Maniclo Manicla | |
Édition de 1793 | |
Auteur | Pélabon |
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Pays | Comté de Provence, Royaume de France |
Genre | Comédie |
Éditeur | Bonnet |
Lieu de parution | Avignon |
Date de parution | 1790 |
Date de création | 1789 |
Lieu de création | Toulon |
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Maniclo ou Lou Groulié bel esprit (ou Suseto e Tribord selon la graphie mistralienne ; Manicla, Lo Grolier bèl-esprit, Suseta e Tribòrd, selon la norme classique) est une œuvre composée par l'écrivain toulonnais Étienne Pélabon et une des principales pièces de théâtre écrites en langue d'oc au XVIIIe siècle. Selon Christian Anatole, Robert Lafont et René Merle, l'édition originale (1789) fut vendue à 12 000 exemplaires[1].
Cette pièce en deux actes est écrite en alexandrins. Elle est régulièrement ponctuée d'airs ; Frédéric Mistral, dans son introduction de l'édition de 1901 insista pour que Maniclo fût éditée avec les partitions de ces airs ; il précisa même que cette pièce avait une grande importance pour lui et souligna l'avoir vue jouée plusieurs fois dans son enfance[2]
Critique
Au-delà des éditions qui se sont succédé, cette œuvre et son auteur ont été principalement étudiés par le critique et écrivain provençal René Merle. Ce dernier, en s'appuyant sur un constat de Mistral, tout en l'approfondissant et en l'illustrant par des exemples et contre exemples de la scène provençale de l'époque, analyse le succès du Grolier par le naturel sociolinguistique de l'emploi de l'occitan[3].
Personnages
- Maniclo : cordonnier (« manicla » en « classique », qui a donné le français "manique"[4], est le gant que portent les artisans pour se protéger les mains), père de Suseto et père adoptif de Tribord.
- Suseto : fille de Maniclo et fiancée de Tribord.
- Trottoir : marchand fortuné est vieil ami de Maniclo qui vient lui demander la main de sa fille.
- Marroto : servante et confidente de Suseto.
Synopsis
Maniclo, un cordonnier (un grolier, en provençal) toulonnais, avait initialement promis sa fille Suseto à son fils adoptif, le marin Tribord, qui doit l'épouser à son retour de voyage ; cette promesse est d'autant plus forte qu'elle correspond également au souhait de la défunte mère de Suseto et que les deux jeunes amants son liés d'un amour mutuel et passionné. Néanmoins, devenu syndic de sa corporation, et désormais animé de prétentions sociales et financières plus élevées, Lou Groulié désire rompre cet engagement initial et marier Suseto au marchand fortuné Trottoir. Il essaie donc de faire croire à Suseto que Tribord est mort. Suseto désespère dans un premier temps, elle apprend cependant, par son amie Marroto, le retour de Tribord qui parviendra à intimider Trottoir (qui se rétractera) tout en ménageant l'amour propre de Maniclo.
Extrait
Acte II, scène V ; Suseto se lamente :
Provençal (graphie de l'édition de 1793) | Provençal (Norme classique) | Provençal (Graphie mistralienne) | Français |
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Et ben qué n’en dirias d’aqu’eou viey casquaveou, |
E! ben, que ne'n diriatz d’aquèu vièlh cascavèu, |
Eh! bèn, que n’en dirias d’aquéu vièi cascavèu, |
Eh bien qu'en diriez-vous de cet vieux grelot, |
Partitions des airs
Bibliographie critique
- Anatole, Cristian - Lafont, Robert. Nouvelle histoire de la littérature occitane. Paris : P.U.F., 1970.
- Merle, René. Inventaire du texte provençal de la région toulonnaise. La Seyne-sur-Mer : G.R.A.I.C.H.S, 1986.
- Merle, René - Tramoni, Antoine - Vovelle, Michel. Toulon, 1789-1790 : Etienne Pelabon et la réunion patriotique. Marseille : Société d'études historiques du texte original, 1988.
Éditions
- Lou Groulié bel esprit, vo Suzeto et Tribor ; Comédie en deux actes, et en vers provençaux mêlée de chants. Avignon : Bonnet, 1790.
- Lou Groulié bel esprit, vo Suzetto et Tribor : comédie. Avignon : An XIII (1805).
- Lou groulié bel esprit; vo, Suzeto et Tribor, comédie en deux actes et en vers provençaux. Avignon : Raymond, 1821.
