Bolet de Dupain, Bolet à chapeau laqué
Règne | Fungi |
---|---|
Division | Basidiomycota |
Classe | Agaricomycetes |
Sous-classe | Agaricomycetidae |
Ordre | Boletales |
Famille | Boletaceae |
Genre | Rubroboletus |
(Boud.) Kuan Zhao & Zhu L. Yang (2014)
Rubroboletus dupainii, le Bolet de Dupain ou Bolet à chapeau laqué, auparavant Boletus dupainii, est une espèce rare de champignons (Fungi) basidiomycètes du genre Rubroboletus dans la famille des Boletaceae. Il est caractérisé par son chapeau et ses pores rouge vif ainsi que son pied généralement lisse sans ornementation.
Taxonomie
Le nom correct complet (avec auteur) de ce taxon est Rubroboletus dupainii (Boud.) Kuan Zhao & Zhu L.Yang[1].
L'espèce a été initialement classée dans le genre Boletus sous le basionyme Boletus dupainii Boud. 1902[2].
Synonymes
Rubroboletus dupainii a pour synonymes[3] :
- Boletus dupainii Boud.
- Suillellus dupainii (Boud.) Blanco-Dios
- Tubiporus dupainii (Boud.) Maire
- Xerocomus dupainii (Boud.) Konrad & Maubl.
Phylogénie
Ce bolet a été décrit scientifiquement pour la première fois par le mycologue français Jean Louis Émile Boudier en 1902[4]. Il a été transféré au nouveau genre Rubroboletus en 2014 avec plusieurs autres espèces proches de bolets bleuissants de couleur rougeâtre[5]. Phylogénétiquement, Rubroboletus dupainii est l'espèce sœur de Rubroboletus lupinus[6].
Étymologie
Cette espèce a été nommée en hommage à Victor Dupain, un mycologue français.
Noms vulgaires et vernaculaires
Ce taxon porte en français les noms vernaculaires ou normalisés suivants : Bolet de Dupain, Bolet à chapeau laqué[7][8].
Description du sporophore

Les bolets sont des champignons dont l’hyménophore, constitué de tubes et terminés par des pores, se sépare facilement de la chair du chapeau. Ce chapeau d'abord rond, recouvert d'une cuticule, devient convexe à mesure qu’il vieillit. Ils ont un pied (stipe) central assez épais et une chair compacte. Les caractéristiques morphologiques de R. dupainii sont les suivantes :
Son chapeau mesure généralement jusqu'à 12 cm de diamètre[9]. Il est lisse, visqueux et d'apparence laquée, de couleur rouge sang à rouge orangé[10], parfois avec une marge blanche ou jaunâtre au bord.
L'hyménophore présente des pores de couleur rouge orangé à rouge sang vif[9],[10], souvent moins rouges vers la marge. Les tubes sont concolores.
Son stipe peut atteindre 10 cm de haut pour 5 cm de diamètre[9]. Il est brun rougeâtre presque entièrement ponctué, légèrement réticulé au sommet[10].
La chair est jaune pâle et vire au bleu en s'oxydant. Elle dégage une odeur fruitée et est réputée avoir une saveur douce[11].
Caractéristiques microscopiques
Ses spores mesurent de 11 à 14,5 μm x 3,5 à 5 μm[10].
Galerie
Habitat et distribution
C'est une espèce ectomycorhizienne, poussant dans des milieux au sol calcaire, sous des feuillus, typiquement sous les chênes (par exemple Q. cerris, petraea, pubescens, suber, ilex, rotundifolia)[10], mais aussi sous Fagus et Castanea. C'est un champignon qui apprécie les forêts thermophiles[9], il se rencontre principalement dans les forêts naturelles ou semi-naturelles à feuilles caduques termophiles dominées par Quercus, souvent des forêts anciennes, préférant parfois des zones plus ouvertes. En raison des effets du changement climatique, on s'attend à ce qu'il se propage lentement vers le nord, occupant des habitats potentiellement appropriés en Europe centrale[12]. Il est possible d'observer le Bolet de Dupain entre août et octobre[10].
Cette espèce est globalement rare, bien que plus abondante dans les pays du sud de l'Europe. Selon Fraiture et Otto (2015), le nombre de sites connus est d'environ 100, dont plus de 50 en France et en Italie. Bien que l'habitat approprié de R. dupainii soit étendu, et qu'il s'agisse d'un champignon visible, bien connu et facilement identifiable, il n'est pas couramment signalé. Il a une large répartition et le nombre total de localités est estimé être significativement plus élevé que celui rapporté, mais ne devrait pas dépasser 1000[12].
