Tumulus du Mané-Lud | |||||
Vue de l'intérieur de la chambre. | |||||
Présentation | |||||
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Autre(s) nom(s) | Dolmen de Mané-Lud | ||||
Chronologie | 4500 à 4000 av. J.-C. | ||||
Type | Tumulus | ||||
Période | Néolithique | ||||
Fouille | 1863, 1911 | ||||
Protection | Classé MH (1889) | ||||
Visite | Accès libre | ||||
Caractéristiques | |||||
Dimensions | 80 × 50 × 5,5 m | ||||
Géographie | |||||
Coordonnées | 47° 34′ 26″ nord, 2° 57′ 03″ ouest | ||||
Pays | France | ||||
Région | Bretagne | ||||
Département | Morbihan | ||||
Commune | Locmariaquer | ||||
Géolocalisation sur la carte : alignements de Carnac
Géolocalisation sur la carte : golfe du Morbihan
Géolocalisation sur la carte : arrondissement de Lorient
Géolocalisation sur la carte : Morbihan
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Le tumulus du Mané-Lud est un tumulus mégalithique situé sur la commune de Locmariaquer, dans le département français du Morbihan. La tombe qu'il renferme comporte un nombre significatif de gravures parmi les plus célèbres du corpus mégalithique européen dont l'interprétation fait toujours l'objet de débats nourris depuis la fin du XIXe siècle.
Historique
Le tumulus fait partie de l'ensemble mégalithique de Locmariaquer, visité par le président de Robien de 1727 à 1737, qui pensait que les tumulus étaient d'anciennes tombes gauloises[1]. Le site est fouillé par R. Galles et A. Mauricet en 1863-1864. Avant leur fouille, l'extrémité ouest du tumulus avait déjà été entamée par les constructions du village attenant et la table de couverture du dolmen était déjà visible[2].
Comme les principaux monuments mégalithiques de Locmariaquer, il est acquis en 1882 par l'État qui le fait inscrire sur la liste des monuments historiques protégés en 1889[3],[Note 1]. En 1911, Zacharie Le Rouzic réalise une nouvelle fouille[4].
Le toponyme a varié au cours des siècles (Mané Helleu, Mané Nélud), comme celui du hameau voisin (Helau, Hellu, Helleu, etc.). L'appellation Mané-Lud, est composée de Mané (« butte »), et de Lud, dérivé probable du superlatif Uhelan (« très haut, d'en haut ») d'usage courant en toponymie bretonne[5].
Description
Tumulus et dolmen ouest
Le tumulus, de forme oblongue, mesure 80 m de long sur 50 m de large et environ 5,50 m de hauteur[2],[4] mais il a été nivelé. Le grand axe du tumulus est orienté est-ouest. Selon Galles, la masse du tumulus est constitué uniquement d'un empilement de couches de vase jusqu'au sol naturel[2] représentant un volume d'environ 10 000 m3[6]. Il renferme un dolmen à couloir dans sa partie occidentale. Le couloir mesure 10,35 m de long pour une largeur comprise entre 1 m et 1,50 m. Il ouvre au sud mais l'entrée est en partie obstruée par la construction d'un bâtiment moderne. La chambre est délimitée par vingt-trois orthostates et recouverte de cinq tables de couverture. Elle mesure 3,60 m de long sur 2,95 m de large pour une hauteur moyenne sous dalle de 1,70 m. Les dalles support de la chambre et une partie de celles du couloir sont doublées par une deuxième rangée de blocs de pierres[4]. Le sol du couloir est recouvert à son extrémité nord par une grande dalle plane (2 m de long sur 0,90 m de large et 0,40 m d'épaisseur) qui a été grossièrement retaillée sur les côtés. Sous cette dalle, Galles découvrit une cavité creusée dans la roche mesurant 0,40 m de large sur 0,80 m de profondeur, comblée de terre[6]. Le sol de la chambre est entièrement recouvert par une unique dalle[6] en forme d'ogive[4].
Gravures
Dès 1863, plusieurs gravures avaient été remarqué sur cinq dalles des parois du couloir et de la chambre et sur le sol de la chambre. Galles et Mauricet décrivent des « signes en U » ou « jugiformes » dans lesquels ils proposent de reconnaître des jougs d'attelages pour les bovins[2].
La gravure sur la dalle de chevet a longtemps été interprétée comme étant une hache-charrue. Selon Serge Cassen, il s'agirait de la représentation d'un cachalot[7],[8] qui renvoie au rapport au monde marin qu'ont les derniers chasseurs-cueilleurs mésolithiques coexistant avec les premières communautés agricoles néolithiques du littoral atlantique[9].
Cairn oriental
Lors de ses fouilles, Galles découvrit dans la masse du tumulus, côté est, une seconde construction délimitée par un petit alignement de 12 m de long orienté nord/sud, constitué de d'une série de petits blocs de 0,40 à 0,50 m de hauteur juxtaposés, que Galles qualifie rapidement de « menhirs »[2]. Les cinq blocs septentrionaux de l'alignement étaient surmontés chacun d'un crâne de cheval. Au nord, cet alignement était prolongé par une assise de pierres plates posées à la hauteur des pierres sur une longueur d'environ 3 m. Une seconde ligne de pierres dressées était visible à 2,60 m à l'ouest de la première : les pierres étant séparées par des intervalles de 6 m. L'ensemble délimitait un espace à peu près ovale (40 m de long sur 18 m de large en moyenne) recouvert au sol par un dallage en pierres sèches de 0,40 m d'épaisseur et comportant un cairn intérieur de 10 m de rayon sur 2,60 m de hauteur. Ce cairn contenait un coffre funéraire (2,25 m de long, 1,25 m de large et 1,10 m de haut) monté en pierres sèches[2],[6].
