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Sidya Léon Diop, descendant de Ndaté Yalla, est une figure emblématique de la résistance sénégalaise contre la colonisation française. Son parcours illustre un cheminement complexe, allant d'une éducation européenne imposée par les colons à un engagement résolu pour la défense de son territoire et de ses valeurs ancestrales.
Biographie
Né en 1848 à Nder et mort le [1], Sidya Léon Diop est un roi sénégalais ayant occupé la région du Waalo[2]. Fils de la reine Ndaté Yalla Diop[3] et du gouverneur du Waalo occidental, Sakoura Diop, Sidya Ndaté Yalla Diop est un résistant de l'époque coloniale au Sénégal.
Jeunesse et éducation
Dès son jeune âge, Sidya est plongé dans les réalités du pouvoir royal, observant sa mère, la Linguère, mener ses luttes pour maintenir l'indépendance de son peuple face à la pression croissante des colonisateurs français[4].
À l'âge de 10 ans, alors que sa mère meurt en 1860, Sidya se retrouve confronté à un changement de situation. Son cousin, Fara Penda Madiaw Khor Diaw, est nommé Brak (chef supérieur) du Walo avec la bénédiction des autorités coloniales françaises. Sidya, quant à lui, est pris sous l'aile de l'administration coloniale. Cette nomination et cette dynamique familiale compliquent son avenir, car elles le forcent à se soumettre à l'influence étrangère alors qu'il aspire à poursuivre l'héritage de sa mère et à mener le peuple du Walo dans la résistance[5].
Adoption par Faidherbe et Assimilation
Afin de soumettre les chefs locaux et leurs héritiers, le gouverneur colonial Louis Faidherbe décide d'adopter Sidya, un geste qui, selon lui, permettrait de faire de ce jeune prince un instrument de l'assimilation coloniale. Sidya est envoyé à l’école des fils de chefs à Saint-Louis, une institution coloniale où les enfants des élites sont formés pour servir les intérêts de la France. Là, il reçoit une éducation française et est rebaptisé « Léon », en hommage à Faidherbe, qui cherche à faire de lui un « français à la peau noire»[6].
En 1861, Sidya est envoyé au Lycée impérial d'Alger, une étape majeure dans son parcours d'assimilation. Cependant, l'expérience en Algérie ne se déroule pas comme prévu. Sidya éprouve un profond malaise face à l'éloignement de son pays natal et à l'ambiance étrangère du lycée. Loin de se sentir intégré, il sombre dans une dépression. Au lieu d'embrasser pleinement la culture coloniale, Sidya ressent un vif désir de retour dans son pays natal, ce qui incite les autorités coloniales à le rapatrier au Walo en 1863[7].
Retour au Walo et Prise de Conscience
De retour au Walo, Sidya mène une vie marquée par une double appartenance. Il est nommé chef de canton à l'âge de 17 ans et entame une carrière dans l'armée coloniale où il obtient le grade de lieutenant. Bien que par son apparence et son rôle il représente l'autorité coloniale, Sidya est toujours profondément attaché à son héritage royal et à sa culture. Mais c’est lors d'une cérémonie royale à Mbilor, où un griot, Madiartel Dégueune Mbaye, refuse de chanter ses louanges et l’accuse de trahison en raison de son alignement avec les colonisateurs, que Sidya prend conscience de la profondeur de son déchirement intérieur[7].
Les paroles du griot provoquent un bouleversement profond chez Sidya. Il comprend alors qu'il a été instrumentalisé par les colonisateurs, et il se débarrasse symboliquement de son identité coloniale. Il abandonne le nom de « Léon » et adopte celui de sa mère, devenant ainsi Sidya Ndatté Yalla Diop, en hommage à son héritage royal et à la mémoire de sa mère, la résitante. Il se revêt également des habits traditionnels, abandonnant les vêtements européens, et renouvelle son engagement envers la culture ancestrale du Walo. C'est à ce moment qu'il décide de se battre pour la liberté de son peuple, prenant la tête d'une résistance active contre l'occupation coloniale[8].
La Résistance et la Trahison de Lat-Dior
En tant que chef de la résistance, Sidya Ndaté Yalla Diop forme une coalition de chefs locaux pour s'opposer aux troupes françaises et protéger les populations du Walo. Avec un charisme exceptionnel et une détermination sans faille, il remporte plusieurs victoires contre les forces coloniales. Toutefois, la lutte est complexe, et les alliances, parfois fragiles, jouent un rôle clé. Sidya est trahi par l'un de ses alliés, Lat-Dior, un autre chef sénégalais avec qui il avait auparavant collaboré. Cette trahison, qui survient en 1876, conduit à son arrestation[4].
Le 21 décembre 1876, Sidya est capturé par les autorités coloniales à la suite de cette trahison. Il est jugé par un tribunal colonial le 17 janvier 1877 et condamné à la déportation. Sidya est envoyé au Gabon, sur l'île de Nengué-Nengué, où il est incarcéré. Même en exil, il conserve son esprit combatif et son attachement à son identité. Cependant, le gouvernement colonial sénégalais refuse de lui accorder un retour au pays, malgré l’intervention de certains officiers français qui plaident pour sa réintégration. Face à ce rejet, Sidya, accablé par le désespoir et l'impossibilité de retrouver sa liberté, se donne la mort le 26 juin 1878 à l'âge de 30 ans[5].
Héritage et Commémoration
L’histoire de Sidya Ndatté Yalla Diop est celle d’un homme qui, bien que contraint par les circonstances, a su se réapproprier son identité et lutter contre l’oppression coloniale avec courage et dignité. Il incarne une figure héroïque de la résistance anticolonialiste, souvent éclipsée dans l’historiographie officielle, mais dont le parcours demeure essentiel pour comprendre les luttes menées par les peuples africains contre l’expansion coloniale. Sa mort prématurée, à la fois tragique et symbolique, souligne l'ampleur de son engagement et l'importance de son sacrifice dans l’histoire du Sénégal et de l’Afrique[9].
Références
- senenews.com
- Au Sénégal et le cœur du Sénégal, « Sidya Ndaté Yalla, une vie d'honneur et de courage pour le Brack du Waalo », sur Au Sénégal, le cœur du Sénégal, (consulté le )
- Adama Djigo, « Patrimoine culturel et identité nationale : construction historique d’une notion au Sénégal », Journal des africanistes, vol. 85, nos 1/2, , p. 312–357 (ISSN 0399-0346, DOI 10.4000/africanistes.4617, lire en ligne, consulté le )
- (en) « Writings by Ruben Um Nyobe: Political Constant of Unity Practiced by Ruben Um Nyobe – 1959 », (consulté le )
- Adama Djigo, « Patrimoine culturel et identité nationale : construction historique d’une notion au Sénégal », (consulté le )
- Boubacar Boris Diop, « Le Devoir », journal, , p. 6
- Mouhamed Camara, « Aujourd’hui: 17 janvier 1877, le prince Sidya Léon Diop est condamné à la déportation », (consulté le )
- Louis Camara, « RENDRE HOMMAGE AU HEROS-PRINCE-RESISTANT DU WALO », (consulté le )
- Louis Camara, « RENDRE HOMMAGE AU HEROS-PRINCE-RESISTANT DU WALO », (consulté le )