Pays |
![]() |
---|---|
Agence | NASA |
Statut | Abandonné |
Nombre de missions | 0 |
Capsules | Orion |
---|---|
Lanceurs | Ares I et Ares V |
Bases de lancement | Complexe de lancement 39 |
Début | 2004 |
---|---|
Fin | 2010 (annulation) |
Nombre de lancements | 0 |
---|
Le programme Constellation (en anglais : Constellation Program, souvent abrĂ©gĂ© en CxP) est un programme d'exploration spatiale de la NASA annulĂ© en 2010, dont le principal objectif est l'envoi d'astronautes sur la Lune vers 2020 pour des missions de longue durĂ©e. Ce programme concrĂ©tise la stratĂ©gie spatiale amĂ©ricaine Ă long terme dĂ©finie par le prĂ©sident George W. Bush en intitulĂ© Vision for Space Exploration visant Ă relancer l'exploration du SystĂšme solaire par des missions habitĂ©es. Le programme Constellation prĂ©voit le dĂ©veloppement de deux nouveaux lanceurs â Ares I et Ares V â ainsi que de deux vĂ©hicules spatiaux : Orion et le module lunaire Altair.
Le programme, en 2009, prend beaucoup de retard sur son calendrier et son objectif est contestĂ© par ceux qui considĂšrent que la planĂšte Mars doit ĂȘtre dĂšs Ă prĂ©sent la prochaine Ă©tape de l'exploration spatiale. Le premier vol du lanceur Ares I, la mission Ares I-X, a lieu avec succĂšs le . Fin 2009, le programme Constellation et le lanceur Ares I en particulier sont remis en cause par la commission Augustine chargĂ©e d'examiner le programme spatial habitĂ© amĂ©ricain. La commission exprime ses doutes sur la capacitĂ© de la NASA Ă tenir le calendrier adoptĂ© compte tenu du budget disponible et des choix d'architecture retenus. Plusieurs alternatives sont proposĂ©es, dont un lanceur dĂ©rivĂ© de la navette spatiale, un lanceur habitable Delta IV ou Atlas V et un lanceur habitable privĂ©.
Le président Barack Obama annonce le qu'il propose l'annulation du programme Constellation. Cette annulation est confirmée par le président le . Toutefois, le développement du vaisseau Orion est poursuivi pour des missions au-delà de l'orbite basse qui sont programmées au début des années 2020. Le programme Artemis, qui reprend les objectifs du précédent, est lancé en 2019.
Définition des objectifs (2004)
[modifier | modifier le code]





Le , le prĂ©sident des Ătats-Unis George W. Bush rend publics les objectifs Ă long terme assignĂ©s au programme spatial amĂ©ricain dans le domaine de l'exploration du systĂšme solaire et des missions habitĂ©es, formalisĂ©s Ă travers le plan Vision for Space Exploration. La dĂ©finition de cette stratĂ©gie est dictĂ©e par deux motivations :
- il est nĂ©cessaire de remplacer la flotte des navettes spatiales, vieilles de prĂšs de trois dĂ©cennies, qui ont, Ă deux reprises, explosĂ© en vol lors du lancement et lors de la rentrĂ©e dans l'atmosphĂšre terrestre, tuant leur Ă©quipage, et qui sont trĂšs coĂ»teuses Ă lancer. Or, la Station spatiale internationale doit ĂȘtre desservie en hommes et en matĂ©riel dans la phase actuelle de construction et lorsqu'elle sera pleinement opĂ©rationnelle ;
- le président veut renouer avec le succÚs du programme Apollo en fixant des objectifs ambitieux à long terme et en engageant immédiatement les moyens de les atteindre. Il souhaite remettre l'exploration spatiale par l'homme au premier plan.
Reprenant la dĂ©marche du prĂ©sident Kennedy, le prĂ©sident demande Ă la NASA d'Ă©laborer un programme qui permette de rĂ©aliser des sĂ©jours de longue durĂ©e sur la Lune d'ici 2020. L'expĂ©rience acquise sur la Lune doit ensuite ĂȘtre utilisĂ©e pour concevoir et lancer une mission habitĂ©e vers la planĂšte Mars.
Par ailleurs, les vols des navettes spatiales doivent s'arrĂȘter en 2010, date Ă laquelle la station spatiale internationale doit ĂȘtre achevĂ©e. Un nouveau vĂ©hicule spatial doit ĂȘtre dĂ©veloppĂ© pour desservir la Station spatiale internationale.
