SIC (Sons Idées Couleurs, Formes) | |
Version stylisée du logotype de Sic, tel qu'il apparaît à partir du numéro 37, 38, 39 de la revue. | |
Pays | France |
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Langue | Français |
Périodicité | Mensuel (janvier 1916-juin 1918) ; Bimensuel (octobre 1918-décembre 1919) |
Genre | Littérature, art |
Prix au numéro | 0,20 franc (1916) ; 0,30 franc (1917) ; 0.50 franc (1918), 0,60 franc (1919) |
Fondateur | Pierre Albert-Birot |
Date de fondation | janvier 1916 |
Date du dernier numéro | décembre 1919 |
Ville d’édition | Paris |
ISSN | 2437-3443 |
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SIC, sous-titrée Sons Idées Couleurs, Formes, est une revue d'avant-garde parisienne qui fut publiée de janvier 1916 à décembre 1919 sous la direction du poète Pierre Albert-Birot. D'abord entièrement rédigée sans nom d'auteur par ce dernier et sa femme Germaine, elle a bénéficié dès le second numéro de l'impulsion du peintre futuriste Gino Severini puis du patronage de Guillaume Apollinaire. Ouverte grâce à lui aux milieux de l'avant-garde, elle a compté pour collaborateurs réguliers, Joan Pérez-Jorba, Pierre Reverdy, Louis Aragon et Philippe Soupault. Elle fut aussi la seconde revue parisienne, après Nord-Sud, à diffuser, sans s'affilier au mouvement, les textes des dadaïstes zurichois, savoir ceux de Tristan Tzara. Au terme de sa publication, elle compte 54 numéros répartis en 41 livraisons.
Titre
« Il fallait d'abord trouver un titre qui fût mieux qu'un millésime[1]. »
— Pierre Albert-Birot
Pierre Albert-Birot a hésité entre plusieurs idées de titre : La Barbe !, la Page ennuyeuse, le Champ, la Page musicale, et l'Opinion d'un Pékin (qui deviendra le titre d'une rubrique). Il opte finalement pour « SIC »[2].
Une estampe figurant un « SIC » entouré de deux « F » symétriques, gravée par Albert-Birot, orne chacune des couvertures de la revue, et précède le sous-titre : « Sons Idées Couleurs, Formes »[3]. Pour la biographe d'Albert-Birot Marie-Louise Lentengre, ce titre a un sens double, selon qu'on le lise ou non comme un acronyme. Le sic latin signifie d'abord la « volonté de s'opposer constructivement à la guerre négatrices des valeurs humaines » et plus généralement, la volonté du poète « de s'affirmer lui-même par un acquiescement intégral au monde ». Quant au sous-titre, il n'est dans un premier temps qu'une énumération par métonymies des différentes activités artistiques de Pierre et Germaine Albert-Birot — Sons pour la musique de Germaine, Idées pour la poésie, Couleurs pour la peinture, et Formes pour la sculpture, de Pierre — avant de devenir l'art poétique d'une « synthèse des arts modernistes[3] ».
Pour Georges Sebbag, il ne faut pas réduire SIC à son sous-titre. Selon lui, certes, « Sons » peut référer à la musique de Germaine Albert-Birot et à la poésie sonore de Pierre, mais les autres termes de l'énumération semblent moins bien remplir leur fonction. Dans son analyse a posteriori, il rapproche le SIC entouré de deux F du (sic) entre parenthèses qu'on ajoute dans un texte après une expression dont on veut, malgré sa bizarrerie, garantir l'exactitude. « Sous cette acception », ajoute-t-il, « le titre SIC peut être rapproché d'une revue fameuse des années soixante et soixante-dix dont l'étiquette recèle un message identique. La revue Tel Quel [...] qui a eu tellement à cœur d'authentifier d'innombrables citations, thèses et auteurs, méritait légitiment de s'appeler SIC[4] ».
Histoire
Contexte
Le début de la Grande Guerre entraîne la disparition de nombreux périodiques, comme Les Soirées de Paris, alors relais de l'avant-garde, ou bien La Nouvelle Revue française qui cesse de paraître après l'été 1914. Les revues qui demeurent, quant à elles, sont souvent d'inspiration nationaliste. L'activité artistique reste pourtant en pleine ébullition. Par conséquent, se dégage un espace libre pour la création de nouvelles revues, même si celles-ci doivent composer avec la pénurie de papier, et des moyens limités[5].
Dans un climat d'hostilité au cosmopolitisme, et dans un contexte où les artistes ne peuvent circuler comme en temps de paix, les revues qui se créent à partir de 1916 manifestent leur aspiration à un dépassement des frontières : SIC sera la première à ouvrir cette voie, suivie de Dada en 1917 et Nord-Sud en 1918[6]. Un an après la création de SIC, l'Europe entière connaît une floraison de petites revues d'avant-garde, qui entrent en réseau[7].
Genèse
Le fondateur de la revue, le peintre et sculpteur Albert Birot, a mûri des projets de revue artistique plusieurs années avant la création de SIC.
Dès 1904, il envisage de fonder un mensuel littéraire, en collaboration avec l'écrivain Maurice Gignoux dit Saint-Chamarand. Les deux hommes n'arrivent pas à s'entendre et Saint-Chamarand fonde seul la Poétique, revue de poésie universelle en juillet 1905[8].
En 1909, Albert Birot réalise deux maquettes de couverture pour un projet de revue consacrée à la philosophie, aux beaux arts, à la poésie et au roman. Puis l'année suivante, il fait brièvement partie du comité de rédaction de la revue Scœnia[9].
Ses projets se multiplient quand la guerre éclate. Réformé pour cause d'insuffisance respiratoire[10], privé de son emploi chez un antiquaire, désœuvré et insatisfait de lui-même, il cherche un moyen de s'accomplir. Il projette de lancer une revue d'art. « Pendant ces derniers mois de l'année 1914 », dira-t-il « je me suis dit je veux fonder une revue ; [...] j'ai fait des couvertures, et des titres, et des choses toute cette année comme ça, en bafouillant là-dedans sans arriver à un résultat. Il n'y a qu'en 1915 que je me suis trouvé[11] ». C'est à ce moment que le poète prend définitivement son nom de plume Pierre Albert-Birot, en accolant son prénom à son nom de famille[2].
Il imagine 1915, une revue d'art de luxe, traditionnelle et nationaliste. Le projet va profondément se métamorphoser, au fur et à mesure qu'Albert-Birot se renseigne sur les conditions de fabrication d'un tel projet, et qu'il se convertit au modernisme[12].
Première année (1916)
SIC est créée en . À ce moment Pierre Albert-Birot a quarante ans. Pourtant, à plusieurs reprises, Pierre Albert-Birot a présenté cette création comme une « seconde naissance »[a].
Il rédige intégralement le premier numéro sans le signer. S'y ébauche un refus du passéisme et du principe d'imitation[13]. « L'Art commence où finit l'imitation », y lit-on, à côté de proclamations vaguement nationalistes, comme « Notre volonté : Agir. Prendre des initiatives, ne pas attendre qu'elle nous vienne d'outre-Rhin[α] ». Mais la publication reste floue dans son contenu, et montre que son auteur n'avait alors « aucun contact avec l'univers moderniste[14] ». Elle peut se voir comme la main tendue d'un artiste isolé à des milieux avant-gardistes desquels il est à la fois totalement inconnu et ignorant. Lorsqu'Albert-Birot y moque Claudel en le qualifiant de « beau poète d'avant-hier », et déclare « je voudrais bien faire la connaissance d'un poète d'aujourd'hui[α] », cette dernière affirmation peut être prise à la lettre, comme un « vibrant appel à autrui[13] ».
Celui qui répond le premier à cet appel est le peintre futuriste Gino Severini, que le couple Albert-Birot rencontre aux alentours du [b]. Les deux artistes deviennent « très amis[15] » et sous l'impulsion de Severini, SIC rejoint définitivement l'avant-garde, comme l'explique avec humour Albert-Birot :
« Severini avait déjà derrière lui pas mal d'années de combat et de recherches d'art ultra moderne puisqu'il avait été longtemps aux côtés de Marinetti, le créateur du futurisme ; naturellement pour lui le premier numéro de ma revue était bien timide, néanmoins après conversation avec moi il pressentit que j'étais prêt à devenir un vrai combattant pour le bon motif[17]. »
Le deuxième numéro, publié en février, est consacré à la découverte du futurisme. Severini offre à SIC une reproduction de son Train arrivant à Paris[β],[c]. Et l'exposition du peintre Première exposition d'Art plastique de la Guerre et d'autres œuvres antérieures, tenue à la galerie Boutet de Monvel, du au , est chroniquée par Albert-Birot qui écrit : « Le tableau jusqu’alors fraction de l’étendue devient avec le futurisme fraction du temps[β]. ». Le directeur de la revue se permet néanmoins de critiquer le travail de Severini en l'encourageant à poursuivre plus loin ses recherches. Severini répond à la publication de cet article par un poème-dessin qui suit les conseils de Pierre Albert-Birot. Ce poème est publié dans le numéro 4[γ],[19].
Dans le no 3, influencé par le futurisme, Albert-Birot publie ce qu'il considère comme son premier poème « d'esprit nouveau », où il utilise la technique des mots collés[δ],[20].
Grâce à Severini, Albert-Birot entre en contact avec Apollinaire, alors au front. Dès février 1916, Albert-Birot a lu le poème d'Apollinaire « Rameau central de combat... » dans le no 8 de l'Élan, et loue dans SIC no 3, un poème qui évoque la guerre sans rien emprunter aux « pauvres mirlitonneries issues de la guerre de 70 » et à l'« art patriotard[δ] ». Depuis le Bois des Buttes, dans l'Aisne, Apollinaire écrit à Albert-Birot le . Il le remercie pour l'envoi d'un exemplaire de SIC, et lui adresse, la veille de sa blessure au combat, son poème « l'Avenir », publié dans SIC no 4[21],[γ]. Les deux hommes se rencontrent pour la première fois en mars ou en avril, probablement quelques jours après le transfert d'Apollinaire à l'hôpital italien du quai d'Orsay, et sympathisent immédiatement[22]. Dans le même hôpital, au mois de juillet, Apollinaire accorde à SIC un entretien sur les « tendances nouvelles », publié dans la livraison des no 8, 9 10[23].
