Risque de génocide à Gaza | |
Des funérailles dans la bande de Gaza en 2023. | |
Date | depuis le |
---|---|
Lieu | Palestine Israël |
Victimes | Palestiniens |
Type | Génocide, Châtiment collectif, Nettoyage ethnique, Déplacement forcé, Répression à l'aveugle |
Auteurs | Armée israélienne |
Ordonné par | Gouvernement israélien |
Motif | Remplacement de population Établissement d'un Grand Israël |
Guerre | Conflit israélo-palestinien Conflit Gaza-Israël Conflit israélo-arabe |
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Le risque de génocide à Gaza depuis 2023 est le risque que les actions entreprises par Israël pendant la guerre Israël-Hamas de 2023 puissent amener à un génocide contre les Palestiniens.
Définition juridique du génocide
Le terme de génocide a été créé en 1944 par le juriste Raphaël Lemkin.
L'ONU en a donné une définition juridique dans la convention du 9 décembre 1948 pour la prévention de la répression du crime de génocide (art II) [1]: "Le génocide s'entend de l'un quelconque des actes ci-après, commis dans l'intention de détruire, ou tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux, comme tel : meurtre de membres du groupe ; atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe ; soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle ; mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe; transfert forcé d'enfants du groupe à un autre groupe" [2].
Cette définition est le résultat d’un processus de négociation et reflète le compromis obtenu par les États Membres des Nations Unies lors de la rédaction de la Convention en 1948.
La convention pour la prévention et la répression du crime de génocide précise : "La définition du génocide se compose de deux éléments, à savoir l’élément physique, qui renvoie aux actes commis, et l’élément mental, qui renvoie à l’intention. L’intention est l’élément le plus difficile à déterminer. Pour qu’il y ait génocide, il doit y avoir une intention avérée de la part des auteurs de détruire physiquement un groupe national, ethnique, racial ou religieux. La destruction culturelle ne suffit pas, ni l’intention de simplement disperser un groupe, bien qu’elle puisse constituer un crime contre l’humanité tel qu’indiqué dans le Statut de Rome. C’est cette intention spécifique, ou dolus specialis, qui fait du génocide un crime si unique. Pour parler de génocide, il doit également être établi que les victimes sont ciblées de manière délibérée et non aléatoire, en raison de leur appartenance réelle ou perçue à l’un des quatre groupes protégés par la Convention. Cela signifie que la cible de la destruction doit être le groupe en tant qu’entité, ou même une partie du groupe, mais pas ses membres à titre individuel" [3].
Contexte
Après les attaques du par le Hamas, Yoav Gallant, ministre de la Défense israélien, a déclaré : « Nous combattons des animaux humains, et nous agissons en conséquence »[4]. Avi Dichter, ministre israélien de l'Agriculture, a appelé à ce que la guerre soit une "Nakba de Gaza" sur la chaîne 12[5]. Amihai Eliyahu, ministre israélien du Patrimoine, a appelé à larguer une bombe atomique sur Gaza[5]. Le président d'Israël Isaac Herzog a blâmé toute la Palestine pour l'attaque du 7 octobre[6].
Le général-major Ghassan Alian (en), coordinateur des activités gouvernementales dans les territoires, a déclaré : « Il n'y aura ni électricité ni eau (à Gaza), il n'y aura que destruction. Vous vouliez l'enfer, vous aurez l'enfer, »[4]. La membre du Parti républicain de la Chambre des représentants de Floride, Michelle Salzman (en), a déclaré à la Chambre que la mort de tous à Gaza serait une réponse à une question rhétorique[7].
Au , plus de 21 000 Palestiniens, dont plus de 8 000 enfants, 6 200 femmes aurait été tués, de même que 61 journalistes[8]. Selon certaines estimations, des milliers de corps supplémentaires ont été enterrés sous les décombres[9],[10],[11]. La guerre, toujours en cours, et l'absence d'enquête indépendante rendent difficile la qualification juridique de la situation dans la bande de Gaza.
Discours académique et juridique
Certains universitaires citent les déclarations israéliennes qu'ils considèrent comme constituant une « intention de détruire » la population de Gaza, une condition nécessaire pour que le seuil légal du génocide soit atteint[12]. Norman Finkelstein affirme que Benjamin Netanyahu appelant les Palestiniens Amalek est un appel au génocide[13]. Il accuse Israël de mener une « guerre génocidaire »[14]. Raz Segal a qualifié la guerre de « cas typique de génocide »[6].
Ces allégations sont cependant contestées par d'autres universitaires pour qui les actions israéliennes ne constituent pas un génocide. Cela a ainsi été réfuté par le professeur David Simon et Ben Kiernan de l'université Yale[6].
A l'extermination des êtres humains, s'ajoute la destruction du patrimoine culturel et historique palestinien, à laquelle l'armée israélienne se livre de manière massive et méthodique. Constitutive du génocide, cette composante de destruction patrimoniale est relativement documentée, malgré les difficultés à le faire en raison de la poursuite des bombardements, destructions et massacres à Gaza[15].
