Sur la route | |
Édition originale par Gallimard de 1968 (à gauche), édition américaine Original Scroll (manuscrit original, non édulcoré) par Viking Press, 2007 (au milieu) et réédition du manuscrit original par Gallimard, 2012 (à droite), exposés au Musée des lettres et manuscrits de Paris. | |
Auteur | Jack Kerouac |
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Pays | États-Unis |
Genre | Roman |
Version originale | |
Langue | Anglais américain |
Titre | On the Road |
Éditeur | Viking Press |
Date de parution | 1957 |
Version française | |
Traducteur | Jacques Houbard |
Éditeur | Gallimard |
Lieu de parution | Paris |
Date de parution | 1960 |
ISBN | 2-07-036766-5 |
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Sur la route (titre original : On the Road) est le plus connu des romans de Jack Kerouac, publié en 1957.
Introduction
[modifier | modifier le code]Le roman raconte de manière quasi autobiographique les aventures de l'auteur (nommé Sal Paradise dans le livre) et d'un compagnon de route, Neal Cassady (nommé Dean Moriarty dans le roman). On y croise également Allen Ginsberg (Carlo Marx) et William Burroughs (Old Bull Lee). Dans le tapuscrit original cependant publié en 2007 par les éditions américaines Viking, sous le titre On the Road: The Original Scroll, et en 2010 par les éditions Gallimard pour la version française, sous le titre Sur la route – le rouleau original[1] les noms et prénoms réels des protagonistes sont conservés.
Sur la route est la mise en scène, par le biais de ses fréquentations plus ou moins proches, de ce que Kerouac nomma lui-même la « Beat generation ». Cette dernière ne désigne pas spécialement ceux qu'il fréquente lorsqu'il introduit ce mot, lors d'une conversation avec John Holmes, mais bien ceux qu'il appelle les « nouveaux hipsters américains », ceux qui « avaient dépassé le stade des plaisirs charnels et s’intéressaient maintenant à Dieu et aux Visions sacrées »[2]. Elle n'a donc rien d'un courant littéraire ; les amis de Kerouac, comme Allen Ginsberg ou William Burroughs, même s'ils partagent un goût pour la prose spontanée et le surréalisme, ont des façons d'écrire qui ne se ressemblent pas.
Personnages
[modifier | modifier le code]Kerouac s'est souvent inspiré de sa famille et ses amis pour ses personnages[3],[4].
Nom réel | Nom fictif |
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Jack Kerouac | Sal Paradise |
Gabrielle Kerouac (mère de Jack Kerouac) | Sal Paradise's Aunt |
Joan Kerouac (née Haverty) | Laura |
Alan Ansen | Rollo Greb |
William S. Burroughs | Old Bull Lee |
Joan Vollmer Adams Burroughs | Jane Lee |
William S. Burroughs Jr. | Ray Lee |
Julie Burroughs | Dodie Lee |
Lucien Carr | Damion |
Neal Cassady | Dean Moriarty |
Neal Cassady, Sr. | Old Dean Moriarty |
Cousin de Neal Cassady | Sam Brady |
Carolyn Cassady | Camille |
Jamie Cassady | Joanie Moriarty |
Catherine Cassady | Amy Moriarty |
Bea Franco (Beatrice Kozera) | Terry |
Allen Ginsberg | Carlo Marx |
John Clellon Holmes | Ian MacArthur |
Herbert Huncke | Elmer Hassel |
Helen Huncke | Galatea Hassel |
William Holmes “Big Slim” Hubbard | William Holmes “Big Slim” Hazard |
Ruth Gullion | Rita Bettencourt |
Helen Gullion | Mary Bettencourt |
Diana Hansen | Inez |
Beverly Burford | Babe Rawlins |
Bob Burford | Ray Rawlins |
Dianne Orin | Lee Ann |
Henri Cru | Remi Boncœur |
Paul Blake (beau-frère de Jack Kerouac) | Rocco |
Al Hinkle | Ed Dunkel |
Bill Tomson | Roy Johnson |
Helen Tomson (femme de Bill Tomson) | Dorothy Johnson |
Jim Holmes | Tommy Snark |
Gregorio | Victor |
Frank Jeffries | Stan Shepard |
Gene Pippin | Gene Dexter |
Jinny Baker Lehrman | Jinny Jones |
Victor Tejeira | Victor Villanueva |
Walter Adams | Walter Evans |
Jose García Villa | Angel Luz García |
Ed Uhl | Ed Wall |
Justin W. Brierly | Denver D. Doll |
Edward D. White, Jr | Tim Gray |
Joanie White (sœur de Edward White) | Betty Gray |
LuAnne Henderson | Marylou |