La revue bénéficie désormais du « patronage » d'Apollinaire, selon le mot de Philippe Soupault[24]. Autrement dit, elle peut tirer parti de son influence, de ses nombreux contacts à travers les milieux artistiques et littéaires, ainsi que des idées qu'il fait circuler[25]. Le couple Albert-Birot avait invité dès janvier « tous les amis de SIC » à venir les rencontrer chez eux rue de la Tombe-Issoire chaque samedi soir. Dès sa sortie d'hôpital Apollinaire vient et amène ses amis : André Salmon, Reverdy, Serge Férat, Roch Grey, Max Jacob, Modigliani, Cendrars. Les samedis seront aussi fréquentés par les peintres d'origine russe Alexandre Orloff, Léopold Survage, Ossip Zadkine, et les très jeunes Aragon, Soupault, Raymond Radiguet. Ces rencontres permettent à la revue d'étoffer le nombre de ses contributeurs[26].
Deuxième année (1917)
Au début de l'année 1917, Pierre Reverdy donne un premier poème à la revue, publié dans le no 13 où il occupe une double page[ε],[27]. Le poète devient l'un des collaborateurs les plus actifs de la revue, même s'il cesse d'y publier tout le temps où il dirige sa propre revue Nord-Sud[28].
Philippe Soupault fait son apparition en mars sous le pseudonyme de Philippe Verneuil dans le no 15, avec un poème intitulé « Départ »[ζ]. Selon son propre témoignage, c'est son tout premier poème jamais écrit. Le jeune homme l'avait envoyé à Apollinaire pour recevoir un avis, et c'est ce dernier qui l'a transmis à Albert-Birot[24],[29].
Le 25 février 1917, la revue organise une manifestation sous le titre « l'Esprit nouveau contre l'esprit ancien » à Academia[d], dans laquelle Pierre Albert-Birot tient une conférence sur le nunisme, Germaine Albert-Birot joue sa musique, et plusieurs comédiens dont Marcel Herrand récitent des poèmes d'auteurs publiés par la revue[30].
Le printemps 1917 est désigné par Albert-Birot comme le « point culminant de SIC » sur la base de trois arguments : l'organisation récurrente de manifestations littéraires[e], l'élargissement de sa distribution « dans tout Paris et même dans toute la France », et surtout son engagement dans la création des Mamelles de Tirésias[27].
En effet, SIC a contribué à rendre possible la représentation des Mamelles de Tirésias, la pièce écrite par Apollinaire et mise en scène par Albert-Birot, qui déclenche une véritable « bataille d'Hernani » lors de sa première, le [31]. Pour pouvoir créer la pièce, dans les conditions aventureuses du temps de guerre, Albert-Birot met à disposition la trésorerie de SIC[32]. Annonçant la représentation comme une « Manifestation SIC », le programme réalisé par Albert-Birot rassemble un dessin de Picasso, un bois d'Henri Matisse, et des poèmes de Jean Cocteau, de Max Jacob et de Pierre Reverdy. C'est au moment d'imprimer ce programme qu'Albert-Birot et Apollinaire se mettent d'accord sur le sous-titre « drame surréaliste » plutôt que « drame surnaturaliste », raison pour laquelle Albert-Birot est parfois passé pour l'inventeur du terme[f]. Après la représentation, SIC se fait l'organe de défense des Mamelles de Tirésias qui attire les foudres du reste de la presse. Le numéro 18 fait le compte-rendu de la représentation[η]. Le double-numéro 19-20 en fait la revue de presse[θ]. Un peu plus tard, en réponse à la presse qui continue de se déchaîner, Louis Aragon fait l'éloge de la pièce dans le no 27[ι],[31]. Les Éditions SIC publient le texte des Mamelles de Tirésias, augmenté des illustrations de Serge Férat, de la musique de scène de Germaine Albert-Birot, et d'une revue de presse.
Troisième année (1918)
Dans le numéro de mai 1918, André Breton fait sa première et unique apparition, en signant avec Aragon « Treize études », un texte se réduisant à deux colonnes où treize peintres et écrivains en activité sont qualifiés par un mot ou une brève formule énigmatique[36],[κ]. Ce principe sera en partie repris par Louis Aragon dans sa rubrique « Les Œuvres littéraires françaises » à partir d'octobre de la même année[36],[λ].
En juin, Raymond Radiguet, âgé de quinze ans, commence à contribuer à la revue, d'abord sous le pseudonyme de Raymond Rajky[37],[38],[μ]. Cette première contribution suit de quelques mois les premiers textes de Radiguet publiés dans l'Intransigeant, Le Rire[39] et le Canard enchaîné[40].
Quatrième année (1919), mort et tentatives de résurrection
La première livraison de l'année 1919 est un triple numéro « composé en mémoire de Guillaume Apollinaire[ν] », récemment disparu. Il réunit la « participation exceptionnelle », sous forme de poèmes ou de témoignages de vingt-sept artistes[g], et demeure « le seul numéro d'hommage immédiat d'alors »[41].
Dès l'été 1919, Albert-Birot prend conscience des difficultés économiques que commence à rencontrer la revue. Il imagine la sauver en la confiant à un éditeur, Crès, mais ne mène pas à bien le projet[42].
Au cours de cette année, la revue souffre d'une perte d'audience. Elle subit également un appauvrissement du nombre de collaborateurs. SIC se donnait le projet de réunir des avant-gardes diverses, or, depuis l'arrivée de Dada à Paris, le climat de front commun des avants-gardes s'est détérioré, et les artistes qui ne se retrouvent pas dans la ligne du mouvement se dispersent. En septembre, Albert-Birot écrit à Joan Pérez-Jorba : « J'espère pouvoir continuer à faire paraître SIC, je voudrais cet hiver redoubler d'activité car nous sommes cernés par toutes les mauvaises bandes réunies et il va falloir en arriver certainement aux bousculades[43]». Les deux derniers numéros ne comptent plus comme contributeurs qu'Albert-Birot lui-même, Survage et Roch Grey. L'histoire de la revue s'achève au mois de décembre. L'ultime livraison, les numéros 53 et 54, porte cette mention pudique : « Au cours de l'année 1920, la revue Sic ne paraîtra pas mensuellement. Nous publierons quand cela nous paraîtra bon des numéros extra-ordinaires[ξ] ». Les « numéros extra-ordinaires » ne verront jamais le jour[44].
Dans un entretien pour le Figaro littéraire en 1966, Albert-Birot prétend avoir volontairement fin à l'entreprise « parce que les revues d'avant-garde doivent mourir jeune[45]». En réalité, il était devenu impossible à la revue de survivre, en raison des difficultés économiques qu'elle rencontrait, elles-mêmes liées au contexte idéologique. L'heure est à Dada et bientôt au surréalisme, mouvements reposant sur des principes idéologiques nettement affirmés, à rebours de l'esprit d'ouverture de SIC[46]. À partir de 1919, les revues dadaïstes puis surréalistes, comme Littérature puis la Révolution surréaliste, se développent et concentrent désormais l'attention des jeunes écrivains[47].
Après la mort de SIC, en 1920, Albert-Birot tente d'en perpétuer l'esprit à travers deux projets. Il songe d'abord à transformer la revue en revue trimestrielle internationale, et de mettre au point un modèle économique fondé sur le préfinancement par les abonnés, sans succès[48]. Il lance également le projet Phono, « revue orale de littérature » pour pallier le problème des « prix croissants des imprimeurs et la mauvaise volonté des éditeurs et libraires[49]». Il se serait agi d'organiser une fois par mois une audition de poésie dite. Le projet n'aboutit pas, faute de collaborateurs, et se confronte aux mêmes problèmes qui ont causé la mort de SIC, d'autant plus qu'Albert-Birot et Roch Grey se sont définitivement aliénés le soutien des dadaïstes, après s'être vigoureusement opposés à la réalisation d'une soirée Dada au salon de la Section d'or[48].
Albert-Birot explique enfin la fin de SIC par des raisons personnelles. Il évoque la nécessité de retrouver son emploi, et son envie de consacrer pleinement son temps libre à sa propre écriture :
« La vie “normale” avait repris son cours, il fallait payer son loyer, on ne vivait plus de l'air du temps, j'avais repris des occupations bifteckières [un emploi de restaurateur d'art chez un antiquaire], or, bâtir une revue à la fois nerveuse et charnue telle que SIC était depuis longtemps, ça ne se fait pas sans y penser, et maintenant à côté de la “situation” il me restait peu de temps, et d'autre part au cours de ces quatre années de plein feu j'avais pris nettement conscience de moi-même, il était donc tout naturel que je veuille consacrer à mon œuvre les quelques heures qui étaient à moi chaque jour. C'est ce que j'ai fait, et je n'ai pas eu tort[50]. »
Description technique
Périodicité
La revue est mensuelle jusqu'en juin 1918. Cette périodicité est respectée à deux exceptions près : un numéro triple (no 8-9-10 d'août-septembre-octobre 1916) et un numéro double (no 21-22 de septembre-octobre 1917). Après une interruption de trois mois de juillet à septembre 1918, la revue devient bimensuelle jusqu'à la fin de l'année, paraissant le 1er et le 15 du mois. En 1919, la périodicité devient irrégulière. Toujours annoncée comme bimensuelle, les livraisons sont toutes doubles ou triples, à l'exception du no 44 du 30 avril[51].
Format
In 4o (22 cm x 28 cm)[51]
Prix
- 1916 : 0,20 francs le numéro
- 1917 : 0,30 francs
- 1918 : 0,50 francs
- 1919 : 0,60 francs[52]
Publicité
La publicité n'apparait qu'en 1919. Ce sont les mêmes annonces qui apparaissent au même endroit dans toutes les livraisons, pour la galerie Paul Guillaume et la Librairie Kunig à Genève[52].
