Région autonome de Bougainville Otonomos Bogenvil Gavman (tpi) | |
Armoiries |
Drapeau |
Administration | |
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Pays | Papouasie-Nouvelle-Guinée |
Statut politique | Région autonome |
Capitale | Buka |
Gouvernement - Président |
Région autonome Ishmael Toroama |
Démographie | |
Gentilé | Bougainvillais, Bougainvillaise |
Population | 234 280 hab. (2011) |
Densité | 25 hab./km2 |
Langue(s) | Anglais Tok pisin |
Géographie | |
Coordonnées | 6° 00′ 00″ sud, 155° 00′ 00″ est |
Altitude | Min. 0 m Max. 2 743 m |
Superficie | 9 300 km2 |
Divers | |
Monnaie | Kina |
Fuseau horaire | UTC +11:00[1] |
Indicatif téléphonique | +675 |
Hymne | My Bougainville[2] |
Devise | Peace, Unity, Prosperity[n 1] |
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La région autonome de Bougainville (en anglais : Autonomous Region of Bougainville, en tok pisin : Otonomos Bogenvil Gavman, /ˈboʊ.ɡən.ˌvɪl/[3] ; en tok pisin : Bogenvil) est une région autonome de la Papouasie-Nouvelle-Guinée. Elle est composée principalement de l'île Bougainville et de quelques îles proches. L'ensemble de ces îles fait partie (sur le plan géographique, mais non pas politique) des îles Salomon contrairement au reste du pays qui s'étend sur l'archipel Bismarck et la Nouvelle-Guinée.
Lors du référendum d'autodétermination organisé du au , 98,31 % des votants se prononcent en faveur de l'indépendance[4]. Il s'ensuit une phase de consultation entre les représentants de la région et ceux du pouvoir central qui aboutit fin 2021 à la conclusion d'un accord de principe pour une indépendance de Bougainville entre 2025 et 2027[5].
Géographie
La région de Bougainville occupe le Nord de l'archipel des Salomon avec l'île Bougainville, qui est la plus grande île de cet ensemble. La frontière entre la Papouasie-Nouvelle-Guinée et les Îles Salomon se situe juste au sud au milieu d'un détroit de 9 km qui la sépare des îles Shortland. L'île salomonienne de Choiseul est 30 km plus au sud.
L'île Buka se trouve au Nord de Bougainville, séparé par un mince détroit. La région comprend d'autres îles et atolls plus ou moins éloignés :
- les îles Green avec son île principale Nissan ;
- les Îles Carteret ;
- l'atoll de Takuu, une exclave polynésienne ;
- l'atoll de Nukumanu, une exclave polynésienne ;
- les îles Nuguria, une exclave polynésienne.
L'île principale, Bougainville, est de nature volcanique, avec le Bagana pour principal volcan actif.
Histoire
L'île Bougainville et les petites îles à proximité, dans l'ouest de l'Océanie, sont peuplées de Papous depuis 28 000 ans, rejoints par des migrants austronésiens il y a quelque 3 500 ans. Bougainville est visitée par le marin et navigateur français Louis-Antoine de Bougainville, qui entreprit son exploration vers 1768 et donna son nom à l'île. Les îles de la région sont colonisées en 1885 par la Compagnie de Nouvelle-Guinée, pour le compte de l'Empire allemand via le protectorat allemand de Salomon du Nord. En novembre 1899, l'Allemagne transfère Choiseul, Santa Isabel, les îles Shortland et Ontong Java aux protectorat des îles Salomon britanniques, mais conserve Bougainville et les îles environnantes. Les missionnaires y débutent le processus de christianisation en 1902.
Bougainville est occupée par les forces japonaises pendant la Seconde Guerre mondiale de mars 1942 à . À l'issue de la Première Guerre mondiale, qui marque la disparition de l'empire colonial allemand, Bougainville passe sous souveraineté australienne en 1947, et est rattachée au Territoire de Nouvelle-Guinée. Elle le demeure jusqu'en 1975, quand elle devient une province (appelée d'abord province de Salomon du Nord, avant de devenir région autonome en 1998) de la Papouasie-Nouvelle-Guinée qui accède alors à l'indépendance.
L'île demeure un haut lieu de l'exploitation des gisements miniers d'or et de cuivre[6]. En 1972, Bougainville Copper, filiale de Rio Tinto commence l'extraction du cuivre dans une mine à ciel ouvert à Panguna, qui devient la plus grande mine de cuivre à ciel ouvert du monde. Les habitants protestent, à la fois contre les dégâts environnementaux qui en résultent, et contre le peu de retombées économiques pour la population locale. La mine est fermée en 1989 à la suite d'opérations de sabotage menées par l'Armée révolutionnaire de Bougainville.
