Prieuré de l'Abbayette | |
Présentation | |
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Culte | Catholique romain |
Géographie | |
Pays | ![]() |
Région | Pays de la Loire |
Département | Mayenne |
Ville | la Dorée |
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Le Prieuré de l'Abbayette, datait du XIe siècle après son rétablissement. Il est construit par des moines de l'abbaye du Mont-Saint-Michel, à la Dorée en Mayenne. Désormais, il en reste une ferme et une chapelle subsistante. Un bois, et une écluse porte aussi le nom d'Abbayette. Des douves et des étangs entouraient le village de l'Abbayette[1].
Désignation
- Villa Arunton, 997 (Cartulaire de l'Abbayette, p. 11).
- Prior de Villarenton, 1210 (Cartulaire de l'Abbayette, p. 11).
- Abbatiola de Villarenton, Monachi de Abbatiola, 1235 (Cartulaire de l'Abbayette, p. 11).
- Nemus de Abbatiola, 1245 (Cartulaire de l'Abbayette, p. 11).
- La Baiette, 1550 (Insinuations ecclésiastiques).
- La Bayette, 1691 (Factum).
- L'Abbayette, 1700 (Hubert Jaillot).
- La Bayette (Carte d'État-Major).
- L'Abbayette, ferme et chapelle (Carte de Cassini).
Histoire
Origine
La plus ancienne dotation de l'abbaye du Mont-Saint-Michel en Mayenne fut le domaine de Villarenton qui, avec ses dépendances, constitua sans doute un établissement monastique[1]. Les invasions normandes le firent disparaître, et la terre était possédée à la fin du Xe siècle par un seigneur nommé Yves Ier de Bellême, fils de Foucouin et de Rothaïs, qui, à la sollicitation pressante de l'abbé Mainard (991-1009) et de ses religieux, leur restitua Villarenton et sept autres terres de leurs anciennes possessions : Cantapia, Val Andrein, Lacerins, Montgulfon, Cardun, Larcellosa, Genet, que l'abbé Charles Pointeau identifie ainsi : Chantepie, Val-André, la Série, Villechardon, Lortière et le Genest[1].
Montgulfon aurait été remplacé par la Pifetière et par les bois de l'Abbayette. Ce puissant seigneur, Yves Ier de Bellême, fils de Foulques et de Rothaïs, était neveu de l'évêque du Mans Sigefroi de Bellême[1]. Il avait un autre oncle nommé Guillaume, deux sœurs Billehendis et Eremburgis, enfin plusieurs cousins : Guillaume, clerc, Robert, Suhart et un autre Guillaume, laïque[1].
La charte qui contient cette restitution importante en laquelle interviennent le comte Hugues II du Maine et l'évêque Sigefroi de Bellême, se lit au cartulaire du Mont-Saint-Michel[2]. Un factum du XVIIe siècle attribue la fondation de l'Abbayette à un seigneur de Pontmain, mais ces plaidoyers, quand ils ne rapportent que des traditions et non des textes, n'ont selon l'abbé Angot aucune valeur historique pour les époques très anciennes[1].
Rétablissement
Le prieuré de l'Abbayette ou de Villarenton, restitué et rétabli au Xe siècle, était situé à 3 kilomètres au nord-ouest de la Dorée, sur l'un des chemins montois qui traversaient l'actuel département de la Mayenne pour se rendre à l'abbaye du Mont-Saint-Michel, celui qui, partant de Mayenne, entre en Normandie par le Pontaubré. Ce chemin est désigné sous le nom de voie de Saint-Michel, via Sancti-Michaelis, dans les chartes du XIIe siècle, et celui de grand chemin montais dans des titres de 1526 et 1547. Un affluent de la Cambre formait près de là quatre étangs[1].
Au don primitif de Villarenton s'ajoutèrent bientôt la cession des églises de Saint-Berthevin, de Lévaré, de la Tannière, qui constituèrent pour l'abbaye du Mont-Saint-Michel, dans cette région, un riche établissement[1].
