray et Kozakiewicz ont pris le parti de ne pas chercher à traduire cette subtilité en s'éloignant sensiblement du texte original : « ... mais quelle forme bizarre avait donc la jupe ? M. Hoopdriver, étant du métier, avait entendu parler des modèles spéciaux pour dames, - des modèles français, naturellement. [...] Et notre touriste constata soudain que ce représentant du sexe faible portait une jupe-culotte. N'était-ce pas une audace immodeste, indécente même ? »
- Il s'agit d'une allusion à la biographie romancée du théologien et poète liturgique médiéval Étienne Langton par Martin Farquhar Tupper (1810-1889) : Stephan Langton or The Days of King John: A Romance of the Silent Pool. Ces précisions ne figurent pas dans la traduction initiale de Davray et Kozakiewicz.
Références
- « La burlesque épopée du cycliste (H.G. Wells) - Résumé et Analyse », sur EmpireSF, (consulté le )
- H.G. Wells, The Wheels of Chance, Ch. i–iii & xxxv.
- H.G. Wells, The Wheels of Chance, Ch. xli.
- H.G. Wells, The Wheels of Chance, Ch. iv.
- H.G. Wells, The Wheels of Chance, Ch. xl.
- H.G. Wells, The Wheels of Chance, Ch. xxxiii.
- Reid 2015, p. 134
- (en) Viscount Bury, K.C.M.G. et G. Lacy Hillier, In : His Grace The Duke of Beaufort, K.G., Alfred E. T. Watson (eds), Badminton Library - Cycling, London, Longmans, Green & Co., (lire en ligne [PDF])
- Reid 2015, p. 140
- Reid 2015, p. 140-141
- (en) T.W. Townsend, « Hampshire - Pubs and Inns with a literary connection », sur Once Upon a Pint : A Reader's Guide to England's Literary Pubs & Inns (consulté le ).
Citations du texte original
- « But if you see how a mere counter-jumper, a cad on castors, and a fool to boot, may come to feel the little insufficiencies of life, and if he has to any extent won your sympathies, my end is attained »
- « Only those who toil six long days out of the seven, and all the year round, save for one brief glorious fortnight or ten days in the summer time, know the exquisite sensations of the First Holiday Morning. All the dreary, uninteresting routine drops from you suddenly, your chains fall about your feet. [...] There were thrushes in the Richmond Road, and a lark on Putney Heath. The freshness of dew was in the air; dew or the relics of an overnight shower glittered on the leaves and grass. [...] He wheeled his machine up Putney Hill, and his heart sang within him. »
Annexes
Bibliographie
Texte
- (en) H. G. Wells, The Wheels of Chance: A Bicycling Idyll, London, McMillan, . (Wikisource anglophone), texte intégral avec illustrations de James Ayton Symington (en) (1859-1939)
- Le texte de la traduction française originale de Henry-D. Davray et Bronisław Kozakiewicz(1906) sur feedbooks.com.
- (en) Le texte intégral sur le site du Projet Gutenberg.
- (en) Version audio sur LibriVox.
Traductions en français
- La Burlesque Équipée du cycliste, traduction de Henry-D. Davray et Bronisław Kozakiewicz, Mercure de France, 1908.
- Les Roues de la chance, traduction d'Albert Savine et Michel Georges-Michel, Albin Michel, 1926.
- La Burlesque Équipée du cycliste, traduction de Henry-D. Davray et Bronisław Kozakiewicz, Folio n°1560, 1984 (ISBN 2070375609).
Ouvrages de référence
- (en) Carlton Reid, Roads were not built for cars : How cyclists were the first to push for good roads & became the pioneers of motoring, Washington, Island Press, , 334 p. (ISBN 978-1-61091-687-5, lire en ligne)