En 1975, la Papouasie-Nouvelle-Guinée obtient son indépendance, ce nouvel État incluant Bougainville, dont les ressources minières sont jugées cruciales pour l'économie du pays. Un mouvement sécessionniste déclare brièvement l'indépendance de Bougainville, de à , avant de réintégrer la Papouasie-Nouvelle-Guinée[7].
Guerre civile
En 1988, les griefs liés à l'exploitation minière amènent Francis Ona et Pepetua Serero (en) à lancer un mouvement de résistance armé : l'Armée révolutionnaire de Bougainville (BRA). La mine est contrainte de fermer l'année suivante. La BRA proclame l'indépendance de Bougainville, se dotant d'un « gouvernement par intérim », dirigé par Francis Ona et Joseph Kabui. Les forces armées de Papouasie-Nouvelle-Guinée investissent le territoire, et imposent un blocus sur l'île : c'est la guerre civile, à la fois entre la BRA et l'armée papou-néo-guinéenne et entre la BRA et des Bougainvillais qui lui sont opposés. Des parties de l'île sont en proie à des groupes criminels armés. Les diverses factions commettent des exactions et des violations des droits humains, notamment contre des civils. La décennie de violences fait près de 20 000 morts[8].
À partir de 1997, la Nouvelle-Zélande exerce un rôle de médiateur, ce qui aboutit à un accord de paix le [9]. L'accord prévoit que Bougainville demeure pour l'heure partie constituante de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, mais avec une autonomie fortement accrue, et avec la tenue d'un référendum d'indépendance devant avoir lieu avant 2020. Francis Ona et une faction minoritaire de la BRA refuse l'accord. Ona se déclare « roi de Bougainville » en 2004, mais vit caché et ignoré. Il meurt de la malaria en 2005, peu après la tenue d'élections qui mettent en place les institutions de la nouvelle Région autonome de Bougainville. Joseph Kabui, ancien commandant de la BRA, devient le premier président de Bougainville, jusqu'à son décès d'une crise cardiaque en . La Région autonome a le contrôle de la mine de Panguna, qui n'est toutefois pas rouverte ; l'accord de paix stipule notamment que les terres et les ressources appartiennent aux populations locales, et les négociations se révèlent difficiles[8].
Référendum d'autodétermination de 2019
À la suite du conflit armé des années 1990, et de l'accord de paix de 2001, Bougainville bénéficie d'une autonomie bien plus importante que les autres provinces du pays. Un référendum sur l'indépendance était prévu pour ; en raison d'un manque de financement destiné à la préparation du scrutin, et de listes électorales incomplètes, il est repoussé une première fois au [10], puis une seconde fois au , à la demande de la commission référendaire, une grande partie des fonds promis par le gouvernement national n'ayant pas été versés[11]. Ce dernier, tout comme le gouvernement régional, assure alors qu'aucun nouveau report ne sera mis en œuvre. Le référendum est étalé sur quinze jours, du au , et les résultats sont rendus publics le [12]. Ceux-ci donnent une écrasante majorité en faveur de l'indépendance, plus de 98 % des Bougainvillois s'étant rendus aux urnes ayant fait ce choix, pour une participation de plus de 87 %[13]. Une phase de consultation est menée jusqu'en mars 2020 après une période de quarante jours à l'issue de laquelle aucun recours contre le processus n'est déposé, toutes les parties validant les résultats du référendum[4]. Les deux gouvernements commencent le mois suivant l'élaboration d'une feuille de route pour le règlement de la transition[14].
Les négociations finissent par aboutir à la conclusion d'un accord de principe le 7 juillet 2021. Celui ci prévoit l'indépendance effective de Bougainville au maximum en 2027, avec un échelonnement du processus sur plusieurs années afin de permettre à la Papouasie-Nouvelle-Guinée de procéder à des amendements constitutionnels et à Bougainville de rédiger sa propre constitution[5]. Les négociations s'enlisent par la suite sans que le processus en évoqué ne soit confirmé par la voie parlementaire, ce qui amène Toroama a s'en plaindre publiquement le 10 décembre 2021 lors d'un discours tenu à l’occasion de la troisième réunion de consultation commune[15]. Trois jours plus tard, Toroama et Marape signent une déclaration commune confirmant le processus devant conduire à une indépendance de Bougainville entre 2025 et 2027, avec la présentation devant les gouvernements des deux gouvernements d'une feuille de route avant le 31 janvier 2022. Cette dernière doit alors commencer à être mise en œuvre deux mois plus tard, sous réserve d'un avis favorable des deux gouvernements[16].
