La commune de Porrentruy se situe à l'extrême nord-ouest de la Suisse, dans le canton du Jura. Elle est le chef-lieu du district de Porrentruy et fait partie du domaine géographique de la vallée de l'Allaine dans la région ajoulote. Elle est traversée par l'Allaine, une rivière affluente du Doubs.
Le territoire de Porrentruy s'étend sur 14,75 km2[2]. Lors du relevé de 2013-2018, les surfaces d'habitations et d'infrastructures représentaient 24,5 % de sa superficie, les surfaces agricoles 34,5 %, les surfaces boisées 40,2 % et les surfaces improductives 1,1 %[3].
Vue générale de Porrentruy et du château vers 1910.
Le site est habité dès l'époque romaine (en 1983, un fanum (temple gallo-romain) a été mis au jour, près du cimetière actuel « En Solier »), mais les premières mentions historiques se situent entre 968 et 1148. Les documents révèlent l'existence d'une petite bourgade, avec une église paroissiale dédiée à saint Germain et, après 1233, avec une chapelle située sur la colline sud, à l'emplacement de l'actuelle église Saint-Pierre.
En 1283, Porrentruy reçoit sa charte de franchises de l’empereur Rodolphe de Habsbourg. Mais au XIIIe siècle la situation est compliquée ; engagée sous condition au comte de Montbéliard en 1236, la ville doit faire retour aux Ferrette, mais ceux-ci ont, entretemps, cédé leurs droits à l’évêque de Bâle. Le nouveau comte de Montbéliard, Renaud de Bourgogne (frère d’Othon IV, comte de Bourgogne), ne tient pas à accroître encore la puissance de son voisin. Il entre en guerre ouverte contre l’évêché de Bâle et se saisit du château de Porrentruy. La même année, pour financer sa campagne, Renaud accorde des franchises, immunités et privilèges semblables aux bourgeois de la cité de Montbéliard, moyennant 1 000 livres estevenantes (monnaie de Besançon). Mais au bout du compte, les princes-évêques de Bâle, soutenus par l’Empereur, auront raison de Renaud de Bourgogne. En 1386, l'évêque Imier de Ramstein dut vendre toute l'Ajoie, Porrentruy et son château, au comte Étienne de Montbéliard (maison de Montfaucon) pour 11 000 florins. À sa mort, en 1397, l’héritage tomba dans la corbeille de sa petite-fille, Henriette d’Orbe, qui épousa 10 ans plus tard Eberhard IV, comte de Wurtemberg.
En 1409, Eberhard IV confirma les franchises de la ville aux bourgeois de Porrentruy (ainsi qu’à ceux de Montbéliard). Devenue veuve et gouvernant seule le Wurtemberg, la comtesse Henriette régnera sur la cité de Porrentruy ; elle devait encore acquérir de l’évêque de Bâle, pour 3 000 florins d’or, la partie occidentale de l’Ajoie. Les bourgeois de Porrentruy n’ont d’ailleurs eu qu’à se louer de l’administration des Wurtemberg, qui leur avaient octroyé des privilèges et des bienfaits. Les princes wurtembergeois régneront encore sur Porrentruy jusqu’en 1461, date à laquelle ils rétrocédèrent toute l’Ajoie à l'évêque Jean de Venningen, moyennant une somme considérable.
Le , la ville fut prise par les troupes françaises du général Custine. D'abord capitale de l'éphémère République rauracienne, Porrentruy devint le chef-lieu du département français du Mont-Terrible en 1793. En 1800, ce département fut rattaché au Haut-Rhin, Porrentruy devenant alors un simple chef-lieu d'arrondissement[4].
En 1815, à la suite de la défaite de Napoléon Ier, le Congrès de Vienne décide du rattachement à la Confédération suisse des territoires précédemment annexés par la France. Mais au lieu de rejoindre la Confédération en tant que nouveau canton, les villes qui formaient l'ancienne principauté épiscopale de Bâle et l'ancien département du Mont-Terrible (dont Porrentruy) sont pour la plupart englobées dans le canton de Berne.
Cette décision est à l'origine de la « question jurassienne », qui ne se soldera (en partie) qu'en 1979 avec la création du Canton du Jura, dont le chef-lieu est établi à Delémont, cette ville s'étant davantage développée que sa voisine[5].
Les autorités municipales sont constituées de deux pouvoirs : le législatif et l’exécutif.