Programme Constellation
[modifier | modifier le code]Pour rĂ©pondre Ă ces objectifs, la NASA reprend en grande partie le scĂ©nario du programme Apollo : un vĂ©hicule spatial (Orion) est chargĂ© de transporter l'Ă©quipage jusqu'en orbite lunaire (et de l'en ramener) tandis qu'un deuxiĂšme vĂ©hicule, Altair, est destinĂ© Ă l'atterrissage sur la Lune et au retour vers Orion. Toutefois, lĂ oĂč le programme Apollo utilisait le lanceur Saturn V pour envoyer les deux vĂ©hicules vers la Lune, le programme Constellation prĂ©voit deux lanceurs dont l'un (Ares I) est destinĂ© au lancement de la capsule habitĂ©e tandis que l'autre (Ares V) place en orbite terrestre le module lunaire et le dernier Ă©tage du lanceur chargĂ© d'accĂ©lĂ©rer l'ensemble vers la Lune. En effet :
- la masse des véhicules spatiaux à envoyer vers la Lune s'est considérablement accrue pour répondre aux objectifs plus ambitieux du programme Constellation. L'envoi par un lanceur unique nécessiterait de développer un lanceur nettement plus puissant que le lanceur Saturn V ;
- la technique des rendez-vous en orbite est parfaitement maßtrisée par la NASA, ce qui permet d'envisager un assemblage en orbite des véhicules à destination de la Lune, scénario qui avait été écarté parce que considéré comme trop risqué à l'époque du programme Apollo ;
- Orion doit ĂȘtre utilisĂ© pour des missions non lunaires en particulier la desserte de la station spatiale internationale, ce qui nĂ©cessite de disposer d'un lanceur de classe intermĂ©diaire.
Une deuxiĂšme caractĂ©ristique du programme est le recours gĂ©nĂ©ralisĂ© Ă des composants existants afin de limiter le coĂ»t du programme. La NASA utilise, en les adaptant, des moteurs-fusĂ©es dĂ©veloppĂ©s pour le lanceur Saturn V, les propulseurs Ă poudre de la navette ainsi que de nombreuses installations au sol existantes. Enfin, il est prĂ©vu que plusieurs des composants du programme puissent ĂȘtre rĂ©utilisĂ©s aprĂšs remise en condition.
Les véhicules développés sont les suivants.
Orion
[modifier | modifier le code]Orion est un vaisseau spatial habitĂ© qui devait ĂȘtre utilisĂ© Ă la fois pour desservir la station spatiale internationale et pour les missions vers la Lune. Il est composĂ© d'un module de commande pressurisĂ© qui peut transporter de quatre (Lune) Ă sept (station spatiale) astronautes et d'un module de service non pressurisĂ© qui assure la propulsion principale et les fonctions de support. Le module de commande reprend la forme conique du module de commande Apollo mais offre un volume de 15 m3 soit 2,5 fois celui du module Apollo. Au dĂ©collage, Orion est surmontĂ© d'une tour de sauvetage chargĂ©e de mettre en sĂ©curitĂ© le vĂ©hicule en cas d'Ă©chec du lancement. L'ensemble Orion a une masse de 20,5 tonnes, dont 8,5 tonnes pour le module de commande, 3,7 pour le module de service et 8,3 pour le carburant. Par ailleurs, Orion est le seul rescapĂ© du programme Constellation puisqu'il est rĂ©utilisĂ© dans son successeur, le programme Artemis.
Altair
[modifier | modifier le code]Altair est le module qui doit permettre aux astronautes de se poser sur la Lune puis d'en dĂ©coller, jouant un rĂŽle analogue au module lunaire Apollo. Il est composĂ© d'un Ă©tage de descente qui assure l'atterrissage sur la Lune d'une masse de 35 tonnes et d'un Ă©tage de remontĂ©e de 11 tonnes. La propulsion serait assurĂ©e par des moteurs utilisant un mĂ©lange hydrogĂšne liquide/oxygĂšne liquide. Par rapport Ă son ancĂȘtre, le module lunaire Apollo, Altair dispose d'un espace habitable de 32 m3 (contre 6,5 m3 pour Apollo) et comprend un sas ne nĂ©cessitant pas de dĂ©pressuriser l'habitacle pour les sorties extravĂ©hiculaires. Altair doit assurer l'hĂ©bergement de quatre astronautes.
