Un mannequin de cabine ou mannequin-cabine ou encore mannequin d'essayage (fit model en anglais) est un mannequin chargé d'essayer un vêtement ou une tenue afin que le créateur puisse voir à quoi ressemble la pièce lorsque celle-ci est portée par une personne[1]. Le terme vient du mot « cabine », qui désigne l'endroit réservé aux mannequins dans une maison de couture. Par extension, la « cabine » est également l'équipe composée de tous ces mannequins.
Présentation
Origines
Le terme vient de l’appellation « cabine de mannequin », ou « la cabine », qui désigne dans une maison de couture l'ensemble des mannequins faisant partie de la maison. Les couturiers embauchaient leurs propres mannequins, salariés et donc permanents et exclusifs à l'entreprise[n 1]. Dans les années 1950, Christian Dior distinguait deux types de mannequins parmi sa cabine, le « mannequin à succès » destiné aux présentations à l'extérieur de l'atelier dans les salons de la maison, et le « mannequin inspirant » qui se chargeait des essayages dès la première maquette du futur vêtement[4]. Les « mannequins inspirants » disposent par ailleurs de leur propre mannequin de bois à leurs mesures pour la pose des premiers patrons du vêtement[5].
« La cabine est un monde à part. comme les loges de théâtre, elle a ses fauteuils, ses lampes et ses miroirs. Comme les loges, elle est un peu sordide. Comme les loges, elle n'est habitée que par des fées[6]. »
Bettina chez Jacques Fath a une carrière fulgurante dans le monde de la mode. À la même époque, l'anglaise Barbara Goalen débute comme mannequin de cabine par obligation, avant de faire une rapide et prestigieuse carrière de modèle pour de nombreux photographes de mode; de même l'actrice Capucine chez Germaine Lecomte pendant quelques années avant de devenir le mannequin de Givenchy en 1952 puis l'actrice hollywoodienne célèbre. Peu après, Victoire Doutreleau est un célèbre mannequin cabine de Dior puis d'Yves Saint Laurent, également source d'inspiration pour ces créateurs[7], tout comme Danielle Luquet de Saint Germain sur qui a été créé le premier smoking féminin de Saint Laurent[8], etc.
De nos jours
Les mannequins de cabine peuvent donner leur avis sur ce qu'ils essaient, ce qui joue un rôle déterminant dans la conception du produit[9]. Ils sont beaucoup employés les jours, voire mois, précédant une semaine de la mode[10]. D'ailleurs de nos jours, « la cabine » désigne, dans les coulisses des défilés, l'ensemble des mannequins d'une marque[11].
Il existe plusieurs types de mannequins de cabine : juniors, femmes, et hommes. Les manufactures embauchent un mannequin de chaque taille fabriquée et vendue ; mais il se distingue souvent le « mannequin cabine » du « mannequin production »[12].
Les mannequins de cabine restent habituellement dans l'ombre. Cependant, il arrive que les marques ou créateurs découvrent de vrais talents. Dans les années 1980, Grace Jones est mannequin-cabine pour Azzedine Alaïa[13] juste avant Farida Khelfa. Katoucha Niane commence comme mannequin-cabine chez Lanvin avant de travailler avec Yves Saint Laurent[14]. Candice Swanepoel est ainsi devenue une Ange Victoria's Secret après avoir été leur mannequin-cabine[15]. Barbara Fialho défile elle aussi pour Victoria's Secret en étant toujours leur mannequin-cabine, et Shanina Shaik est devenue la muse de Jason Wu de la même manière. D'autres sont mannequin cabine avant de changer de voie, telle Emmanuelle Khanh[16], ou Virginie Mouzat devenue journaliste de mode réputée[17].
