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Joseph Adolphe Rovan (né Joseph Adolph Rosenthal), le à Munich et mort le à Saint-Christophe-les-Gorges, Cantal est un historien français d'origine allemande. Il a été, entre autres, conseiller de Helmut Kohl et de Jacques Chirac, et une des personnalités au cœur des relations entre l'Allemagne et la France après 1945.
Biographie
Né dans une famille juive allemande assimilée (son père s'est converti au protestantisme en 1933), il émigre à Paris en 1934 à la suite de l'accession d'Hitler au pouvoir[1].
Interné en 1940 en tant qu'« étranger ennemi », il aide la Résistance française sous le nom de Rovan, en tant que fabricant de faux papiers d'identité[2]. Il prend le nom de Pierre Citron[3] qui était son meilleur ami, alors (en 1941) en Afrique du Nord[4].
Il est chargé de distribuer des faux papiers dans tout le sud de la France. Il dispose d'une presse pour les imprimer, et établit des liens avec les mairies pour les tampons. La répression se fait de plus en plus dure. Rovan est appelé, à l'instigation de François Vernet, à choisir les noms des enfants mort-nés car les mairies n'enregistrent pas leurs décès dans le même registre que celui des naissances[5]. Ces noms sont donnés aux très hauts responsables de la résistance. Rovan lui-même a changé de nom[4].
Le , il est arrêté par la Gestapo alors qu'il se rend chez François Vernet[6]. Incarcéré à Fresne, il se convertit au catholicisme[1]. La police politique découvre que Joseph Rovan n'est pas son vrai nom[4]. Il est déporté par le train de la mort[7] au camp de concentration de Dachau, dans la banlieue de Munich, pour faits de résistance et non en raison de son « appartenance à la race juive », qu'il réussit à cacher[4]. À Dachau, il fait la connaissance d'Edmond Michelet[8], qu'il retrouve ministre des Armées en 1945[1]. Il est libéré une dizaine de mois après son arrestation[1].
Rovan est naturalisé français en 1946[9]. Après la guerre, il crée des centres universitaires de formation où de jeunes officiers allemands donnent des cours aux autres et ce dans le but de préparer les Allemands à leur retour en Allemagne[4]. Rovan établit des critères d'admission : il faut avoir moins de 30 ans et les anciens SS sont refusés[4]. En 1947, il traduit en partie dans la revue Fontaine deux textes de Martin Heidegger : « La remontée au fondement de la métaphysique » et « La lettre sur l'humanisme » (réponse à Jean Beaufret)[10].
Journaliste catholique, il est le correspondant français, à partir de 1955, de la radio bavaroise et du journal Mannheimer Morgen[11]. À partir de 1959, ce compagnon de route du gaullisme penche en faveur d'une paix négociée en Algérie[12]. À partir de 1968, il enseigne l'histoire et la politique de l'Allemagne à l'université de Paris VIII (Vincennes)[13]. Son Histoire de l'Allemagne, écrite en partie de mémoire, publiée en 1994 et remaniée en 1999, a été remarquée par un prix de l'Académie française[14]. Il publie également, en 1987, chez Julliard, un livre de souvenirs sur son incarcération à Dachau : Contes de Dachau[15].
Joseph Rovan a été décoré de la Légion d'honneur et de l'ordre national du Mérite (France) ainsi que des Ordres du Mérite fédéral allemand et bavarois[16]. En 1993, il a reçu le prix de la Tolérance de la ville de Münster, et en 2001, le prix National Allemand (Deutscher Nationalpreis)[17].
Il meurt d'une crise cardiaque en 2004[12] dans le lac de Longayroux.
Depuis 2006, le prix Joseph Rovan décerné par l'ambassadeur de France en Allemagne récompense des activités en faveur des échanges et du dialogue interculturels entre la France et l’Allemagne[18].
Publications
- Erinnerungen eines Franzosen, der einmal Deutscher war, DTV Deutscher Taschenbuch Verlag, 2003 — traduction du précédent.