Deux chapelles importantes, de fondation ancienne, Saint-Thomas de la Censive, en Saint-Denis-de-Gastines, et Saint-Martin, au bourg de Montenay, furent annexées au prieuré de l'Abbayette qui possédait aussi un fief[1].
Le Prieuré
Le prieuré n'est connu que sous le nom primitif de Villarenton jusqu'au milieu du XIIIe siècle. On le nomme encore la petite abbaye de Villarenton en 1235, abbatiola sua de Villarenton. Depuis lors, on l'appela absolument Abbatiola et, en français, l'Abbayette[1].
Juhel III de Mayenne, à son départ pour la croisade (1190), se désista en faveur des religieux de ses prétentions sur le bois de Villarenton. Raoul de Gorram donna au prieur, vers l'an 1200, le droit de nourrir douze porcs dans sa forêt et la dîme du droit de pacage. Robert de Gorram, en 1235, abandonna aux moines les services et redevances qui lui étaient dus dans la paroisse de la Dorée, à condition que l'abbé du Mont-Saint-Michel enverrait à sa petite abbaye de Villarenton un religieux spécialement chargé de prier pour lui et pour ses parents ; ce qui ne suppose pas l'abandon du prieuré à cette époque, mais indique seulement que le nombre des religieux y fut augmenté[1].
Un peu plus tard (1245), Guillaume de l'Ecluse fit don du pré Bordon, situé près du bois des religieux, afin qu'ils pussent y former un étang. Au XVe siècle, et jusqu’à[1] l'introduction du Régime de la commende, l'Abbayette était annexée à la charge d'aumônier du Mont-Saint-Michel[3]. Les bénédictins acquittèrent eux-mêmes ces différentes fondations jusqu'à la fin du XVe siècle[1].
La commende
A partir de cette époque, le prieuré tomba dans le Régime de la commende et le service religieux se fit par des chapelains[4],[1].
Les bénéficiers séculiers s'occupèrent peu de faire les réparations nécessaires. En 1757, l'état de la chapelle ne permettait plus d'y accomplir le service religieux. Le curé de la Dorée, dans l'église duquel les fondations étaient remplies, écrivit à l'évêque du Mans, le priant de presser les religieux de l'Abbaye du Mont-Saint-Michel de faire les réparations urgentes. Une restauration fut faite, puisque Michel Janin y célèbre la messe en 1783, et, après lui, Michel Ouvrard, curé de Fougerolles, jusqu'à la Révolution française[1].
Du au , la chapelle et tout le temporel du prieuré furent vendus nationalement en cinq adjudications, à différents particuliers[5],[1].
Chapelle
Au cours du XIXe siècle, deux frères, héritiers de l'acquéreur de la chapelle, se la partagèrent. Le premier, abattit aussitôt sa moitié pour en faire un carré de jardin[1]. Le chevet resta debout grâce à la piété du second[6]. La chapelle servait encore à la fin du XIXe siècle de but aux processions des Rogations, et de nombreux pèlerins y viennent invoquer l'archange Saint-Michel, patron de la bonne mort. La dévotion populaire a qualifié les trois statues des noms de saint Va, de saint Vient et de saint Tire-à-lui[1]. Les statues de la chapelle moderne bâtie sur les fondations de l'ancien chœur sont une Vierge et Sainte-Marguerite, en bois, un moine tenant la queue d'un dragon, en pierre, mutilé[1].
Prieurs[1]
- Rannulphe, 1115, reçoit la fondation de la Censive.
- Raoul, 1200, 1210, accepte les dons de Raoul de Gorram.
- Raoul, 1256.
- frère Raoul, 1427.
- Pierre Crochard, 1456, est appelé dans un titre de Goué : « Monsieur l'aumousnier du Mont-Saint-Michel ».
- Guillaume de Saint-Sever, 1460, reçoit en cour de Pontmain la somme de 10 s. de Guillaume Lanfrelle et d'Isabelle, sa femme.
- Hamon Poucet, 1483, remplissait le service religieux à l'Abbayette et en gérait les affaires.