Tirage
Édition courante : de 500[53] à 1000 exemplaires[54]
Édition de luxe :
- 1916 : tirage sur Japon, 10 exemplaires
- 1917 : tirage sur vieux Japon à la forme, 6 exemplaires numérotés
- 1918 : tirage sur Chine, 6 exemplaires numérotés
- 1919 : tirage sur Chine, 4 exemplaire numérotés[55]
Poétiques, formes et contenus
Sans affiliation à un quelconque mouvement et sans ligne éditoriale précisément définie, mais avec un état d’esprit moderniste réellement offensif, la revue a publié, avec toujours un grand souci de la forme et du graphisme éditorial, œuvres de créations et textes critiques.
Ligne éditoriale et positionnements esthétiques
La ligne éditoriale de la revue a évolué au cours du temps, d'abord marquée par le vitalisme, le nationalisme et la modernité. Il s'agit dans un premier temps, dans le contexte de Guerre, d'opposer au pessimisme ambiant, un optimisme dans les conquêtes culturelles et scientifiques[56]. Après s'être attachée à découvrir et vulgariser les principes de l'art moderne avec curiosité, la revue se propose ensuite « de démontrer par des activités expérimentales intenses la théorie[57] ».
Ces orientations sont exprimées dans des éditoriaux caractérisée par « une forte agressivité linguistique et figurative », et un « emploi stratégique de la typographie[58] ». D'abord influencés par le vitalisme d'Alfred Espinas[59], ils évoluent à mesure qu'Albert-Birot approfondit ses contacts avec les milieux d'avant-garde, en particuliers avec les futuristes[60].
Un texte pouvant être assimilé à un manifeste[61] figure dans le no 3 :
- « OUI
VOUS, qui avez RI ou CRACHÉ sur Mallarmé, Manet, Sisley, Puvis, Rodin, Claudel, Marinetti, Picasso, Debussy, Dukas, Mussorgsky, Rimsky-Korsakov,- VOUS, qui avez PESTÉ contre les chemins de fer, le télégraphe, le téléphone, les autos, les tramways électriques, les machines, les usines ;
- VOUS, qui MAUDISSEZ les démolisseurs de la vieille maison d'ombre ;
- VOUS, qui avez NIÉ l'éternelle transformation ;
- VOUS, qui avez NIÉ les porteurs-de-nouveau, les porteurs-d'autre-chose, les divins tueurs d'habitude ;
- VOUS, qui avez NIÉ la vie ;
- VOUS, qui avez toujours dit NON ;
- C'EST VOUS, qui avez failli perdre la France.
- Rappelez-vous que le monde CONTINUE ;
- Et voyez que d'autres peuples ont dit OUI,
- Et qu'aux porteurs-de-nouveau, aux porteurs-d'autre-chose, aux tueurs-d'habitude, ils ont crié :
- “ENTREZ”[ε] »
Marie-Louise Lentengre a étudié, à partir des brouillons, les différents états de ce texte, et montré à quel point l'infulence de Severini fut déterminante pour aboutir à cet état final[60].
Sans dogmatisme, SIC a ouvert ses pages à toutes les avant-gardes de son époque. Elle joue pendant les quatre années de sa parution un rôle de premier plan quant à la création artistique de l'époque. Forte des contributions d'Apollinaire qui lui offre plusieurs poèmes inédits dont « l'Avenir » dès le numéro 4, elle s'enrichit des contributions des sympathisants du cubisme : poèmes de Reverdy, estampes de Serge Férat, et rend compte d'une exposition du fauviste André Derain. Elle sert aussi largement de tribune parisienne aux futuristes italiens, et accueille les textes de Severini, Luciano Folgore et Gino Cantarelli, les estampes de Depero, Prampolini et Giacomo Balla, ainsi que les partitions de Pratella. Enfin, SIC n'a pas peur[h] de se rapprocher des dadaïstes zurichois, et Tzara y trouve, comme dans Nord-Sud, le terrain de ses premières publications en France[i].
Du point de vue de la littérature, la poésie est le genre le plus représenté dans la revue, mais on trouve également aphorismes, manifestes, essais, dialogues, romans, drames[64].
Le souci de la forme
La revue est marquée par l'importance qu'elle accorde aux recherches formelles. SIC développe une forte attention à la typographie et au graphisme éditorial qui la distingue de ses concurrentes[65]. Visuellement, elle se démarque de Nord-Sud ou Littérature, plus austères, pour se rapprocher des revues Dada, composées comme des tracts. Pierre Albert-Birot écrira qu' « au point de vue typographique [il a] tout de suite adopté des dispositions nettement “ visuelles ”, [que sa] première page, par exemple, a été conçue pendant longtemps comme une affiche[66]. » Pour Luc Vigier, SIC est « la plus ancienne de la grande série des revues typographiques néoplasticiennes françaises » sous influence « du fututisme, du cubisme et du dadaïsme[67] ».
En effet, la revue a recours à de très nombreuses typographies différentes, en fait varier le corps jusqu'aux extrêmes, fait jouer ensemble le texte et l'image. Parfois la double-page est transformée en une seule qu'il faut retourner d'un quart pour lire. Les audaces typographiques deviennent partie intégrante des poèmes, qu'il s'agisse des vers ferrés à gauche et à droite de Pierre Albert-Birot, de l'utilisation des blancs chez Reverdy, des variations des fontes ou des insertions de glyphes rares chez Tzara. En ce sens, par les libertés typographiques qu'elle permet, SIC aura joué un grand rôle dans la spatialisation et la typographisation de la poésie de son époque[68]. Ainsi, dans le douzième numéro, est publié le calligramme « Il pleut » de Guillaume Apollinaire. Ce dernier vaut une nuit blanche à l'imprimeur, Levé, qui le compose en personne, n'osant déléguer ce travail à ses ouvriers[69].
Quant à Pierre Albert-Birot, il crée de nouvelles formes de poésie visuelle qu'il dénomme sous la forme poème-x : poème idéographique, poème imagé[j],[70]. Le poète approfondit également les recherches sur la simultanéité avec des poèmes polyphoniques. Dans l'un d'entre eux, par exemple, une des voix, figurée en petits caractères, se résume à « une pure matière phonétique et rythmique », et préfigure les inventions à venir de la poésie sonore[71],[72].
Rubriques
Opinion d'un pékin
Cette rubrique reprend l'un des noms que Pierre Albert-Birot avait d'abord imaginé pour sa revue avant de la créer. Elle n'existe que dans les premiers numéros et disparaît rapidement.. Il s'agit de chroniques en vers de mirliton dans lesquelles le poète le droit à une parole clownesque sur des sujets sérieux. Ces vers anticipent les chroniques rimées dans lesquelles plus tard, à partir de 1917, Albert-Birot rapporte avec humour les événements artistiques et littéraires dont il est témoin[73].
ETC...
La rubrique « ETC. », composée à tort « ETC... », est une recension de l'actualité artistique, de critiques de livres, de revues. Elle est subdivisée en sous-rubriques à géométrie variable telles que « Lettres », « Revues », « Théâtre », « Architecture », « Sculpture », « Peintures et décorations », « Mode », etc[37].
Elle rédigée la plupart du temps par Pierre Albert-Birot sans être signée, ou par Louis de Gonzague-Frick dans le no 24[π].
Dialogues nuniques
À partir du cinquième numéro, paraissent régulièrement (huit fois) « les dialogues nuniques » rédigés par le directeur de la revue. « les dialogues nuniques entre Z et A sont des discussions esthétiques pour conduire à la compréhension de l'art moderne[74] » nous dit son auteur. « A » tient le rôle d'un amateur d'art plutôt réfractaire à la modernité, que « Z » amène pas à pas à comprendre. « Patiemment, logiquement, Z veut prouver à A qu'il a toutes les bonnes raisons d'aimer l'art de son époque, et c'est à la compréhension de son interlocuteur qu'il en appelle, dans une sorte de dialogue socratique au cheminement paisible. A est cultivé, de bonne volonté, il a simplement besoin qu'on lui ouvre les yeux. » résume Arlette Albert-Birot[75].
Ces dialogues emprunte un ton familier, qui devient ensuite caractéristique du style de l'auteur[58].
Réflexions
La rubrique « Réflexions », qui apparait dans neuf livraisons sur dix de l'année 1916, se composent d'aphorismes, composés en très gros caractères. Ces aphorismes s'intéressent aux mutations récentes de l'habillement, de la décoration et de la technologie. Leur rhétorique oppose le moderne et l'ancien avec humour et dérision. Non signés, ils sont tous rédigés par Albert-Birot[57].
Les œuvres littéraires françaises / critiques synthétiques
En octobre 1918, Louis Aragon entame une rubrique de critique littéraire dans le no 31 qui sera reconduite dans trois autres livraisons et qui s’intitule « les œuvres littéraires françaises/critiques synthétiques ». Le principe qui anime cette critique littéraire originale est d'évoquer un ouvrage en quelques lignes imagées, suggestives et de conclure sur un mot ou une expression, volontairement imprimés en capitales. On peut lire par exemple : « Les Calligrammes sont des ROSES » ou « Le Pain dur c'est une ECHEANCE ». Le principe est repris par Reverdy dans Littérature. La paternité du titre « Critique synthétique » est débattue. Aragon rapporte qu'il lui fut imposé par Albert-Birot, mais l'expression a peut-être été proposée par Breton ou Jacques Vaché[k].
Rapports de la revue avec ses consœurs
Devenue l'une des revues d'avant-garde incontournables du temps de guerre, SIC n'en entretient pas moins de foisonnantes relations, bien que souvent ambiguës, avec ses consœurs, avec qui elle forme un réseau où s'expriment, s'échangent et se confrontent les différentes avant-gardes de son temps, dans un climat d'époque où « c'est dans les petites revues que s'élabore la poésie[76]».
