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Sadek Hadjerès est un militant politique algérien, né le à Larbaâ Nath Irathen et mort le à Paris 16e[1].
Il est fondateur du Parti communiste algérien (PCA) et un des acteurs du mouvement national algérien, médecin de profession. Engagé pour l'indépendance de son pays, puis contre les régimes autoritaires qui ont succédé à la colonisation française, il passe près de 30 ans de sa vie dans la clandestinité.
Biographie
Fils d'instituteur, Sadek Hadjerès est né le 13 septembre 1928 à Larbaâ Nath Irathen, en Kabylie. Il va à l'école primaire de Berrouaghia et Larba Nath Irathen, et à l'école secondaire de Médéa, Blida et Ben Aknoun. À cette époque, il devient un dirigeant des Scouts musulmans algériens dans la Mitidja de 1943 à 1946 et ensuite un militant du Parti du peuple algérien (PPA) en 1944.
De 1946 à 1953, il est étudiant en médecine à l'université d'Alger. En 1948, il devient chef de la section universitaire du Parti du peuple algérien. En 1949 il est co-auteur du document L'Algérie libre vivra[2].
Il quitte le PPA après la crise berbériste dans le parti en 1949[3]. Lui-même et deux autres jeunes militants ont publié une brochure, intitulée L’Algérie libre vivra, développant la vision d’une nation multiculturelle[4].
Après avoir été membre pendant plusieurs années de l'Association des étudiants musulmans de l'Afrique du Nord (AEMAN), il en devient le président en 1950.
En 1951, Il rejoint le Parti communiste algérien et devient membre du Conseil consultatif en 1952. En 1953 et 1954 il est directeur de la revue Progrès et conseiller général du Parti pour les régions El Harrach et Mitidja Est, année où commence la guerre. En 1955, il est membre du Bureau politique du Parti. Il est condamné par contumace aux travaux forcés par un tribunal français, et est co-directeur national de l'organisation armée Combattants de la libération, qui était l'aile armée du Parti communiste algérien et coopérait avec les militants du Front de libération national (FLN), le mouvement nationaliste, mais sans en faire partie.
Avec son ami communiste Bachir Hadj Ali, il négocie en 1956 avec les représentants du FLN à Alger (Benyoucef Benkhedda et Abane Ramdane) concernant l'intégration des troupes communistes dans les rangs du FLN. Il continue à se battre au sein du parti jusqu'à l'indépendance de l'Algérie .
Après l'indépendance en 1962, Hadjerès est membre du secrétariat du Parti communiste algérien. En octobre 1962, le nouveau président Ahmed Ben Bella interdit le Parti, qui entre dans la clandestinité. Sadek Hadjerès est désigné comme le coordinateur du Parti communiste. Pendant la Charte d'Alger de 1964, il tente de faire avancer les idées du parti. De 1963 à 1965, il est chercheur en médecine.
Après le coup d'État de Houari Boumédiène qui évince Ahmed Ben Bella en 1965, il rentre dans la clandestinité pendant 24 ans. Il est membre de l'Organisation de résistance populaire (ORP), créée par Mohamed Harbi et Hocine Zahouane, deux leaders de l'aile gauche du FLN s'opposant à Boumediène. Hadjerès rejoint l'ORP tandis que d'autres dirigeants communistes comme Henri Alleg et Larbi Bouhali partent en exil. Avec ces départs l'ORP se trouve affaiblie. L'année suivante Hadjerès participe à la fondation du Parti de l'avant-garde socialiste (PAGS).
En 1976, lors du débat sur la Charte nationale, Hadjerès dirige clandestinement le PAGS en s'exprimant par le biais des organisations de masses du parti FLN tels que l'Union nationale de la jeunesse algérienne (UNJA). Ce fut l'apogée des activités politiques du parti communiste et de l'influence sur les affaires de l'État en Algérie.
Avec l'arrivée au pouvoir de Chadli Bendjedid et l'introduction progressive d'une politique libérale en matière économique, une lente libéralisation et l'introduction de l'article 120 dans les statuts du Parti FLN qui oblige toute personne exerçant des responsabilités dans une organisation de masse qui lui est liée à être un militant structuré de ce parti, Sadek Hadjerès et son parti le PAGS commencent à se heurter de plus en plus avec le gouvernement et le FLN. Le FLN cherche un nouveau soutien au sein des courants islamistes. Le PAGS est de plus en plus clandestin et en 1986 vote sa propre dissolution en raison de conflits internes. Hadjerès va alors participer aux congrès et conférences de l'Est du Parti communiste européen, parfois simultanément avec la délégation FLN, mettant le FLN dans une position inconfortable avec ses partenaires socialistes du bloc de l'Est.