- Guérin de Laure, du Dauphiné, 1510, nommé abbé du Mont-Saint-Michel, était auparavant aumônier de la même abbaye et, en cette qualité, prieur de l'Abbayette, qualifiée à cette époque de « seigneurie de l'aumônier du Mont-Saint-Michel ».
- André de Lamps, vers 1550 « en son temps prieur de la Baiette fait une fondation de trois messes par semaine en l'église et abbaye de Monsieur St-Miche ».
- François de Bolleris, 1560, permute avec le suivant pour le prieuré de Bouchedaigre au diocèse de Chartres.
- Charles Marault, 1561, né dans le diocèse de Bourges, chantre de St-Maur-des-Fossés (Paris), résigne la même année.
- Gilbert Marault, 1561-1564, chanoine aussi de St-Maur-des-Fossés.
- Robert Bouette le jeune, 1564-1584, du clergé de Paris, chanoine et chantre de l'église de Bourges, titulaire du prieuré séculier et de l’église collégiale de Saint-Pierre-le-Puellier de Bourges ; en 1577, il vend pour 122 livres du temporel pour payer la taxe du clergé et résigne en 1584.
- Jacques Amelot, de Paris, 1584-1593, fils de Jean Amelot, conseiller du roi et Maître des requêtes, et de Marie de Saint-Germain, prieur de Sainte-Céline, diocèse de Meaux, de Saint-Pierre-de-Cousteraulx du même diocèse, et de Notre-Dame-des-Morées au diocèse de Chartres ; il vend pour 200 écus du temporel en 1586, afin de payer la taxe du clergé, et résigne en 1597 à son frère, Jean Amelot, qui se démet en 1606.
- Marin Morel, 1606, fils de Pierre et de feue Anne Chaperon, tonsuré la même année à Paris, cède au suivant 1617.
- Jean Repassé, 1617-1620, clerc du diocèse de Chartres.
- Henri de Creil, 1620, neveu d'un des présidents du parlement de Paris, prieur de Sainte-Opportune de Moussy-le-Neuf, résigne en 1627.
- Charles Amelot, 1627, du clergé de Paris, âgé de 7 ans, fils de Jean Amelot de Gournay, président du Grand conseil, neveu et filleul du garde des sceaux, prieur de Sainte-Opportune de Moussy-le-Neuf par cession du précédent, résigne en 1638.
- Michel Amelot de Gournay, 1638-1651, âgé de 13 ans, au collège de Beauvais, prieur de L'Isle-Adam, diocèse de Beauvais, et de Sainte-Opportune de Moussy-le-Neuf ; en 1651, il permute le prieuré de l'Abbayette et de L'Isle-Adam pour l’Abbaye Saint-Calais, diocèse du Mans ; il y introduisit la Réforme de Saint-Maur et devint plus tard Archevêque de Tours.
- Jacques Barentin, 1651, chevalier, seigneur de Bernerie et de Laudivilliers, conseiller au parlement, abbé de Saint-Calais.
- Edouard Collin, 27 novembre 1660, rend aveu au duc de Mayenne.
- Arnaud Boiserie, 1665, religieux de l'Abbaye de Saint-Maur, résigne la même année.
- Claude Hémin, 1665, résigne en 1671.
- Michel Bry, religieux de l'Abbaye de Saint-Maur, 1781, fils de Nicolas Bry, procureur au siège de Vendôme, et de Etiennette Pineau, défend courageusement les immunités de son prieuré contre les empiétements du duc de Mazarin ; il demeurait en 1698 à l'Abbaye Saint-Vincent de Laon ; il résigne en 1710.
- Jean Ruffin, 1710, fils de Nicolas et de Marie Mingon, du diocèse de Châlons, prieur claustral de l'Abbaye Saint-Jean de Laon et de Saint-Pierre de Savigny, mourut dans sa charge.
- Jean Basselin, religieux de Saint-Remi de Reims, donne bail en 1712 et fait en 1720 déclaration du temporel.
