En philosophie, la spéculation est le fait de s'interroger sur les conséquences d'une hypothèse comme si elle était vraie, sans nécessairement la considérer au départ comme telle.
Bref aperçu historique
À l'origine, dans la tradition grecque où philosophie et science étaient intimement liées, ces deux disciplines ne pouvaient se concevoir sans la spéculation philosophique.
La controverse ptoléméo-copernicienne (première moitié du XVIIe siècle)[1], après le rejet par René Descartes de la philosophie scolastique jugée « trop spéculative »[2], a entraîné progressivement une séparation entre les domaines de la foi et de la raison, mise en évidence dans l'encyclique Fides et ratio[3]. Alors que la philosophie a continué d'argumenter par des raisonnements spéculatifs, tout en s'éloignant des vérités révélées et en rejetant souvent la métaphysique[4], les autres sciences ont de leur côté refusé la méthode spéculative, pour lui préférer soit le raisonnement déductif, soit la méthode expérimentale.
Le mot même de spéculation, qui avait à l'origine un sens philosophique, a progressivement pris, le plus souvent, le sens de « spéculation financière »[5].
À la fin du XXe siècle, Jean-Paul II montre, dans l'encyclique Fides et ratio (1998), que la réflexion spéculative est nécessaire à la réconciliation entre la foi et la raison[6].
Notes et références
- ↑ Le procès de Galilée a eu lieu en 1633.
- ↑ Voir la sixième partie du Discours de la méthode.
- ↑ Encyclique Fides et ratio, no 45, sur le site du Vatican.
- ↑ Henri de Lubac, Le Drame de l'humanisme athée.
- ↑ Ce sens apparaît à partir de la 5e édition du Dictionnaire de l'Académie française (1798) (lire en ligne).
- ↑ Encyclique Fides et ratio, no 83, sur le site du Vatican.
Voir aussi
Articles connexes
- Raisonnement
- Fides et ratio, encyclique de Jean-Paul II sur la foi et la raison
- Hypothèse
- Conséquentialisme
- Argumentum ad consequentiam