Ce champignon est présent dans plusieurs pays d'Europe. On le retrouve peu en Europe centrale et méridionale[9]. Il se développe cependant du sud de l'Allemagne, jusqu'à la côté méditerranéenne française. Il a aussi été identifié en Russie, au nord du Caucase[9]. Il se rencontre également dans les pays suivants[8] : Autriche, Bulgarie, Croatie, Espagne, France, Grèce, Hongrie, Italie, Macédoine du Nord, Portugal, Serbie, Slovaquie, Slovénie, Suède, Tchéquie, Turquie.
Statut de conservation
Mondial
La liste rouge de The Global Fungal Red List Initiative classe R. dupainii dans la catégorie NT (Quasi menacé) au niveau mondial[12].
On considère que l'habitat de R. dupainii a diminué de plus de 20 % au cours des 50 dernières années. Cela est dû en grande partie à la conversion des forêts de feuillus en plantations de conifères. On s'attend à ce que ce déclin se poursuive au même rythme au cours des 50 prochaines années (cf. Commission européenne, 2015). Cette espèce forme des ectomycorhizes avec des espèces de Fagaceae, de sorte que le déclin des hôtes a un impact négatif direct sur la taille de la population de R. dupainii. Les menaces sont principalement liées à la gestion forestière (par exemple, les incendies, les coupes à blanc ; Fraiture et Otto 2015), au remplacement des forêts de chênes indigènes par des conifères (par exemple Pinus nigra) et à la propagation de l'espèce exotique envahissante Robinia pseudoacacia[12].
Cette espèce est menacée par la déforestation et les feux de forêts qui détruisent son habitat[9]. C'est une espèce rare à préserver, sur la liste rouge de plusieurs pays européens[13]. Le Bolet de Dupain est présent sur les listes régionales d'espèces menacées en Bavière et en Sarre. Il est également sur les listes nationales d'espèces menacées en Autriche, en Allemagne et en Hongrie[9].
Régional
- Auvergne-Rhône-Alpes : classement de cette espèce en catégorie EN (En danger) au niveau régional[14].
- Poitou-Charentes : classement de cette espèce en catégorie EN (En danger) au niveau régional[15].
- Midi-Pyrénées : classement de cette espèce en catégorie VU (Vulnérable) au niveau régional[16].
- Franche-Comté : classement de cette espèce en catégorie EN (En danger) au niveau régional[17].
Comestibilité
Le Bolet de Dupain est comestible[18],[19] à condition de prendre la précaution de bien le cuire car il est toxique cru ou mal cuit. Il appartient à un groupe de Rubroboletus à pied sans réseau, consommés entre autres en Chine (notamment Rubroboletus esculentus). Cependant, sa rareté et statut sur la liste rouge d'espèces menacées dans plusieurs pays européens devrait inciter à ne pas le rechercher à des fins de consommation, de sorte qu'il est à considérer comme sans interêt alimentaire cuit, toxique cru [20].
Confusions possibles
Les couleurs écarlates de ce bolet le rendent difficile à confondre. Attention malgré tout au Bolet des loups (Rubroboletus lupinus), toxique, qui peut parfois présenter un chapeau vivement coloré[10].
Voir aussi
Bibliographie
- Guillaume Eyssartier & Pierre Roux : Guide des champignons – France et Europe – 4ᵉ édition, Belin, 2017.
- Régis Courtecuisse & Bernard Duhem : Champignons de France et d'Europe, Delachaux, 2013.
- Thomas Læssøe & Jens H. Petersen : Les champignons d’Europe tempérée, volume 1 et 2, Biotope, 2020.
- Jean-Claude Gerber & Nicolas Schwab : Champignons, guide de terrain : 2ᵉ édition revue et augmentée, Rossolis, 2023.