Ares I
[modifier | modifier le code]Ares I est le lanceur destiné à placer en orbite terrestre le véhicule spatial habité Orion. Il permet de mettre 25 tonnes en orbite basse. Son premier étage est un propulseur à poudre de la navette spatiale américaine allongé (cinq segments au lieu de quatre), ce qui lui donne une forme plus élancée (94 mÚtres de haut). Le deuxiÚme étage est un nouveau développement utilisant un moteur-fusée J-2 du programme Apollo à la conception simplifiée et consommant un mélange oxygÚne liquide/hydrogÚne liquide.
Ares V
[modifier | modifier le code]Ares V est un lanceur lourd, de la classe de l'ancien lanceur Saturn V. Culminant à 116 mÚtres, sa capacité de lancement a été calculée pour permettre le lancement des missions lunaires. Il peut placer 71 tonnes sur une trajectoire de transfert vers la Lune ou déposer 14 tonnes de fret sur le sol lunaire. Il est constitué de :
- un premier étage propulsé par six moteurs-fusées RS-68 d'environ 300 tonnes de poussée consommant un mélange hydrogÚne liquide/oxygÚne liquide hérités du lanceur Delta IV ;
- deux propulseurs à carburant solide de la navette spatiale portés de quatre à cinq segments et demi. Ces boosters flanquent le premier étage et sont allumés au décollage ;
- un deuxiĂšme Ă©tage utilisant le mĂȘme moteur J-2 que le lanceur Ares I. BaptisĂ© Earth Departure Stage (EDS), cet Ă©tage capable de redĂ©marrer est chargĂ© des manĆuvres en orbite ainsi que de l'injection sur la trajectoire lunaire de l'ensemble Orion et Altair. Ares V sera Ă©galement chargĂ© de lancer les modules d'habitation, vĂ©hicules et autres Ă©quipements nĂ©cessaires aux missions de longue durĂ©e sur la Lune. La capacitĂ© d'emport exceptionnelle d'Ares V (188 tonnes en orbite basse) devrait Ă©galement ĂȘtre mise Ă contribution pour de nombreuses missions que les limitations des lanceurs actuels (25 tonnes et diamĂštre de la coiffe) ne permettent pas de rĂ©aliser : envoi de sondes spatiales lourdes dans le systĂšme solaire, mise en orbite des tĂ©lescopes dotĂ©s d'une optique de 8 mĂštres ou plus Ă des fins civiles ou militaires...
Missions types
[modifier | modifier le code]Les premiÚres missions du programme Constellation devaient assurer la desserte de la Station spatiale internationale. Vers 2020, les missions auraient été vers la Lune, d'abord pour des séjours courts, puis pour des séjours de longue durée. Enfin, à une date non fixée (on évoquait 2037), les véhicules et lanceurs du programme devaient participer aux premiÚres expéditions vers Mars.
Desserte de la station spatiale internationale
[modifier | modifier le code]

Avec l'arrĂȘt des navettes spatiales, l'une des missions du programme Constellation est d'assurer la rotation des Ă©quipages de l'ISS. Le premier amarrage avec la station spatiale aurait dĂ» avoir lieu lors de la mission Orion 2.
Missions lunaires
[modifier | modifier le code]La mission lunaire type comprend un sĂ©jour sur la Lune de sept jours, soit quatre de plus que pour le programme Apollo. Les astronautes, au nombre de quatre, descendent tous sur le sol lunaire. Ă une Ă©chĂ©ance non fixĂ©e, les plans de la NASA prĂ©voient le dĂ©veloppement d'un ensemble de modules (habitation, rover, autres Ă©quipements) dĂ©posĂ©s sur la Lune grĂące Ă plusieurs lancements d'Ares V (celui-ci peut « livrer » jusqu'Ă quinze tonnes de fret sur le sol lunaire). Ces Ă©quipements doivent permettre de prolonger le sĂ©jour des astronautes pour des missions qui peuvent ainsi durer 210 jours. On envisage d'installer des avant-postes lunaires prĂšs du pĂŽle Sud pour bĂ©nĂ©ficier Ă la fois d'un ensoleillement plus important, donc de nuits plus courtes et de tempĂ©ratures moins extrĂȘmes. Les sondes lunaires Lunar Crater Observation and Sensing Satellite (LCROSS) et Lunar Reconnaissance Orbiter (LRO) doivent par ailleurs confirmer la prĂ©sence d'eau dans des zones situĂ©es Ă l'intĂ©rieur de cratĂšres qui sont plongĂ©es en permanence dans l'obscuritĂ©.