- Julien Legoux, 1734, prieur claustral de Notre-Dame de Colombis, diocèse de Chartres, meurt en possession du prieuré.
- Noël-Marie Legoux, 1736, prieur de l'Abbaye du Mont-Saint-Michel en 1761, doyen et censivier de l'Abbaye de Marmoutier, y demeurant « malade de corps », il résigne.
- Pierre-Anne Louvel, 1762, résigne pour cause d'infirmité, 1764.
- Étienne-Pierre Barat, 1764, cellérier de l'Abbaye de Saint-Julien de Tours et y demeurant ; ses résidences connues sont en 1767 à l'Abbaye de la Couture au Mans, 1781, à l'Abbaye Saint-Guénolé de Landévennec, 1785, à l'Abbaye Saint-Nicolas d'Angers, 1786, à l'Abbaye Notre-Dame de Lanthénac, diocèse de Saint-Brieuc. Il était prieur de l'Abbayette à l'époque où les biens furent vendus par la Nation.
Notes et références
- Angot et Gaugain 1900-1910.
- ↑ L'original « en caractères du temps » était conservé aux Archives départementales de la Manche, et est reproduit dans la copie moderne du Cartulaire de l'Abbayette que possèdent les Archives départementales de la Sarthe. Ce dernier texte présente quelques différences, les témoins y sont plus nombreux. Arthur Bertrand de Broussillon a donné le fac-similé de la dernière partie de ce précieux document ainsi que des signatures.
- ↑ Le titulaire devait chaque semaine faire célébrer deux messes dans chacune des chapelles du prieuré, de la Censive et de St-Martin de Montenay, pour les seigneurs de Mayenne et les autres bienfaiteurs, payer 100 livres par an au vicaire desservant la chapelle de la Tannière et faire une aumône de 30 livres aux pauvres.
- ↑ On cite : Hector Lesaulnier, 1627 ; Pierre Quentin, 1684, prêtre de Fougerolles. François Deschamps, curé de Placé, prend à ferme le 24 mai 1730, « la maison priorale, le domaine, le moulin, les métairies, étangs, bois, garenne et fief dépendant du prieuré », à charge d'en payer 400 livres par an, de faire célébrer deux messes par semaine dans la chapelle du prieuré et de distribuer aux pauvres l'aumône ordinaire de 30 livres.
- ↑ Pour un total d'environ 55 000 livres.
- ↑ Voici la description qu'en fait M. l'abbé Pointeau en 1869. «Rien de plus modeste que cette chapelle, dont la simplicité extérieure, comme le dénuement intérieur, annoncent à peine une maison de prières. Ce qui en reste est de forme a peu près carrée ; la fenêtre du chevet, quoique ogivale, n'a pas de caractère, et le mur qui rase le chemin était jadis percé de ces petites ouvertures qu'on attribue au XIIe siècle/ A l'intérieur, les pavés sont verdis par l'humidité, la voûte effondrée, l'autel n'a pour ornements que trois statues sans mérite artistique et vermoulues, quelques vieilles fleurs artificielles et une nappe de lin. L'une des statues représente la Ste Vierge, les deux autres sont de St Michel Archange, patron du lieu. »
Voir aussi
Articles connexes
Sources partielles
- « Prieuré de l'Abbayette », dans Alphonse-Victor Angot et Ferdinand Gaugain, Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne, Laval, A. Goupil, 1900-1910 [détail des éditions] (BNF 34106789, présentation en ligne)
Références de l'Abbé Angot
- Arthur Bertrand de Broussillon, Cartulaire de l’Abbayette, 1894.
- Abbé Pointeau, Un ancien prieuré du Bas-Maine.
- Archives départementales de la Sarthe. Fonds municipal, 895, Cartulaire de l’Abbayette, copie moderne.
- Insinuations Ecclésiastiques, passim, et B 374.
- Cabinet Louis Garnier, Factum, pour Dom Michel Bry.
- Archives de la fabrique de la Dorée.
- Carte de Jaillot.
- André René Le Paige, I, 265.