Un saisonnier est un travailleur dont la durée de travail est restreinte à une saison de l'année.
Caractéristiques
On rencontre des travailleurs saisonniers notamment dans le monde agricole, où ils sont généralement employés pendant les récoltes et les vendanges, mais aussi dans l'industrie touristique, où ils servent à faire face à l'afflux de clients dans la restauration ou l'hôtellerie pendant les périodes les plus attractives.
Spécificités par pays
France
Le secteur du tourisme est, en France, une source essentielle de richesses et génère chaque année plus de 145 milliards d’euros. Or dans ce secteur le travail saisonnier est souvent synonyme d’atteintes au droit du travail, de précarité et de conditions de vie dégradées[1].
En 2018 en France, l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (Umih) alerte sur la pénurie de main d’œuvre des emplois saisonniers. Selon eux 50000 offres n'auraient pas trouvé preneurs[2].
Canada
Au Canada, de nombreux travailleurs saisonniers mexicains viennent séjourner dans les secteurs agricoles locaux, où ils rencontrent des difficultés pour leur rémunération, ce qui les conduit à une forme de syndicalisation[3]. En France et en Espagne, la précarité des saisonniers dans l'agriculture intensive est renforcée par le fait que la plupart d'entre eux, Africains et Européens de l'est, sont sans papiers ou dans la semi-légalité[4]. En Italie du Sud, la mafia a pris le contrôle de cette main-d'œuvre qui risque la mort en cas de résistance ou de fuite[5]. Dans les cas les plus extrêmes, ces saisonniers se retrouvent dans un état proche du servage ou de l'esclavage.
Suisse
En Suisse, les travailleurs saisonniers étrangers sont soumis à un statut spécial de 1931 à 2002, qui leur permet de résider dans le pays pendant neuf mois par an au plus, sans leur famille. Principalement italiens jusque dans les années 1970, les saisonniers travaillent surtout dans la construction mais aussi dans l'hôtellerie et l'agriculture. Une initiative populaire est lancée en 1974 pour notamment supprimer le statut de saisonnier, mais elle est largement rejetée dans les urnes en 1981 (par 83,8 % des voix[6]). Le statut de saisonnier est finalement aboli à l'entrée en vigueur des accords bilatéraux de 2002 conclus avec l'Union européenne[7],[8].
Notes et références
- Gérard Chouquer, « L’inquiétant modèle du "travail saisonnier" en Europe », dans Les mutations récentes du foncier et des agricultures en Europe, Besançon, Presses universitaires de Franche-Comté, (ISBN 978-2-84867-641-8, DOI 10.4000/books.pufc.5748, lire en ligne), p. 215-228
- « Le marché de l'emploi saisonnier peine à recruter », Les Echos, (lire en ligne)
- Travailleurs saisonniers du Mexique : Se syndiquer pour se faire respecter
- Herman 2008.
- Gatti 2007.
- « Votation populaire du 05.04.1981 - Initiative populaire 'Être solidaires en faveur d'une nouvelle politique à l'égard des étrangers' », sur www.chf.admin.ch (consulté le )
- Sandro Guzzi-Heeb (trad. Denyse Wettstein), « Travail saisonnier » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne, version du .
- Silvia Arlettaz, « Saisonniers » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne, version du .
Annexes
Bibliographie
- [Bureau international du Travail 1996] Bureau international du Travail, Les ouvriers agricoles : conditions d'emploi et de travail., Genève, (ISBN 92-2-210126-X)Rapport soumis aux fins de discussion à la Réunion tripartite sur l'amélioration des conditions d'emploi et de travail des ouvriers agricoles dans le contexte de la restructuration économique.
- [Gatti 2007] Fabrizio Gatti, « Esclaves pour toujours », L'Espresso, .
- [Herman 2008] Patrick Herman, Les nouveaux esclaves du capitalisme, agriculture intensive et régression sociale, Vauvert, Au Diable Vauvert, , 406 p. (ISBN 978-2-84626-162-3).
- [Mazoyer et Roudart 2002] Marcel Mazoyer et Laurence Roudart, Histoire des agricultures du monde, Seuil, .