La place de la libération pacifique du Tibet, connue également sous le nom de place ou esplanade du Potala, est située à Lhassa dans la région autonome du Tibet.
Origines
Elle fut créée en 1994-1995, pour fêter le 30e anniversaire de la création de la région autonome du Tibet (en 1965). Sa construction était l'un des 62 projets « Aider le Tibet »[1].
Le tibétologue Robert Barnett et Tsering Woeser indiquent que la construction de la nouvelle place a nécessité la démolition de pratiquement tout le village du Shöl, un des derniers secteurs de l'architecture tibétaine de Lhassa[2],[3].
L'architecte André Alexander, précise qu'à l'été 1995, plus de 140 familles résidant à Shöl furent expropriées et réinstallées au nord de Lhassa. Plus de 40 bâtiments anciens, faisant partie de l'ensemble historique « Palais du Potala et Shoel », dont beaucoup du XVIIe siècle, furent démolis tant intra-muros qu'extra-muros, étant jugés à l'époque comme d'importance trop faible pour faire partie de l'ensemble monumental[4]. Selon Kate Saunders, directeur de communication de l'association Campagne internationale pour le Tibet, les autorités prévoyaient de démolir la plus grande partie de ce qui restait du village de Shöl pour y construire une place et un musée. La zone comportant les bâtiments extérieurs aux murailles de Shöl, a été démolie pour créer la place du Potala en 1994-1995[5].
Dans la première moitié des années 2000, l'esplanade du Potala, faisant partie de la zone tampon du site inscrit au patrimoine de l'humanité, fut intégrée au plan d'urbanisme de la ville de Lhassa et fit l'objet d'améliorations visant à en faire une aire de détente pour le grand public (coût : 140 millions de yuan). 142 maisons ou établissements construits des années 1970 et 1980 situés à proximité de la place furent démolis pour faire place à des espaces verts[6]. La célébration du 40e anniversaire de la fondation de la région autonome en 2005 eut lieu sur une place encadrées d'espaces verts[7].
Emplacement et accès
La place est un vaste rectangle d'axe nord-sud qui s'étend au sud de l'avenue Beijing Donglu. La rive nord de cette avenue est occupée par une pelouse longeant la muraille de l'ancien village de Shöl. À mi-longueur de la muraille se trouve une large allée dallée bordée de deux lions chinois et menant au bâtiment d'entrée du site du patrimoine mondial.
On accède à l'esplanade, en venant de cette entrée, par un passage souterrain piétonnier, décoré à la tibétaine[8].
La place comprend, à l'est, une zone de canaux et de lacs et, à l'ouest, un espace vert. À l'ouest de la place, se trouve le centre de radio télévision et, plus à l'ouest, la tour des télécommunications.
Aménagements
Description
La place est entièrement pavée de dalles de granit poli[réf. nécessaire].
À la bordure sud de cette vaste esplanade carrée, et en dehors des zones de protection du site du patrimoine mondial[9], se dresse le mémorial de la libération pacifique du Tibet. Devant le mémorial, se dresse un mât où est hissé le drapeau national.
Une fontaine musicale attire de nombreux touristes. Ses jets d'eau, sa musique et ses lumières s'activent de 9 h du soir à minuit (mais pas tous les jours)[10].
Les aménagements de 2005 permirent la création d'une zone lacustre à l'est de l'esplanade, la restitution du système hydrographique avec la pose de canalisations entre la partie est et la partie ouest, et un reboisement. La superficie des lieux a ainsi augmenté de 30 000 mètres carrés[11].
Le pilier de Shöl, édifié en 764, se trouve maintenant sur la place[12]. Le monument présente un compte rendu des campagnes de l'empire tibétain contre la Chine, dont le point culminant fut la capture de la capitale chinoise de Chang'an, aujourd'hui Xi'an, en 763.
Appréciations
Robert Barnett qualifie de « ridicule » cette nouvelle place, affirmant que, comme tout projet démesuré, il est critiqué par les habitants de Lhassa, lesquels la surnomment « place Kalachakra ». En effet, elle serait assez vaste pour accueillir les Tibétains lors du retour du dalaï-lama, qui célèbrerait alors une cérémonie de ce nom, en l'honneur de la paix dans le monde[2].
