Poecile palustris
Règne | Animalia |
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Embranchement | Chordata |
Classe | Aves |
Ordre | Passeriformes |
Famille | Paridae |
Genre | Poecile |
- Parus palustris
Répartition géographique
La Mésange nonnette (Poecile palustris, anciennement Parus palustris) est une espèce de passereaux de la famille des Paridés. C'est un petit oiseau (11 à 12 cm pour 8 à 15 g) portant une calotte d'un noir brillant, avec un dessus brun-gris et un dessous crème à blanchâtre. Elle ressemble beaucoup à la Mésange boréale, avec qui elle peut cohabiter, en particulier en Grande-Bretagne où les deux sous-espèces locales, quasiment identiques, n'étaient pas distinguées avantw 1897.
Elle est présente dans deux zones disjointes : d'une part dans les latitudes moyennes de l'Europe, d'autre part en Asie de l'Est. Dans son aire de répartition, elle est assez commune à commune.
Elle recherche les vieilles forêts de chênes, de hêtres ou mixtes, dans les forêts d'aulnes, de peupliers, de bouleaux, de saules et de Cerisier à grappes, où elle trouve des cavités pour nicher. Elle peut également élire domicile dans les vergers, les parcs et les grands jardins comportant de vieux arbres fruitiers et des buissons. Elle est largement sédentaire.
Insectivore le printemps et l'été, elle se tourne vers les graines et les baies le reste de l'année. Peu farouche vis-à-vis de l'être humain, elle fréquente volontiers les mangeoires.
Noms et taxonomie
Noms et étymologie
Les petits passereaux dotés d'un manteau brun et d'une calotte noire ont été décrits pour la première fois par le polygraphe suisse Conrad Gessner en 1551, dans son Historia animalium. Il leur donne le nom latin Parus palustris, littéralement « petit oiseau des marais ». L'Anglais Francis Willughby reprend ce nom en anglais, Marsh titmouse, en 1678. Dans son Systema naturae de 1758, Carl von Linné entérine 1758 le nom binominal proposé par Gessner, Parus palustris, que la Mésange nonnette conserve jusqu'au début du XXIe siècle[1].
La Mésange nonnette a longtemps été rangée dans le genre Parus, avec l'ensemble des mésanges d'Afrique, d'Amérique du Nord et d'Eurasie. Une analyse de 2005 du cytochrome b de ces espèces pousse à reclasser dans le genre Poecile une partie des mésanges eurasiennes et nord-américaines, caractérisées par un manteau brun, une calotte sombre et des joues blanches[2].
Le nom générique Poecile vient du grec ancien πoικιλίς / poikilís, littéralement « oiseau bigarré, tacheté, moucheté », terme utilisé chez Aristote pour désigner plusieurs petits oiseaux[3]. Palustris vient du latin et signifie « qui se rapporte aux marécages », un sens qu'on retrouve dans les noms vernaculaires anglais (Marsh tit), allemand (Sumpfmeise), danois (Sumpmejse), espagnol (Carbonero palustre) et portugais (Chapim-palustre) — un choix de nom curieux, car cet oiseau ne fréquente pas les marais ni même les ripisylves[4]. Son nom français, nonnette ou « petite nonne », fait allusion à sa calotte noire. Au Québec, ce nom est donné aux mésanges locales dépourvues de huppe, mais munies de cette calotte sombre[5].
Systématique
L'espèce est polytypique : selon les auteurs, elle compte neuf à dix sous-espèces.
Description
Apparence
La Mésange nonnette est une mésange de taille moyenne (11 à 12 cm pour 8 à 15 g), dotée d'un bec robuste. Elle possède une calotte d'un noir lustré, un dessus brun avec une petite bavette sombre[6].
La sous-espèce nominale arbore une calotte noire qui court du front à la nuque et descend sur le côté jusqu'au niveau inférieur des yeux. Les plumes du sommet du crâne sont brillantes. Le dessus, incluant les couvertures sus-alaires, est d'un brun chamois, parfois teinté de cannelle sur le croupion et les couvertures sus-caudales. La queue est brun-gris frangée de gris. L'alula et les plumes de vol sont d'un brun plus sombre. Les joues, les lores et les couvertures parotiques sont blanchâtres. Le menton et la partie supérieure de la gorge forment une petite bavette noire. La partie inférieure de la gorge, la poitrine et le ventre sont blancs. Les flancs et le bas-ventre sont d'un chamois grisé, parfois teinté de rosé en plumage frais. L'iris est noir ou d'un brun très sombre. Le bec est noirâtre, avec une zone gris pâle à la base de la mandibule supérieure. Les pattes sont d'un gris bleuté à ardoisé[6].