Elle jouit notamment d'une « étroite complicité » avec Nord-Sud, 391 et Dada « au-delà des différences qui les caractérisent ». Leur connivence tient dans leur refus commun d'un art d'imitation. La spécificité de SIC réside dans son ouverture aux artistes les plus divers, et sa volonté d'encourager le dialogue entre les arts[77].
Nord-Sud
En premier lieu, avec l'autre revue patronnée par Apollinaire, Nord-Sud, que dirige Pierre Reverdy. Albert-Birot salue dans sa rubrique « ETC... » la naissance de Nord-Sud par ce billet élogieux :
« En France il y avait jusqu'ici 333.777 journaux pour faire dormir les gens et 1 pour les éveiller, vraiment c'était un travail surhumain — car ils dorment bien — et c'est avec plaisir que nous saluons le courageux qui vient nous aider : désormais contre 333.777 nous serons 2 : SIC et Nord-Sud, s'il en vient encore un ou deux autres nous serons tout à fait en force[ρ]. »
Pendant toute la durée de la parution de Nord-Sud, Reverdy ne publie plus dans la revue d'Albert-Birot. Mais contrairement à cette dernière, Nord-Sud ne survit pas à Apollinaire et Reverdy revient dans les pages de SIC jusqu'à la fin de l'aventure[78].
391
La naissance de 391, la revue de Francis Picabia, est saluée par SIC dans son numéro de mars 1917 : « Nous avons reçu les deux premiers numéros de 391, journal de langue française qui nous vient de Barcelone. Il a l'intention de servir la bonne cause : qu'il soit le bienvenu, aimons-nous les uns les autres[ζ]. » Deux ans plus tard, 391, fait paraître dans son huitième numéro une critique moqueuse à l'égard de Nord-Sud, SIC et L'Élan :
« PARIS — Nord-Sud manque d'aération surtout lorsqu'on est en panne sous la Seine – SIC devrait changer ses pneumatiques et faire mettre l'échappement libre – L'Élan a perdu ses poils s'il en eut[79]. »
Le directeur de SIC ne semble pas prendre mal la remarque. Dans le numéro 42-43 de SIC apparait en pleine page le « Thermomètre littéraire de SIC » où l'on voit un thermomètre gradué, et placés de part et d'autre de celui-ci, quarante revues et ouvrages. 391 y reçoit la meilleure note, placée tout en haut du thermomètre[80].
Plusieurs années après la disparition de SIC, dans un contexte de brouille entre Picabia et Breton, Picabia prendra la défense de l'ancien directeur de SIC contre les attaques de Martin du Gard[81].
DADA
La naissance de la revue Dada n'a pas échappé à Pierre Albert-Birot qui en informe ses lecteurs dans SIC no 21-22. La sobriété de l'entrefilet ne laisse cependant pas penser que le directeur de SIC eût alors prédit l'ampleur qu'allait prendre le mouvement né à Zurich.
« NAISSANCE, Dada : Cahiers d'art d'une tenue et d'une sobriété sympathiques, publiés à Zurich par le poète roumain Tristan Tzara et le peintre Janco. Dada 2 va paraître incessamment[ο]. »
Dans le vingt-cinquième numéro de SIC, Pierre Albert-Birot rédige une critique nuancée du deuxième numéro de Dada, lui reprochant une présentation trop « soignée » :
« L'ennui naquit un jour de l'uniformité : la présentation des œuvres dans cette revue soignée m'a remis ce vers au bout des lèvres. Cette régularité toute mécanique dans la marche des poèmes, des notes, des bibliographies et avis d'administration me semble un peu un pas de parade. Un poème, comme le pense parfaitement le roumain directeur de cette revue est une construction, un monument, un tout, pourquoi par force le pousser dans le rang le faire partie. Chaque poème a sa physionomie pourquoi l'obliger à l'uniforme et puisqu'il est œuvre d'art pourquoi n'aurait-il pas un socle ou un cadre isolateur comme une statue ou un tableau[σ] ? »
Cependant, le troisième numéro de Dada, qui coïncide avec une radicalisation de la revue[82], et publie un extrait inédit de La Joie des sept couleurs d'Albert-Birot, obtient la deuxième place sur le thermomètre littéraire de SIC. Suter suggère que les critiques d'Albert-Birot, ont en partie contribué à encourager Tzara à profondément transformer la présentation de sa revue[83].
Dès lors, Tzara et Albert-Birot entretiennent une longue correspondance, échangent de nombreuses idées. Fin 1917, Tzara propose au directeur de SIC de se charger de la diffusion de Dada en France. Celui-ci refuse en invoquant le manque de temps, sans que ce refus n'altère les bonnes relations entre les deux hommes et les deux revues[84].
L'« anthologie Dada », Dada nos 4-5, contient un calligramme sans titre de Pierre Albert-Birot figurant un pubis, mise en valeur sur une pleine page rouge aux côtés d'une estampe de Raoul Haussmann. Le numéro 47-48 de SIC propose alors une critique de l'« anthologie Dada » « rédigée dans le style spontané et incohérent des publications dadaïstes[85]».
Dans Dada no 6, Pierre Albert-Birot apparait parmi la liste des « présidents et présidentes de Dada »[86].
Littérature
Avant même la naissance de la revue Littérature, SIC est la cible du mépris et de la moquerie des jeunes poètes qui entourent André Breton. Pour moquer tout à la fois, SIC, le couple Birot, et Jean Cocteau, Théodore Fraenkel, ami d'enfance de Breton, envoie à la revue un faux Cocteau dont les vers forment l'acrostiche « PAUVRES BIROTS ». N'ayant pas débusqué la supercherie à temps, Albert-Birot publie le faux dans le numéro 17. Il la dénonce dans le numéro suivant[τ],[η],[87].
La création en 1919 de Littérature, sous la direction de Aragon, Breton et Soupault coïncide avec la mort de SIC[88]. Bien que les trois directeurs de Littérature soient d'anciens collaborateurs de la revue — réguliers quant à Aragon et Soupault, à l'occasion d'une unique apparition pour Breton —, et bien que Reverdy ait pu, comme on l'a vu au sujet des critiques synthétiques, perpétuer l'esprit de SIC dans Littérature, il semble ne pas y avoir de conciliation entre les deux revues. Albert-Birot, qu'Aragon et Breton détestent profondément, ne sera jamais invité à publier dans leur revue[89].
À l'international
Soucieuse malgré la guerre de dépasser les frontières[90], SIC entretient également des relations avec plusieurs petites revues à l'internationale, en particulier en Italie et en Catalogne, et même au Japon.
Catalogne
En septembre 1917, six mois après le dernier numéro barcelonais de 391, la revue Troços vient en prendre le relais. Dans son premier numéro, elle publie un poème d'Albert-Birot et un compte-rendu des derniers numéros de SIC[91]. SIC propose une recension de cette revue dirigée par Josep Maria Junoy puis Josep Vicenç Foix, en la qualifiant de futurocubiste[92].
Le poète catalan Joan Pérez-Jorba, directeur et correspondant à Paris de la revue barcelonaise l'Instant, rencontre les Albert-Birot en 1917, et fréquente les samedis de SIC[93]. Sa revue se donne comme objectifs de faire connaître en Catalogne les nouvelles avant-gardes françaises, et de faire connaître en Europe de jeunes artistes catalans. Elle publie des articles de Soupault et d'Albert-Birot[94]. Pérez-Jorba traduit les hommages des poètes catalans à Guillaume Apollinaire dans le numéro triple de janvier 1919[95].
Italie
Par l'intermédiaire du courriériste Pierre Lerat, qui joue le rôle d'un représentant de la revue à Rome, SIC noue de cordiales relations avec les revues des futuristes italiens. Les revues Noi et Procellaria publient des poèmes d'Albert-Birot, et sont régulièrement recensées dans SIC[96]. SIC salue également la création à Rome de la revue Avanscoperta dirigée par Luciano Folgore, voyant en elle une revue capable de s'« opposer aux nombreuses revuettes faites d'interminables et ennuyeux bavardages », qu'elle sera « une publication ayant pour unique but de créer une atmosphère d'art plus électrique, plus vivante et plus libre[ε],[97],[98] ».
Japon
En octobre 1916, un correspondant de la revue japonaise Mita bungaku[l] vient s'entretenir avec Albert-Birot au sujet de SIC et du nunisme. Un an plus tard, dans son no 22, la revue manifeste son intérêt pour la poésie japonaise en publiant un article sur une anthologie de poésie japonaise, traduite en italien et établie par Gherardo Marone (en) et Harukichi Shimoi (en). Albert-Birot y exprime son regret que « la poésie au Japon en [soit] encore à la période symboliste et impressionniste », mais trois poèmes d'Isamu Yoshii sont reproduits. L'article promet enfin la parution dans le numéro suivant de poésie japonaise d'avant-garde, dont l'existence aurait été signalée par un très jeune ami japonais (peut-être le correspondant de Mita bungaku). Dans le no 23, Albert-Birot fait part d'une certaine déception, tout en publiant, dans une traduction approximative, des poèmes de Kitahra et Rofū Miki[99],[100].
Les éditions SIC
En dehors des pages de la revue, Pierre Albert-Birot a utilisé SIC comme nom d'éditeur pour des livres. Un projet qu'il annonce dès le cinquième numéro de la revue, en : « SIC se propose de faire de l'édition : livres, brochures, albums, musique. » peut-on y lire[υ],[54].
Les premiers livres publiés sous ce nom d'éditeur sont, en 1917, les Mamelles de Tirésias de Guillaume Apollinaire, Trente et un Poèmes de poche de Pierre Albert-Birot et un recueil de réflexions poétiques d'Arry Justman accompagnés de reproductions de sculptures de Chana Orloff[54].