Conséquences
L'Afrique du Sud saisit la Cour internationale de justice en vertu de la convention de Genève pour enquêter sur Israël pour des allégations de génocide, de crimes de guerre et de Crimes contre l'humanité[16]. Le président de l'Afrique du Sud, Cyril Ramaphosa, a comparé les actions d'Israël à l'Apartheid[17]. Israël a nié les allégations et a accusé l'Afrique du Sud de collaborer avec le Hamas[16]. Israël a qualifié les actions de l'Afrique du Sud d'accusation antisémite de meurtre rituel[18]. Le , Israël a décidé de comparaître devant la CIJ en réponse à l'affaire présentée par l'Afrique du Sud selon laquelle Israël commettrait un génocide[19].
Euro-Mediterranean Human Rights Monitor (organisation indépendante à but non lucratif pour la protection des droits de l'homme) documente des preuves d'exécutions commises par les Forces de défense israéliennes. Elle a soumis les preuves et la documentation à la Cour pénale internationale et au rapporteur spécial des Nations unies[20].
La Cour internationale de justice (CIJ) a pourtant rejeté la saisie de l’Afrique du Sud, imputant à Israël la commission d’un « génocide » à Gaza. L’organe judiciaire de l’ONU s’est contenté d’un rappel du droit et d’une mise en garde formelle à destination de l’État hébreu. [21] [22] [23] [24].
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Allegations of genocide in the 2023 Israeli attack on Gaza » (voir la liste des auteurs).
- « Génocide — Géoconfluences (ens-lyon.fr) »
- « Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide | OHCHR »
- « Appeal-Ratification-Genocide-FactSheet-FR.PDF (un.org) »
- Jessica Buxbaum, « 'Effacer Gaza' : Comment la rhétorique génocidaire est normalisée en Israël », sur New Arab, (consulté le )
- « Les commentaires des ministres de droite israéliens alimentent les craintes palestiniennes », sur NBC News, (consulté le )
- « Ce qui se passe à Gaza est-il un génocide ? Des experts donnent leur avis », sur TIME, (consulté le )
- Andrew Mitrovica, « S'en sortir avec un appel au génocide à Gaza », sur Al Jazeera (consulté le )
- (en) Dustin Barter, « Myanmar, Gaza, and why it’s time for humanitarian resistance » , sur The New Humanitarian,
- (en) Bassam Massoud et Maggie Fick, « Gaza death toll: why counting the dead has become a daily struggle », Reuters, (lire en ligne )
- « Le bilan des morts à Gaza atteint 20 000, le vote du cessez-le-feu de l'ONU est reporté », Euronews, (lire en ligne [archive du ], consulté le )
- « Guerre à Gaza 'la plus dangereuse jamais vue' pour les journalistes, selon un groupe de défense des droits », Reuters, (lire en ligne)
- Ana Komnenic, « Experts, advocates deeply divided on question of 'genocide' in Gaza », sur cbc.ca, CBC (consulté le )
- (en) « Norman Finkelstein vs. Alan Dershowitz: When Netanyahu Calls Palestinians "Amalek," He Is Calling For Genocide », sur realclearpolitics.com,
- « Dershowitz and Finkelstein Rekindle Decades-Old Debate on Israel-Palestine Conflict - GV Wire - Explore. Explain. Expose », (consulté le )
- (en) Librarians and Archivists with Palestine, « Israeli Damage to Archives, Libraries, and Museums in Gaza, October 2023–January 2024 : A Preliminary Report from Librarians and Archivists with Palestine », Librarian and Archivist with Palestine, vol. -, no -, , p. 1-13 (lire en ligne [PDF])
- Léonie Chao-Fong, Martin Belam, Reged Ahmad, Léonie Chao-Fong (maintenant) ; Martin Belam et Reged Ahmad (auparavant), « Guerre Israël-Gaza en direct : Israël réplique à l'Afrique du Sud après avoir lancé un dossier de génocide devant la plus haute cour de l'ONU », the Guardian, (ISSN 0261-3077, lire en ligne, consulté le )
- Traci Carl, « L'Afrique du Sud accuse Israël de génocide devant un tribunal de l'ONU. », The New York Times, (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
- « L'Afrique du Sud porte plainte devant La Haye accusant Israël de génocide à Gaza », sur The Herald, (consulté le )
- « Israel to contest genocide case filed by South Africa at International Court of Justice », sur www.aa.com.tr (consulté le )
- « Euro-Med submits findings on Israeli army executions in Gaza to ICC, UN, calling them 'genocide' », Middle East Monitor, (lire en ligne, consulté le )
- « Former head of ICJ explains ruling on genocide case against Israel brought by S Africa (bbc.com) »
- « Guerre à Gaza - "Génocide", l'accusation rituelle (franc-tireur.fr) »
- « A Gaza, la plus infecte des guerres mais pas un genocide lettr!e ouverte à d'Artagnan », sur Marianne.net,
- « La qualification de génocide à Gaza une accusation de trop », sur www.liberation.fr,
Articles connexes
- Allégations de génocide des Palestiniens
- Afrique du Sud c. Israël (convention contre le génocide)
- Pertes humaines pendant la guerre Israël-Hamas de 2023-2024
Bibliographie
- Razmig Keucheyan, « Arméniens, Palestiniens, peut-on comparer ? - Ce qu’on appelle génocide », Le Monde diplomatique, (lire en ligne)
- Stéphanie Maupas, « Gaza : la Cour internationale de justice appelle à protéger les Palestiniens contre un « risque réel et imminent » de génocide », Le Monde, (lire en ligne)
- Didier Fassin. Une étrange défaite. Sur le consentement à l'écrasement de Gaza , Paris, La Découverte, 186 p., 2024