Matériel archéologique
Galles recueillit des ossements humains dans le coffre du cairn oriental, dont quelques uns carbonisés. L'étude de ces ossements par le docteur Mauricet indique qu'ils correspondent à deux individus au maximum ayant été incinérés en extérieur. Les ossements d'animaux (cheval) découverts en dehors du cairn « ont été soumis à une forte incinération »[6]. Le dolmen ayant été fouillé de longue date et probablement à de multiples reprises[6], Galles n'y recueillit qu'un matériel archéologique très limité. Les fouilles de Le Rouzic se révélèrent plus intéressantes :
Fouilles | Céramiques | Éléments de parure | Objets lithiques | Divers | Conservation |
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Galles (1863-1864) |
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Le Rouzic (1911) |
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Musée de Préhistoire de Carnac[4] |
Notes et références
Notes
- La tombe à couloir se retrouve à cette époque dans le domaine de l'État, alors que son accès (avec l'escalier en pierre) se fait par une propriété privée.
Références
- Gauthier Aubert, Le président de Robien. Gentilhomme et savant dans la Bretagne des lumières, Presses universitaires de Rennes, , p. 297-304.
- Galles 1863.
- « Tumulus avec dolmen du Mané-Nélud », notice no PA00091393, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
- Le Rouzic 1911.
- Anne-Elisabeth Riskine, Carnac, l'armée de pierres, Imprimerie nationale, , p. 53
- Galles et Mauricet 1864.
- Serge Cassen, « Le Mané Lud en images. Interprétations de signes gravés sur les parois de la tombe à couloir néolithique de Locmariaquer (Morbihan) », Gallia Préhistoire, vol. 49, no 1, , p. 197–258 (DOI 10.3406/galip.2007.2455, lire en ligne, consulté le )
- Le recours à un éclairage rasant qui accuse ces reliefs, permet de rendre plus visible les éléments qui permettent d'identifier le cachalot en le distinguant du reste des grands cétacés : la grande tête quadrangulaire et allongée, exposée lors de sa « navigation » ; le jet (ici reproduit en forme assez classique de « fontaine », avec un double jet d'eau symétrique ; la nageoire caudale en immersion, normalement horizontale, représentée tournée de quelques degrés. Cf Orthostate 1, tiré de Serge Cassen, « Le Mané Lud en mouvement. Déroulé de signes dans un ouvrage néolithique de pierres dressées à Locmariaquer (Morbihan) », Préhistoires Méditerranéennes, no 2, , p. 11-69.
- Le cachalot fait partie du corpus des représentations iconographiques du mégalithisme armoricain. L'altération de l'orthostate envahi de mousses a abîmé la queue et le pénis, normalement dégagé du corps de l’animal. Cet organe sexuel est le quatrième élément d'identification de l'animal. « Deux conséquences d’un énorme intérêt : la première est la définition de son sexe, qui coïncide avec l’idée du mâle, voyageur solitaire et dangereux ; la seconde est une référence sur les conditions de perception. Le cachalot échoué expire avec une érection qui a toujours attiré l’attention des observateurs et qui fut systématiquement reflétée par les représentations historiques des scènes, en Europe, depuis le XVe siècle. Il est plus que probable que ceux qui ont défini la représentation ont eu la possibilité d’observer l’animal expirant sur la plage ou, encore, d’être informé par les témoins locaux, chasseurs ou simples spectateurs ». Cf Cassen & Vaquero Lastres 2000, La Forme d’une chose, in: Eléments d’architecture : exploration d’un tertre funéraire à Lannec er Gadouer (Erdeven, Morbihan) : constructions et reconstructions dans le Néolithique morbihannais : propositions pour une lecture symbolique, Cassen S. (Dir.), Chauvigny, Association des Publications chauvinoises (A.P.C.), 2000, p.641
Annexes
Bibliographie
- René Galles, « Note sur le Manné-Lud (Locmariaquer) », Bulletin de la Société polymathique du Morbihan, vol. 7b, , p. 33-40 (lire en ligne [PDF])
- René Galles et Alphonse Mauricet, « Étude sur le Manné-Lud, en Locmariaquer », Bulletin de la Société polymathique du Morbihan, vol. 8, , p. 79-89 (lire en ligne [PDF])
- Serge Cassen, « Le Mané Lud en images. Interprétations de signes gravés sur les parois de la tombe à couloir néolithique de Locmariaquer (Morbihan) », Gallia Préhistoire, no 49, (lire en ligne)
- Serge Cassen, « Le Mané Lud en mouvement. Déroulé de signes dans un ouvrage néolithique de pierres dressées à Locmariaquer (Morbihan) », Préhistoires méditerranéennes, no 2, (lire en ligne)
- Zacharie Le Rouzic, « Carnac, fouilles faites dans la région : dolmen à galerie & grand dallage de Mané-Lud, commune de Locmariaquer », Bulletin de la Société polymathique du Morbihan, vol. 55, , p. 225-232 (lire en ligne [PDF])