En juin 2022, la Commission préparatoire à la constitutionnelle de Bougainville (en anglais : Bougainville Constitutional Planning Commission ou BCPC) entame une large consultation de trois mois[17] pour couvrir les quartiers de chaque circonscription ; les commissaires recueillent les points de vue des Bougainvilliers pour rédiger une nouvelle constitution autochtone pour un État souverain indépendant. La BCPC, composé de 40 commissaires, a été nommé par le Conseil exécutif de Bougainville et a prêté serment au début de l'année 2022 devant le président Toroama avec comme objectif de disposer d'un premier projet de constitution d'ici la fin de l'année[18].
Le , le Bagana entre en éruption, entraînant le déplacement de milliers d'habitants dans des camps d'accueil bénéficiant d'une aide humanitaire internationale[19].
Politique
Institutions
De par sa constitution adoptée en 2004[20], la Région autonome de Bougainville est dirigée par une Chambre des représentants (corps législatif) de 41 membres dont 39 élus au suffrage universel, et par un Conseil exécutif de quatorze membres, principalement choisis parmi les députés. Le président, membre du Conseil exécutif, est élu au suffrage universel, et ne peut pas exercer plus de deux mandats. Les élections législatives et présidentielles ont lieu tous les cinq ans. John Momis a remporté les élections présidentielles de 2010 et de 2015[21], et Ishmael Toroama celle de 2020.
Chacune des provinces de Papouasie-Nouvelle-Guinée est dotée d'un gouverneur, élu au suffrage universel direct par la population de la province en même temps que les élections législatives nationales (tous les cinq ans), et siégeant ex officio au Parlement national de Papouasie-Nouvelle-Guinée. Bougainville étant la seule province à avoir le statut de « région autonome », elle est gouvernée en réalité par son président, son gouverneur la représentant auprès des instances nationales. Peter Tsiamalili Junior, gouverneur de Bougainville depuis 2021, décrit ainsi son rôle comme étant « un porte-parole du président » auprès du Parlement national, et si possible un coordinateur des députés des trois circonscriptions de Bougainville au Parlement national pour une meilleure promotion des intérêts de la région autonome auprès des instances nationales[22],[23],[24].
Subdivisions
La région est divisée en trois districts, qui sont ensuite divisés en gouvernements de niveau local (GNL, LLG en anglais)
- District de Bougainville central (Arawa-Kieta) :
- GNL rural d'Arawa
- GNL rural de Wakunai
- District de Bougainville du Nord (Buka) :
- GNL rural des Atols
- GNL rural de Buka
- GNL rural de Kunua
- GNL rural de Nissan
- GNL rural de Selau Suir
- GNL rural de Tinputz
- District de Bougainville du Sud (Buin) :
- GNL rural de Bana
- GNL rural de Buin
- GNL rural de Siwai
- GNL rural de Torokina
Économie
Un petit pourcentage de l'économie de la région provient de l'exploitation minière. La majorité de la croissance économique provient de l'agriculture et de l'aquaculture.
Religion
La majorité des habitants de Bougainville sont chrétiens, environ 70 % étant catholiques romains et une minorité substantielle appartenant à l'Église unie de Papouasie-Nouvelle-Guinée et des Salomon (protestante) depuis 1968.
Emblèmes
De ratio 2:3, le drapeau bougainvillois figure en son centre une upe, une coiffe traditionnelle portée par les adolescents mâles lors d'un rite de passage à l'âge adulte.
Créé en 1975 et choisi par concours lors de la proclamation unilatérale de la république des Salomon du Nord, le drapeau est interdit en tant que symbole sécessionniste par le gouvernement de Papouasie-Nouvelle-Guinée lors de la réincorporation de l'île l'année suivante[25],[26]. Il est cependant officialisé en 1978, puis ses symboles codifiés en 2018.
La loi de 2018 instaure également officiellement un hymne, My Bougainville[2].
Sports
Le rugby à XIII est bien implanté dans l'île et plusieurs joueurs bougainvillais ont intégré l'équipe nationale de Papouasie-Nouvelle-Guinée, notamment Bernard Wakatsi, Joe Katsi, Lauta Atoi et Chris Siriosi. La Bougainville Rugby Football League (BRFL), affiliée à la Papua New Guinea Rugby Football League (PNGRFL), compte dans le championnat 2018 huit clubs[27].
