Évêque de Tarentaise (?) | |
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Jacques de Tarentaise, ou Jacques d'Assyrie († 429), est un saint de l'Église catholique romaine, né en Assyrie. Il est considéré, par la tradition, comme l'évangélisateur de la Tarentaise en Savoie et son premier évêque légendaire. Il est fêté le .
Biographie
La connaissance de Jacques de Tarentaise repose sur deux vies — Vita Sanctorum —, l'une mentionnée dans les Acta Sanctorum par les Bollandistes et une seconde citée au XVIIIe siècle dans un recueil de matériaux ayant servi à l'écriture d'une histoire des diocèses de la Savoie[1]. L'une de ces Vie est connue à travers l'existence de résumés d'un manuscrit du XIIe siècle, voire du siècle suivant, formant la tradition communément utilisée[2]. Il n'existe pas de mentions de ce personnage au cours du Ve siècle.
Selon la tradition
On ne sait pas grand chose de sa vie avant sa conversion, seulement que Jacques serait originaire d'Assyrie, une région du nord de la Mésopotamie et qu'il aurait été officier de l'armée perse combattant les Romains[1],[3],[4].
Au début du Ve siècle, il aurait rencontré Honorat, en Grèce, qui l'aurait converti au christianisme et participé à la communauté monastique de Lérins, qu'il vient de fonder[1],[3],[4]. Il est d'ailleurs parfois nommé Jacques de Lérins[5].
Selon la tradition, vers 420, Jacques l'Assyrien et Maxime de Riez auraient accompagné Honorat pour évangéliser la vallée des Ceutrons, alors menacée par les invasions burgondes[1],[6],[4]. Honorat, devenu évêque d'Arles, aurait consacré Jacques, vers 426[7], afin qu'il poursuive la mission apostolique en Tarentaise[4]. Joseph-Antoine Besson indique ainsi qu'il est « regardé comme l'Apôtre des Centrons et leur premier évêque »[8]. Il serait mort vers l'an 428 ou 429[8], plus précisément le , après avoir désigné son compagnon Marcel pour lui succéder[3]. Il serait mort le même jour que Honorat[3].
Approches historiques
La présence de Jacques de Tarentaise à cette période doit être nuancée[9]. Selon l'hagiographie, l'évêque aurait demandé[10] ou reçu d'un prince burgonde la concession du roc Pu(p)pim dit depuis Saint-Jacques (sur le territoire de Saint-Marcel), sur lequel il voulait faire édifier une église[10] et où a été édifié un château, dit Saint-Jacques[11]. Toutefois, l'archiviste-paléographe, Jacqueline Roubert, fait observer que l'année 429 donnée pour année de sa mort, les Burgondes ne sont pas encore arrivés dans la région de la Tarentaise[11]. Leur implantation est estimée à 443 (Roubert[11] Leguay[12]). Il y a donc un anachronisme dans cette tradition[2].
Par ailleurs, la première mention connue d'un évêque de Tarentaise est Sanctius, présent au concile d'Épaone (517), à qui l’on attribue notamment la construction de la cathédrale Saint-Pierre[5],[9].
La Vita, publiée aux alentours du XIIe siècle, permettait en partie aux archevêques de Tarentaise, successeurs de saint Jacques, de trouver une justification à leur pouvoir temporel sur la Tarentaise face à l'extension du pouvoir des comtes de Savoie sur cette vallée[2].
Par ailleurs, le texte de la Vie de Saint Honorat, par son disciple et successeur Hilaire d'Arles, ne fait aucune mention de Jacques[11].
Miracles et légendes
Les Vita Sanctorum — qu'on peut diviser en deux parties et que l'on lit lors de la fête du saint — rapportent plusieurs légendes ou miracles liés à saint Jacques[2].
Il aurait guéri par sa « pure prière » les îles de Lérins du « dragon pestifère »[13]. Il guéri aussi le fils d'un roi burgonde de la fièvre[13].
