Le style étrusque est un style néo-classique, inspiré librement de l'art étrusque, théorisé d'abord par James Stuart[1], puis par les frères Robert et James Adam[2], architectes britanniques du XVIIIe siècle, dans la mode romantique du temps pour les ruines et vestiges antiques née principalement de la découverte des ruines de Pompéi vers 1750[3].
Après les Britanniques, c'est Jean-Jacques Lagrenée qui a introduit ce style en France, à la suite de son séjour à Rome et à Pompéi de 1765 à 1769, et de la publication en 1784 d'un recueil de gravures répertoriant tous les motifs issus de ses relevés sur place.
Ce style toucha la décoration des pièces (peintures murales), le mobilier, la joaillerie à la fin du XVIIIe et pendant le XIXe siècle, sans réalisme historique.
La mode des objets étrusques se renforça pendant le XIXe siècle par les nombreuses découvertes des vestiges étrusques des tombes, leur spoliation par les tombaroli, leurs pastiches et copies avouées « à l'étrusque », voire les faux, mis sur le marché de l'art (historique et aussi décoratif). L'atelier Castellani de Londres exposa ses créations en 1862 conjointement à l'exposition de la partie de la collection Campana à Paris, acheté par Napoléon III.
Elle perdure aujourd'hui dans la poterie, la céramique, la bijouterie fantaisie.
Œuvres « à l'étrusque »
- Décoration à l'étrusque de l'atelier du peintre Isabey par « Les Étrusques » surnom de Charles Percier et Pierre-François-Léonard Fontaine (1796)
- Services dit « à l'étrusque » de la manufacture de porcelaine de Capodimonte à Naples
- Service étrusque de la laiterie de Rambouillet, manufacture de Sèvres, 1786-88
- La « Salle étrusque » (1775-1777) des frères Adam pour l'Osterley Park, édifice de l'ère élisabéthaine.
- Vases à l'étrusque d'Antonio Cioci, Opificio delle pietre dure, Florence (1783)
- Deux pièces de style étrusque de l'appartement chinois de Charlottenburg de Berlin (1788).
- Gobelets à anses étrusques et soucoupes du service de Marie-Antoinette, pour la Laiterie de Versailles, de Jean-Jacques Lagrenée (1788 - Musée national de Céramique à Sèvres)[4],[5].
- Cabinet étrusque du château de la ville de Potsdam par Johann Gottfried Schadow (1804).
- le Cabinet étrusque de Racconigi (1827).
- Bougeoir style étrusque Empire bronze (vers 1830).
- Plateau en scagliola à décor d'inspiration étrusque du Florentin Carlo Paoletti (Corsham Court).
- Table ayant appartenu à la reine Caroline, conservée à la Résidence de Munich (Die Möbel der Residenz, München, vol III. Munich, 1997, p. 255-257, no 130).
- Œuvres du Viennois Wolfgang Koepp, spécialiste de ce type de décor très en vogue à la cour de Munich.
- Artes Etruriae renascuntur, fabrication en série de vases « étrusques » de la manufacture de Josiah Wedgwood, décor inspiré de la collection Hamilton.
- Chaises, tabourets et fauteuils de style étrusque de Georges Jacob pour la laiterie de Rambouillet, Petit Trianon.
- Fausse tombe étrusque du musée de la Villa Tornolia.
- Projet de « Fantaisie de style étrusque » de l'architecte Félix Duban.
Références plus récentes à l'art étrusque
- Anneau épiscopal de Monseigneur Taurin (1875)[6]
- Tombeau en gisant de Jean-Gabriel Domergue et Odette Maugendre-Villers, inspiré du sarcophage des Époux, sculpté par le sculpteur Odette Maugendre-Villers, Jardin d'agrément de la villa Fiesole, devenue villa Domergue à Cannes.
Expositions
- Vivre à l'antique, de Marie-Antoinette à Napoléon 1er, Château de Rambouillet (et sa laiterie), 19 mai - 9 août 2021, co-commissaires Gabriel Wick et Renaud Serrette.
Bibliographie
- Recueil de motifs pour Diverse maniere d'adornare i cammini (diverses façons d'orner les cheminées) du Piranèse[7]
- Works in Architecture of Robert and James Adam, publié en trois volumes en 1773, 1779 et 1822.
- Jean-Jacques Lagrenée, Recueil de différentes compositions..., 1784.
- Bibliothèque Nationale : croquis cotés et peints d’un mobilier étrusque, imaginé par l’architecte Jean-Jacques Lequeu en 1786 pour l’hôtel Montholon.
- Sir William Hamilton, Collection of Etruscan, Greek and Roman Antiquities, publié à Naples en 1766-1767 et gravé par Francesco Morelli.
- Dominique Briquel, La Civilisation étrusque, p. 288-289, 1999
Articles connexes
- les frères Adam : Robert Adam (1728-1792) et James Adam (1730-1794) et leur « antic revival » qui donnera lieu à l'expression Style Adam.
- les vues antiques du Piranèse.
Notes et références
- Il a visité Pompéi en 1754
- Ils ont séjourné en Italie de 1754 à 1757
- Un renouveau de l'intérêt qui donnera lieu à la décoration dite « pompéienne ».
- Notice
- Catherine Seux Trouvet, Les vases à la manufacture de Vincennes Sèvres des origines à l’Empire
- Notice
- Dominique Briquel, La Civilisation étrusque, p. 288