Missions vers Mars
[modifier | modifier le code]Déroulement du programme
[modifier | modifier le code]
Le cĆur du projet est le dĂ©veloppement du vĂ©hicule spatial Orion (en anglais CEV : Crew Exploration Vehicle) et du lanceur Ares I qui doivent tous deux permettre de remplacer la navette spatiale durant la phase d'exploitation de la station spatiale internationale. En effet, le recours aux lanceurs utilisĂ©s par l'armĂ©e amĂ©ricaine (Delta IV et Atlas V) a Ă©tĂ© dĂ©finitivement abandonnĂ©.
Selon la planification Ă©tabli en 2008, la mission Orion 15 doit dĂ©poser le module Altair 2 sur la Lune en (la derniĂšre prĂ©sence humaine sur le sol lunaire date de lors de la derniĂšre mission du programme Apollo : Apollo 17). Vers 2024, une base avancĂ©e habitĂ©e doit ĂȘtre créée sur les flancs du cratĂšre Shackleton, au pĂŽle Sud lunaire[1].
Avancement
[modifier | modifier le code]Vaisseau Orion
[modifier | modifier le code]En 2006, la NASA a figé l'architecture du vaisseau spatial Orion. Les propositions de deux sociétés sont étudiées : Lockheed Martin et Northrop Grumman. C'est Lockheed Martin qui remporte le contrat d'une valeur de cinq milliards de dollars. Les ingénieurs de la NASA travaillent avec des ergonomes pour construire le module de commande le plus fonctionnel possible.
Combinaisons spatiales
[modifier | modifier le code]Le , un contrat est passé pour la conception et la production des nouvelles combinaisons spatiales destinées à ce programme[2].
Lanceur Ares I
[modifier | modifier le code]Le premier vol d'un composant du programme est celui du lanceur Ares I-X. Cette version test du lanceur Ares I dont le deuxiÚme étage est inerte doit lancer des maquettes du module de commande Orion et de la tour de sauvetage. Il comporte un premier étage limité à quatre segments contre cinq pour le lanceur finalisé. Ares-I-X doit néanmoins permettre de valider un grand nombre de choix techniques effectués (pilotage, séparation des étages, comportement dynamique de la fusée, etc.) ainsi que les installations au sol et les procédures de lancement et la récupération du premier étage. Le premier et seul lancement a eu lieu le .
Remise en question du programme
[modifier | modifier le code]à la suite de son investiture, le président américain Barack Obama demande à la commission Augustine, créée à cet effet le et composée de spécialistes de l'astronautique issus de l'industrie de la recherche et de la NASA, d'examiner les conséquences du retrait de la navette spatiale américaine sur le programme de la station spatiale internationale et d'effectuer une revue du programme Constellation confronté à la fois à des problÚmes budgétaires et de planification.
Le comité rend son rapport le . En ce qui concerne le programme Constellation, ses principales conclusions sont les suivantes :
- la NASA a besoin d'un complément budgétaire annuel de trois milliards de dollars pour pouvoir atteindre les objectifs fixés au programme Constellation[3] ;
- le lanceur Ares I rencontre des problĂšmes techniques qui devraient pouvoir ĂȘtre rĂ©solus mais sa mise au point tardive diminue fortement son intĂ©rĂȘt. Le comitĂ© estime prĂ©occupant le coĂ»t de production du vaisseau Orion par ailleurs soumis Ă de fortes contraintes (masse, coĂ»t de dĂ©veloppement)[4] ;
- le comité estime que la NASA doit s'appuyer de maniÚre plus importante sur les opérateurs privés pour tout ce qui relÚve de l'orbite basse - lanceur, vaisseau cargo et capsule habitée - et se concentrer sur les objectifs situés au-delà de l'orbite basse ;
- le rapport confirme l'intĂ©rĂȘt de l'exploration de Mars en tant que but du programme spatial habitĂ©, mais approuve la nĂ©cessitĂ© d'une Ă©tape intermĂ©diaire qui pourrait ĂȘtre l'exploration de la Lune ou certaines destinations intermĂ©diaires reconfigurables comme les points de Lagrange, les lunes de Mars, le survol d'un objet gĂ©ocroiseur (flexible path)[5].