Dans le 32e numéro de la revue, Albert-Birot fait publier une note intitulée « De l'édition », puis une deuxième le mois suivant, dans laquelle on peut lire : « J'écrivais dans ma première note sur l'édition, “Notre grand éditeur viendra”. Je me paraissais disposé à l'attendre patiemment. Bientôt je me suis repenti de cette tendance à l'inaction et je me suis dit qu'il appartient à SIC d'aller devant lui. » S'ensuit un appel aux dessinateurs à créer un nouveau caractère typographique. Cependant, l'idée de se muer en « grand éditeur » fait rapidement long feu, et le comptoir d'édition SIC, loin de se développer, se transforme en le nom d'éditeur sous lequel Pierre Albert-Birot s'autoédite. À l'exception d'un Guillaume Apollinaire par Roch Grey, les éditions SIC ne publieront plus que les livres d'Albert-Birot : pour la poésie, Poèmes quotidiens et la Joie des sept couleurs en 1919, la Triloterie en 1920 ; pour le théâtre, Matoum et Tévibar et Larountala en 1919, l'Homme coupé en morceaux, en 1921, le Bondieu en 1922 et les Femmes pliantes en 1923 ; pour la prose, Cinéma en 1920, le Premier Livre de Grabinoulor en 1921 et le Catalogue de l'antiquaire en 1923[101].
En 1922 Pierre Albert-Birot se procure un matériel d'imprimerie, déçu par son imprimeur Estival, et « attrape le virus[15] » de la typographie. Il s'agit d'une petite presse à bras, Heildeberg platine dite « crapaud » ou « manchot », tirant feuille à feuille[102]. Il écrit, compose et imprime lui-même Quatre poèmes d'Amour en 1922[103].
Passé 1923, Albert-Birot met un terme aux activités des éditions SIC ayant trouvé en Jean Budry un éditeur lui permettant de couper à l'autoédition, bien qu'il compose toutefois lui-même les livres qu'il publie chez ce libraire-éditeur et en imprime même avec son propre matériel certains[103],[104].
Quatre ans après la mort de Pierre, en 1970, sa seconde femme, l'universitaire Arlette Albert-Birot, ressuscite les Éditions SIC et publie un livre posthume de son mari, Aux trente-deux vents. Suivent Fermeture hebdomadaire la même année, Six quatrains de Chantilly en 1973, et Les poètes du dimanche en 1977. Arlette Albert-Birot, qui s'est ingéniée à maintenir la presse à bras achetée en 1922 en état de fonctionnement[105], compose même à la main les Six quatrains de Chantilly et les tire avec cette vieille machine[106].
Liste alphabétique exhaustive des artistes publiés
Nom | Pays | Commentaire | Nombre de contributions | Commentaire sur les contributions |
---|---|---|---|---|
Pierre Albert-Birot | France | 41 | Directeur de la revue.
Il est l'auteur de toutes les pages non signées[φ]. | |
Roger Allard | France | Écrivain et aviateur, défenseur du cubisme. | 2 | La revue ayant critiqué son opuscule Baudelaire et l'« Esprit nouveau », il fait publier un droit de réponse dans le no 29, où il revendique l'honneur d'avoir le premier défendu le premier les recherches des peintres cubistes et pourfend la poésie qui se réclame de la même tendance[κ]. Il participe au numéro d'hommage à Apollinaire[ν]. |
Guillaume Apollinaire | France | Poète | 7 | La revue lui accorde un entretien sur les « tendances nouvelles » en juillet 1916[φ]. Il publie douze poèmes dans la revue[107]. |
Louis Aragon | France | Écrivain dadaïste | 9 | Il ne publie que deux poèmes dans la revue[108] mais intervient régulièrement comme critique, notamment dans la rubrique « Les Œuvres littéraires françaises / critique synthétique »[109] → courriéristes |
André Billy | France | Écrivain, cofondateur des Soirées de Paris. | 1 |
|
André Breton | France | Poète, chef de file du surréalisme, mouvement dont la fondation est postérieure au temps de SIC. | 1 | Il n'intervient qu'une seule fois dans la revue, lorsqu'il cosigne avec Aragon l'article « Treize études ». L'article, très bref, associe treize noms d'écrivains et de peintres, à un mot ou une très brève expression[κ] |
Gino Cantarelli | Italie | Artiste dadaïste et futuriste italien, directeur de la revue Procellaria. | 3 | Trois poèmes publiés dans la revue : |
Blaise Cendrars | France | Poète, romancier, essayiste et reporter. | 1 |
|
Henry Cliquennois | France | Poète et critique français ayant contribué à la fondation de la revue Littérature[110] | 1 | Participation unique dans l'ultime livraison :
|
Jean Cocteau | France | Poète | 2 | Deux interventions, le faux (de la main de Théodore Fraenkel) et publié sous son nom, n'étant pas compté.
|
Paul Dermée | France | Poète français proche des dadaïstes | 6 | Il publie plusieurs poèmes dans la revue et rend compte d'une audition-conférence organisée par la revue sur le nunisme. |
Lucien Descaves | France | Écrivain naturaliste et libertaire[111] | 1 |
|
Jessee Dismoor | Grande Bretagne | Peintre anglaise vorticiste | 1 | Un unique poème en anglais non traduit.
|
Fernand Divoire | France | Écrivain français d'origine belge | 1 |
|
Pierre Drieu la Rochelle | France | Écrivain proche des dadaïstes | 2 | Deux poèmes : |
Roger L. Dupret | ? | ? | 1 | Un poème dans le no 25, qui semble le seul document public à son sujet. |
Louise Faure-Favier | France | Journaliste, aviatrice et écrivaine. | 1 |
|
J. V. Foix | Espagne | Poète d'avant-garde catalan, directeur du quatrième numéro de la revue barcelonaise Troços | 1 | Un poème en catalan, traduit par J. Pérez-Jorba.
|
Luciano Folgore (pseudonyme d'Omero Vecchi) | Italie | poète futuriste | 5 | Il publie son manifeste « Le futurisme » dans le no 17 et quatre poèmes : |
Georges Gabory | France | Poète, romancier et essayiste | 4 | Quatre poèmes[112] |
Charlotte Gardelle | France | Artiste française née en Roumanie, membre du Salon d'Automne[113] | 3 | Contribue à trois livraisons avec quatre poèmes[114]. |
Ivan Goll | France Suisse |
Poète lorrain de langue française et allemande associé à l’expressionnisme | 1 | Un poème
|
Louis de Gonzague-Frick | France | → courriéristes | 1 |
|
Roch Grey | Russie | Nom utilisé par Hélène d'Oettingen, peintre et écrivaine russe de langue française, pour sa production de romancière[116] | 8 | Elle contribue régulièrement à la revue[117]. Elle tient également l'éphémère chronique « Pour les générations futures » dans deux numéros de la revue[118]. |
Max Jacob, poète français. | France | Poète | 2 |
|
J.-M. Junoy | Espagne | Poète catalan, directeur de la revue d'avant-garde Troços (à l'excetpion du no 4 | 1 |
|
Ary Justman | Pologne | Poète polonais[119], compagnon de Chana Orloff | 7 | Sept poèmes, initialement écrits en polonais mais traduits par ses soins avec l'aide d'Albert-Birot et publiés tels quels[120]. |
Kitahara | Japon | Poète japonais | 1 | Dans le no 23, Albert-Birot présente son poème « Un coin d'hôpital » dans une traduction d'un certain Saye Mondo, qui n'a pas été identifié[99]. |
Yves Krier | France | Écrivain français, ami d'enfance de Raymond Radiguet[121] | 1 | Un poème publié en compagnie de son ami Raymond Radiguet
|
Louis Latourette | France | Journaliste et poète français, adepte de l'éphémère mouvement « druidiste »[122] | 1 |
|
Roger Henri Lefébure | ? | Les signatures R. H. L. et Roger Lefébure sont identifiés comme étant du même auteur dans SIC 1993. | 6 | Six poèmes |
Lucien Margoton | ? | ? | 1 | Signe un poème qui fut traduit en catalan par Joaquim Folguera i Poal[m].
|
Joan Perez-Jorba | Espagne | Poète catalan, directeur de la revue L'Instant. Il s'est attaché à faire connaître les avant-gardes françaises en catalogne[125]. | 12 | Très nombreuses contributions à SIC[126]. |
Francis Picabia | France | Artiste Dada, directeur de la revue 391. | 1 |
|
Gaston Picard | France | Courriériste, journaliste, poète et romancier français, fondateur de la revue L'Heure qui sonne[127] | 3 | Trois poèmes[128]. |
Léon Pierre-Quint | France | Écrivain et critique | 1 | Un poème
|
Léonard Pieux | Russie | (→ Roch Grey) Pseudonyme sous lequel Hélène Oettingen publie ses poèmes | 3 | Trois poèmes |
Raymond Radiguet | France | Écrivain | 6 | Publie dans SIC six poèmes alors qu'il est âgé de quinze ans, à partir de décembre 1918, quelques mois après avoir publié quelques textes dans le Canard enchaîné et l'Intransigeant. |
Raimon Rajky | France | Pseudonyme de Raymond Radiguet | 1 |
|
Pierre Reverdy | France | Poète | 12 | Collaborateur régulier de SIC, exception faite de la période où il dirige sa propre revue Nord-Sud (mars 1917-octobre 1918).
