| Tal-e Iblis Tal-i-Iblis, Tell-i Iblis | ||
| Localisation | ||
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| Pays | ||
| Province | Province de Kerman | |
| Coordonnées | 30° 30′ 00″ nord, 56° 15′ 00″ est | |
| Géolocalisation sur la carte : Iran
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Le site de Tal-e Iblis (également orthographié Tal-i Iblis, Tal-i-Iblis et Tell-i Iblis), connu localement sous le nom de « tumulus du diable », est situé dans la province de Kerman en Iran, à environ 80 kilomètres au sud-ouest de Kerman et à 170 kilomètres au nord-nord-ouest de Tepe Yahya.
Le site, un grand tumulus, est en grande partie détruit par des paysans locaux qui prélèvent de la terre pour regénérer leurs terres agricoles appauvries par leurs pratiques d'agriculture intensive, avant même que les archéologues aient pu y mener des fouilles, à partir de 1964. Il reste cependant suffisamment de vestiges pour apporter des informations importantes sur l'histoire du site et de son occupation.
Le site est principalement occupé aux Ve et IVe millénaires avant J.-C. Il ne s'agit pas d'une colline naturelle, mais plutôt des vestiges accumulés au cours de plus d'un millénaire d'occupation. Il y est trouvé des perles de turquoise, de cornaline, de coquillage, plusieurs figurines, quelques coupes en calcite, de nombreux objets en cuivre, plusieurs creusets, des écuelles à bords biseautés et des jarres caractéristiques de la période d'Uruk. Une découverte majeure est celle de l'un des plus anciens ateliers connus de fusion du cuivre, datant du début du Ve millénaire avant J.-C.
Archéologie

Le site est visité une première fois en 1932 par l'archéologue Aurel Stein lors d'une reconnaissance dans la région. Un officier militaire local l'empêche cependant d'examiner ou de dessiner le site. Il décrit alors le site comme étant un tumulus de forme ovale, mesurant 118 mètres de long sur 100 mètres de large, et d'environ 11 mètres de haut. Des tessons de poterie indiquent la présence d'une ville basse, s'étendant sur 1 200 mètres au nord et au sud et sur 800 mètres à l'est et à l'ouest. Aurel Stein indique que les habitants prélèvent de la terre du site depuis longtemps[1].
Lors de l'exploration suivante, menée pendant deux jours en 1964 par l'archéologue Joseph Caldwell, ce dernier constate que « tout le centre de ce grand monticule avait été creusé et détruit » et voit des hommes pelleter de la terre dans un camion. Le seul point positif est que les dégâts mettent au jour la stratigraphie du site, facilement discernable grâce aux variations de la poterie. Des échantillons sont prélevés pour une datation au radiocarbone[2].
Tal-e Iblis fait l'objet de fouilles pendant deux mois en 1966, fouilles menées par l'équipe du Musée d'État de l'Illinois dirigée par Joseph Caldwell. Le métallurgiste Cyril Stanley Smith se rend également sur place à la même époque pour prélever des échantillons destinés à l'analyse. Le site est alors en grande partie détruit, ne conservant que les vestiges de la Période I, bien que quelques vestiges plus récents aient été découverts en bordure du tumulus. Sept zones de fouilles (désignées de A à G) sont ouvertes. La zone A correspond à une fouille profonde au centre du tumulus, les zones B et C sur les côtés à l'arrière du tumulus, la zone E à une décharge située au nord-ouest du tumulus, et les zones D et G, au centre du tumulus, sont peu profondes. Des vestiges de bâtiments sont mis au jour dans les zones F et G. Parmi les objets découverts figurent des perles de turquoise, de cornaline et de coquillage, quelques figurines et quelques coupes en calcite[3],[4].
Une découverte remarquable est celle de l'un des plus anciens ateliers de fusion du cuivre de l'Ancien Monde, datant du début du Ve millénaire avant J.-C. La chaîne de montagnes voisine recèle d'importants gisements de cuivre, notamment de cuivre natif. Le débat initial sur la nature de l'activité sur le site, fusion proprement dite ou simple fusion de cuivre natif, est finalement tranché en faveur de la fusion. De nombreux objets en cuivre sont mis au jour à tous les niveaux. Il s'agit notamment d'épingles, d'alênes, d'anneaux, de clous et d'ornements. Plusieurs creusets sont également découverts, principalement dans les niveaux les plus anciens[5], [6],[7],[8].
Parmi les découvertes figurent des écuelles à bords biseautés et des jarres à quatre anses, datant des périodes IV à VI, qui constituent une céramique caractéristique de la culture d'Uruk[9],[10],[11]. Quelques petits jetons coniques en argile sont également mis au jour[12].
Périodes historiques
Les responsables de la fouille définissent la stratigraphie en six périodes successives, avec la présence d'outils en silex et de poterie grossière à tempérage de paille, suggérant qu'il y avait eu une occupation antérieure (la nature endommagée du site a rendu la périodisation difficile et les publications ultérieures ont quelque peu obscurci cette question)[13] :
- Période 0 - niveau d'occupation antérieur provisoire, ultérieurement abandonné ;
- Périodes I-II - vers 4200-4000 av. J.-C. Équivalent à la période d'Obeïd 5, Suse I et Yahya VA-VC ;
- Périodes III-V - vers 3500 av. J.-C. Équivalent à la période d'Uruk ;
- Période VI – vers 3000 av. J.-C. Équivalent à Jemdet Nasr, Proto-Élamite et Yahya IVC.
Plusieurs datations au radiocarbone sont réalisées. Il convient de noter qu'il s'agit de datations antérieures à l'ère de la spectrométrie de masse par accélérateur (AMS) et que les publications scientifiques ne précisent pas la méthode d'étalonnage, bien qu'il soit mentionné que la nouvelle valeur de demi-vie du carbone 14, alors de 5730 ± 40 ans, a été utilisée. Ces datations suscitent la controverse et des corrections sont proposées ultérieurement[14],[15],[16] :
- Période I (Iblis 1) : 4091 av. J.-C. ± 74 – Corrigé à 5290-4420 av. J.-C.
- Période II (Iblis 2) : 4083 av. J.-C. ± 75 – Corrigé à 5205-4685 av. J.-C.
- Période III (Iblis 3) : 3792 av. J.-C. ± 60 – Corrigé à 4460-4400 av. J.-C.
- Période IV (Iblis 4) : 3645 av. J.-C. ± 59 – Corrigé à 4415-3365 av. J.-C.
- Période V (Iblis 5) : 2869 av. J.-C. ± 57
Notes et références
- ↑ (en) Aurel Stein, Archaeological Reconnaissances in Southern Persia, in The Geographical Journal, vol. 83, no 2, 1934, p. 119-134.
- ↑ (en) Ralph C. Dougherty et Joseph R. Caldwell, Evidence of early pyrometallurgy in the Kerman Range in Iran, Science 153.3739, 1966, p. 984-985 [lire en ligne]
- ↑ (en) C. L. Goff et al., Survey of Excavations in Iran during 1965-1966, Iran, vol. 5, 1967, p. 133-149.
- ↑ (en) J. R. Caldwell, Excavations at Tal-i Iblis, Illinois State Museum, Preliminary Reports 9, 1967 [Lire en ligne
].
- ↑ (en) J. R. Caldwell et S. M. Shahmirzadi, Tal-i-Iblis, The Kerman Range and the Beginnings of Smelting, Springfield, Illinois State Museum, 1966 [lire en ligne].
- ↑ (en) Joseph R. Caldwell, Tal-i-Iblis and the Beginning of Copper Metallurgy at the Fifth Millenium, Baluchistan, p. 145-150, 1968.
- ↑ (en) Vincent Pigott et Heather Lechtman, Chalcolithic copper-based metallurgy on the Iranian plateau: a new look at old evidence from Tal-i Iblis, in Culture through objects: Ancient Near Eastern studies in honour of PRS Moorey, 2003, p. 291-312.