Abandon du programme
[modifier | modifier le code]Le prĂ©sident Barack Obama annonce le qu'il va proposer l'annulation du programme Constellation en avançant trois motifs : un budget en dĂ©passement, le retard pris sur les Ă©chĂ©ances et l'absence d'innovations intĂ©grĂ©es dans le projet. Le budget libĂ©rĂ© par l'arrĂȘt du programme, complĂ©tĂ© par une enveloppe de six milliards de dollars, est ventilĂ© entre diffĂ©rentes activitĂ©s de la NASA. Il s'agit principalement du dĂ©veloppement de nouvelles technologies spatiales, de l'extension de la durĂ©e de vie de la station spatiale internationale de 2015 Ă 2020 et de la rĂ©alisation de nouvelles sondes automatiques d'exploration du systĂšme solaire. Ces fonds doivent Ă©galement permettre de reconstruire le satellite Orbiting Carbon Observatory perdu le et de stimuler la prise en charge des programmes spatiaux par l'industrie privĂ©e comme SpaceX[6],[7]. Le , le prĂ©sident Obama approuve le « NASA Authorization Act 2010 » qui confirme l'arrĂȘt du programme Constellation[8].
Programme Artemis, successeur du programme Constellation
[modifier | modifier le code]MalgrĂ© l'abandon du programme Constellation, la NASA dĂ©cide de poursuivre le dĂ©veloppement d'un nouveau lanceur lourd Ă©galement dĂ©rivĂ© de la navette spatiale, Space Launch System (SLS), et du vaisseau spatial interplanĂ©taire Orion. Ces engins spatiaux doivent ĂȘtre utilisĂ©s pour rĂ©aliser des missions interplanĂ©taires d'une complexitĂ© croissante dans le but ultime de dĂ©poser des hommes sur Mars. La stratĂ©gie ainsi dĂ©finie, baptisĂ©e « Flexible Path », est beaucoup plus progressive que ce qui a Ă©tĂ© envisagĂ© dans les projets martiens antĂ©rieurs. Avant de poser l'homme sur Mars, il est prĂ©vu de mener des missions autour de la Lune, sur des astĂ©roĂŻdes proches puis sur la lune martienne Phobos pour mettre au point les matĂ©riels et gagner en expĂ©rience. Les premiĂšres missions de SLS et Orion Ă destination de l'espace cis-lunaire sont progressivement dĂ©finies au cours des annĂ©es suivantes. Toutefois la stratĂ©gie d'exploration du systĂšme martien proprement dit reste vague[9].
Ă l'instigation du prĂ©sident amĂ©ricain Donald Trump, la date du retour de l'homme sur la Lune, que la NASA avait fixĂ©e Ă 2028 sans programmation clairement dĂ©finie, est avancĂ©e de quatre ans en et ses objectifs sont prĂ©cisĂ©s, donnant naissance au programme Artemis. Celui-ci doit dĂ©boucher sur une exploration durable de notre satellite, c'est-Ă -dire l'organisation de missions rĂ©guliĂšres dont lâaboutissement serait l'installation d'un poste permanent sur la Lune. Le programme doit Ă©galement permettre de tester et mettre au point les Ă©quipements et procĂ©dures qui seront mises en Ćuvre au cours des futures missions avec Ă©quipage Ă la surface de la planĂšte Mars. La rĂ©alisation des missions du programme Artemis nĂ©cessite la mise au point ou le dĂ©veloppement de plusieurs engins spatiaux : le lanceur lourd Space Launch System (SLS) et le vaisseau spatial Orion dont la rĂ©alisation a dĂ©jĂ dĂ©butĂ© depuis plusieurs annĂ©es mais est marquĂ©e par des dĂ©rapages budgĂ©taires et calendaires rĂ©guliers, un vaisseau lunaire entiĂšrement nouveau Human Landing System (HLS) chargĂ© d'amener les hommes sur le sol lunaire et des missions robotiques chargĂ©es de rĂ©aliser des reconnaissance et des Ă©tudes scientifiques complĂ©mentaires. L'architecture des missions repose sur la future station spatiale Lunar Orbital Platform-Gateway (LOP-G) qui, placĂ©e en orbite autour de la Lune, servira de relais entre la Terre et la surface de la Lune. Pour remplir les objectifs ambitieux du programme Artemis dans le dĂ©lai trĂšs court qui lui est imposĂ©, la NASA sous-traite de maniĂšre particuliĂšrement marquĂ©e la conception de composants importants (vaisseau lunaire HLS, modules de la station spatiale LOP-G, atterrisseurs des missions robotiques) ainsi que les prestations de lancement de ces engins et de ravitaillement de la station spatiale.