Fonctions
La place sert de cadre à des commémorations, des concerts et des parades militaires et diverses manifestations. Le eut lieu une cérémonie intitulée « Hisser le drapeau national et chanter l'hymne national »[13] pour célébrer le 60e anniversaire de la Libération du Tibet. Le , le 6e demi-marathon international à 3 490 m prit son départ depuis la place pour se terminer à l'hippodrome de Lhassa[14].
Le matin, au soleil, on peut assister à des spectacles de rue comme la danse moderne, la danse traditionnelle, le guozhuang et le taïchi[15].
Galerie
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2004
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2004
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2005
Notes et références
- (en) Tsering Woeser, Decline of the Potala Palace, site Where Tibetans Write, 26 December 2007 : « The thirtieth anniversary of the founding of [the] Tibet Autonomous Region was celebrated on the "Potala Square", constructed with huge allocation of money. The "Great Celebrating Project" was one of sixty-two "Aid Tibet Projects" [...]. »
- Tibétains, 1959-1999, quarante ans de colonisation, Ouvrage collectif dirigé par Katia Buffetrille et Charles Ramble avec Robbie Barnett, Georges Dreyfus, Samten G. Karmay, Per Kværne et Jigmé Namgyèl ; Éd. Autrement, coll. « Monde ».
- Tsering Woeser, Sauvons Lhassa, Le Tibet Invisible, 2013 : « dès 1996, le village millénaire de Shol, situé au pied du Potala, fut détruit et ses habitants déplacés »
- (en) André Alexander, Different Approaches to Conservation in Tibet, IATS Standing Committee for the Study of the Tibetan Architectural Heritage and Mural Art, International Association for Tibetan Studies, 2006 : « In summer 1995, over 140 Tibetan families resideing in Shoel were evicted from their homes and resettled to the north of Lhassa. Over 40 historic buildings in outer and inner Shol were demolished. Even though they formed part of the historic ensemble "Potala and Shoel," and many dated to the 17th century, they were not deemed important at the time, not "part of the monument". »
- (en) Kate Saunders, More demolition of Traditional Tibetan Housing Planned in Lhasa, The Guardian, 30 août 2003 : « The authorities in Lhasa are planning to demolish the larger part of the remaining village of Shol at the foot of the Potala Palace, former winter residence of the Dalai Lama, to make way for a square and a museum. [...]The area known as 'outer Shol', representing the buildings outside the Shol fortification walls, was demolished to create the Potala Square in 1994-95. »
- (en) Item 7 of the Provisional Agenda: Examination of the state of conservation of World Heritage properties, World Heritage Committee, twenty-ninth session, 10-17 July 2005.
- (en) Michael Buckley, Tibet, 2e édition, Bradt Travel Guides, 2006, (ISBN 1841621641 et 9781841621647), 336 p., p. 180 : « in time for the 40th anniversary of the founding of the TAR in 2005, some shoddy Chinese shops were pulled down to the west side of Potala Square, and in their place a green belt with gardens was added. The green belt is a favoured spot for Tibetans to take photos. »
- (en) Potala under passage opens Tibet hot tourism season, Tibet Radio, 2010-5-11
- Décision-25COM X.B-Ensemble historique du Palais du Potala, Lhasa (extension pour inclure la zone de Norbulingka (Chine)), 2001 : « Concernant la tour de 35 m de haut commémorant « la libération paisible du Tibet », la mission UNESCO a vérifié que cette nouvelle construction était bien située à l'extérieur des zones de protection du site du patrimoine mondial, du côté sud de la Nouvelle Place du Potala. »
- (en) Potala Palace, site China Private Travel.
- Le réaménagement de la place du Potala sera achevé à la mi-juillet, 12 juillet 2005.
- Dominique Auzias, Jean-Paul Labourdette, Petit Futé : Visite du Tibet
- Monument de la libération pacifique du Tibet, 23 mai 2011.
- (en) Tibetan city Lhasa to stage 6th world's highest international half marathon, English.news.cn, 2011-09-01.
- Le chant matinal de Lhassa, CRI online - service français, 26 août 2011.