Mâle et femelle se ressemblent beaucoup. La calotte des mâles est d'un noir plus profond et plus brillant, alors que celle des femelles est plus terne, s'apparentant à celle de la Mésange boréale. Leur bavette est également plus sombre et plus large[7].
Voix
La Mésange nonnette est un oiseau bavard, doté d'un répertoire varié[8]. Elle s'exprime le plus fréquemment par un cri explosif, transcrit pit-siou[9] ou pitsiè[10], émis de manière isolée ou par deux. Son chant typique est une succession rapide de cinq à dix de notes monosyllabiques, tsiu tsiu tsiu, qui a été comparée aux « mitraillettes laser des films de science-fiction[9] ».
Chez cette espèce, la différence entre cri et chant est assez floue, avec des cris-chants composés de motifs simplifiés. Inversement, une variante fréquente du chant enchaîne des motifs de deux syllabes alternées et rappelle le chant de la Mésange noire (Periparus ater)[9].
Lorsqu'elle volette ou qu'elle se nourrit, la nonnette émet des cris fins et aigus, tsip. Elle peut alors être confondue avec les autres mésanges ou avec les roitelets[9].
Confusions possibles
La Mésange nonnette est extrêmement proche de la Mésange boréale (Parus montanus), avec qui elle voisine dans certaines parties de son aire de répartition. Elle s'en différencie par quelques légers détails physiques : une tête plus fine, l'arrière des joues brun-beige, une calotte noire brillante s'étendant très peu sur le dos, une bavette plus petite.
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Mésange boréale
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Mésange lugubre
Écologie et comportement
Alimentation
En hiver, elle se nourrit principalement de faines, baies, graines d'ortie, de bardane ou de chardon. Au printemps, les insectes reprennent une place prédominante dans son régime, ainsi que les araignées et chenilles de géométridés.
Reproduction

Dès février, les couples se forment et cherchent un site pour nidifier. La Mésange nonnette creuse rarement son nid elle-même, tout au plus retaille-t-elle l'entrée d'un nid usurpé à une autre espèce. Ce nid se trouve dans les trous des arbres, généralement à hauteur d'homme voire plus bas. Le nid est composé d'une première couche de mousse puis garni de plumes, poils (crin de cheval) et/ou de duvet. La nidification a lieu d'avril à juillet, une seule fois par an.
La femelle pond 6 à 12 œufs blancs, légèrement tachetés de brun, qu'elle couve seule 13-14 jours. 16 à 18 jours après l'éclosion les petits s'envolent. Les parents continuent de les nourrir d'insectes ou de larves encore quelque temps.
Les conjoints restent fidèles l'un à l'autre et aussi à leur territoire, qu'ils continuent d'occuper pendant l'hiver.
Comportement
La Mésange nonnette est peu farouche, très curieuse et nous pouvons la voir assez souvent dans nos mangeoires en hiver où elle viendra prélever plusieurs graines à la fois pour les emporter dans de nombreuses cachettes. Elle se crée ainsi des garde-manger pour les périodes de disette (cachettes dont elle oubliera l'emplacement dans la majorité des cas).
Elle se nourrit dans la nature dans les niveaux inférieurs de la végétation. Elle inspecte ainsi les arbres à la recherche d'insectes. Elle se nourrit également, au niveau du sol, de graines, baies, faînes, etc.
Habitat et répartition
Habitat
Cette espèce fréquente surtout les forêts de feuillus suffisamment étendues, en particulier en présence de chêne ou de hêtre. On peut aussi la retrouver dans des forêts mixtes, des terres agricoles, des vergers, et occasionnellement des parcs ou des jardins. Elle s'aventure cependant rarement dans les zones urbaines. En Europe, elle vit plutôt à basse altitude bien qu'elle puisse monter aux alentours de 1300 m dans les Alpes[11].
Répartition
Cet oiseau vit en Europe (en dehors de la péninsule ibérique, de l'Irlande, de la Grèce et du nord de la Scandinavie), et en Asie orientale, notamment en Mongolie, au nord de la Chine et en Corée[11].
La Mésange nonnette et l'homme
Protection
La Mésange nonnette bénéficie d'une protection totale sur le territoire français depuis l'arrêté ministériel du relatif aux oiseaux protégés sur l'ensemble du territoire[12]. Il est donc interdit de la détruire, la mutiler, la capturer ou l'enlever, de la perturber intentionnellement ou de la naturaliser, ainsi que de détruire ou enlever les œufs et les nids, et de détruire, altérer ou dégrader son milieu. Qu'elle soit vivante ou morte, il est aussi interdit de la transporter, colporter, de l'utiliser, de la détenir, de la vendre et de l'acheter.
Références
- ↑ Broughton 2025, p. 9.
- ↑ (en) Frank B. Gill, Beth Slikas et Frederick H. Sheldon, « Phylogeny of Titmice (Paridae): II. Species relationships based on sequences of the mitochondrial cytochrome-B gene », The Auk, vol. 122, no 1, , p. 121–143 (DOI 10.1093/auk/122.1.121).
- ↑ (en) W. Geoffrey Arnott, Birds in the Ancient World from A to Z, Routledge, , p. 285-286.
- ↑ Harrap 1996, p. 237
- ↑ Pierre Cabard, L'Étymologie des noms d'oiseaux, Delachaux et Niestlé, , 800 p. (ISBN 978-2-603-02879-7, lire en ligne), p. 538.
- Gosler, Clement, Garcia, Christie et Kirwan 2020.
- ↑ Harrap 1996, p. 238.
- ↑ Harrap 1996, p. 238
- Stanislas Wroza, Chants et cris des oiseaux de France, Delachaux et Niestlé, coll. « Guide Delachaux », (ISBN 978-2-603-02946-6), p. 24.
- ↑ Lars Svensson, Killian Mullarney et Dan Zetterström, Le Guide ornitho, Delachaux et Niestlé, coll. « Guide Delachaux », (ISBN 978-2-603-02972-5), p. 356 et p. 35.
- Oiseaux.net, « Mésange nonnette - Poecile palustris - Marsh Tit », sur www.oiseaux.net (consulté le )
- ↑ Le statut juridique des oiseaux sauvages en France, Ligue pour la protection des oiseaux
Voir aussi
Bibliographie
- (en) Richard K. Broughton, The Marsh Tit and the Willow Tit, Londres et Dublin, T. & A.D. Poyser, (ISBN 978-1-4729-8031-1).
- Paul Géroudet et Michel Cuisin (mise à jour), Les Passereaux d'Europe, t. 2 : De la bouscarle aux bruants, Paris, Delachaux et Niestlé, , 5e éd. (ISBN 978-2-603-01731-9), p. 185-188.
- (en) Andrew Gosler, Peter Clement, Ernest Garcia, David Christie et Guy M. Kirwan, « Marsh Tit (Poecile palustris), version 1.0. », dans J. del Hoyo, A. Elliott, J. Sargatal, D. A. Christie et E. de Juana (éds.), Birds of the World, Ithaca, NY, Cornell Lab of Ornithology, (DOI 10.2173/bow.martit2.01).
- (en) Simon Harrap (ill. David Quinn), Tits, nuthatches & treecreepers, Londres, Christopher Helm, (ISBN 0-7136-3964-4), p. 237-241.
- Georges Olioso, Les Mésanges : description, répartition, habitat, mœurs, observation, Paris, Delachaux et Niestlé, (ISBN 978-2-603-02452-2).
Liens externes
- (fr) Oiseaux.net : Poecile palustris (+ répartition)
- (en) Congrès ornithologique international : Poecile palustris dans l'ordre Passeriformes (consulté le )
- (en) Zoonomen Nomenclature Resource (Alan P. Peterson) : Poecile palustris dans Passeriformes
- (fr + en) Avibase : Poecile palustris (Linnaeus, 1758) (+ répartition) (consulté le )
- (en) Animal Diversity Web : Poecile palustris
- (en) NCBI : Poecile palustris (taxons inclus)
- (en) UICN : espèce Poecile palustris
- Audioblog de Sonatura Parus palustris