Alors qu'il était employé à la construction d'un château, un ours vient de la forêt pour dévorer les bœufs qui transportaient les matériaux. Saint Jacques, qui venait d'assister à la mort d'un des bovins, ordonne à l'ours de remplacer l'animal[4],[2]. L'église Saint-Jean-Baptiste d'Arêches possède une peinture illustrant ce miracle[4].
Une autre fois, lors de la construction d'une chapelle, Jacques se trouve avec une poutre trop courte qu'il arrive à allonger en l'aspergeant d'eau bénite[4],[2].
Il offre à un roi de Gaule de la neige en plein été sans qu'elle ne soit fondue. On raconte que lors de ce voyage, un aigle attaque le convoi et arrache un œil à l'un des ânes. Saint Jacques ordonne à l'aigle de le rendre, ce qu'il fait[2].
La médiéviste Denise Péricard-Méa relève dans un ouvrage certains points communs entre les différents cultes de Jacques le Majeur et ceux associés à Jacques de Tarentaise[13]. On observe ainsi qu'ils apportent tous deux la guérison ou encore que Jacques le Majeur aurait dompté des taureaux, selon la légende de Compostelle, alors qu'en Tarentaise il s'agit d'un ours et d'un corbeau[13].
Culte
Saint Jacques de Tarentaise est fêté le 16 janvier[14], principalement en Tarentaise, et commémoré dans les deux autres diocèses de Savoie de Maurienne et de Chambéry[3].
Des églises lui sont dédiées :
- église Saint-Jean-Baptiste d'Arêches (XVIe siècle), à Beaufort (Savoie)[4] ;
- église Saint-Jacques-d'Assyrie (XVIe siècle), à Hauteluce (Savoie) ;
- chapelle Saint-Jacques (1898), à Saint-Marcel (Savoie), construite à partir des pierres du château dit Saint-Jacques ou Jacquemoz[15] ;
- église Saint-Jacques-de-Tarentaise des Boisses (1950), à Tignes (Savoie). Reproduction à l'identique de l'ancienne église du village se trouvant sous les eaux du barrage[16],[17] ;
Dans le cadre du découpage des Diocèses de Savoie, une paroisses lui est dédiée en Haute-Tarentaise « St Jacques de Tarentaise – Tignes »[18].
Le mont Saint-Jacques (2 407 m), sur la commune de Mâcot-la-Plagne, porte son nom et des processions y sont organisées[3].
Notes et références
- Jean-Paul Bergerie, Histoire de Moûtiers : capitale de la Tarentaise, Montmélian, La Fontaine de Siloé, coll. « Les Savoisiennes », , 203 p. (ISBN 978-2-84206-341-2, lire en ligne), p. 161-163, « Croire ».
- Jean-Paul Bergerie, Histoire de Moûtiers : capitale de la Tarentaise, Montmélian, La Fontaine de Siloé, coll. « Les Savoisiennes », , 203 p. (ISBN 978-2-84206-341-2, lire en ligne), p. 164-165, « Le ministère de saint Jacques en Tarentaise ».
- Jean Prieur et Hyacinthe Vulliez, Saints et saintes de Savoie, La Fontaine de Siloé, , 191 p. (ISBN 978-2-84206-465-5, lire en ligne), p. 16-18.
- Michelle Leroy, Geneviève de Montleau, Fondation pour l'action culturelle internationale en montagne, En Beaufortain et Val d'Arly : sur les chemins du Baroque, vol. 1, La Fontaine de Siloé, coll. « Les Patrimoines », , 190 p. (ISBN 978-2-84206-108-1, lire en ligne), p. 176-178.
- Lovie, 1979, p. 14-15.
- Claude-Antoine Ducis, « Discours de réception de M. l'Abbé Ducis, lu dans la séance publique du 18 mai 1865 », Mémoires de l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Savoie, , p. 60 (lire en ligne).