Le FC Bougainville joue dans le championnat de Papouasie-Nouvelle-Guinée de football depuis 2019 dans la conférence du Sud : le club semi-professionnel a été fondé en 2018 est basé à Port Moresby avec des joueurs de Bougainville[28]. Auparavant, une équipe était présente sur l'île avec la Bougainville Soccer Association, qui avait remporté d'ailleurs le championnat national en 1977[29].
La boxe est populaire à Bougainville avec notamment Thadius Katua qui a représenté la Papouasie-Nouvelle-Guinée aux Jeux olympiques de 2016 après son titre aux Jeux du Pacifique de 2015[30].
Notes et références
Notes
- En français : « Paix, Unité, Prosperité ».
Références
- [1]
- (en) « Bougainville Flag, Emblem and Anthem (Protection)Bill 2018 » [PDF], sur abg.gov.pg, Autonomous Bougainville Government (consulté le ).
- Prononciation en anglais standard retranscrite phonémiquement selon la norme API.
- Isabelle Dellerba, « L’archipel de Bougainville vote en faveur de son indépendance, un combat encore long », Le Monde, (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le ).
- (en) « PNG, B’ville agree on latter’s independence », sur Post Courier, (consulté le ).
- Présentation historique de l'île de Bougainville
- (en) Eric Tlozek, « Papua New Guinea, Bougainville governments set up commission to oversee independence vote », Australian Broadcasting Corporation, (consulté le ).
- (en) Keri Phillips, « Bougainville at a crossroads: independence and the mine », Australian Broadcasting Corporation, (consulté le ).
- « Le Secrétaire général se félicite de l'accord politique conclu entre le gouvernement de Papouasie-Nouvelle-Guinée et Bougainville », sur un.org, Organisation des Nations unies, (consulté le ).
- (en) « Bougainville independence referendum postponed », Radio New Zealand International, (consulté le ).
- (en) « Independence vote delayed for Papua New Guinea's Bougainville », sur france24.com, France 24, (consulté le ).
- (en) « Writs for the Bougainville Referendum issued », sur Radio New Zealand, (consulté le ).
- (en) « Bougainville referendum: PNG region votes overwhelmingly for independence », sur BBC News, .
- (en) « BRC Disposes of Referendum Materials », sur bougainville-referendum.org, Bougainville Referendum Commission, (consulté le ).
- (en) « Bougainville's tough stance at latest referendum talks », sur rnz.co.nz, (consulté le ).
- (en) « PNG and Bougainville make some progress in referendum talks », sur rnz.co.nz, (consulté le ).
- Consultations for new Independence Constitution underway
- Department of Bougainville Independence Mission Implementation
- Françoise Tromeur, « Le Vendémiaire achemine une aide humanitaire de Nouméa à Bougainville », Nouvelle-Calédonie La Première, 12 septembre 2023.
- « The Constitution of the Autonomous Region of Bougainville 2004 » [« Constitution de la Région autonome de Bougainville 2004 »], sur paclii.org, Pacific Islands Legal Information Institute (consulté le ).
- (en) Liam Fox, « John Momis re-elected as Bougainville president, securing more than 50pc of votes », sur Australian Broadcasting Corporation, (consulté le ).
- (en) "Former top sports administrator wins Bougainville regional seat", Radio New Zealand, 9 février 2021
- (en) "Tsiamalili focuses on aligning Bougainville MPs, government priorities", The National, 17 février 2021
- (en) "Tsiamalili ready to serve", The National, 25 février 2021
- (en) « Their own flag - Papua New Guinea Post-Courier (Port Moresby : 1969 - 1981) - 1 Sep 1975 », sur Trove (consulté le ).
- (en) « SPEECHES, AND A FLAG... - Papua New Guinea Post-Courier (Port Moresby : 1969 - 1981) - 3 Sep 1975 », sur Trove (consulté le ).
- (en) Sebastian Hakalits, « B'ville plans own version of City V Country challenge », Post-Courier, (lire en ligne).
- (en) « Bougainville ready to take part in NSL, spread hope », sur www.thenational.com.pg, .
- (en) « A soccer lesson from Bougainville », sur Trove, (consulté le ).
- (en) Simon Belu, « Katua in Rio to chase Olympic dream », sur Bougainville 24, (consulté le ).
Annexes
Articles connexes
Liens externes
- Ressource relative à la musique :
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :