Elle naît à Fortaleza en 1910[1],[2], de Daniel et Clotilde Franklin de Queiroz. En 1917, à la suite de la sécheresse de 1915, elle se rend avec sa famille à Rio de Janeiro[2], où elle suit ses études au Colégio da Imaculada Conceição jusqu’en 1925. Elle revient ensuite dans sa région natale et y devient ensuite journaliste. Sous le pseudonyme de Rita de Queluz, elle écrit quelques poèmes et le roman-feuilletonHistória de um Nome. Mais c'est en 1930, à 20 ans, qu'elle publie son premier véritable roman, O Quinze, un succès au Brésil[1],[2],[3]. O Quinze désigne pour les Brésiliens l'année 1915 et la grande sécheresse de cette année-là. Le roman de Rachel de Queiroz décrit l'état de dénuement des paysans du Ceará dont les champs sont devenus arides et qui se jettent sur les routes pour quitter cette région, désespérés[4].
Alors que les tensions politiques montent au Brésil, elle est accusée un moment à tort d'être communiste. Dans les faits, explique-t-elle, elle avait été longtemps sympathisante du Parti communiste. Mais au moment où elle se décide à adhérer, dans les années 1930, des responsables du parti lui demande de faire preuve de bonne volonté en adaptant la trame de son deuxième roman, à l'époque à paraître, et de donner un meilleur rôle au personnage central, un prolétaire, João Miguel, dont elle avait fait un assassin : « J'avais été convoquée dans un hangar, sur le port de Rio de Janeiro. Seule face à trois hommes, dans un lieu désert. Je suis sortie très lentement, en leur disant que je ne leur reconnaissais aucune autorité sur mon roman, puis j'ai sauté dans le premier tramway. J'étais membre du parti depuis vingt-quatre heures, je n'y suis jamais retournée. »[4]. Elle se rapproche des trotskistes[2]. Pour échapper aux persécutions liées à son appartenance à la gauche, elle s'installe à Maceió en 1935. Pendant l'Estado Novo (régime brésilien de 1937 à 1945), elle est emprisonnée trois mois[2] et voit ses livres brûlés[2] avec ceux d'autres auteurs comme Jorge Amado, José Lins do Rego et Graciliano Ramos sous l'accusation d'être subversifs[5].
En 1940, elle rencontre un médecin, Oyama de Macedo, qui devient son compagnon, jusque sa mort en 1982[2]. Par ailleurs, l'assassinat de Léon Trotski, toujours en 1940, sur ordre de Joseph Staline l'éloigne des mouvements de gauche[2]. En 1964, elle soutient même le coup d'état militaire contre le président João Goulart et fait partie d'un Conseil fédéral pour la culture de 1967 à 1985[2].
Le , elle devient la première femme élues à l'Académie brésilienne des lettres[2]. « Je ne suis pas entrée à l'Académie brésilienne des lettres parce que je suis une femme », précise-t-elle, « J'y suis entrée parce qu’indépendamment de ce fait, j’ai une œuvre littéraire. »
En 1993, elle remporte le Prix Camões (elle est la deuxième personnalité brésilienne et la première femme à remporter ce prix)[2].
Elle meurt d'une attaque cardiaque le à Rio de Janeiro, deux semaines avant ses 93 ans[1],[6].
Rachel de Queiroz, 1977.Rachel de Queiroz avec ses amis Adonias Filho (à gauche) et Gilberto Freyre (à droite)
- Publié en français sous le titre L'Année de la grande sécheresse, traduit par Jane Lessa et Didier Voïta, Paris, Stock, « Bibliothèque cosmopolite », 1986
- Nouvelle traduction, sous le titre : La Terre de la grande soif, traduit par Paula Anacaona, Paris, éditions Anacaona, collection Terra, 2014. (ISBN978-2-918799-50-4)
- Publié en français sous le titre Jean Miguel, traduit par Mario Carelli, Paris, Stock, « Nouveau cabinet cosmopolite », 1984
- Nouvelle traduction, sous le titre João Miguel, traduit par Paula Anacaona, Paris, éditions Anacaona, collection Terra, 2015. (ISBN978-2-918799-57-3)
Publié en français sous le titre Maria Moura, traduit par Cécile Tricoire, Paris, Métailié, 1995 ; réédition, Paris, Métailié, Suites brésilienne no 148, 2009
Prix Teatro, de l'Institut National du livre (Instituto Nacional do Livro), et Prix Roberto Gomes, du ministère de l'éducation (Secretaria de Educação) de Rio de Janeiro, pour A beata Maria do Egito, 1959
Prix Jabuti de littérature pour enfant, du Conseil brésilien du livre (Câmara Brasileira do Livro) (São Paulo), pour O menino mágico, 1969
Prix national de littérature de Brasília pour l'ensemble de son œuvre 1980
↑« Trois visions de la réalité brésilienne. Le Nord de Josué Montello et de Rachel de Queiroz le Sud d'Oswaldo França Junior », Le Monde, (lire en ligne)
↑ a et bRaphaëlle Rérolle, « L'irréductible vitalité de Rachel de Queiroz », Le Monde, (lire en ligne)
↑(pt) Vitor de Brites, « Pioneira na juventude arrefeceu na velhice », Zero,
↑Natalie Levisalles, « Plume du Brésil, Rachel de Queiroz s'efface », Libération, (lire en ligne)