En chant grégorien, le terme resupinus (ou au féminin, resupina, du latin resupinus, a, um, renversé, qui redresse la tête[1], insouciant) désigne un neume composé, auquel a été ajouté en suffixe une note plus élevée que la note finale du neume de base[2]. On voit parfois respinus, mais cette forme paraît incorrecte.
En termes purement mélodiques, le resupinus pourrait s'analyser comme un mécanisme de construction des neumes. Ainsi, le scandicus /\/ s’analyse musicalement -mais d'une manière très théorique- comme un clivis respinus /\ + /, ce qui correspond souvent à la notation cursive de Saint Gall.
Dans la notation cursive, le resupinus est nettement individualisé dans la notation de Laon, où il prend presque toujours la forme d'une virga juxtaposée au neume après une coupure neumatique. Dans la notation de Saint Gall, l'individualisation est moins nette, la virga étant souvent liée au neume qui la précède.
Dans les compositions grégoriennes, le resupinus précède généralement un changement de syllabe, à l'unisson ou à un degré inférieur.
Sur le plan rythmique, l'interprétation naturelle du resupinus semble être celle d'une note de transition, qui s'ajoute au neume qui la précède pour le réveiller avant l'arrêt qu'il semble marquer et le mener vers la syllabe suivante. L'interprétation correspondante consiste à ralentir l'exécution du neume précédant comme s'il s'agissait d'un neume final, puis de prendre la note resupinus sur la dernière partie du dernier temps du neume, le réveillant pour poser le temps fort ultérieur (ictus) sur la première note du neume suivant.
Références
- Hélène Beguermont, La première écriture musicale du monde occidental: la notation neumatique dans les manuscrits de chant grégorien du IXème au XIIIème siècle, Zurfluh, (ISBN 978-2-87750-093-7, lire en ligne), p. 47
- Claude Abromont et Eugène de Montalembert, Guide de la théorie de la musique, Fayard, (ISBN 978-2-213-64511-7, lire en ligne), p. 277
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