Articles connexes
Liens externes
- (en) Catalogue of Life : Rubroboletus dupainii (Boud.) Kuan Zhao & Zhu L. Yang (consulté le )
- (fr + en) EOL : Rubroboletus dupainii (consulté le )
- (en) Index Fungorum : Rubroboletus dupainii (Boudier) Kuan Zhao & Zhu L. Yang (consulté le )
- (fr + en) GBIF : Rubroboletus dupainii (Boud.) Kuan Zhao & Zhu L.Yang (consulté le )
- (fr) INPN : Rubroboletus dupainii (Boud.) Kuan Zhao & Zhu L.Yang, 2014 (TAXREF) (consulté le )
- (en) MycoBank : Rubroboletus dupainii (Boudier) Kuan Zhao & Zhu L. Yang (consulté le )
- (en) NCBI : Rubroboletus dupainii (taxons inclus) (consulté le )
- (en) Taxonomicon : Rubroboletus dupainii (Boud.) Kuan Zhao & Zhu L.Yang (2014) (consulté le )
- (en) UICN : espèce Rubroboletus dupainii Boud. (consulté le )
Notes et références
- ↑ GBIF Secretariat. GBIF Backbone Taxonomy. Checklist dataset https://doi.org/10.15468/39omei accessed via GBIF.org, consulté le 18 mars 2024.
- ↑ « Species Fungorum - GSD Species », sur www.speciesfungorum.org (consulté le )
- ↑ GBIF Secretariat. GBIF Backbone Taxonomy. Checklist dataset https://doi.org/10.15468/39omei accessed via GBIF.org, consulté le 22 mars 2024.
- ↑ Boudier JLÉ. (1902). "Champignons nouveaux de France". Bulletin de la Société Mycologique de France (in French). 18: 137–46.
- ↑ Zhao K, Wu G, Yang ZL. "A new genus, Rubroboletus, to accommodate Boletus sinicus and its allies". Phytotaxa. 188 (2): 61–77.
- ↑ Loizides M, Bellanger JM, Assyov B, Moreau PA, Richard F (2019). "Present status and future of boletoid fungi (Boletaceae) on the island of Cyprus: cryptic and threatened diversity unraveled by 10-year study". Fungal Ecology. 41 (13): 65–81.
- ↑ MNHN & OFB [Ed]. 2003-présent. Inventaire national du patrimoine naturel (INPN), Site web : https://inpn.mnhn.fr, consulté le 18 mars 2024.
- UICN, consulté le 18 mars 2024.
- Fiches descriptives des champignons menacés d’Europe susceptibles de figurer à l’Annexe I de la Convention, Strasbourg, European Council for the Conservation of Fungi (ECCF), (lire en ligne), p. 12
- « Mycocharentes - Rubroboletus dupainii »
- ↑ « MycoDB : Fiche de Rubroboletus dupainii », sur www.mycodb.fr (consulté le )
- (en) The Global Fungal Red List Initiative, « Rubroboletus dupainii », sur redlist.info (consulté le )
- ↑ (en) Anders Dahlberg, Hjalmar Croneborg et Council of Europe, The 33 Threatened Fungi in Europe, Council of Europe, (ISBN 978-92-871-5928-1, lire en ligne)
- ↑ VAN VOOREN N., BIDAUD A., COCHARD H., FAVRE A., MOREAU P.-A. & RIVOIRE B, « LISTE ROUGE des champignons menacés d’Auvergne-Rhône-Alpe »
[PDF], sur biodiversite-auvergne-rhone-alpes.fr, Annemasse, (ISBN 978-2-900201-02-2)
- ↑ « Liste rouge des Champignons du Poitou-Charentes »
[PDF], sur poitou-charentes-nature.asso.fr, (ISBN 978-2-918831-17-4)
- ↑ Corriol G. (Coord.), « Liste rouge des champignons de Midi-Pyrénées »
[PDF], sur cbnpmp.blogspot.com, 2014.
- ↑ SUGNY D., BEIRNAERT P., BILLOT A., CAILLET M. & M., CHEVROLET J.P., GALLIOT L., HERBERT
R., MOYNE G, « Liste rouge des champignons supérieurs de Franche-Comté. »
[PDF], sur /inpn.mnhn.fr,
- ↑ A.Marchand, Champignons du Nord et du Midi tome 2,
- ↑ « Description RUBROBOLETUS DUPAINII », sur fungi.fr (consulté le )
- ↑ (it) Nicola Sitta, Paolo Davoli, Marco Floriani, Edoardo Suriano, « GUIDA RAGIONATA ALLA COMMESTIBILITÀ DEI FUNGHI »
[PDF], sur regione.piemonte.it,