Selon le planning Ă©tabli en , Artemis 3, lancĂ©e en 2024, sera la premiĂšre mission qui devrait amener un Ă©quipage mixte de deux astronautes sur la Lune pour un sĂ©jour d'une durĂ©e de six jours et demi. Ă compter de 2026 doivent ĂȘtre menĂ©es des missions caractĂ©risĂ©es par des sĂ©jours plus longs, un Ă©quipage au sol de quatre personnes au lieu de deux, plus d'Ă©quipements permettant d'Ă©toffer le retour scientifique. Le vaisseau lunaire sera alors partiellement rĂ©utilisable. Les sites d'atterrissage retenus pour toutes ces missions se situent au pĂŽle sud de la Lune car les rĂ©serves de glace d'eau prĂ©sentes dans les cratĂšres perpĂ©tuellement Ă l'ombre prĂ©sentent un intĂ©rĂȘt stratĂ©gique dans la perspective de missions de longue durĂ©e. Outre son dĂ©lai trĂšs serrĂ©, le projet rencontre un problĂšme budgĂ©taire similaire Ă celui qui avait Ă©tĂ© fatal en 2009 au programme Constellation qui poursuivait les mĂȘmes objectifs. Courant 2019, une ligne budgĂ©taire de 1,6 milliard de dollars a Ă©tĂ© allouĂ©e Ă la NASA pour le projet alors qu'il va ĂȘtre nĂ©cessaire de disposer de six Ă huit milliards de dollars par an pour dĂ©velopper le programme. La tenue de cet objectif trĂšs ambitieux dans un dĂ©lai aussi rĂ©duit et sans qu'un budget lui ait Ă©tĂ© clairement allouĂ©, fait dĂ©bat[10].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- â « La base du cratĂšre Shackleton », sur flashespace.com, (consultĂ© le ).
- â (en) La NASA choisit de nouvelles combinaisons spatiales pour les astronautes de la capsule spatiale Orion, sur america.gov, 25 juin 2008.
- â (en) « Rapport final de la commission Augustine » [PDF], NASA (consultĂ© le ), p. 97.
- â (en) « Rapport final de la commission Augustine » [PDF], NASA (consultĂ© le ), p. 61.
- â (en) « Rapport final de la commission Augustine » [PDF], NASA (consultĂ© le ), p. 69.
- â (en) « PrĂ©sentation du budget 2011 de la NASA par l'administrateur de la NASA Charlie Bolden » [PDF], NASA, .
- â (en) « SynthĂšse du budget 2011 de la NASA proposĂ© le 1 fĂ©vrier 2010 » [PDF], NASA, .
- â (en) « Obama signs Nasa up to new future », BBC News,â (lire en ligne).
- â (en) Chris Bergin, « Taking aim on Phobos â NASA outline Flexible Path precursor to man on Mars », sur nasaspaceflight.com, .
- â RĂ©my Decourt, « Artemis : la Nasa est contrainte de reportĂ©e ses vols habitĂ©s sur la Lune », sur Futura, .
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- (en) Erik Seedhouse, Lunar Outpost : The Challenges of Establishing a Human Settlement on the Moon, Springer Science & Business Media, , 300 p. (ISBN 978-0-387-09747-3, lire en ligne).
- Robert Zubrin, Cap sur Mars: un plan pour l'exploration et la colonisation de Mars par l'Homme, Les Ăditions Henri Goursau, , 397 p. (ISBN 978-2-904105-09-8, prĂ©sentation en ligne).
- Charles Frankel, L'Homme sur Mars : Science ou Fiction ?, Dunod, , 232 p. (ISBN 978-2-10-052982-7, présentation en ligne).
Articles connexes
[modifier | modifier le code]Liens externes
[modifier | modifier le code]- (en) Site officiel du programme Constellation.
- (en) NASA - Préparatifs d'un retour sur la Lune, sur YouTube.
- « Historique actualisé du programme Constellation année par année »(Archive.org ⹠Wikiwix ⹠Archive.is ⹠Google ⹠Que faire ?) (consulté le ).
- Des colons sur la Lune en 2020, Le Figaro, 5 décembre 2006.