Hadjerès entre complètement dans le cadre juridique en 1989 avec le début du multipartisme en Algérie. Sa rentrée sur la scène politique algérienne a cependant lieu à un moment où le mur de Berlin tombe, et ses convictions communistes sont secouées par la naissance d'une nouvelle ère. Le PAGS est dans ce contexte sévèrement défait aux élections de 1990 et 1991 par le Front islamique du salut et Hadjerès décide de se retirer de la politique en 1991. L'année suivante, en 1992, plusieurs communistes sont assassinés par les islamistes algériens, puis jusqu'en 1994.
Lorsque le gouvernement annule, avec le soutien de l'armée, les élections législatives de décembre 1991, il demande sans succès le soutien de Hadjerès, qui est malgré tout condamné à mort par plusieurs organisations para-militaires islamistes (MIA, FIDA, GIA, etc.).
Le parti PAGS cessant toute activité en 1992, Hadjerès quitte l'Algérie et s'installe en France où il entame une carrière de professeur associé et chercheur en géopolitique avec le centre de CRAG de l'université Paris-VIII (Centre de recherches et d'analyses géopolitiques). Il publie plusieurs articles dans la revue Hérodote et dans la presse algérienne et internationale, ainsi que des livres sur l'évolution des mouvements algériens, à commencer par la crise du PPA de 1949.
En 2007, le PAGS revient sur la scène politique sous le nom Mouvement démocratique et social (MDS). Il remporte un siège au Parlement algérien dans les élections législatives du 17 mai en Algérie. Sadek Hadjerès continue d'être un personnage très influent pour les communistes algériens et les membres du MDS bien qu'il ne participe plus officiellement à des activités politiques dû à l'âge. Il apporte son soutien au mouvement protestataire du Hirak, en 2019-2020, dont il loue le pacifisme : « La qualité de ce mouvement, cette obstination à ne pas franchir le pas de la violence, c’est quelque chose d’extraordinaire », disait-il[4].
Famille
Durant les années 1980, Saddek Hadjeres fait la rencontre d'Aliki Papadomichelaki, celle qui va devenir son épouse, une grecque militante du PAGS et économiste à Sonatrach de profession. « À partir de 1985, nous avons uni nos vies. Nous avons entamé un voyage commun, aussi bien pour nous deux que pour les peuples grec et algérien. Il était non seulement un mari attentionné, mais aussi une personnalité d’une grande profondeur comme très peu de gens que j'ai eu à connaître. La première chose que je retiens de lui est son esprit profondément démocratique, ce qui est très rare à notre époque. »[5]
Ouvrages
- Quand une nation s'éveille, mémoires, Tome 1 - 1928/1949, Alger, INAS Éditions, 2014[6]
Références
- Rédaction, « Sadek Hadjeres, un combattant au long cours s’en est allé - 24H Algérie - Infos - vidéos - opinions. », (consulté le )
- Sadek Hadjerès par lui-même
- La « crise berbériste » de 1949 : les vérités cinglantes d'un témoin du siècle
- « Mort de Sadek Hadjerès, figure historique de la gauche algérienne », Le Monde.fr, (lire en ligne)
- « Algérie : Saddek Hadjeres, une vie de lutte et d’engagement – Jeune Afrique », sur JeuneAfrique.com (consulté le )
- Ali Chibani, « Quand une nation s'éveille. Mémoires, tome 1 (1928-1949) », sur Le Monde diplomatique, (consulté le )
Source
- Le Soir d'Algérie, Sadek Hadjerès (biographie détaillée et interview de Sadek Hadjerès), 2 juin 2007
Liens externes
- Médecin algérien
- Personnalité politique algérienne
- Personnalité du Mouvement démocratique et social (Algérie)
- Personnalité kabyle
- Personnalité de la guerre d'Algérie
- Communiste algérien
- Étudiant de l'université d'Alger
- Enseignant à l'université Paris-VIII-Vincennes-Saint-Denis
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