- Lou Groulié bel esprit ou Suzeto et Tribor : comédie en 2 actes et en vers provençaux, mêlée de chants. Marseille : Terrasson, 1826.
- Lou groulié bel esprit, vo Suzeto et Tribor. Marseille, 1839.
- Lou groulié bel esprit. Avignon : P. Chaittot, 1840.
- Lou groulié bel esprit, vo Suzeto et Tribor ; comédie en deux actes et en vers provençaux. Toulon : F. Monge, 1850.
- Maniclo ; vo, lou groulié bèl-esprit. Marsiho (Marseille) : P. Ruat, 1901.
Éditions en ligne
- Édition de 1797 (fac-similé ; graphie de l'éditeur).
- Édition de 1821 (fac-similé ; graphie de l'éditeur).
- Édition de 1901 (graphie mistralienne, éditée au format PDF).
Notes
- Merle cite Jan Monnet, dans l'édition de 1901 qui écrit en graphie mistralienne : "se n'en tirè dougè milo eisemplàri, que chabiguèroun coume de pèbre" (graphie classique : "se ne'n tirèt mila exemplaris, que se chabiguèron coma de pèbre" ; "il s'en vendit 12 000 exemplaires qui s'épuisèrent comme du poivre").
- "[...] Escuso-me, ami Roumiéu: se te parle esmougu e loungamen d’aquelo pèço, que, certo, es pau de causo e noun sènso defaut, mais vint cop, dins moun enfanço, sus li geinoun de ma maire, l’ai visto jouga, l’iver; i gènt de moun endré; e, parlant sènso respèt, ni coumèdi ni tragèdi dóu repertòri de Paris an laissa dins moun cor talo empressioun. A prepaus de Paris, fau te dire en acabant que, i’a pas tant de tèms, en 1855, uno troupo marsiheso ié dounè lou Grouliè bèl esprit, sus lou tiatre dóu Palais Rèiau. Ame de créire que li noumbrous coumpatrioto qu’avèn eilamoundaut aguèron la bono pensado d’ana pica di man." (en norme classique : "[..] Excusa me, amic Romiu: se te aprle esmogut e longament d'aquela pèça, que, certe, es pauc de causa e non sensa defaut, mai vint còps, dins mon enfança, sus lei geinons de ma maire, l'ai vista jogar, l'ivèrn; ai gents de mon endrech; e, parlant sensa respèct, ni comèdia ni tragèdia dau repertòri de París an laissat dins mon còr tala empression. A prepaus de París, fau te dire en acabant que, li a pas tan de temps, en 1855, una tropa marselhesa li donèt lo Grolier bel esprit, sus lo teatre dau Palais Reiau. Ame de creire que lei nombrós compatriòtas qu'avèm ailamondaut aguèronla bòna pensada d'anar picar dei mans. - Escuse moi, ami Roumieu: si je parle ému et monguement de cette pièce, qui, cèrte, est peu de choseet non sans défaut, mais vingt fois, dans mon enfance, sur les genoux de ma mère, je l'ai vue jouée, l'hiver; par les gens de chez moi; et,en parlant sans respect, aucune comédie ni aucune tragédie du repertoire de Paris n'ont laissé dans mon cœur telle impression. À propos de Paris, il faut te dire en achevant que, il n'y a pas tant de temps de cela, en 1855, une troupe marseillaise y interpreta Lou Goulié bèl esprit, sur le téatre du palais Royal. j'aime à croire que les nombreux compatriotes que nous avons là-haut eurent la bonne idée d'aller frapper des mains -).
- Le théâtre méridional, principalement francophone, foisonnait en effet d'emplois artificiels du français et du francitan alors que le quotidien de la plupart des milieux socioculturels était exclusivement en langue d'oc. Pélabon, avec cette pièce, offrait un portrait plus réaliste et plus authentique de l'univers quotidien, jusque dans l'intégration du français dans le texte provençal (miroir de l'intégration pastichée du provençal dans les autres pièces populaires contemporaines en français). Merle cite par exemple :"[...]Boun jour, mon bél enfan, vous eto bien joulio [...]" dont la traduction en provençal serait bòn jorn, mon bèu enfant, siatz ben polida.
- In Vernet, Florian. Que dalle ! : quand l'argot parle occitan. Puylaurens : IEO, 2007.