Pauline | Lucille |
Vicki Russell | Dorie |
Rhoda | Mona |
Ed Stringham | Tom Saybrook |
Kells Elvins | Dale |
Lorraine | Marie |
Alan Harrington | Hal Hingham |
Ginger Chase | Peaches |
Haldon "Hal" Chase | Chad King |
Allan Temko | Roland Major |
Gregory La Cava | "le réalisateur connu" |
Mr. Snow |
Écriture du roman
[modifier | modifier le code]Ce livre a été écrit d'un seul jet, en trois semaines (du 2 au ), sur un rouleau de papier de 120 pieds[5] (36,50 mètres) de long, dans de longues sessions de prose spontanée et enfiévrée ; il crée ainsi un style d'écriture totalement personnel, en partie inspiré par son amour du mouvement jazz bebop, de ses fulgurances et de ses improvisations. Ce manuscrit a été dactylographié sur des feuilles de papier à calligraphie japonaise, collées bout à bout et non sur un rouleau de papier à télétype, comme Kerouac l'affirme pourtant lui-même dans une interview donnée à Steve Allen en 1959[6]. On sait aujourd'hui, grâce à Gerald Nicosia, que Kerouac avait récupéré ces feuilles, non pas dans une « très bonne papeterie », comme il le laisse entendre durant cette interview, mais dans l'appartement d'une de ses connaissances, Bill Cannastra, qui s'était suicidé peu de temps auparavant[7]. Son rythme de travail effréné a valu le mot célèbre de Truman Capote : « Cela n'est pas écrire, c'est dactylographier. »
Les éditeurs, toutefois, refusèrent massivement cette première rédaction, se demandant ce qu'il y avait à faire avec ce texte très difficile à suivre, présenté sur un rouleau cylindrique, et écrit de façon non conventionnelle (pas de paragraphes, pas de retours à la ligne, pas de chapitres...). Kerouac dut travailler son récit durant six ans avant qu'un éditeur l'acceptât. En 2001, la rédaction du American Modern Library inclut Sur la route dans sa liste des cent meilleurs romans du XXe siècle en langue anglaise. En 2007, à l'occasion du 50e anniversaire de sa publication, la version originelle du manuscrit a été publiée, sous le titre On the Road: The Original Scroll. La même année ont été découverts plusieurs manuscrits originaux inédits de Kerouac, dont une ébauche d'On the Road, datée du (soit plusieurs mois avant la version en anglais), rédigée en français, sa langue maternelle — également utilisée pour deux de ses romans et quelques nouvelles également inédits[8]. En fait, la composition de Sur la route a duré de 1948 (année de ses premières « notes de voyage » et de la première mention du titre)… à 1957[9]. C'est, en effet, lorsqu'un éditeur new-yorkais accepta enfin de publier ce texte réputé « impubliable » que Kerouac, de guerre lasse, accepta les propositions d'édulcoration — voire de censure — concernant les passages les plus sulfureux aux yeux de cette Amérique puritaine, engluée en plein maccarthysme : ceux sur les drogues, le sexe et la mort, notamment.
Le succès de ce livre, une décennie après sa rédaction, signa finalement la fin de Jack Kerouac, initiant une dépression à laquelle il ne survécut pas. Il s'éloigne de ses amis écrivains beat comme Allen Ginsberg. Il reproche à Ginsberg de trop rechercher l'attention du public et de trahir l'esprit beat[Information douteuse]. Il est entre autres irrité par le développement d'un bouddhisme de mode, dont il est en partie responsable. En , Christie's présente lors d'une vente aux enchères à New York le tapuscrit de Sur la route, qui est vendu au prix de 2,5 millions de dollars à Jim Irsay, amateur de rock et propriétaire de l’équipe de football les Colts d’Indianapolis[1].
À l’occasion du 50e anniversaire de la publication initiale, les éditions américaines Viking décident de publier le tapuscrit original en 2007 sous le titre On the Road: The Original Scroll. Les éditions Gallimard font de même en 2010, pour la version française, sous le titre Sur la route – le rouleau original[1], présentée pour l'occasion dans une nouvelle traduction de Josée Kamoun.
