La villa Clippiacum (Clippiacum Villa Regalis, Palatium Clippiacum[1]. Au XIIe siècle Clichiacum) est une ancienne villa royale située sur les territoires de Clichy et de Saint-Ouen-sur-Seine, en Seine-Saint-Denis[2],[3], centrée sur le quartier du Vieux Saint-Ouen, où se trouve l'actuelle église Saint-Ouen-le-Vieux[4],[5]. Élevé sur un promontoire de quelques mètres, habité depuis le Paléolithique moyen[6], et où poussent quelques pieds de vigne, l'endroit domine la Seine. Toutes proches, la rue Saint-Denis se dirige vers l'abbaye du même nom, et la rue du Landy va vers Aubervilliers.
Toponymie
Deux thèses s'affrontent au sujet l'origine du nom :
- L'existence supposée d'un propriétaire gallo-romain, dont le nom aurait donné en latin domaine de Cleppius[7]
- Selon Léopold Pannier et l'historien Elphège Vacandard, faisant référence au monticule où est sise l'église, il s'agirait de la racine germanique, "Klippe" (falaise, écueil) à laquelle aurait été ajouté le suffixe gallo-romain "acum"[4].
Palais mérovingien
Clotaire II, père de Dagobert Ier, y installe sa résidence principale et sa Cour depuis 614. Judicaël, roi des Bretons, vient en 636 se soumettre à Dagobert[8]. De nombreux actes et diplômes des rois mérovingiens sont signés à cet endroit (datum Clipiaco)[9]. Saint Ouen y meurt le , et une chapelle est bâtie à sa mémoire, à laquelle se rendent les premiers pèlerins.
Mais le déclin frappe Clippiacum, et en 741[10], Charles Martel fait présent à l'Abbaye de Saint-Denis[11] de ce qui reste de la villa: une chapelle dont on ne sait rien, des terres et quelques cabanes de pêcheurs et de vignerons. La villa est mentionnée une dernière fois lorsqu'en 781, Charlemagne y signe une charte[12]. Le village est encore recensé dans les biens de l’abbaye de Saint-Denis en 832[13].
Résidence royale au Moyen Âge
À cette époque, la villa mérovingienne a disparu. En 1193, Philippe Auguste donne à Gaucher III de Châtillon une grande partie des terres de la villa[14]. En 1285, un manoir est acheté sur ce domaine par Guillaume de Crépy, clerc des archives royales de Philippe III le Hardi[15]. Charles de Valois l'acquiert par spoliation en 1299, et y fait faire des travaux de construction[16]. Ce manoir est par la suite fréquenté par Philippe IV le Bel[17]. Jean le Bon hérite du domaine qu'il baptise la Noble-Maison[18], et y fonde l'Ordre de l'Étoile en 1352.
L'ordre étant sur le déclin, en 1482, Louis XI fait don du palais aux moines de l'Abbaye de Saint-Denis[19].
Au XVIIIe siècle, on perd trace des bâtiments royaux et seigneuriaux.
Ancien Régime
Sans reprendre son statut de domaine royal, l'emplacement conserve des lieux de pouvoir, ainsi le château de Saint-Ouen à l'ouest de la rue du Landy.
Une autre demeure a marqué cet endroit de sa présence: Sous Louis XVI, Jacques Necker acquiert des créanciers du prince de Soubise une grande maison à proximité de l'église, au bord de la Seine, et qui, construite vers 1743 et appelée à l’époque Château Sainte-Anne[20], avait aussi appartenu au duc de Gesvres[21]. La rue des Châteaux à Saint-Ouen-sur-Seine en conserve le souvenir[22].
Vers 1825, le baron Ternaux rachète cette demeure et son terrain et y fait bâtir une manufacture[23]. On dit qu'en bâtissant la maison du précédent propriétaire, un certain Doria ou Dauriac, on y aurait trouvé vers 1750 une pierre sur laquelle était gravé Ici s’élevait la maison de Dagobert. Par la suite, la bâtisse, localement surnommée "Petit-Château" ou "Château-Necker" sera acquise par Alexandre Legentil qui l'offrira aux Oblats de Saint François de Sales. Son emplacement est aujourd'hui occupé par l'Institut supérieur de mécanique de Paris.
Références
- Histoire et recherches des antiquités de la ville de Paris, Volume 2, Henri Sauval, 1724
- Louis Courajod. La noble maison de Saint-Ouen, la villa Clippiacum et l'Ordre de l'Étoile, par Léopold Pannier, Bibliothèque de l'école des chartes, 1872, vol. 33, no 1, p. 507-509
- La noble-maison de Saint-Ouen, la villa Clippiacum et l'ordre de l'Étoile : d'après les documents originaux, Léopold Pannier, 1872
- Clippiacum
- Vie de Saint-Ouen, abbé E. Vagandard, 1902
- Histoire de la paroisse Saint-Ouen
- Histoire de la commune de Clichy-la-Garenne. Étymologie partagée avec Clichy-sous-Bois
- Paroisse Saint-Vincent de Paul - Église catholique de Clichy-la-Garenne
- Table chronologique des diplômes, chartes, titres et actes imprimés concernant l'Histoire de France, Louis George Oudard Feudrix de Bréquigny, Imprimerie Royale, 1769
- Histoire de la ville et de tout le diocèse de Paris, Abbé Jean Lebeuf, 1754
- Histoire de l'abbaye de S. Denys en France: contenant les antiquitez d'icelle, les fondations, prerogatives & privileges : ensemble les tombeaux et épitaphes des Roys, Reynes, Enfans de France, et autres signalez personnages qui s'y trouvent jusques a présent : le tout recueilly de plusieurs histoires, bulles des papes, et chartes des roys, princes, et autres documens authentiques, Volume 2, Jacques Doublet, 1625
- Histoire de l'ancien Clichy et de ses dependances depuis les origines jusqu'en 93, C Narbey, 1908
- Sant-Ouen tourisme: Sites remarquables
- Histoire de la commune de Clichy-la-Garenne
- Delaborde Henri-François. Les archives royales depuis la mort de saint Louis jusqu'à Pierre d'Étampes. In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1908, tome 69. p. 289-302.
- Saint-Ouen au fil de l'eau
- Histoire de la commune de Saint-Ouen
- Nouvelle description des environs de Paris: contenant les détails historiques & descriptifs des maisons royales, Jacques-Antoine Dulaure, 1787
- Dictionnaire historique, critique, politique et moral des Bénéfices, Hennique de Chevilly, chez Couturier, imprimeur et libraire, 1778
- Saint-Ouen Château Sainte-Anne. Ex-collège des R. R. P. P. Oblats", vue de la façade sur cour et des communs du château de Rohan
- Correspondance de Buffon, 12 septembre 1776
- Rue Ternaux
- Itinéraire historique, géographique, topographique, statistique, pittoresque et biographique de la vallée de Montmorency, Louis Victor Flamand-Grétry, 1835