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Un visard (également orthographié vizard) est un masque ovale en velours noir, porté par les femmes voyageant au XVIe siècle pour protéger leur peau des coups de soleil[2].
Histoire
La mode de l'époque pour les femmes riches était de garder leur peau pâle, car un bronzage suggérait que la porteuse travaillait à l'extérieur et était donc pauvre. Certains types de visard n'étaient pas maintenus en place par une attache ou des rubans, mais la personne qui les portait serrait entre ses dents une perle fixée à l'intérieur du masque[3].
Cette pratique n'a pas fait l'unanimité, comme en témoigne cet extrait d'une polémique contemporaine :
En Écosse, dans les années 1590, Anne de Danemark portait des masques lorsqu'elle montait à cheval[4]. Ils étaient recouverts de satin noir, doublés de taffetas et munis de rubans florentins pour les attacher et les décorer. Lors de l'Union des Couronnes en 1603, elle se rendit en Angleterre en juin, et il fut dit qu'elle avait fait "du tort" à son teint "car pendant tout ce voyage elle n'avait porté aucun masque"[5]. En 1620, l'avocat et courtisan John Coke envoya de Londres des vêtements et des costumes à sa femme à Much Marcle, dont un masque en satin et deux masques verts pour leurs enfants[6].
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Revers
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Plié
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Sic nobiles feminae vel equitant, vel obambulant (Ainsi une femme noble chevauche ou marche). Illustration tirée de Omnium Poene Gentium Habitus de Abraham de Bruyn
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Habits de France, 1581
La moretta ou servetta muta de Venise
À Venise, le visard a évolué vers un modèle sans trou dans la bouche, la moretta ou servetta muta (signifiant la servante muette), et était saisi par un bouton entre les dents plutôt que par une perle. Le fait que le masque empêche la parole était délibéré et visait à renforcer encore le mystère d'une femme masquée[8].
La moretta était un petit masque ovale en velours noir sans lanières, avec de larges trous pour les yeux et sans lèvres ni bouche, porté par les femmes patriciennes. Dérivé du visard inventé en France au XVIe siècle, il en différait par l'absence de trou permettant de parler. Le masque était juste assez grand pour dissimuler l'identité d'une femme et était maintenu en place par la personne qui le portait en mordant un bouton ou un mors (les femmes portant ce masque étaient incapables de parler, d'où le terme muta) et était souvent terminé par un voile. Le Rhinocéros de Pietro Longhi, parfois appelé Clara le rhinocéros, représente ce masque en usage en 1751. Il est tombé en désuétude vers 1760.
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Le Casino de Pietro Longhi : deux femmes portent un moretta
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La Servante d'essence de Pietro Longhi : une femme porte un moretta
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Le Rhinocéros de Pietro Longhi
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Détail du Rhinocéros de Pietro Longhi
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Ritratto femminile con maschera de Rosalba Carriera
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Détail de Portrait d'une jeune femme portant un masque de Charles Antoine Coypel
Références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu des articles intitulés en anglais « Visard » (voir la liste des auteurs) et « Carnival of Venice » (voir la liste des auteurs).
- Gallica, Habits de France
- Holme (1688).
- Elgin (2005).
- Jemma Field, 'Dressing a Queen: The Wardrobe of Anna of Denmark at the Scottish Court', Court Historian, 24:2 (August 2019), p. 163
- Maurice Lee, Dudley Carleton to John Chamberlain, 1603-1624 (Rutgers UP, 1972), pp. 34-5.
- HMC 12th report part I, Earl Cowper, Coke (London, 1888), p. 108.
- Portable Antiquities Scheme (2010).
- Steward & Knox (1996)
Bibliographie
- Kathy Elgin, Elizabethan England, Infobase Publishing, (ISBN 9781438121239, lire en ligne), p. 38
- Randal Holme, The Academie of Armorie, :
« Un masque [est] une chose qu'autrefois les dames mettaient sur leur visage lorsqu'elles voyageaient pour les protéger des brûlures du soleil... le masque Visard, qui couvre tout le visage, avec des trous pour les yeux, un étui pour le nez, et une fente pour la bouche, et pour parler à travers ; ce genre de masque s'enlève et se remet en un instant, étant seulement maintenu dans les dents au moyen d'une perle ronde attachée à l'intérieur contre la bouche. »
- « Mask », Portable Antiquities Scheme,
- James Christen Steward et George Knox, The mask of Venice: masking, theater & identity in the art of Tiepolo & his time, Berkeley Art Museum and Pacific Film Archive, (ISBN 9780295976112, lire en ligne)