Ola est une forge où l'on travaille le minerai de fer. Cette pratique est une longue tradition en Pays basque, son importance économique et sociale a fortement marqué ce peuple. Elles étaient de deux types :
- Aizeola (forge à vent) ou Jentilola (forge des Jentil)
- Urola (forge hydraulique)
Aizeola c'est la forge de montagne, implantée près d'un bois fournissant le combustible (charbon de bois) ou d'une mine (gisement de minerai), très souvent dans les montagnes à haute altitude. Ce type de forge a persisté jusque vers le XIVe siècle. On y faisait du fer fondu que l'on appelait arrabio.
C'est pour utiliser la force motrice des rivières que les anciens basques durent construire leurs forges dans le bas pays, près des rivières. On les appelle urola et elles succédèrent aux premières aizeola. On y fabriquait du fer pâteux que l'on appelle agoa et dont on extrait la scorie (zepa en basque) à coup de marteau (voir forge catalane).
Légendaire des forges
Dans toutes les mythologies, la forge et le forgeron occupent une place prépondérante, avec leurs dieux et héros (Héphaïstos-Vulcain, les Cyclopes...), maîtrisant les éléments : la terre, l'eau, l'air, le feu. Il en va de même au Pays basque.
Dans certains endroits, Saint Éloi est le patron des forgerons. Mais il existe un certain nombre de légendes attribuant le vol des secrets de fabrication de la scie, l'axe de la roue du moulin, la soudure du fer etc. au Basajaun par Martintxiki (Martin petit), connu également sous le nom de San Martiniko. San (Saint) Martintxiki a été vénéré comme s'il s'agissait d'un saint patron des forgerons, inventeur ou initiateur de nouvelles techniques et outillages.
L'activité liée à la forge fut considérée comme un progrès technique de haute importance : elle libérait le peuple de l'emprise des pouvoirs despotiques. Ainsi, avec ses tenailles le forgeron réussit à vaincre les Jentils vantards qui tenaient la population soumise grâce à leur force herculéenne. À l'aide d'une barre de fer chauffée à blanc dans sa forge, un forgeron ôta la vie d'un monstre qui, depuis Murugain (Biscaye), venait périodiquement exiger des victimes humaines. On croit généralement que c'est grâce aux armes sorties de ces forges que l'on a pu bannir les génies maléfiques semant la terreur parmi la population.
Étymologie
Aizeola de aize (« vent ») et ola (« forge »). Urola de ur (« eau ») et ola (« forge »).
Bibliographie
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- Anuntxi Arana (trad. Edurne Alegria), De la mythologie basque : gentils et chrétiens [« Euskal mitologiaz : jentilak eta kristauak »], Donostia, Elkar, , 119 p. (ISBN 9788497838214 et 8497838211, OCLC 698439519)
- Claude Labat, Libre parcours dans la mythologie basque : avant qu'elle ne soit enfermée dans un parc d'attractions, Bayonne; Donostia, Lauburu ; Elkar, , 345 p. (ISBN 9788415337485 et 8415337485, OCLC 795445010)
- Wentworth Webster (trad. Nicolas Burguete, postface Un essai sur la langue basque par Julien Vinson.), Légendes basques : recueillies principalement dans la province du Labourd [« Basque legends »], Anglet, Aubéron, (1re éd. 1879), 328 p. [détail de l’édition] (ISBN 2844980805 et 9782844980809, OCLC 469481008)
- Jean-François Cerquand, Légendes et récits populaires du Pays Basque : Recueillis dans les provinces de Soule et de Basse-Navarre, Bordeaux, Aubéron, (1re éd. 1876), 338 p. [détail de l’édition] (ISBN 2844980937 et 9782844980939, OCLC 68706678, lire en ligne)