|
Miki Rofoû | Japon | Poète | 1 | Dans le no 23, Albert-Birot présente son poème « Le Sommeil-Cauchemar » dans une traduction d'un certain Saye Mondo, qui n'a pas été identifié[99] |
Jules Romains | France | Écrivain | 1 |
|
Jean Royère | France | Poète | 1 |
|
André Salmon | France | Écrivain et critique d'art français | 1 |
|
Philippe Soupault | France | Poète français dadaïste puis surréaliste | 10 | Il publie son tout premier poème dans le no 15, puis collabore régulièrement à la revue. |
Tristan Tzara | Roumanie | Poète roumain de langue française, directeur de la revue DADA et promoteur du mouvement du même nom. | 10 | Collaboration régulière, sous la forme de poèmes ou de « notes sur l'art nègre »
|
Philippe Verneuil | France | (Pseudonyme de Philippe Soupault) | 1 |
|
Fritz R. Vanderpyl | France | Écrivain, journaliste, poète, critique d'art et critique culinaire. Il s'est installé à Paris en 1900[129], et fut chroniqueur au Petit Parisien[130] | 1 | Un poème
|
Isamu Yoshii | Japon | Poète japonais | 1 | Dans la rubrique « ETC. », la revue reproduit trois poèmes tirés de l'anthologie Poésie japonaise, de Harukichi Shimoi (en) et Gherardo Marone (1917)[131]
|
Ossip Zadkine | Russie | Artiste russe proche du cubisme. | 4 | Quelques textes littéraires de la part d'un artiste. « Texte rare car je ne crois pas qu'il ait beaucoup écrit », commente Albert-Birot (Albert-Birot, 1953) |
Nom | Pays | Commentaire | Nombre de contributions | Commentaire sur les contributions |
---|---|---|---|---|
Germaine Albert-Birot | France | Compositrice d'avant-garde. | 9 |
|
Samson | 1 |
| ||
Pratella | Italie | Compositeur et musicologue futuriste. | 1 |
|
Igor Strawinsky | Russie | Compositeur, chef d'orchestre et pianiste russe de musique moderne. | 1 |
|
Nom | Pays | Commentaire | Nombre de contributions | Commentaire sur les contributions |
---|---|---|---|---|
Louis Aragon | France | Poète français, fondateur avec Philippe Soupault, et André Breton de la revue Littérature | 2 | Tient la rubrique « Critique synthétique »
|
Paul Dermée | France | → auteurs de poèmes, de manifestes, de textes littéraires | 1 |
|
Louis de Gonzague-Frick | France | Poète et courriériste français, directeur de revues.
↗ auteurs de poèmes, de manifestes, de textes littéraires |
4 | Il tient (ou contribue) à quatre reprises la rubrique « ETC... » (178-180 199 227 361)
|
Pierre Lerat | France | Courriériste français. Il joue le rôle d'un représentant de la revue à Rome[96],[100]. | 3 |
|
J. Pérez-Jorba | Espagne | → auteurs de poèmes, de manifestes, de textes littéraires | 2 |
|
Maurice Raynal | France | Critique d'art, promoteur du cubisme. | 1 |
|
Settimelli | Italie | Critique, dramaturge et journaliste futuriste. | 1 |
|
Nom | Pays | Commentaire | Nombre de contributions | Commentaire sur les contributions |
---|---|---|---|---|
Pierre Albert-Birot | France | → auteurs de poèmes, de manifestes, de textes littéraires | ||
Giacomo Balla | Italie | Peintre et sculpteur futuriste | 1 |
|
Boussingault | France | Dessinateur | 1 |
|
Fortunato Depero | Italie | Peintre futuriste | 2 |
|
Serge Férat | Russie | Artiste d'origine russe, frère ou cousin de Roch Grey | 2 |
|
Irène Lagut | France | Peintre cubiste | 1 |
|
Henri Matisse | France | Peintre fauviste | 1 |
|
Chana Orloff | France | Sculptriste et artiste d'origine russe. | 6 | |
Pablo Picasso | Espagne | Peintre cubiste | 1 |
|
Enrico Prampolini | Italie | Artiste futuriste. Met en scène Matoum et Tévibar ce qui l'amène à correspondre avec SIC. | 4 |
|
J. Rij Rousseau, | France | Peintre française cubiste, fondatrice selon Albert-Birot d'« une nouvelle école : le « vibrisme » [27]». | 1 |
|
Alice Rutty | France | Dessinatrice | 1 |
|
Gino Severini | Italie | → auteurs de poèmes, de manifestes, de textes littéraires | 3 | |
Léopold Survage | Russie | Artiste d'origine russe, conjoint de Roch Grey. | 3 | |
F. Torowai | France | (Pseudonyme de → Pierre Albert-Birot[132]) | 2 |
|
Ossip Zadkine | Russie | → auteurs de poèmes, de manifestes, de textes littéraires | 1 | Sculpture p. 327 |
comme lecteurs, soldats mobilisés correspondant avec la revue
Notes et références
Notes
- Dans un entretien avec Fernand Pouey pour la revue Arts du 5-11 juin 1952, Pierre Albert-Birot, interrogé sur son âge répond : « Eh bien je suis majeur. Si vous voulez plus de précision, je vous dirai que je suis né en janvier 1916, en même temps que la revue SIC, ma fille, et une fille pas ordinaire puisqu'elle a trouvé le moyen de me mettre au monde » (Lentengre 1993, p. 14). Quand il rédige son autobiographie la même année, il réaffirme : « oui vraiment je suis né en janvier 1916, avant je n'étais que fœtus » (Albert-Birot 1988, p. 41)
- Albert-Birot et Severini donnent deux versions contradictoires de leur rencontre. Selon le premier, ils avaient leur atelier dans le même immeuble, et c'est par l'intermédiaire de leurs femmes que Severini put tenir le premier numéro de SIC dans ses mains[15]. Selon le peintre futuriste, en revanche, la rencontre eut lieu au vernissage de la Première exposition d'Art plastique de la Guerre et d'autres œuvres antérieures qu'il fit à la galerie Boutet de Monvel du au [16]. Severini explique également qu'il avait effectivement installé son atelier chez celle qu'il appelle « Mémé », c'est-à-dire la grand-mère de sa compagne Jeanne Fort. Selon son témoignage, celui-ci avait un vis-à-vis avec l'appartement des Albert-Birot, ce qui leur permettait de se voir très souvent. (Lentengre 1993, p. 91)
- Le tableau se trouve désormais à Londres dans la Tate Collection[18]
- Académia est un club d'éducation physique et sportive de la femme, de la jeune fille et de l'enfant fondé en 1915 par Gustave de Lafreté (Lentengre 1993, p. 111)
- Les lecteurs de la revue sont par exemple invités à une soirée nommée « SIC ambulant » dans l'atelier de Chana Orloff le 4 mars 1917. (Lentengre 1993, p. 115)
- L'adjectif surréaliste apparait dans le sous-titre des Mamelles de Tirésias, drame d'Apollinaire mis en scène par Pierre Albert-Birot. Ce dernier est parfois cité comme l'inventeur du terme. Marc Bloch, par exemple, écrit « Apollinaire avait proposé d'intituler sa pièce « drame surnaturaliste ». Albert-Birot suggère le terme « surréaliste »[33] ». Follain avance de la même manière l'idée que c'est Albert-Birot qui proposa à Apollinaire « drame surréaliste » (Follain 1967, p. 14). Pourtant, les témoignages d'Albert-Birot lui-même ne permettent pas de conclure qu'il fut l'inventeur du mot. Albert-Birot s'est exprimé à plusieurs reprises sur la genèse de ce nom. « Peut-être convient-il que je touche ici la question du mot surréaliste », écrit-il en 1953, « Apollinaire, depuis plusieurs mois hésitait entre « surnaturaliste » et « surréaliste », il employait tantôt l'un tantôt l'autre, mais avec une préférence pour « surnaturaliste ». Or Marcel Adéma dans son histoire d'Apollinaire cite une lettre du poète adressée en à Dermée[34] dans laquelle une fois de plus il dit : « oui je crois qu'il vaut mieux employer « surréaliste ». Mais son hésitation n'a pas cessé puisqu'en mai, quand je prépare l'impression du programme pour la représentation et que je lui dis « que mettons-nous sous le titre ? », il me répond d'abord « drame », mais lui objectant que la pièce demanderait à être nettement caractérisée, il me dit « mettons drame surnaturaliste », et comme je lui fais remarquer que d'une part le mot est impropre car nous ne faisons aucunement appel au surnaturel, et d'autre part qu'il se rapproche un peu fâcheusement du « naturalisme » qui n'est pas si loin, « c'est vrai », me dit-il, « vous avez raison, alors imprimez drame surréaliste ». C'est donc bien au cours de cette conversation qu'il a définitivement choisi, le mot allait être imprimé sur le programme et ensuite sur le livre, il n'y avait plus à y revenir. » (Albert-Birot 1953, p. 58) En 1946, il avait déjà livré un témoignage concordant : « Au moment de donner le texte à l'imprimeur j'ai dit à Apollinaire : « Donnez-moi le titre complet, les Mamelles de Tirésias, oui, mais que mettons-nous dessous ? — Eh bien, drame. — Drame tout seul, ne pensez-vous pas qu'il vaudrait mieux que vous le caractérisiez vous-même, ce drame, sans quoi on va dire qu'il est cubiste. — C'est vrai, mettons drame surnaturaliste. Je rechignais parce que je voyais là, soit un possible rattachement à l'école naturaliste, ce qui était fâcheux, soit une évocation du surnaturel, ce qui était faux. Apollinaire réfléchit deux secondes : Alors mettons surréaliste. Cette fois, ça y était et nous étions d'accord et contents tous les deux[35]. »
- Ces « vingt-sept artistes » ne sont en réalité que vingt-six personnalités, puisqu'Hélène d'Oettingen y publie deux hommages sous ses deux pseudonymes de Roch Grey et Léonard Pieux.