Notes et références
Notes
- Dans l'ouvrage qu'il a consacré à Bettina, Guy Schoeller explique ce principe :
« Dans ces années là [1947], les mannequins faisaient obligatoirement partie d'une maison de couture. Ils étaient attachés à un couturier qu'ils représentaient exclusivement, ne défilant que pour lui[2]. »
Références
- Jezebel [1]
- Guy Schoeller, Bettina, Paris, Assouline, coll. « Mémoire De La Mode », , 80 p. (ISBN 978-2-84323-084-4, OCLC 406217524, présentation en ligne), p. 9
- Farida Khelfa citée in : Virginie Mouzat, « Farida Khelfa, le charme discret de la beurgeoisie », Culture, sur vanityfair.fr, Condé Nast, (consulté le )
- Catherine Örmen, Dior for ever, Paris, Larousse, coll. « Les documents de l'Histoire », , 128 p. (ISBN 978-2-03-589360-4), « La cabine Christian Dior », p. 50
- Charlotte Piot, « Le mannequin et la couture », dans Olivier Saillard et Anne Zazzo, Paris Haute Couture, Paris, Skira, , p. 60
- Christian Dior cité in : Victoire Doutreleau, Et Dior créa Victoire, Paris, Robert Laffont, , 332 p. (ISBN 2-221-08514-0), p. 13
- Katell Pouliquen, « Christian Dior et Victoire - Souvenirs couture : Christian Dior raconté par son mannequin cabine », L'Express Styles, no 3152, , p. 10 à 13 (ISSN 0014-5270, lire en ligne)
- AFP, « Vente exceptionnelle de haute couture à Drouot », Culture, sur la-croix.com, La Croix, (consulté le ) : « Yves Saint-Laurent "avait créé (la robe, ndlr) sur moi" en 1968, a raconté Danielle Luquet de Saint Germain à l'AFP. "Son inspiration venait sur chaque mannequin. Il créait selon ce que la fille lui inspirait. (…) Il avait créé le smoking sur moi avec une blouse transparente", »
- H&M [2]
- (en) WNYC [3]
- Françoise-Marie Santucci, « Models réduits », Next, sur liberation.fr, Libération, (consulté le ) : « Pourtant, selon le directeur de casting d'une agence de mannequins, Lacroix sélectionne peu ou prou «la même cabine que Chanel» (la « cabine », ou coulisse du défilé, désigne aussi l'ensemble des mannequins choisi par telle maison). » ou selon Jean-Charles de Castelbajac in : Olivier Wicker, « Les mannequins perdent la tête », Culture, sur liberation.fr, Libération, (consulté le ) : « Ma cabine est composée de 70 filles, soit un budget mannequins compris entre 750 000 et 800 000 francs, »
- Hélène Guillaume, « YSL, la classe au masculin-féminin », Féminin, sur madame.lefigaro.fr, Le Figaro, (consulté le ) : « […] chez Yves Saint Laurent, la norme de base est le 38. Sous le regard des stylistes du studio et de la responsable de production, le mannequin cabine (et son petit 36) et le mannequin production (et son vrai 38) essaient tour à tour les prototypes de la saison. »
- « Montana, Alaïa, Mugler... Que sont-ils devenus ? », sur lepoint.fr, Le Point, (consulté le ) : « […] il s'entoure des plus grands top-modèles - Naomi Campbell et Stephanie Seymour entre autres - et choisit l'actrice Grace Jones pour jouer les mannequins cabine. »
- « Katoucha Niane : l'insoumise », Mode, sur glamourparis.com, Glamour (consulté le ) : « Deux mois plus tard, elle signe pour devenir mannequin cabine pour la maison Lanvin. Le début d'une carrière fulgurante. »
- (en) Examiner [4]
- Didier Grumbach, Histoires de la mode, Paris, Éditions du Regard, (1re éd. 1993 Éditions du Seuil), 452 p. (ISBN 978-2-84105-223-3), « Christiane Bailly et Emmanuelle Khanh », p. 271 « Emmanuelle Khanh, elle aussi mannequin de cabine chez Balenciaga, […] »
- Olivier Wicker, « À son corps défendant », Culture, sur liberation.fr, Libération, (consulté le ) : « Son corps lui fait gagner un peu d'argent comme mannequin cabine dans une maison de mode. »
Bibliographie
- Victoire Doutreleau, Et Dior créa Victoire, Paris, Robert Laffont, , 332 p. (ISBN 2-221-08514-0) Autobiographie du mannequin vedette de Dior, Victoire raconte de l'intérieur la vie d'un mannequin de cabine dans les années 1950.
- Olivia Morales et Miguel Hierra, « Les tribulations d'un mannequin de cabine », L'Officiel, Éditions Jalou, no 755, , p. 164 à 167 (ISSN 0030-0403, lire en ligne, consulté le )