Adaptations
[modifier | modifier le code]Au cinéma
[modifier | modifier le code]Francis Ford Coppola possède les droits d'adaptation cinématographique de Sur la route depuis 1968, le scénario fut écrit par Russell Banks, mais le tournage prévu à l'automne 2001 n'a jamais commencé. Il coproduit le film Sur la route réalisé par Walter Salles, avec Garrett Hedlund (Dean Moriarty), Sam Riley (Sal Paradise) et Kristen Stewart (Marylou), sorti le lors de sa présentation en compétition au 65e Festival de Cannes[10].
Une exposition intitulée « Sur la route de Jack Kerouac : L'épopée, de l'écrit à l'écran » (du au ), au Musée des lettres et manuscrits de Paris, revient sur la genèse du roman et sur les différents projets d'adaptation cinématographique. L'exposition présente également le manuscrit original long de 36,50 mètres[1].
À la télévision
[modifier | modifier le code][réf. nécessaire] Sur la route et Kerouac lui-même sont en trame de fond du scénario d'un épisode de la série télévisée Code Quantum (Saison 3, épisode 9 : Rebel without a clue). Sans en être une adaptation, l'auteur et son roman sont les sujets de plusieurs apparitions et mentions, illustrant le thème de l'épisode où se joue l'avenir d'une jeune fille de 18 ans, subjuguée par le roman, qui a pris la route avec une troupe de motards.
À la radio
[modifier | modifier le code]En 2005, Radio France a adapté Sur la route en feuilleton radiophonique.
Fiche technique du feuilleton :
- Adaptation et traduction : Catherine de Saint Phalle
- Réalisation : Christine Bernard-Sugy
- Distribution :
- Jacques Gamblin : narrateur (Jack Kerouac/Sal Paradise)
- Patrick Catalifo : Dean Moriarty
- Quentin Baillot : Sal Paradise
- épisodes : 20 épisodes de 20 minutes
- 1re diffusion : avril et sur France Culture
Notes et références
[modifier | modifier le code]- « Sur la route de Jack Kerouac : L'épopée, de l'écrit à l'écran », sur museedeslettres.fr (consulté le ).
- Gerald Nicosia (trad. de l'anglais), Memory Babe : une biographie critique de Jack Kerouac, Paris, Verticales, , 999 p. (ISBN 2-84335-095-6), p.339
- Sandison, Daivd. Jeck Kerouac: An Illustrated Biography. Chicago: Chicago Review Press. 1999
- Who's Who: A Guide to Kerouac's Characters
- (en) « Original manuscript of Jack Kerouac's On the Road to be exhibited in London », sur Telegraph.com,
- (en) « Jack Kerouac on The Steve Allen Show 1959 », sur Youtube.com (consulté le )
- Gerald Nicosia (trad. de l'anglais), Memory Babe : une biographie critique de Jack Kerouac, Paris, Verticales, , 999 p. (ISBN 2-84335-095-6), p.461
- « Les 50 ans d'On the Road — Kerouac voulait écrire en français », Le Devoir.
- Jean-François Duval, Kerouac et la beat génération, Presses universitaires de France, , 328 p. (ISBN 978-2-13-059295-2 et 2-13-059295-3)
- « Sur la route de… Cannes » , sur Le Journal de Saône-et-Loire, (consulté le )
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- (en) Robert Holton, “On the Road”: Kerouac's Ragged American Journey, Twayne Publishers, New York, 1999, 137 p. (ISBN 0-8057-1692-0)
- (en) Tim Hunt, Kerouac's Crooked Road: Development of a Fiction, University of California Press, Berkeley (Cal.) ; Los Angeles ; Londres, 1996 (1re éd. 1981), 262 p. (ISBN 0-520-20756-4)
- (en) Paul Maher, Jr, Jack Kerouac's American Journey: The Real-Life Odyssey of “On the Road”, Thunder's Mouth Press, New York, 2007, 296 p. (ISBN 978-1-560-25991-6)
- (en) Omar Swartz, The View From “On the Road”: The Rhetorical Vision of Jack Kerouac, Southern Illinois University Press, Carbondale (Ill.) ; Edwardsville (Ill.), 2001, 130 p. (ISBN 0-8093-2384-2)
Liens externes
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