- Tristan Tzara rapporte une anecdote qu'il nomme lui-même « scène comique » et qui peut donner à comprendre le climat de suspicion dont il faisait alors l'objet : « Guillaume Apollinaire, que j'avais connu avant la guerre, me demanda des poèmes pour une revue qu'il voulait fonder. Il les remit à Reverdy qui m'écrit pour avoir ma permission de les faire paraître dans Nord-Sud. Ma réponse fut interceptée par la censure, et ce n'est que trois mois après que j'ai pu lui écrire. P. A.-Birot me demanda aussi de la part d'Apollinaire des poèmes pour Sic J'ai appris après l'armistice — Apollinaire était mort — qu'une scène assez comique eut lieu entre Reverdy et Apollinaire à propos de ces poèmes. Le bruit s’était répandu à Paris que j’étais sur la liste noire (vendu aux Allemands, espion que sais-je…) Apollinaire et Reverdy qui avaient peur s’accusèrent réciproquement et dans des termes violents de m’avoir demandé ma collaboration pour Nord-Sud[62]. »
- Tzara publie un premier texte dans Nord-Sud à l'été 1917, puis il collabore au numéro 21-22 de SIC en septembre 1917[ο],[63]
- À titre d'exemple, on peut consulter le poème idéographique Les Éclats dans le no 28 ou le « poème imagé » du no 24
- Georges Sebbag a retrouvé l'expression « critique synthétique » dans une lettre de Vaché à Breton datée de mai 1918, où le premier donne son avis sur « Treize études ». Sebbag note néanmoins qu'en 1968, Aragon a confié à Dominique Arban que le titre « Critique Synthétique » lui avait été imposé par Pierre Albert-Birot. Toutefois, toujours selon Sebbag, l'hypothèse la plus probable est que l'expression ait été forgée par Breton. « Dans ce cas, Reverdy ferait mine d'honorer son cadet, en reprenant son concept et en l'introduisant dans les pages de Littérature de mai 19. En réalité il emploie cette arme critique contre Breton et instille des critiques venimeuses dans Littérature contre Littérature ; si en revanche la notion a été trouvée par Pierre Albert-Birot, c'est l'occasion pour Reverdy de se montrer loyal envers Pierre Albert-Birot dont il prolonge une rubrique en terrain adverse tout en dénonçant l'infidélité de breton. » (Sebbag 1997, p. 58)
- Avec quelques réserves, Marianne Simon Oikawa identifie ce correspondant avec Komaki Ômiya (1894-1878), futur cofondateur de la revue socialiste Tanemakuhito (1921-1923)
- Cet auteur semble parfaitement inconnu de la littérature scientifique. Le poète catalan Joaquim Folguera i Poal, qui avait traduit le poème publié de SIC, s'est vu répondre par Reverdy qu'il ne savait rien de lui[123] Enric Sullà avoue avoir mené des recherches qui n'ont rien données sur ce poète[124]
Références
Références aux livraisons de la revue
- SIC, no 1, janvier 1916, lire en ligne sur Gallica (SIC 1993, p. 1)
- SIC, no 2, février 1916, lire en ligne sur Gallica (SIC 1993, p. 9)
- SIC, no 4, avril 1916, lire en ligne sur Gallica (SIC 1993, p. 25)
- SIC, no 3, mars 1916, lire en ligne sur Gallica (SIC 1993, p. 17)
- SIC, no 13, janvier 1917, lire en ligne sur Gallica (SIC 1993, p. 97)
- SIC, no 15, mars 1917, lire en ligne sur Gallica (SIC 1993, p. 113)
- SIC, no 18, juin 1917, lire en ligne sur Gallica (SIC 1993, p. 137)
- SIC, no 19-20, juillet-août 1917, lire en ligne sur Gallica (SIC 1993, p. 145)
- SIC, no 27, mars 1918, lire en ligne sur Gallica (SIC 1993, p. 201)
- SIC, no 29, mai 1918, lire en ligne sur Gallica (SIC 1993, p. 217)
- SIC, no 31, 1er octobre 1918, lire en ligne sur Gallica (SIC 1993, p. 233)
- SIC, no 30, juin 1918, lire en ligne sur Gallica (SIC 1993, p. 225)
- SIC, no 37-38-39, janvier 1919, lire en ligne sur Gallica (SIC 1993, p. 281)
- SIC, no 53-54, 15 décembre, lire en ligne sur Gallica (SIC 1993, p. 445)
- SIC, no 21-22, septembre 1917, lire en ligne sur Gallica (SIC 1993, p. 157)
- SIC, no 24, décembre 1917, lire en ligne sur Gallica (SIC 1993, p. 177)
- SIC, no 16, avril 1917, lire en ligne sur Gallica (SIC 1993, p. 121)
- SIC, no 25, janvier 1918, lire en ligne sur Gallica (SIC 1993, p. 185)
- SIC, no 17, mai 1917, lire en ligne sur Gallica (SIC 1993, p. 129)
- SIC, no 5, mai 1916, lire en ligne sur Gallica (SIC 1993, p. 33)
- SIC, no 8-9-10, août-septembre-octobre 1916, lire en ligne sur Gallica (SIC 1993, p. 57)
- SIC, no 6, juin 1916, lire en ligne sur Gallica (SIC 1993, p. 41)
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- SIC, no 14, février 1917, lire en ligne sur Gallica (SIC 1993, p. 105)
- SIC, no 28, avril 1918, lire en ligne sur Gallica (SIC 1993, p. 209)
- SIC, no 34, 15 novembre 1918, lire en ligne sur Gallica (SIC 1993, p. 257)
- SIC, no 42-43, 30 mars 1919, lire en ligne sur Gallica (SIC 1993, p. 333)
- SIC, no 45-46, 15 mai 1919, lire en ligne sur Gallica (SIC 1993, p. 365)
- SIC, no 26, février 1918, lire en ligne sur Gallica (SIC 1993, p. 193)
- SIC, no 35, 1er décembre 1918, lire en ligne sur Gallica (SIC 1993, p. 265)
- SIC, no 40-41, 28 février 1919, lire en ligne sur Gallica (SIC 1993, p. 313)
- SIC, no 44, 30 avril 1919, lire en ligne sur Gallica (SIC 1993, p. 353)
- SIC, no 47-48, 15 juin 1919, lire en ligne sur Gallica (SIC 1993, p. 385)
- SIC, no 36, 15 novembre 1918, lire en ligne sur Gallica (SIC 1993, p. 273)
- SIC, no 33, 1er novembre 1918, lire en ligne sur Gallica (SIC 1993, p. 249)
- SIC, no 32, 15 octobre 1918, lire en ligne sur Gallica (SIC 1993, p. 241)
- SIC, no 23, novembre 1917, lire en ligne sur Gallica (SIC 1993, p. 169)
- SIC, no 49-50, 15 octobre, lire en ligne sur Gallica (SIC 1993, p. 405)
- SIC, no 11, novembre 1916, lire en ligne sur Gallica (SIC 1993, p. 81)
- SIC, no 7, juillet 1916, lire en ligne sur Gallica (SIC 1993, p. 49)
- SIC, no 51-52, 15 novembre, lire en ligne sur Gallica (SIC 1993, p. 425)
Sources secondaires
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- Lentengre 1993, p. 79.
- Lentengre 1993, p. 81.
- Sebbag 1997, p. 54.
- Suter 2017 et Chèvrefils Desbiolles 2012, p. 252
- Suter 2017. « Alors que le conflit mondial a remis en cause le cosmopolitisme qui s’est développé durant la troisième phase de la mondialisation, et que les artistes ne peuvent circuler librement, elles manifesteront une aspiration au dépassement des frontières dans l’aventure artistique. Le chemin de cette renaissance a été montré par SIC, que Pierre Albert-Birot fonde en janvier 1916. »
- Chèvrefils Desbiolles 2012, p. 252.
- Lentengre 1993b, p. III-V.
- Lentengre 1993b, p. V-VI.
- Lentengre 1993, p. 43.
- Propos tenus lors l'émission radiophonique Au cours de ces instants de José Pivin, 30 avril 1967, retranscrits par Marie-Louise Lentengre dans Lentengre 1993b, p. VI
- Lentengre 1993b, p. VII et Albert-Birot 1988, p. 50
- Lentengre 1993, p. 83.
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- Albert-Birot 1953.
- (it) Gino Severini, La vita di un pittore, Abscondita, (1re éd. 1965)
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- Dick 2013, p. 296.
- Albert-Birot 1953, p. 52 et Lentengre 1993b, p. IX
- Lentengre 1993, p. 96-97. Marie-Louise Lentengre étudie également l'hypothèse selon laquelle, Apollinaire aurait donné son poème à Albert-Birot en mains propres, de retour des combats.
- Lentengre 1993, p. 100. La date exacte est difficile à établir. Albert-Birot situe cette première rencontre en mars, mais Marie-Louise Lentengre étudie différentes hypothèses et juge plus probable que celle-ci eut lieu courant avril.
- Guillaume Apollinaire, « Les tendances nouvelles », SIC, nos 8-9-10, (lire en ligne) et Lentengre 1993, p. 101
- « Dada à Paris », épisode de l'émission Archives du XXe siècle, Philippe Collin, ORTF, 1971. Ina
- Lentengre 1993, p. 103.
- Lentengre 1993, p. 104.
- Albert-Birot 1953, p. 55.
- Sebbag 1997, p. 56. Reverdy ne publie pas dans SIC de mars 1917 à octobre 1918, période où « SIC et Nord-Sud sont à la fois alliés et rivaux » à cette précision près que Reverdy intervient tout de même dans le numéro de SIC d'octobre 1918 « au moment où sa revue est sur le point de disparaître »
- Marc Dachy, Archives Dada : chronique, Hazan, (ISBN 2-7541-0009-1), p. 461
- Lentengre 1993, p. 111.
- Geneviève Latour, « Pierre Albert-Birot et le théâtre de Guillaume Apollinaire », dans Carole Aurouet et Marianne Simon-Oikawa (dir.), Poésie vivante, Paris, Honoré Champion, (ISBN 978-2-7453-2362-0), p. 101-110
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- Baudoin 1977, p. 19.
- Lentengre 1993b, p. XVIII. « Conscient du fait que cette crise pouvait conduire la revue à sa fin, Albert-Birot tenta de la sauver en la confiant à un éditeur “véritable”, Crès, ainsi que l'atteste un brouillon de lettre du 29 juillet 1919. Mais ce projet n'eut pas de suite. »
- Lettre de Pierre Albert-Birot à Joan Pérez-Jorba, inédite, reproduite partiellement Lentengre 1993b.
- Lentengre 1993b, p. XVIII.
- Guy Le Clec'h, « Suffit-il d'avoir cinquante ans pour voir ses mérites reconnus ? On découvre aujourd'hui Pierre Albert-Birot, l'homme qui lança le surréalisme », le Figaro littéraire, no 1061, 18 août 1966.