- Mémoires d'un Français qui se souvient d'avoir été allemand, Paris, Le Seuil, 1999.
- Bismarck, l'Allemagne et l'Europe unie, 1898-1998, Paris, Odile Jacob, 1998.
- Histoire de l'Allemagne, Paris, Le Seuil, 1994.
- Contes de Dachau, Paris, Julliard, 1987.
- L'Allemagne n'est pas ce que vous croyez, Paris, Seuil, coll intervention 1979.
- Histoire de la Social-démocratie allemande, Paris, Le Seuil, 1978.
- Allemagne, collection « Petite planète », Paris, Le Seuil, 1955.
Notes et références
- Thibaud Blaschka, « ROVAN Joseph »
, sur Maitron (consulté le )
- ↑ Joseph Rovan, Mémoires d'un Français qui se souvient d'avoir été allemand, Éditions du Seuil, Paris, 1999, p. 169.
- ↑ Joseph Rovan, op. cit, p. 183.
- Hansgerd Schulte, « Le Messager : Joseph Rovan : Essai d’une biographie franco-allemande », dans Sept décennies de relations franco-allemandes 1918-1988 : Hommage à Joseph Rovan, Presses Sorbonne Nouvelle, coll. « Monde germanophone », , 228–245 p. (ISBN 978-2-87854-776-4, lire en ligne)
- ↑ Joseph Rovan, op. cit., p. 182.
- ↑ Joseph Rovan, op. cit., p. 178.
- ↑ Amicale du camp de concentration de Dachau, Train de la Mort convoi no 7909 2 juillet 1944 de Compiègne-Royallieu à Dachau, , 93 p., p. 62-67
- ↑ Jean Charbonnel, Edmond Michelet, Volume 1 de Politiques & chrétiens, Éditions Beauchesne, 1987, p. 55.
- ↑ Interview de Joseph Rovan en 1994.
- ↑ Dominique Janicaud, « 4. L’humanisme dans les turbulences. La lettre à Jean Beaufret et le débat sur l'humanisme », sur excerpts.numilog.com.
- ↑ Joseph Rovan, op. cit", p. 280.
- « Joseph Rovan, un humaniste français qui se souvenait d'avoir été allemand », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
- ↑ (en) « Histoire de l'Allemagne , Joseph Rovan,... », sur www.editionspoints.com (consulté le )
- ↑ « Joseph ROVAN | Académie française », sur www.academie-francaise.fr (consulté le )
- ↑ Henri Ménudier, « Les travaux de Joseph Rovan : Bibliographie provisoire (1989) », dans Sept décennies de relations franco-allemandes 1918-1988 : Hommage à Joseph Rovan, Presses Sorbonne Nouvelle, coll. « Monde germanophone », , 246–261 p. (ISBN 978-2-87854-776-4, lire en ligne)
- ↑ « Joseph Rovan », Esprit, années 2000 (lire en ligne [archive du ], consulté le )
- ↑ Mathias Delori, « La mémoire de l’exil et de la résistance antifasciste comme ciment d’une identité supranationale », Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique, no 100, , p. 99–117 (ISSN 1271-6669, DOI 10.4000/chrhc.699, lire en ligne, consulté le )
- ↑ « Les prix et distinctions franco-allemands » (consulté le )
Voir aussi
Bibliographie
- Christian Amalvi, « Rovan Joseph, né Rosenthal (Regensburg, 1918 - Saint-Christophe-les-Gorges (Cantal), 2004) », dans Christian Amalvi, Dictionnaire biographique des historiens français et francophones : de Grégoire de Tours à Georges Duby, Paris, La Boutique de l'Histoire, , 366 p. (ISBN 2-910828-32-8), p. 333-334
Liens externes
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- Enseignant à l'université Paris-VIII-Vincennes-Saint-Denis
- Lauréat du prix Broquette-Gonin (littérature)
- Récipiendaire de l'ordre du Mérite de Bade-Wurtemberg
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