Le quatuor à cordes no 16 en fa majeur, op. 135, de Ludwig van Beethoven, fut composé rapidement de juin à septembre 1826[1] et publié en septembre 1827 avec une dédicace à Johann Wolfmayer[1], un commerçant mécène. Il est le dernier des quatuors de Beethoven, et même sa dernière oeuvre. Le compositeur l'intitula « Der schwergefasste Entschluss » (La résolution difficilement prise).
Présentation de l'œuvre
Composé après le grand Quatorzième, le Seizième Quatuor ne fut jamais joué du vivant de son compositeur. Il fut créé comme tous les autres quatuors de la dernière période par la formation de Schuppanzigh. Sa composition fut contemporaine de problèmes familiaux (tentative de suicide de son neveu Karl[2], dont il avait la charge), pécuniaires et de santé, mais il reste empreint de simplicité et d'optimisme. Si on excepte le finale de substitution que Beethoven composa pour son Treizième Quatuor à l'automne 1826, le Seizième Quatuor est sa dernière œuvre.
Des derniers quatuors il est le plus court et le plus classique. Le troisième mouvement porte le titre « Süsser Ruhegesang, Friedensgesang » (doux chant de repos, de paix). Son thème rappelle celui de la scène au bord du ruisseau de la Symphonie pastorale. Le dernier mouvement porte une inscription en épigraphe de la main du compositeur : « Muß es sein? Es muß sein! » (« Le faut-il ? Il le faut ! »). Il s'agit probablement d'une référence à une conversation entre deux amis surpris par le musicien, qui s'est amusé de l'opposition et qui en fait une traduction musicale, même si on peut y voir des connotations métaphysiques, puisque le verbe « müssen » porte la notion de nécessité inévitable et peut donc facilement amener la notion de destin (littéralement : « Cela doit-il être ? Cela doit être ! »).
L'écrivain tchèque Milan Kundera étudie et illustre ce « Es muß sein! » dans son roman L'Insoutenable Légèreté de l'être. Il en fait le symbole de la nécessité, mais aussi de ce qui pèse, qui a de la valeur, par opposition à la légèreté, qui elle est frivole[3].
Le quatuor comporte quatre mouvements :
- Allegretto, 2/4, fa majeur (193 mesures)[4]
- Vivace, 3/4, fa majeur (272 mesures)[4]
- Lento assai, cantante e tranquillo, 6/8, ré bémol majeur (54 mesures)[4]
- « Der schwer gefaßte Entschluß »: Grave, 3/2, Allegro, 2/2,- Grave ma non troppo tratto, 3/2, fa mineur – Allegro, 2/2, fa majeur (277 mesures)[4]
Sa durée d’exécution est d'environ 23 minutes[5].
Repères discographiques
- Quatuor Busch, 1942 (Sony)[6],[7]
- Quatuor Hongrois, 1953 (EMI)[8]
- Quatuor Italiano, 1968 (Philips)[9],[10]
- Quatuor Végh, 1974 (Auvidis-Valois)[11]
- Quatuor Lindsay, 1983 (ASV)[12]
- Quatuor Alban Berg, 1979 (EMI)[13],[14]
- Quatuor Talich, 1980 (Calliope)[15],[16]
- Quatuor Takács, 2005 (Decca)[17]
- Quatuor Pražák, 2008 (Praga)[18]
- Quatuor de Tokyo, 2010 (Harmonia Mundi)[19]
- Quatuor Artemis, 2011 (Virgin Classics)[20]
- Quatuor Hagen, 2013 (Myrios Classics)[21]
- Quatuor Strada, 2015 (B Records)[22]
- Quatuor Belcea, 2012 (Zig-Zag Territoires)
- Quatuor Ébène, 2020 (Erato), enregistrement en concert à Nairobi (8 décembre 2019)
Références
- Jean Massin et Brigitte Massin, Ludwig van Beethoven, Fayard, , 845 p. (ISBN 978-2-213-00348-1), p. 720
- « Karl tente de se tuer le 30 juillet 1826 ». Barry Cooper, Dictionnaire Beethoven, J.C.Lattès, , 613 p. (ISBN 978-2-7096-1081-0), p. 57
- Milan Kundera, L'Insoutenable Légèreté de l'être, Gallimard, coll. « Folio », , 475 p. (ISBN 978-2-07-038165-4), p. 281
- Élisabeth Brisson, Guide de la musique de Beethoven, Paris, Fayard, coll. « Les Indispensables de la musique », , 878 p. (ISBN 978-2-213-62434-1 et 2213624348), p. 823
- Durée moyenne basée sur les enregistrements discographiques cités
- Enregistrement salué par un Diapason d'or dans la revue Diapason n°379 du mois de février 1992
- « Un souffle épique, une grandeur insurpassable animent ces interprétations d'une autre époque ». Le guide 1996 du CD : Tome 1, Répertoire Classique, Marabout, (ISBN 978-2-501-02361-0), p. 69
- « Une des grandes interprétations de l'histoire du disque ». Le guide 1996 du CD : Tome 1, Répertoire Classique, Marabout, (ISBN 978-2-501-02361-0), p. 69
- Enregistrement salué par un Diapason d'or dans la revue Diapason n°356 du mois de janvier 1990
- « Une intégrale qui n'a pas vielli ». Le guide 1996 du CD : Tome 1, Répertoire Classique, Marabout, (ISBN 978-2-501-02361-0), p. 70
- « L'intégrale des Végh constitue la référence absolue pour les quatuors de Beethoven ». Le guide 1996 du CD : Tome 1, Répertoire Classique, Marabout, (ISBN 978-2-501-02361-0), p. 69
- « L'intelligence beethovénienne des Lindsay s'avère admirable. Leur lecture colle littéralement à la partition tout en la fouillant de la manière la plus sensible. La référence moderne ». Le guide 1996 du CD : Tome 1, Répertoire Classique, Marabout, (ISBN 978-2-501-02361-0), p. 70
- « Le Quatuor Alban Berg a réussi comme nul autre l'ascension de cet Himalaya de la production beethovénienne : clarté, intensité, expressivité, sens aigu de l'architecture caractérisent cette version ». La Discothèque idéale : sous la direction de Bertrand Dermoncourt, Arles/Paris, Actes Sud, , 280 p. (ISBN 978-2-330-00216-9), p. 37
- Enregistrement salué par un Diapason d'or dans la revue Diapason du mois de décembre 2012, p. 74
- Enregistrement salué par un Diapason d'or dans la revue Diapason n°323 du mois de janvier 1987
- « Un Beethoven sobre et allusif mais d'une frémissante sensibilité ». Le guide 1996 du CD : Tome 1, Répertoire Classique, Marabout, (ISBN 978-2-501-02361-0), p. 69
- Enregistrement salué par un Gramophone Award 2005 de la revue Gramophone
- Enregistrement salué par une note de 5 diapasons dans la revue Diapason du mois de septembre 2008, p. 123
- Enregistrement salué par un Diapason d'or dans la revue Diapason du mois de novembre 2010, p. 90
- Enregistrement salué par un Diapason d'or dans la revue Diapason du mois de décembre 2011, p. 73
- Enregistrement salué par un Diapason d'or dans la revue Diapason du mois de juin 2013, p. 87
- Enregistrement live au festival de Pâques de Deauville en 2015
Liens externes
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