- Lentengre 1993, p. 129. « La revue aurait dû véritablement faire peau neuve pour répondre aux attentes du nouveau contexte de l'après-guerre. Si les raisons qui conduisirent à sa disparition semblent donc avoir été principalement d'ordre économique, c'est parce que l'économique en question dépendait étroitement de l'“idéologique” : telle qu'elle était, la revue ne pouvait ni subsister par ses propres moyens, ni passer à un éditeur de quelque importance. [...] L'affirmation de dada, puis du surréalisme, mouvements fondés sur des principes idéologiques beaucoup plus articulés, et donc plus dogmatiques que ceux sur lesquels reposait l'avant-garde, allait rapidement provoquer une dispersion des artistes et des écrivains qui refusèrent de s'y reconnaître et d'y adhérer. »
- Lentengre 1993b.
- Lentengre 1993b, p. XIX.
- Albert-Birot, propos rapportés et cités par Marie-Louise Lentengre dans Lentengre 1993b, p. XIX
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- François Buot, Tristan Tzara, Paris, Grasset, (ISBN 978-2-246-61001-4), p. 65
- Lugan 2017, p. 19.
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- Suter 2017. « Dans le sillage des recherches sur la simultanéité, qui avaient donné lieu avant guerre à de vives controverses, Albert-Birot propose un « poème à deux voix », dans lequel l’une des deux voix, en petits caractères, énonce constamment le même mot, « balalaïka », qui devient dès lors pure matière phonétique et rythmique, ce poème constituant l’une des contributions du directeur de SIC à l’aventure de la poésie sonore qui commence à peine, qui se développera tout au long du xxe siècle : D’autres recherches formelles débouchent sur le poème imagé, les éléments dessinés et écrits tendant à se confondre, certaines lettres se confondant avec les dessins des flammes. »
- Jean-Pierre Bobillot, « Contributions de Pierre Albert-Birot à la préhistoire de la poésie sonore », Europe, no 1056, , p. 100-108
- Lentengre 1993, p. 82-83.
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- Arlette Albert-Birot, « Pour un Art poétique », F, nos 2-3, .
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- Suter 2017, p. 61-73.
- Sebbag 1997, p. 56.
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- Francis Picabia, « Opinions et portraits », 391, no 19, , p. 2 (lire en ligne) — « Monsieur Maurice Martin du Gard, vous tenez André Breton pour un homme d’une classe supérieure à celle de Dermée et Birot, si vous aimez le théâtre, évidemment, je n’insiste pas, mais il me faut bien vous dire, que Birot, par exemple, que je connais depuis longtemps, m’a souvent exprimé des idées nouvelles, et, qu’il a à son actif des inventions cinématographiques extrêmement curieuses. »
- Anne Tomiche, La naissance des avant-gardes occidentales, 1909-1922, Armand Colin, coll. « Collection U », (ISBN 978-2-200-27606-5), p. 125
- Patrick Suter, « Éditer en temps de guerre, inventer dans la pénurie. La revue Dada à Zurich (1917-1919) », paru dans Loxias-Colloques, no 8, mis en ligne le 23 août 2017, [1]. « Les conditions de parution de Dada, mais aussi ces critiques, conduisirent Tzara à proposer, dès Dada 3, des versions radicalement neuves des revues littéraires et artistiques, et ce d’autant plus qu’il bénéficia de l’aide de Francis Picabia, qui séjournait alors en Suisse. »
- Sanouillet 2005, p. 113-114.
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- Sebbag 1997, p. 53. « La soudaine émergence, en mars 1919, de Littérature, qui aura une carrière longue et mouvementée, porte un coup fatal à SIC »
- Sebbag 1997, p. 53.
- Suter 2017.
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- Marianne Simon-Oikawa, « L’allumette et le pyrogène : le Japon de Pierre Albert-Birot », Revue de langue et littérature françaises, Société de Langue et Littérature Françaises de l’Université de Tokyo, no 49, , p. 678
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- Sophie Lesiewicz, « Pierre Albert-Birot, éditeur de livres graphiques », Europe, no 1056, , p. 77
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- Arlette Albert-Birot, « Bibliographie de l’œuvre poétique de Pierre Albert-Birot publiée en recueils », dans Pierre Albert-Birot, Poésie 1952-1966, Mortemart, Rougerie, , p. 57-72
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- Cristina Solé Castells, « La revue franco-catalane L’Instant : évolution d’un instrument de médiation culturelle », Çédille, no 16, , p. 59–68 (ISSN 1699-4949, DOI 10.25145/j.cedille.2019.17.16.07, lire en ligne, consulté le )
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- (it) Harukichi Shimoi et Gherardo Marone, Poesi Giapponesi di Akiko Yosano - Suikei Maeta - Tekkan Yosano - Nobutsuna Sasaki - Isamu Yoshii, Naples, Riccardo Ricciardi Editore,
- Arlette Albert-Birot, « Bibliographie de l'oeuvre poétique de Pierre Albert-Birot », dans Pierre Albert-Birot, Poésie 1952-1966, Mortemart, Rougerie, , p. 59La notice de la Triloterie identifie formellement F. T[orowai] à Pierre Albert-Birot)
Bibliographie
Sources primaires
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- [SIC 1973] Pierre Albert-Birot, SIC [Réédition des cinquante-quatre numéros de la revue], Éditions de la Chronique des Lettres Françaises,
- [SIC 1993] Pierre Albert-Birot, SIC [Nouvelle réédition des cinquante-quatre numéros de la revue], Jean-Michel Place, (ISBN 2-85893-035-X)
- [Albert-Birot 1953] Pierre Albert-Birot, « Naissance et vie de Sic », les Lettres nouvelles, no 7, (ISSN 0024-1407)L'article est repris dans Albert-Birot 1988 et c'est de cette publication que nous donnons les pages
- [Albert-Birot 1988] Pierre Albert-Birot, Autobiographie & Moi et Moi, Troyes, Librairie Bleue, , 120 p. (ISBN 2-86352-052-0)
Bibliographie critique
Préfaces
- [Albert-Birot, A. 1973] Arlette Albert-Birot, « Avant-dire », dans SIC 1973, p. I-XIII
- [Lentengre 1993b] Marie-Louise Lentengre, « Un Univers dans une revue » préface à SIC 1993, p. I-XX.
Articles
- [Albert-Birot, A. 1975] Arlette Albert-Birot, « Pierre Albert-Birot, SIC et le futurisme », Europe, no 551, , p. 98-104 (ISSN 0014-2751)
- [Baudoin 1977] Dominique Baudoin, « SIC », dans Jean-Michel Place & André Vasseur, Bibliographie des revues et journaux littéraires du XIXe et du XXe siècle, vol. III, (ISBN 978-2-85893-015-9), p. 11-34
- [Chèvrefils Desbiolles 2012] Yves Chèvrefils Desbiolles, « Revues / Une recomposition des avant-gardes », dans Catalogue de l'exposition « 1917 », Metz, Centre Pompidou-Metz, (ISBN 978-2-35983-019-4), p. 252-253
- [Dick 2013] Jennifer K. Dick, « La revue de Pierre Albert-Birot. SIC prend l’extrême pointe de l’avant-garde pendant la première guerre mondiale », dans Tania Collanie et Noëlle Cuny, Poétiques scientifiques dans les revues européennes de la modernité (1900-1940), (ISBN 978-2-8124-1098-7, DOI 10.15122/isbn.978-2-8124-1098-7.p.0287), p. 287-303
- [Lentengre 1987] Marie-Louise Lentengre, « Aux sources de la métamorphose de SIC : La Rencontre de Gino Severini et Pierre Albert-Birot », Francofonia, no 13, , p. 13–33 (JSTOR 43015652).
- [Lugan 2017] Mikaël Lugan, « En équilibre sur la rampe du grand escalier des avant-gardes, Pierre Albert-Birot meneur de revue », Europe, no 1056,
- [Sebbag 1997] Georges Sebbag, « SIC, Nord-Sud et Littérature », dans Madeleine Renouard, Pierre Albert-Birot, Laboratoire de modernité, Paris, Jean-Michel Place, (ISBN 285 893 299-9), p. 53-63
- [Orlandi Cerenza 1997] Germana Orlandi Cerenza, « SIC, bilans et perspectives », dans Madeleine Renouard, op. cit., , p. 31-40
- [Orlandi Cerenza 2012] Germana Orlandi Cerenza, « L'Esprit nouveau dans SIC, et ses correspondants italiens », dans Carole Aurouet et Marianne Simon-Oikawa (dir.), Poésie vivante, Paris, Honoré Champion, (ISBN 978-2-7453-2362-0), p. 15-28
- [Kelly 2006] Debra Kelly, « Pierre Albert-Birot et SIC: la revue comme lieu de combat et lieu de mémoire », dans Barbara Meazzi et Jean-Pol Madou, Les Oubliés des avant-gardes, Chambéry, Presses de l’Université de Savoie,
- [Rousseau 2019] Pascal Rousseau, « Pierre Albert-Birot, SIC et les catalans : la réception critique du nunisme à Barcelone (1917-1920) », dans Poésie vivante, op. cit., , p. 29-41
- [Suter 2017] Patrick Suter, « Les revues littéraires en 1917 », Littérature, no 188, , p. 61-73 (DOI 10.3917/litt.188.0061, lire en ligne)
- [Vigier 2019] Luc Vigier, « SIC ou le design musical de la pensée », dans Carole Aurouet et Marianne Simon-Oikawa (dir.), Pierre Albert-Birot, pyrogène des avant-gardes, Rennes, PUR, (ISBN 978-2-7535-7688-9), p. 25-37
Ouvrages
- [Follain 1964] Jean Follain, Pierre Albert-Birot, Seghers, coll. « Poètes d'Aujourd'hui », .
- [Lentengre 1993] Marie-Louise Lentengre, Pierre Albert-Birot, l'Invention de soi, Jean-Michel Place, (ISBN 2-85893-160-7).
- [Sanouillet 2005] Michel Sanouillet, Dada à Paris, Paris, CNRS Éditions, (1re éd. 1965) (ISBN 2-271-06337-X), p. 50-55.
Liens externes