Composition législature 2023-2027.Le législatif s'appelle « Conseil de ville ». Il se compose de 41 membres, élus tous les cinq ans, selon le système proportionnel. Il exerce la surveillance de l'ensemble de l'administration communale et prend les mesures nécessaires à cet effet. Répartition proportionnelle au « Conseil de ville » pour la législature 2023-2027 : Le Centre : 13 ; PS-Les Verts : 12 ; PLR : 9 ; PCSI : 7 ; Président(e) : Sébastien Piquerez (Le Centre) (2024).
L'exécutif, appelé « Conseil municipal », est composé de six conseillers et du maire, qui en est le président. Le vice-président (adjoint) est élu par le conseil communal, pour une durée d'une année, par rotation. Le maire est élu pour cinq ans selon le système majoritaire à deux tours et les membres du Conseil (« conseillers municipaux ») sont élus selon le système proportionnel pour cinq ans également. L'exécutif exerce dans l'administration tous les pouvoirs qui ne sont pas attribués à un autre organe par des prescriptions de droit fédéral, cantonal ou communal. Il représente la commune municipale envers les tiers. Répartition des sièges « Conseil municipal » pour la législature 2023-2027 : Le Centre : 2 ; PCSI : 2 ; PS-Les Verts : 2 ; PLR : 1 ;
Porrentruy compte 6 441 habitants au 31 décembre 2022 pour une densité de population de 437 hab/km2[1]. Sur la période 2010-2019, sa population a diminué de −1,9 % (canton : 5,1 % ; Suisse : 9,4 %)[2].
Évolution de la population de Porrentruy entre 1850 et 2020[19],[1]
En 2020, le taux de personnes de moins de 30 ans s'élève à 31,4 %, au-dessous de la valeur cantonale (33 %). Le taux de personnes de plus de 60 ans est quant à lui de 30,7 %, alors qu'il est de 28,1 % au niveau cantonal[20].
La même année, la commune compte 3 186 hommes pour 3 248 femmes, soit un taux de 49,5 % d'hommes, similaire à celui du canton (49,5 %)[20].
Elle a été ville étape du Tour de France le dimanche , étape remportée par le Français Thibaut Pinot (22 ans) de l'équipe FDJ-Bigmat, le plus jeune coureur de la compétition.
La ville de Porrentruy est le centre économique de l'Ajoie. De nombreuses entreprises dans le domaine de la construction, de la mécanique et de l'horlogerie y sont installées. Les commerces sont principalement concentrés dans la vieille-ville. Cependant, deux centres commerciaux sont installés en bordure de la vieille-ville, sur la route de Courgenay. Porrentruy abrite aussi les succursales des principales banques du pays. Elle est le siège de la Banque cantonale du Jura.
Le sanglier possède une place particulière dans la culture bruntrutaine. Encore aujourd'hui, on le rencontre dans les forêts avoisinantes, sur les armoiries et sous la forme d'une statue devant la mairie. La légende raconte[21] :
« Un jour d’autrefois, une singulière bête, courant ventre à terre, queue en l’air et la gueule grande ouverte (un énorme sanglier) franchissait le rempart de dix pieds comme si ç’avait été une petite clôture de rien du tout.
Après moult péripéties dont le récit fait état, la bête fut frappée à mort par la hache lancée d’une fenêtre par un courageux bruntrutain ! Elle s’écroula finalement devant le perron de l’Hôtel de ville.
L’aventure fit comprendre à « Messieurs du Conseil » qu’en certains endroits le mur de l’enceinte de la ville était insuffisamment haut pour s’opposer aux attaques de l’ennemi. Il fut donc décidé de pousser les remparts à une hauteur plus imposante.
Ce sanglier providentiel était donc, à n’en pas douter, le messager des Puissances protectrices de la cité… Le Conseil arrêta, en séance solennelle, que, dorénavant, le sanglier deviendrait l’emblème de la louable ville de Porrentruy. Les étendards de la cité arborèrent donc le sanglier de sable sur champ d’argent et les sceaux officiels imprimèrent sur tous les documents l’animal héraldique, hirsute, bondissant et grognant, qui avait incarné, à un moment mémorable, le bon génie de la cité. »
↑« Le duel des villes: Porrentruy-Delémont, la capitale des princes-évêques face à celle du Jura », Le Temps, (ISSN1423-3967, lire en ligne, consulté le )