- ↑ (en) Roger Matthews et Hassan Fazeli, Copper and Complexity: Iran and Mesopotamia in the Fourth Millennium B.C, Iran, vol. 42, 2004, p. 61-75.
- ↑ (en) Rahmat Abbasnejad Seresti et Roghayyeh Sattari Galoogahi, Beveled rim bowls of the eastern half of the iranian plateau: examination and analysis, in Journal of Sistan and Baluchistan Studies 2.2, 2022, p. 25-34 [lire en ligne].
- ↑ (en) Daniel Potts, Bevel-rim bowls and bakeries: evidence and explanations from Iran and the Indo-Iranian borderlands, in Journal of Cuneiform Studies vol. 61.1, 2009, p. 1-23.
- ↑ (en) G. Algaze, The Uruk World System. The Dynamics of Expansion of Early Mesopotamian Civilization, Chicago, University of Chicago Press, 1993.
- ↑ (en) Jöran Friberg, Preliterate counting and accounting in the Middle East: A constructively critical review of Schmandt-Besserat's Before Writing, in Orientalistische Literaturzeitung, vol. 89, no 5-6, 1994, p. 477-502.
- ↑ (en) Benjamin Mutin, Ceramic traditions and interactions on the south-eastern Iranian Plateau during the fourth millennium BC, in Ancient Iran and Its Neighbours. Local Development and Long-Range Interactions in the Fourth Millennium BC, 2013, p. 253-275.
- ↑ (en) Joseph R. Caldwell, Pottery and Cultural History on the Iranian Plateau, in Journal of Near Eastern Studies, vol. 27, no 3, 1968, p. 178-183.
- ↑ (en) Robert H. Dyson, Annotations and Corrections of the Relative Chronology of Iran, 1968, in American Journal of Archaeology, vol. 72, no 4, 1968, p. 308-313.
- ↑ (en) Maurizio Tosi, A Tomb from Dāmin and the Problem of the Bampūr Sequence in the Third Millennium B. C., in East and West, vol. 20, no 1/2, 1970, p. 9-50.
Bibliographie
- (en) J. Caldwell, Tal-i-Iblis, Iran 5, 1967, p. 44-46.
- (en) Diana C. Kamilli et C.C. Lamberg‐Karlovsky, Petrographic and electron microprobe analysis of ceramics from Tepe Yahya, Iran, in Archaeometry vol. 21.1, 1979, p. 47-59.
- (en) Heather Lechtman et Lesley Leslie Diana Frame, Investigations at Tal-i Iblis: evidence for copper smelting during the Chalcolithic period, Dissertation, Massachusetts Institute of Technology, 2004 [lire en ligne].
- (en) Benjamin Mutin et Omran Garazhian, Iranian-French Archaeological Mission in Bam, Kerman. Summary of Field-Seasons 2016-2017, in Archaeology 2.2, 2019, p. 93-106 [lire en ligne].
- (en) S. Sajjadi et S. Mansur, Prehistoric Settlements in the Bardsir Plain, South-Eastern Iran, in East and West, vol. 37, no 1/4, 1987, p. 11-129.
- (de) M.R. Sarraf, Die Keramik von Tell-i Iblis und Ihre zeitliche und raümliche Beziehungen zu den anderen iranischen und mesopotamischen Kuulturen, ami, Verlag, 1981.
- (en) Jim G. Shaffer, The prehistory of Baluchistan: Some interpretative problems, in Arctic Anthropology, 1974, p. 224-235.
- (en) Christopher P. Thorton, The rise of arsenical copper in southeastern Iran, in Iranica Antiqua 45, 2010, p. 31-50.
Voir aussi
Articles connexes
- Chronologie du Proche-Orient ancien
- Cités de l'ancien Proche-Orient
- Liste des sites archéologiques d'Iran
- Tepe Sialk
- Province de Kerman