- Jacqueline Roubert, « La seigneurie des Archevêques Comtes de Tarentaise du Xe au XVIe siècle », Mémoires de l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Savoie, impr. Chatelain (Chambéry), t. 5, no 6, , p. 235 (lire en ligne).
- Joseph-Antoine Besson, Mémoires pour l'histoire ecclésiastique des diocèses de Genève, Tarentaise, Aoste et Maurienne et du décanat de Savoye, S. Hénault, 1759 (copie de l'exemplaire bibliothèque cantonale et universitaire de lausanne), 506 p. (lire en ligne), p. 190-192.
- Isabelle Parron-Kontis, Bénédicte Palazzo-Bertholon, Gabrielle Michaux, La cathédrale Saint-Pierre en Tarentaise et le groupe épiscopal de Maurienne, Lyon, Documents d'archéologie en Rhône-Alpes et en Auvergne - DARA, (ISBN 978-2-916125-38-1, lire en ligne), « Volume 22 », p. 12-33.
- Jean-Paul Bergerie, Histoire de Moûtiers : capitale de la Tarentaise, Montmélian, La Fontaine de Siloé, coll. « Les Savoisiennes », , 203 p. (ISBN 978-2-84206-341-2, lire en ligne), p. 17.
- Jacqueline Roubert, « Les origines et les limites du diocèse et du comté de Tarentaise », Bulletin philologique et historique jusqu'à 1715 du Comité des travaux historiques et scientifiques, Paris, vol. 1, , p. 421-427 (lire en ligne).
- Jean-Pierre Leguay, Les Mérovingiens en Savoie (534-751), Fontaine-le-Puits, Académie de la Val d'Isère, coll. « Mémoires et documents », , 151 p. (ISSN 1272-3460, lire en ligne), p. 93.
- « Chapitre IV - L'Épître et les Actes de Jacques : les pouvoirs de saint Jacques sur la vie », dans Denise Péricard-Méa, Compostelle et cultes de saint Jacques au Moyen Âge, Presses Universitaires de France, coll. « Le Nœud Gordien », , 386 p., p. 77-97.
- Joseph Burlet, Le culte de Dieu, de la Sainte Vierge et des saints en Savoie avant la Révolution : essai de géographie hagiologique, Chambéry, Imprimerie réunies, , 351 p. (lire en ligne), p. 174.
- Marius Hudry, Histoire des communes savoyardes : Albertville et son arrondissement (vol. 4), Roanne, Éditions Horvath, , 444 p. (ISBN 978-2-7171-0263-5), p. 375. ([PDF] lire en ligne)
- Marius Hudry, Sur les chemins du Baroque en Tarentaise, Volume 2, Chambéry/Montmélian, La Fontaine de Siloé - FACIM, , 335 p. (ISBN 978-2-84206-422-8, lire en ligne), p. 299-308.
- « Eglise Saint-Jacques-de-Tarentaise », sur le site rhone-alpes.culture.gouv.fr.
- « St Jacques de Tarentaise – Tignes » sur le site des Diocèses de Savoie.
Voir aussi
Bibliographie
- Marius Hudry, Histoire des communes savoyardes : Albertville et son arrondissement (vol. 4), Roanne, Éditions Horvath, , 444 p. (ISBN 978-2-7171-0263-5).
- Jacques Lovie, Histoire des diocèses de France : Chambéry, Tarentaise, Maurienne, vol. 11, Paris, Éditions Beauchesne, , 299 p. (ISSN 0336-0539). ([PDF] « Introduction » et « Chapitre Premier », en ligne).
- Denise Péricard-Méa, Éric Deschamps, « En Tarentaise, un saint Jacques concurrent de Compostelle ? Un patrimoine et une histoire sauvés de l’oubli », SaintJacquesInfo, (lire en ligne).
Articles connexes
Liens externes
- « Saint Jacques de Tarentaise », sur nominis.cef.fr (consulté en )